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Elenna Celebrindal | 10/11/06 20:32

Le ciel se couvrait de noirs nuages qui menaçaient de déverser ses gouttes de pluie d'un instant à l'autre. La fumée des explosions montait rejoindre les nuages en une masse noire, lourde et compacte, pour s'unir et virevolté au gré du vent, faisant danser les nuances de rouge, d'ocre et de brun.
Un souffle béni jouait à la surface de mon visage mis à vif. Aussi lisse et soyeux que soit le tissu de Drenne, l'écharpe recouvrant la moitié de ma face marquée irritait ma peau tâchée de sang et maculée de transpiration. Je sentais encore l'atroce douleur que son épée avait provoquée en déchirant la chair de ma hanche. La brûlure qui suivit me dévora lentement. C'est alors que, face contre terre, je vis une silhouette se pencher au-dessus de moi un instant puis repartir, un rire l'accompagnant.
Je levais la tête sans oser croiser le regard de mes frères mais les formes que je voyais en face de moi s'entrelaçaient avec haine pour devenir indistinctes et se changer en rêve. Un gémissement étranglé me fit baisser le regard et me montrèrent l'horreur : à côté de moi se trouvaient des visages qui m'étaient familiers déformés par la douleur ou la peur de mourir. Eclaboussés de sang, défigurés par la lame d'une épée impitoyable, leurs yeux transpercés par des carreaux facilement reconnaissables entre mille. Malgré les vagues de malaise qui me submergeaient sans relâche, je me rendis compte avec effroi que moi aussi j'étais tombée, attendant avec impatience que la mort m'entraînerait à ses côtés afin de mettre un terme à mes souffrances.
Le fracas des épées, les cris de rage des combattants, les tirs des arbalètes, les détonations des sorts lancés astucieusement... Tous ces bruits ne parvenaient plus à mon oreille, je me sentais sombrer dans les ténèbres. Ma respiration laborieuse témoignant des dommages infligés par cette blessure.
Et pourtant, chaque inspirations que mes poumons affaiblis accueillaient péniblement me raccrochait à la vie. Cela faisait un certain temps qu'une chaleur, profonde et irritante, siégeait dans ma gorge et ma poitrine.
Soudainement je sentis une toue me picoter la gorge. Ma poitrine se souleva brutalement, incendiant mes poumons en piteux état. Ma gorge se contracta et me donna l'envie de vomir. Une longue inspiration s'infiltra dans ma bouche emplie de bile puis racla ma gorge sans ménagement. Mon abdomen se crispa, tirant sur mon abominable blessure et poussa fortement pour expédier l'air logé dans mes poumons, faisant remonter par la même occasion un filet de sang dont le goût envahit ma bouche. Je déglutis rapidement mais toussai une seconde fois, manquant de m'étouffer avec mon sang. Ma main repoussa mon écharpe en même temps qu'un gémissement minable sortit de ma bouche. Mes yeux s'humectèrent...

... Un soubresaut me réveilla violemment. Plongée dans une obscurité quasi totale et seulement éclairée par le faible feu d'une froideur dérangeante, je passai une main sur mes joues sillonnées de fines larmes. Le crépitement des flammes attira mon attention et une ombre m'apparut. Je vis alors la fluidité incarnée se déplacer vers moi avec une élégance non surprenante.
« Cauchemars, cauchemars, quand cesserez-vous de hanter les nuits de ma charmante cousine... ? »
Je pus contempler une fois de plus ses grand yeux légèrement en amande ornés de longs cils noirs lorsqu'il s'assit sur le lit. Le marron qui remplissait ses iris dégageait une froideur déroutante si l'on ne savait pas interpréter les sentiments qu'il laissait rarement transparaître. Pour ma part, je les trouvais doux et chauds, rassurants et bienveillants, attentifs et compréhensifs. Son nez allongé mais harmonieux s'adaptait parfaitement avec la forme de ses lèvres, minces et exquises, légèrement rosées. Ses cheveux soyeux de couleur noire - se terminant plaqués sur sa nuque - se mariaient savoureusement avec le teint mat de sa peau et encadraient un visage fin à la mâchoire délicatement dessinée. Grand et fin, il repoussa les pans de sa longue cape noire, révélant sa silhouette élancée mise en valeur par des vêtements noirs qui suivaient les lignes de son corps. La soie qui composait sa chemise entrouverte reflétait les rayons argentés de la lune.
« _ Hylian... Quand cesseras-tu d'apparaître devant les gens sans crier garde ?
_ Quand tu ne seras plus Elfe... »
Tout en échangeant un sourire sincère, ma main passa sur sa nuque et joua avec une des boucles de ses cheveux. Sa présence m'apaisait et j'oubliais ce cauchemar qui revenait sans cesse, encore et toujours...

Hylian était mon plus précieux contact et surtout le plus doué. Il m'informait des décisions politiques prises par les différents dirigeants des royaumes bordant le notre, exposant ses impressions sur les conséquences que tel ou tel décrets, lois, traités provoqueraient. Depuis mon arrivé sur Orelindë, je passais actuellement mes journées chez Serenphita afin de réfléchir à la meilleure façon de converser avec mon père. Le sujet que je lui exposerais serait pénible et la meilleure façon de ne pas provoquer en lui une colère enfouie qui me mettrait mal à l'aise serait de l'amener doucement.

« Dans trois jours, l'ambassade d'Eamanë accueillera avec grand intérêt les personnes de la haute société susceptible de leur apporter un quelconque soutien. Je t'expliquerai tout cela en détail demain mais nous nous inviterons. »
Et il se leva, déposa un baiser sur mon front et disparut, laissant sur la couverture qu'une fine plume de couleur bleue.

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