Forum - Congélodhil, la Quête de l'Antimage
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Le Déchu | 15/12/07 12:27
(HRP - Pour le son, pendant que vous lisez, cliquez ici
)
Partie 1
Trois fois par jour, Morrdred Syphonn et ses lieutenants se retrouvaient pour partager un repas et leurs opinions à différents sujets. La grande salle où ils se réunissaient était, comme l'ensemble de son royaume sur la côte Sud Est de Congélodhil, construite en massives pierres de taille, et à chaque angle une cheminée abritait un feu généreux. Les murs étaient tapissés de tentures brodées par les artisans de Cursaxodhil, et représentaient systématiquement des cités englouties, dans des camaïeux de bleus et de verts.
Au centre de la pièce trônait une longue et large table de pin, garnie de nombreux mets. Morrdred avait été prévoyant et avait fait venir avec lui des quantités de réserves de nourriture : poisson, pain, fromage, riz et fruits secs. Mais il ne s'était pas attendu à trouver sur ce continent glacial d'autre nourriture. Pourtant, il avait rapidement réalisé que sur la banquise grouillaient des phoques et leurs bébés par centaines. En quelques Lunes et quelques massacres, ils avaient rempli leurs réserves de viande fraîche, fourrures et graisses. La nourriture ne poserait pas de problème.
Morrdred avait ainsi rapidement repris du poids et ses traits s'étaient arrondis au niveau du visage et de l'abdomen. Il rentrait encore dans son uniforme, mais songeait déjà à en changer pour quelque chose de plus ample. Il siégeait en bout de table et laissait ses invités se servir les premiers : pendant qu'ils remplissaient leurs assiettes ils ne faisaient pas attention à lui et il pouvait laisser son esprit vagabonder en même temps que ses yeux suivaient par la fenêtre l'évolution des nuages lourds et gris.
Pour que nul n'oublie leur mission première, il avait placé dans cette même pièce la statue d'onyx de sa fille pétrifiée. Tous évitaient de la regarder, même Nhaundar, son fils, qui était présent ce jour-là.
Morrdred détailla ceux qui étaient à sa table.
A sa gauche, Forlorn la nécromancienne Illithid mangeait par simple politesse. Elle portait une ample robe noire rembourrée de crocoton, avec de longues épaulettes de bronze et un haut col arrondi. Maniant les couverts d'argent avec un manque évident de pratique, elle avait des difficultés à ne pas se servir des quatre tentacules qui garnissaient sa bouche épaisse, et ces pseudopodes tressaillaient à chaque fois qu'elle réprimait leurs instinctifs mouvements. Les autres invités avaient rapidement appris à ne pas l'observer quand elle mangeait, afin de ne pas se dégoûter eux-mêmes.
A côté de la Nécromancienne était assis Voltar, le Maître des Espions du Vampire. Unique humain parmi tous les fidèles de Yog qu'on pouvait rencontrer sur la planète, il était bâti comme un taureau mais beau comme une statue Elfique. Ses cheveux blonds étaient toujours bien peignés, ses dents bien brossées, et ses yeux pétillaient d'une vive intelligence et d'un humour ardent. Il portait ce jour-là un pourpoint de soie beige et or, et des culottes bleues décorées d'un liseré de couleur crème. Rasé de près, il ne faisait attention à personne et remplissait avidement son assiette de viande rôtie et de riz.
La troisième assise de ce côté de la table était la chef de guerre Nelrk nommée Gem, que Morrdred avait priée de venir depuis le continent Calimérodhil. Elle aurait pu ressembler à une Elfe à la chevelure d'un troublant rose vif, mais de nombreux détails révélaient son ascendance Orc : Elle avait la peau verdâtre, les muscles puissants, les épaules larges, et les canines de sa mâchoire inférieure dépassaient de ses lèvres quand elle avait la bouche fermée. Elle attendait, par correction, que tout le monde soit servi, et elle se tenait droite, les bras croisés sur son armure de cuir.
A la droite de Morrdred était assise Zalnja Throdden, la savante Elfe de Yog aux cheveux d'or. Malgré ses tentatives pour paraître sympathique, nul ici n'ignorait qu'elle possédait un mauvais caractère que seule sa poitrine aux dimensions étonnantes pouvait faire oublier, et uniquement aux représentants du sexe masculin. Elle n'avait pris que du riz car elle ne se permettait aucun écart, sa plastique étant son unique argument quand il s'agissait de manipuler les hommes, et elle savait la mettre en valeur grâce à des talons élevés, des corsets de cuir et des tissus légers.
A côté d'elle se trouvait le jeune Elfe de Yog nommé Slime Suraimu, tout nouveau Proviseur des Ninjas de l'Ecole du Serpent, toujours vêtu de son kimono noir. Il se rasait les cheveux mais sa beauté restait troublante, et ses yeux noirs étaient teintés d'un romantisme trompeur. Bien bâti, fier, son attitude était toujours calme et respectueuse, et son hygiène irréprochable. Nouveau venu parmi les lieutenants du Prince Syphonn, il savait rester à sa place et se tenir silencieux. Il s'était servi de tout en quantités égales, faisant de chaque repas la démonstration d'une saine philosophie.
