Forum - Origines d'un inconnu : Tempête de sentiments
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Roxar | 23/03/11 12:43
Le vent souffle dehors. Un de ces blizzards qui gèlent le sang, raidissent les membres et engourdissent les sens. Mais heureusement, nous sommes au chaud dans une petite cabane de rondins. Ce n'est pas un château, ce n'est même pas une maison à proprement parlé, mais c'est chez nous. Dans la cheminée un feu crépite et tout va pour le mieux. Le seul détail qui pourrait laisser supposer le contraire c'est ce nain, au centre de la pièce, qui fait les cents pas.
Son esprit semble aussi chaotique que le déluge qui sévit dehors. Il transpire l'inquiétude, l'impatience et le doute. Il regarde par moment les roches à quartz ornant sa cheminé, fixant le cristal sanguin aux reflets mystérieux comme un mauvais présage. S'obligeant à dévier son regard, il s'attarde devant la fenêtre, il regarde la neige tomber, malmenée par le vent qui la balade d'un côté, puis de l'autre.
Triste flocon, torturé par le vent, remué plus que de raison par la tempête qui le prive de tout repos. Ce petit flocon ne cherche qu'à atteindre le sol, fusionner avec ses frères pour former le magnifique manteau blanc de nos plaines mais chaque fois qu'il semble toucher au but, le vent, sadique, le relève d'une bourrasque pour l'emmener plus loin encore. Perdu dans ses songes, le nain ne bouge plus, hypnotisé désormais par la beauté de son pays, si blanc, si pure ... si simple. Pourtant rien dans ce paysage n'est aussi simple que ce qu'il a l'air, la beauté meurtrière de la neige, la douceur salvatrice d'un feu, le vent utile à nos moulins de fer et le silence ambigu de nos nuits.
Cette nuit, pourtant, n'a rien de calme, ni de silencieuse. Au brouhaha extérieur s'ajoute les cris d'une femme. Elle souffre, elle hurle, elle vit.
Le nain tressaillit à chaque cri, son humeur s'apaise lors que sa femme reprend son souffle et il se fait sans cesse surprendre par la reprise des hurlements. Il ne sait rien de ce qui se passe dans sa propre chambre, enfermés à l'intérieur, sa femme est avec l'homme sage du village. Y a-t-il un problème ? Est-ce normal qu'elle souffre autant ? Pourquoi cela prend-t-il autant de temps ? Pourquoi personne ne le tient au courant ?
Son inquiétude s'accentue, ses nerfs se crispent et ses poings se serrent. Il ne sert à rien, il ne peut rien faire. Regardant tour à tour la fenêtre, la cheminée et la porte de sa chambre, il laisse vagabonder son esprit.
Cette nuit n'est pas ordinaire. Cette nuit, son fils verra le jour. Les éléments sont tous venus assister à la naissance de l'enfant : la neige, le vent, le feu, la roche, le bois et l'acier.
Les éléments, Kalem les connait bien. En tant que chef du village, c'est à lui de les honorer, mais leur présence ici avait quelque chose de malsain. Que voulaient-ils à l'enfant ? Quels présages lire dans leur curiosité ? Les anciens lui ont dit qu'il aurait un fils, le vieux fou qui parasite le conseil de ses élucubrations avait même dit que ce fils serait « bizarre » ... mais après tout, ce n'est qu'un vieux fou.
Tentant de chasser le doute, il s'approche de la porte, pose son oreille pour saisir la moindre bribe de parole, le moindre indice qui révèlerait la situation. Intérieurement, il boue, l'impatience et la frustration prennent le dessus. Son esprit est prêt à s'égarer de nouveau quand un silence de plomb s'installe, assourdissant, désarmant ... inquiétant. Le blizzard n'est plus qu'une légère brise, le feu dans la cheminée n'est plus que braises, la porte de bois semble étouffer le moindre bruit provenant de la chambre. Un calme étourdissant, les pensées s'arrêtent, son esprit est KO, trop de sentiments, trop de pensées. Un sentiment malgré tout demeure, le plus fort, le plus destructeur ... la peur.
Puis, après une attente interminable, un cri retentit, un cri monocorde et des pleurs. Kalem aussi pleure.
Ce cri est une délivrance, ses doutes s'évanouissent, sa peur disparait, son inquiétude s'éteint et son impatience est rassasiée. Les petites tapes de l'homme sage ont révélé à son fils la douleur et le son de sa propre voix. Il souffre, il hurle ... il vit.
Kalem entre dans la chambre, sa femme est en sueur, décoiffée et les traits tirés et pourtant, elle n'a jamais été aussi belle ! Sa douleur n'a pas été vaine, leur fils est né. Ce glorieux évènement le marquera pour le reste de sa vie. Il embrasse sa femme puis dévore du regard son magnifique fils. Il reste blotti contre sa mère, la tête paisiblement posé contre la rassurante poitrine maternelle. Une larme de joie coule sur la joue de Kalem tandis qu'il porte sur le front de son fils le premier baiser paternel. Sa femme le regarde avec amour, et dans un sourire se penche vers son fils en lui caressant le bras puis prononce d'une voix douce :
« Regarde Roxar, c'est Papa ! Dis bonjour à ton Papa ! »
Agitant la petite main du bébé elle se tourne vers son mari avec un large sourire. Instants de bonheur inégalables qui marquent une âme pour la vie. Elle aperçoit du coin de l'oeil l'homme sage. Témoin silencieux de la scène, il n'a pas quitté la pièce pour laisser la famille communier. Il reste étonnamment interdit devant le spectacle attendrissant des premiers instants de la vie. Cette attitude ôte le sourire du visage de la jeune maman aussi certainement qu'une lame ne l'aurait fait.
Suivant le regard de sa femme, Kalem découvre l'homme sage, gêné et immobile. Sa triste mine ranime l'inquiétude que le nain croyait morte, non sans une certaine douleur. Il regarde sa femme, la peur de la perdre se lit sur son visage mais l'homme sage le rassure rapidement. Sa femme vivra.
Cependant l'accouchement s'est mal passé, le nouveau né ne vivra peut être que quelques heures et il y a aussi de fortes chances que sa mère ne puisse donner naissance à un autre enfant.
Etrange mélange de sentiments, Kalem est soulagé, triste, inquiet, heureux mais surtout ... perdu.
Il tombe à genoux, prend sa tête entre ses mains comme s'il pouvait en extraire la douleur.
Il souffre ... il hurle ... il vit.
Roxar, humble guerrier nain
Edité par Roxar le 23/03/11 à 12:48
Lady Aube L'indomptable | 24/03/11 00:47
****
« Si tu avais combattu comme un homme, tu n'aurais pas été pendu comme un chien ! »
Roxar | 28/03/11 17:46
Ben non
, de l'autre côté de la porte il entendait rien ...
Roxar, humble guerrier nain
Edité par Roxar le 28/03/11 à 18:15