Forum - 3 - Le Donjon du Nain sans Terre
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Le Déchu | 17/11/07 15:10
Le vent embrasé soufflait avec le son d'une gorge enrouée sur la lande meurtrie d'un paysage unique pour qui n'a jamais parcouru les Limbes. Les vestiges de forteresses effondrées jalonnaient la marche lente de Morrdred qui tentait d'identifier les blasons éclatés sur les cadavres oubliés. Le Soleil brûlait d'une blanche flamme pécheresse, au centre d'un tourbillon de nuages acides. Le Déchu ne reconnaissait rien. Il allait au hasard, focalisé sur ses sens, pour être certain de ne pas manquer le détail qui le mettrait enfin sur la bonne voie, de ne pas se faire surprendre par des harpies sans Seigneur qui le mettraient en pièces...
Il pénétra dans l'enceinte éventrée de ce qu'il identifia comme l'ancien royaume du Paladin Talwyn, et passa entre les Eglises pillées en direction du bâtiment principal qui, il l'espérait, contiendrait peut-être des fragments de vieilles cartes. Des armures jonchaient le sol, abritant les nids de vers hémophages qui avaient remplacé les nobles chevaliers morts au combat. Il parvint aux portes dégondées d'une salle où nombre de plans de bataille étaient encore cloués au mur autour d'une grande table de chêne inviolée. Fronçant les sourcils, il commença à les examiner, suivant du doigt les indications aux couleurs passées.
Il ne trouva pas le royaume de Lancwen, mais un autre qui dans l'immédiat pourrait lui apporter beaucoup : le Royaume de Gorghim Trapanelh, le Nain Sans Terre, se trouvait non loin vers l'Ouest, c'est-à-dire vers le centre du continent. Connaissant son penchant pour les donjons et oubliettes, il était certain d'y découvrir des trésors cachés qui pourraient remplacer le contenu pourrissant de son baluchon percé. Arrachant la carte de son mur, il redescendit, maudissant la chaleur infectieuse qui faisait de son épiderme grise une piste de gouttes de sueur traçant leurs trajectoires dans la poussière qui lui tapissait le corps.
La propriété abandonnée du Nain sans Terre ne ressemblait plus à rien. Il avait été totalement poutré, son royaume rasé n'était plus que blocs de pierre dissimulés dans les vénéneuses plantes grimpantes aux reflets violacés. Morrdred stoppa et laissa ses yeux parcourir les lieux, à la recherche encore une fois d'un détail, d'un indice. La première trappe secrète qu'il découvrit ne menait qu'à une réserve de vinaigre qui avait peut-être été autrefois de la piquette. La seconde était l'entrée du souterrain par lequel il avait probablement fui, mais elle donnait seulement sur l'autre versant de la colline. Il rebroussa chemin.
La troisième fut la bonne. Lorsqu'il en toucha le mécanisme, une voix d'outre tombe s'exprima en ces mots :
« Qu'est-ce qui est drôle sans en avoir l'air ? »
Heureusement pour lui, il connaissait déjà la réponse à cette énigme vicieuse.
« Dôle », croassa-t-il.
Et la trappe s'ouvrit. A peine eût-il posé le pied sur la première marche de la volée qui pénétrait sous terre, qu'une vieille flèche vint s'y planter.
« Mais c'est moi ! » hurla-t-il à personne en particulier avant de l'ôter avec une minutie consciencieuse. Sur ses gardes, il pénétra enfin le vieux donjon bas de plafond de Gorghim.
Les bas-reliefs aux motifs sous-marins le firent enfin se sentir dans un environnement familier.
« Cthulhu f'tagh'n ! », cracha-t-il aux murs en guise de salutations.
Le Déchu | 17/11/07 16:15
L'odeur, poussière et renfermé, était suffocante, mais il faisait plus frais qu'à l'extérieur et il pouvait voir parfaitement dans l'obscurité. Parcourant les corridors avec méfiance, il laissait ses mains glisser le long des ornements, pieuvres et serpents des profondeurs sculptés dans un marbre noir aux veinures bleues. Il détecta une trappe piégée, qu'il allait enjamber quand il devina que le sol au-delà était percé de micropores, du genre qui suintent de l'acide quand on y marche. Plus loin, une porte de fer oxydé. Prenant appui sur les reliefs de la décoration sinistre, il passa sans toucher le sol avec une agilité rouillée, et fit jouer la poignée de la porte malheureusement verrouillée.