La troisième place de ce côté de la table était vide. Alauniira s'y tiendrait quand elle serait revenue parmi les vivants.
Pour terminer, au bout de table en face de Morrdred, Nhaundar Syphonn jouait avec ses aliments sans réelle envie de manger. Portant l'uniforme royal en crocodile et le chignon classique, il était tout entier empreint d'une attitude aristocratique, et Morrdred s'émerveillait en permanence de l'excellente éducation que son fils avait reçu en son absence. Nhaundar était toujours digne et hautain, mais son âge réel se trahissait parfois, comme à présent, par une attitude involontairement puérile.
Enfin, Morrdred se servit et invita les convives à remplir leurs verres de bière ou de vin. Seul le crépitement des flammes et le cliquetis des couverts brisaient le silence, jusqu'à ce que Gem prit la parole, s'adressant au Maître-espion.
« Alors, Seigneur Voltar, vous ne nous avez pas dit si vos hommes avaient découvert d'autres royaumes depuis la dernière Lune ? »
L'Humain ingurgita rapidement sa bouchée de viande de phoque et répondit en faisant de petits gestes avec sa fourchette :
« Non, rien de nouveau depuis la dernière fois, mais les Espions avancent lentement alors ne tirons pas de conclusions hâtives. Je pense qu'il nous faudra encore deux Lunes avant de s'être assurés qu'il n'y a pas d'autres rivaux que ceux que nous avons déjà découverts.
-C'est fâcheux, dit Nhaundar sans les regarder. Moi non plus je n'ai pas encore pu faire le tour du continent, mais pendant que nous perdons du temps des ennemis potentiels peuvent agrandir leurs armées. Pour ma part j'ai besoin de plus nombreux espions, mais surtout tenez-moi immédiatement informé de toute découverte.
-Je crois qu'il n'y a pas à s'inquiéter, répliqua Forlorn, n'oubliez pas que les conditions météorologiques ne peuvent que nous avantager : squelettes, zombies ou Vampires ne craignent pas le froid autant que des races à sang chaud...
-Ne soyez pas ridicule, l'interrompit Voltar qui n'appréciait guère la Nécromancienne, regardez les Nains, par exemple : ils ont l'habitude de vivre dans des régions montagneuses et doivent être habitués à ce genre de conditions climatiques. Un gros manteau et un tonneau d'hydromel leur suffisent probablement à se tenir chaud. »
Gem éclata soudain de rire et s'étrangla. Les autres la dévisagèrent, interloqués, ne trouvant rien de particulièrement drôle à ce qui s'était dit. Agitant la main pour leur faire comprendre qu'elle s'expliquerait dès qu'elle aurait repris son souffle, elle absorba un pichet de bière pour faire passez la nourriture coincée dans sa gorge. Dès qu'elle put parler, elle dit :
« Les Nains ont un tout autre problème : pour se déplacer dans un mètre de neige il leur faut creuser des tunnels là ou nous avons seulement besoin d'une bonne paire de bottes ! »
Voltar s'esclaffa à son tour, mais se reprit en constatant que cela n'amusait qu'eux deux. La menace d'un rush était réelle, et Morrdred n'avait pas envie qu'un Seigneur avide de conquêtes ne l'empêche de mener à bien le sauvetage de sa fille. Regardant la Nelrk et l'Humain d'un oeil assassin, il dit :
« Nos défenses sont faibles, mais le Seigneur que j'ai contacté a accepté les termes du pacte de non-agression que je lui ai proposé. Il avait même l'air enthousiaste, ce qui me laisse penser que nous pourrons éventuellement conclure une alliance.
-Il a signé ? s'étonna Zalnja.
-Oui. Je pense qu'il a compris que je n'ai que faire de ce continent, et que tout ce qui m'importe c'est Alauniira. Si nous sommes attaqués, je lui demanderai de l'aide. Et nous verrons bien.
-Et au sujet d'Alauniira, questionna Nhaundar, je suppose que vous n'avez pas non plus de nouvelles à propos du Dragon Indigo ?
-Rien de nouveau, répondit Morrdred, mais il doit probablement se terrer aux sommets des pics au centre du continent. Assurons la défense du royaume, puis nous partirons en expédition dès que le temps sera un peu plus clément. »
Involontairement, ils regardèrent tous par la fenêtre pour mettre une image sur ces paroles. La nuit était tombée, et c'est seulement autour des lanternes que l'on voyait les lourds flocons apparaître, laissant deviner que, dans l'obscurité, ils emplissaient le ciel. Demain, il faudrait à nouveau employer tous les soldats pour déneiger les accès, et leur entraînement ne commencerait pas avant midi. Tout ce qu'ils espéraient c'est que les autres Seigneurs éprouvaient les mêmes difficultés.
Edité par Le Déchu le 18/12/07 à 18:22
Celimbrimbor | 15/12/07 13:33
Lancwen de Sigil | 15/12/07 14:12
espérons que les continents froids portent chance a notre lignée.
