Forum - Naissance d'une vengeance

Eigoel Nahb | 24/05/08 20:08

- Est-ce tout ?
- Pour l'instant, oui. Cette bourse n'est pas assez lourde pour ce qu'il me reste à vous divulguer.
- Vous connaissez la valeur de ces informations à ce que je vois.

Un léger sourire satisfait apparut sur les lèvres de l'humaine, seules parties de son visage visible, éclairées par les faibles flammes d'un âtre proche, le reste de sa figure dissimulée sous un capuchon couleur sable, assombrit par les ténèbres de la pièce.
- Et vous comprenez vite, messire... Répondit-elle d'un air amusé.
- Ne me sous-estimez pas, humaine.
La silhouette noire dos au foyer ardent tendit une bourse vers la jeune femme qui la prit et la soupesa.
- Hum... Je pense pouvoir continuer.
- Je vous écoute.
- Ils sont sept, à diriger cette petite équipée, et non quatre, comme vous l'avez longtemps cru. Leur sacrifices ne sont pas adressés à une divinité, mais à un homme, plus puissant, et plus cruel que tout ce que vous pourriez imaginer. On le compare aux plus atroces dieux des enfers. Vous n'avez pas à faire à un groupe indépendant, mais bien à un réseau très organisé et minutieux, doté d'une foi sans pareille envers un seul homme, bien vivant.
- Quel est son nom ?
- C'est une information de taille...
- Vous avez suffisamment reçu d'or, alors cessez ce petit jeu et répondez !
La voix de la silhouette était calme, mais une pointe d'autorité prenante résonnait à présent entre les murs humides de la pièce mal chauffée. Eigoel reprit, ne voulant pas se laisser intimider.
- Je suis la seule qui ai réussit à vous informer autant sur ces gens, aucun de vos espions jadis n'avait été jusque là avant de rencontrer la mort. Soyez généreux et je le serai à mon tour.

Dans un bruit sourd et quelques nuages de poussière délogée, le poing de l'homme en noir heurta violemment le mur devant lequel Eigoel aurait dû se tenir. Mais elle avait prit soin de l'éviter, reculant lentement là où le chétif feu n'éclairait plus. L'agresseur s'approcha d'elle alors qu'elle reculait toujours.
- Vous, les espions en demandez toujours plus, dit-il calmement. Vous ne savez pas quand vous arrêter, et bien souvent, vous me prenez pour une vache à lait. Je n'aime pas ça.
- Ne vous êtes vous jamais dit qu'il fallait rester juste dans ses compensations en vue de telles missions ? S'enquit l'humaine.
- Oh, j'avais presque oublié...

Un souffle, un imperceptible courant d'air que l'humaine ne repéra que trop tard. Quelques centimètres de son glaive étaient à peine sortis du fourreau que la jeune femme se trouva projetée à terre, un nuage de poussière alourdit par l'humidité ambiante vola devant elle alors que son corps butait contre le sol de terre. Allongée sur le ventre, elle n'eu pas le temps de se relever. Son commanditaire posa lourdement son genou contre la cuisse blessée d'Eigoel. Cette blessure, elle l'avait reçue quelques jours plutôt, alors qu'elle travaillait pour ce même homme. Il se pencha vers elle, posant tout son poids contre la profonde entaille. L'humaine tenta de se dégager tandis que son visage se crispait en une terrible grimace de douleur, sa main n'avait pas quitté la poignée de son glaive qu'elle tentait délivrer de sous elle. Mais ses avant-bras se retrouvèrent vite bloqués par les mains de l'homme qui rapprocha son visage du sien. A la lueur des frêles flammes, un demi masque de fer cachait soigneusement le haut du visage de l'elfe noir, incroyablement ridé autour de la bouche, ses joues creuses dessinant d'intenses ombres camouflant une bonne partie du reste de son visage. Son capuchon avait légèrement glissé en arrière, relevant un début de crâne mal rasé, quelques cheveux blancs plus longs descendant tout près de ses oreilles et passant devant ses dernières. Le vieil homme avertit :
- Je ne marchande pas et je ne discute pas avec ceux que j'embauche. Et pensez bien, jeune fille, que je n'ai pas l'habitude de m'embêter avec les espions indisciplinés. Ses lèvres se rapprochèrent un peu plus de l'oreille de l'humaine, et il murmura. J'aurais plutôt tendance à supprimer ceux qui me déçoivent... Et pour le moment, vous êtes celle qui m'a déçu le plus tardivement, d'où votre grand avancement dans cette enquête.

Ainsi dont les anciens hommes et femmes qu'il avait utilisé n'étaient pas mort en mission, encore moins tués par cette escouade à espionner... Dans quel pétrin c'était-elle fourrée ? Il fallait qu'elle quitte ces lieux, qu'elle s'enfuie loin de cet homme. Sa cuisse broyée sous le poids du drow au masque d'acier l'empêchait de réfléchir convenablement, la douleur lui faisait tourner la tête.
La voix de l'homme reprit :
- Je vais vous laisser une chance de vous rattraper, car je sais que vous n'avez pas encore le nom que je vous demande. Donnez moi cette information, et vous serez grassement payée.

Au travers du masque, le regard du vieil homme glissa sur le visage d'Eigoel, suivant les lignes de sa nuque, avant d'appuyer une nouvelle fois, et fortement sur sa cuisse meurtrie. Il se releva rapidement et disparut dans les ténèbres de la pièce.
L'humaine se releva péniblement. Comment osait-il la traiter ainsi ? Il le payerait un jour, elle se le jura. Une idée de vengeance se mit à bourgeonner dans son esprit. Elle choisirait le bon moment, et elle ne le raterait pas. Elle n'avait pas le droit à l'erreur, et elle le savait. C'est d'un pas excessivement boiteux qu'elle sortit de la petite maison de pierre perdue au milieu de terres moisies par la truanderie.

Edité par Eigoel Nahb le 24/05/08 à 20:13

Geno | 24/05/08 23:47

Inquiétant, mystérieux mais splendide.

Edité par Geno le 24/05/08 à 23:49