S'il avait été traître, espion et escroc, il n'avait jamais été voleur, et crocheter une serrure ne faisait pas partie de ses aptitudes. Surtout sans le moindre outil. La porte était bien trop solide pour la défoncer, malgré sa puissance de Vampire, mais il était hors de question de renoncer. Il s'adossa au mur et réfléchit.
Quelles étaient ses options, quels étaient ses talents ? Il avait été un Séide de la Pieuvre Noire, mais cela n'ouvrait pas les portes si l'on n'avait pas un garde à corrompre. Il était un fidèle de Yog, mais l'on n'invoque pas un démon pour crocheter une vieille porte dont on ignore ce qui se trouve au-delà. Il était un Vampire, mais...
Mais...
Ah oui, il pouvait passer, bien sûr ! Puisant les sensations dans les archives de son cerveau, il retrouva le pouvoir de se trans-morpher en seulement quelques secondes, et prit la configuration d'un brouillard malodorant. Sous cette forme, il se glissa sans difficulté sous la porte, appréciant les textures étranges de son apparence, jouant avec ses volumes avec la même euphorie que l'homme qui sait voler parmi les nuages. Il flotta dans la pièce ainsi découverte et considéra ses moindres recoins. Il reprit consistance après avoir vérifié que l'endroit n'était pas piégé lui aussi, et fouilla les placards à demi ouverts, les râteliers, les étagères.
Sa surprise fut monumentale : parmi les épées courtes et autres babioles sans intérêt, il découvrit une pile d'affaires qui lui avaient jadis appartenues ! Il ne se souvint pas avoir jamais offert des vêtements à Gorghim, et devina que ce traître les lui avait dérobés pour en faire un trésor destiné aux aventuriers de pacotille qui parcourraient son donjon minable.
« Misérable clochard bourré de Séide à la noix ! », s'exclama-t-il, en colère, avant de récupérer ses atours, bottes rembourrées en crocodile laineux, justaucorps de général Céphalopodhilien, en crocodile à poil ras et aux boutons de bronze en forme de crânes, cape de laine beige à capuchon, c'était là son uniforme traditionnel. L'enfilant, il retrouverait une partie de lui-même, seuls changeraient les noirs cheveux, libres, encadrant le visage à la place du chignon, sa peau érodée, et l'absence de bijoux Elfiques qui de toutes façons lui donnaient un côté féminin qu'il ne voulait pas accentuer, ayant déjà un visage trop doux pour un macho de son espèce. Mais avant de l'enfiler, il fallait se laver, et pour cela il fallait trouver de l'eau propre, ce qu'il doutait de découvrir dans ce donjon, ni même sur ce continent réputé pour ses mares corrosives et ses pluies acides.
Il enfourna le tout dans son baluchon et reprit son exploration en traversant la porte avec un plaisir non dissimulé.
Le Déchu | 18/11/07 15:15
Chaque couloir avait son piège, chaque porte son énigme, et Morrdred perdit un temps considérable à ne finalement franchir que peu de distance dans le Labyrinthe de Gorghim. La voix le suivait partout, l'interrogeant à chaque poignée qu'il tournait...
« Quel est le contraire de vendredi ? Demandait-elle.
-Mardi, répondait-il.
-Epelez le mot Cthulhu, demandait-elle encore.
-C.T.H.U.L.H.U.
-En quelle Lune le Séide Morrdred débarqua-t-il sur Daifen ? »
Flatté de cette référence, il commençait cependant à être agacé de ces questions sans fin. C'est pas un donjon c'est un quiz, pensait-il.
« Lune 221, répondit-il.
-Quel est le plus long mot en langue Orc ?
