Forum - CARNET DE BÖRTE: La faille

Börte Krân | 12/06/07 17:39

Cela faisait déjà quelques Lunes que nous étions installés sur les côtes de Daifen. Mes hommes avaient trouvé un bon repère car nous ne fûmes dérangés que par quelques chasseurs de sangliers. Nous avions ramené sur le camp tout ce qui était nécessaire à notre survie. Ainsi nos quatres montures étaient désormais accompagnées d'une demi-douzaine de brebis et d'une dizaine de poules. Nous avions terminé de construire la forge de Monglïk, et Buqali avait découvert un petit gisement d'or dans une grotte presque sous-marine. Boro'ul y creusait une entrée terrestre tandis que Bo'orcu commençait à assembler les rails fabriqués par le chaman-forgeron.
Les marchands du Qin étaient partis se réapprovisionner au Continent et ainsi y rapporter de nouvelles denrées et de nos nouvelles. Nous attendions leur retour avec impatience, mais il fallait attendre bien quatres semaines. Nous espérions avoir d'ici-là trouvé nos alliés et ainsi repartir avec eux sauver nos pairs. Mais c'était sans compter sur ce qui allait nous arriver...

Le ruisseau qui séparait notre campement du reste du territoire semblait être, aux yeux des autochtones, d'une force si mystique qu'ils leur étaient impossible de le traverser... ou, du moins, celà leur semblait inconcevable. A tel point que la légende perdure toujours depuis plusieurs centaines de Lunes. Une horrible malédiction se porterait sur les fautifs et ils seraient ainsi congédiés de ce monde, errant à jamais au gré du vent, se confrontant ainsi à de terribles épreuves. Epreuves connues de personne d'ailleurs... comme ce n'est qu'une légende. C'est pour celà que des chasseurs s'approchaient, pour vérifier si nous étions toujours de ce monde. Ils nous faisaient bien rire avec leurs mines apeurées et étonnées. S'ils savaient que ce cours d'eau était rempli d'une myriade de poissons délicieux et que les forêts étaient pleines de fruits bien juteux...

Cependant, alors que nous extrayions tranquillement l'or de la carrière, un tremblement de terre fît effondrer la voute. Boro'ul se retrouva coincé sous les décombres. De rage, son frère le dégagea rapidement et les connaissances en médecines et en soins de Buqali et Monglïk stabilisèrent très vite son état. Une de ses jambes était très amochée, il devait donc désormais se tenir alité. Cila'un revint alors de son poste de guet, le souffle coupé d'avoir couru si vite... Il déballait des phrases sans structure qui faisaient un ensemble de mots incohérents.

-CILA'UN!!! Calme-toi bon sang! Qu'est-il arrivé?

Cila'un ne bougeait plus, il était droit tendu, regardant le corps ensanglanté de Boro'ul, l'oeil humide. Il prit une longue inspiration.

-Grand Krân Börte. Je n'ai jamais vu ça! Je ne sais pas comment c'est arrivé, comme ça...crac! Et heu...
-CILA'UN!!
-Oui...heu... la terre s'est détachée! ...

Un grand silence se fit et les cinq compagnons regardaient ahuris l'espion. Buqali semblait très excité.

-Oui, c'est ce que je disais... En fait le petit ruisseau est devenu un bras de mer... nous sommes désormais sur une île. Le bras s'élargit à vue d'oeil. Nous dérivons...

Buqali parti en tête pour étudier le phénomène. Monglïk le suivait alors que Bo'orcu et moi attrapions le brancard. Cila'un aurait certainement préféré ne pas y retourner mais il ne voulait certainement pas rester seul.

Notre vision semblait irréelle, comme tirée... d'une légende! Les côtes daifenniennes étaient maintenant à plus de vingt mètres de nous. L'eau semblait s'être échauffée car des bulles éclataient encore à la surface, y faisant flotter des milliers de poissons morts. Les hommes du village voisin s'étaient attroupés sur la côte, chantant je ne sais quelles paroles d'adieu. Les femmes pleuraient à chaudes larmes, cachant les yeux de leurs enfants. Etions-nous si effrayants?

Nous restions là, contemplant la dérive du Continent; ne sachant pas trop quoi faire d'autre à vrai dire. Nous ne savions pas trop comment réagir, ni même quoi penser... Nous nous endormions sur la nouvelle plage, en même temps que le soleil. A ce moment-là, Daifen n'était déjà plus très grand.

Edité par Börte Krân le 12/06/07 à 17:40

Ligue Des Cités Libres | 16/06/07 01:51

Ouaaiiiis ! La suuiiiiite !

Edité par Ligue Des Cités Libres le 16/06/07 à 01:51