Forum - [RP - Lihdhil] Arza... Atzar... Azu... La sorcière, quoi.

Falxo Feronas | 12/12/06 22:03

Sous les feux du crépuscule, la quille de la chaloupe s'enfonça dans le sable avec un doux crissement. Un pied de druide enjamba le bord de l'embarcation et se posa conquéramment sur la plage. Son propriétaire avait l'air de méchante humeur. Il se retourna vers la chaloupe, qui contenait encore quatre elfes et un centaure, et les toisa du regard.

« Inutile de faire cette tête-là, lança Kremp en débarquant de même. Tout s'est bien passé, au final, non ?
- Ca, c'est toi qui le dis. Apporte-moi une preuve, une seule, qu'on est bien sur Lihdhil.
- C'est le panneau qui l'a dit.
- La belle affaire ! Un panneau en plein milieu de la mer ! Il n'y avait même pas de direction indiquée dessus !
- Ben, on a quand même fini par débarquer. Je ne vois pas où on pourrait être, sinon sur Lihdhil.
- Admettons... De toute façon, maintenant qu'on est là... »

Il jeta un regard mauvais aux quatre elfes, qui, tassés dans la chaloupe, tentaient de se faire oublier.

« Vous ! Là ! Vous vous croyez en vacances ? Ca fait 25 lunes que vous vous reposez, alors suffit l'inactivité ! Descendez et partez chercher un coin où nous installer. Plus vite que ça ! »

Ils ne se firent pas prier ; ce n'était manifestement pas le moment de le contrarier. Tandis qu'ils disparaissaient dans la jungle bordant la plage, Falxo lança un regard maussade au soleil couchant qui s'enfonçait lentement dans la mer. Il poussa un profond soupir.

« Bon, on attend les autres maintenant... »

***

Sous le coup de l'excitation, la sorcière Aztarughlinalisia avait déjà fait tomber sa boule de cristal à deux reprises. Le « glingz » qui venait de retentir dans sa hutte miteuse accompagnait la troisième et exprimait toute l'indignation de ladite boule de cristal, qui venait de décider que c'en était trop et qu'elle rendait son tablier.

Aztarughlinalisia poussa une série d'affreux jurons, avant de se taire brusquement et de se forcer à respirer calmement, lentement. Inutile de s'énerver pour si peu. Pas aujourd'hui. Elle avait vu ce qu'elle désirait voir, et tout allait bien. L'occasion qu'elle attendait depuis si longtemps était enfin arrivée.

Trop d'années s'étaient écoulées depuis qu'elle était coincée sur ce continent, sans autre peuple à tyranniser qu'un unique village de pouilleux. Oh, ça l'avait amusée quelque temps, certes ; d'ailleurs, encore aujourd'hui, elle était particulièrement fière du tour qu'elle leur avait joué, ce petit sort pernicieux qui faisait que tous les chemins menaient au même endroit, de quoi perturber les gens. Elle en était si contente, en fait, qu'elle avait décidé de ne pas lever le sort ; de toute façon, grâce à feu sa boule de cristal, elle connaissait chaque recoin du continent, ce qui lui permettait, dans le cas où elle désirerait quitter sa petite hutte nichée dans un recoin de la haute montagne qui se dressait en plein milieu de Lihdhil, de se rendre où elle voulait.

Mais ces crétins de villageois, eux, n'avaient même pas admiré son génie. Passée une première période de déroute, il s'étaient accommodés du sortilège et en acceptaient les contraintes, tant et si bien qu'ils les attribuaient aujourd'hui à une quelconque particularité géographique, oubliant complètement que leur situation n'avaient pas toujours été ainsi. A l'exception notable, toutefois, de deux vieux barbons qui ne s'y étaient jamais faits et soutenaient que leur terre était tout ce qu'il y avait de plus normal, avec le résultat qu'ils s'entredéchiraient systématiquement sur des questions de cartographie. Rien à tirer de ce Village, donc.

En revanche, sa boule de cristal lui avait aujourd'hui livré une information capitale. Du sang neuf allait débarquer sur le continent. En fait, il avait déjà débarqué, du moins en partie : elle avait vu un elfe crasseux et son petit groupe poser le pied sur la plage ouest. Bon, a priori, il ne fallait pas non plus trop en espérer de ce côté-là - rien qu'une bande de bras cassés, apparemment. Mais Aztarughlinalisia savait comment fonctionnait Daifen : cela signifiait forcément que d'autres allaient débarquer, peut-être même étaient-ils déjà là, invisibles à son regard à cause de la chute impromptue de sa boule de cristal. Chacun y irait de son petit campement personnel, et ça s'étriperait, ça conquerrait, ça chercherait à étendre sa domination sur le continent. Et Aztarughlinalisia, maléfique manipulatrice dissimulée dans l'ombre, surveillerait tout ce beau monde. Et elle saurait retourner les batailles à son avantage. Et elle étendrait sa domination sur tous ces pitoyables seigneurs. Et, enfin, elle règnerait sur un empire ! Mouhahaha !!!

Hahaha !

Haha...

Mais pour commencer, elle avait besoin d'une nouvelle boule de cristal.

***

Les elfes semblaient se ratatiner sous le regard de Falxo, qui les toisait depuis un petit promontoire. Ou, en tout cas, ils auraient bien voulu.

« Cela fait la troisième fois que vous revenez bredouille, fit le druide sur le ton calme et posé qui indiquait immanquablement qu'il ne rigolait plus du tout. Maintenant, je veux une explication.
- C'est pas notre faute, seigneur, se défendit piètrement le moins peureux et le plus inconscient des quatre. On a essayé plusieurs chemins, mais ça nous ramène toujours ici.
- Mais vous êtes des elfes sylvains, nom de Gaia ! explosa Falxo. Comment faites-vous pour vous perdre comme des gosses dans une petite jungle ?
- On a essayé plein de chemins, mais... commença à répéter le guerrier.
- Suffit ! »

Falxo jeta un coup d'oeil au ciel. Il était presque totalement noir à présent, et des étoiles commençaient à percer le voile nocturne.

« Bon ! soupira-t-il. On s'installe pour la nuit. Dressez vos tentes. On y verra plus clair demain. Dans tous les sens du terme, ha, ha, ha. »

Il envoya un coup de pied désabusé à une espèce de tas d'algues et de bois flotté qui se trouvait sur son promontoire, puis s'assit en soupirant. Quand à l'amalgame de déchets marins, il tomba près de Kremp, qui le ramassa et l'examina. Etrange. On aurait dit que l'objet était une espèce de cadre façonné avec intention.

Le centaure haussa les épaules. Apparemment, ce n'était pas la dernière bizarrerie qu'ils allaient croiser sur ce continent.

Falxo Feronas | 13/12/06 07:59

Bah, personne n'est obligé à quoi que ce soit... je ne sais pas si j'arriverai à tenir moi-même le rythme