-... »
Enfer ! pensa-t-il, ne se souvenant pas le moins du monde de ses leçons d'Orc à l'école de Céphalopodhil. Soudain, il comprit.
« GGRRRRRRRRRRUUUUUUUUUUUUULLLLLLLLLLLLLL !!!!! » Hurla-t-il à s'en vider les poumons, ce qui était bien entendu la bonne réponse,
Chaque bonne réponse lui ouvrait une salle dans laquelle il pouvait trouver un ou deux items utiles dans un fatras d'ustensiles stupides. Il emplit le sac à dos qu'il y avait repéré avec des potions de soins rouges vif, laissant là les potions de Mana dont il ignorait l'utilité. Il s'équipa de dagues et shurikens, ce qui pouvait toujours s'avérer précieux, il ramassa aussi des parchemins, des plumes et des encriers à l'odeur suspecte, ainsi qu'une longue-vue, du papier toilette, quelques fioles de poison, une flûte de Pan, et bien entendu un gros paquet de pièces d'or.
Il en avait assez de ces énigmes et chercha la sortie, esquivant de nouveau les pièges pervers du Nain sans Terre : Quand une boule de pierre dévalait vers vous et que votre seul salut était de plonger dans la trappe ouverte, vous pouviez être certain qu'elle était hérissée de piques empoisonnées ; quand les murs se rapprochaient bruyamment et que vous tentiez de vous placer entre leurs pieux, vous pouviez être certain que d'autres allaient apparaître là où vous aviez placé votre...hum... vous m'avez compris. Les flèches étaient programmées avec des temps de retard, désamorcer un mécanisme en déclenchait un second, Gorghim avait fait le maximum pour protéger ce lieu sans y mettre de monstre errant. Juste par plaisir, puisqu'aucun objet vraiment précieux n'y était renfermé.
Le Déchu parvint à la trappe d'entrée, qui bien entendu s'était refermée. Il actionna un levier, prêt à recevoir une plaque d'acier sur la tête, mais c'est encore la voix qui se fit entendre...C'est la dernière, pensa-t-il, et je m'arrache d'ici !
« Une jeune femme, à l'enterrement de sa mère, rencontre un homme dont elle tombe éperdument amoureuse au premier regard. Trop timide, elle n'ose pas demander les coordonnées du pigeonnier de l'homme. Une semaine plus tard, la jeune femme tue sa propre soeur. Pourquoi ? »
Morrdred hésita, juste une seconde. Il aurait préféré pouvoir proposer plusieurs solutions, des soeurs jumelles ? La jalousie ? Mais comme on dit, il faut se fier à sa première idée, à l'intuition.
« Elle espère revoir l'inconnu aux funérailles de sa soeur», répondit-il.
La trappe se déverrouilla et il quitta enfin cet étrange donjon.
Edité par Le Déchu le 18/11/07 à 15:18
Lancwen de Sigil | 18/11/07 16:43
La forme se dissimulait au bord d'un a pic rocheux, un observateur lointain n'aurait vu qu'un grand oiseau de proie prêt a bondir sur le premier lapin osant sortir la tête de son terrier.
Un habitue de Certadhil n'aurait évidemment pas eu la même analyse sachant que cet oiseau ne pouvait qu'avoir une figure de jeune fille, qu'être une harpie sanguinaire, maîtresse du ciel de cette terre désolée.
La créature n'était pas la par hasard, elle observait la silhouette en contrebas depuis que son bateau avait accosté non loin, elle aurait bien sur préféré déchiqueter cet individu de ses serres, se repetre sur son corps décharné. Mais sa maîtresse lui aurait fait payer cher cette hardiesse et finalement même sa vie de harpie était préférable a une séance de torture dans le donjon.
Elle regarda l'homme en pagne errer un temps dans les ruines du Nain sans Terre avant de finalement trouver une trappe ou il s'engouffra.
La harpie décida que c'était le moment d'aller faire son rapport. Elle émit un cri strident et s'envola vers l'ouest en direction de l'ancienne citadelle de Drazankhar....
Noir-feu | 19/11/07 00:30
Très beaux textes. J'ai plaisir à lire.