Le Déchu | 16/12/07 01:40
( Lien musical pour cette partie )
Partie 2
Les convives avaient pris congé un à un et étaient allés se coucher, même les rivales Zalnja et Forlorn n'avaient pu obtenir la promesse des faveurs du Vampire pour cette nuit. Trois des quatre cheminées ne contenaient plus que des braises tièdes et sans éclat.
Quelque peu assommé par le vin qu'il avait bu en quantité, Morrdred avait tiré une chaise à côté de sa fille pétrifiée et parcourait ses reliefs de ses mains griffues. La petite fille était toujours identique, figée dans son expression de stupeur, comme sculptée dans l'onyx lisse et brillant. Sur sa tête, le chapeau trop grand aux larges bords, objet de sa malédiction. Le Chapeau de Duplicité. Sur ses épaules, la Capeline des Profondeurs, qui donnait à son porteur le pouvoir de se transformer en raie pour traverser les Mers. A sa main droite, le Gantelet du Dragon Indigo. C'était cet objet, dérobé parmi les trésors de Céphalopodhil, qui permettrait de la sauver, si seulement le Dragon souhaitait, comme le Vampire l'espérait, le récupérer. La seule façon pour le Dragon, l'Antimage, de mettre la main sur cet objet était d'annuler la malédiction. Mais le souhaiterait-il ?
Morrdred ignorait ce qui avait poussé le Dragon à devenir Antimage, et cela était son principal problème. Dans sa tête, il se répétait sans fin les différentes probabilités, les réponses possibles du Dragon quand il lui soumettrait cette proposition. S'il refusait le marché, que pouvait-il désirer d'autre ? Le Vampire et ses hommes auraient-ils à combattre le Dragon ? Etait-il seulement toujours en vie ?
Des larmes de désespoir coulaient sur ses joues. L'incertitude le hantait tandis qu'il observait les plus infimes détails du visage de son enfant maudit. Une triste rage brûlait dans ses veines, de plus en plus insupportable à mesure que la nuit avançait. Il voulait hurler de terribles promesses à Alauniira, mais...il n'osait pas. C'était parfaitement inutile : s'il échouait, il ne pourrait pas le supporter. Comment vivre avec cette culpabilité ?
Non, il n'échouerait point. Si ce n'était le Dragon Indigo, ce serait un Dieu. Morrdred aurait été capable de renier sa propre religion pour la sauver, de se rallier à la plus misérable des Divinités si seulement celle-ci avait le pouvoir de rendre la vie à sa fille.
Anéanti par la souffrance, il détourna d'elle son regard, cherchant désespérément ce qui pourrait l'éloigner de sa peine. Il but quelques gorgées de vin à la bouteille, porta son regard par la fenêtre. Le soleil, déjà, se levait, bas sur l'horizon, traversant de ses rayons les blocs de glace bleutés mêlés à la neige et aux congères du paysage déchiqueté de la banquise de Congélodhil. A nouveau, il se tourna vers son enfant pétrifié.
« Alauniira, je te le jure, bientôt tes tourments prendront fin, quoi qu'il m'en coûte. »
Il quitta la pièce en titubant, et, se sentant trop malheureux pour dormir seul, alla chercher ses deux amantes avant de rejoindre sa propre chambre. Se haïssant mutuellement, la belle Zalnja et l'abjecte Forlorn obéirent sans pourtant piper mot. C'est dans le désespoir qu'il trouva l'énergie pour les honorer, et enfin il s'endormit en les serrant près de lui comme un bébé.
Edité par Le Déchu le 16/12/07 à 01:47
Celimbrimbor | 16/12/07 12:30
Des plus grandes peines naissent les plus grands exploits.
Je ne désespère pas de vous voir de nouveau fier, Morrdred.
Le Déchu | 16/12/07 13:49
(On change de musique...)
Partie 3
Tandis que son royaume s'éveillait lentement au rythme des cloches, Morrdred plongeait dans un profond sommeil diurne. Ses maîtresses, elles, avaient suffisamment dormi et chuchotaient de part et d'autre du corps immobile du Vampire.
« Je crois que nous devrions discuter, disait Zalnja.
-Pourquoi pas, répondit l'Illithid, de toutes façons nous sommes coincées ici jusqu'à ce qu'il se réveille...
-Eh bien...justement...Une seule d'entre nous suffit à veiller sur son sommeil. Vous, vous pourriez vous mettre à votre travail de Nécromancienne, tandis que moi je n'ai rien à faire de particulier.
-Vous êtes culottée, quand même, Elfe de Yog ! Il ne m'a pas donné l'ordre de quitter sa chambre, je serais bien stupide de le laisser là sans son consentement.
-Qu'est-ce que vous vous imaginez, persista Zalnja, il n'a que faire de vous et moi. Allez donc lever les morts au lieu de gâcher votre temps.
-Quels morts ? Cessez un peu de dire des absurdités, vous commencez à me courir ! »
Elles s'agaçaient mutuellement depuis qu'elles s'étaient rencontrées, et chaque conversation leur confirmait qu'elles ne pourraient jamais s'entendre. Forlorn était fatiguée des tentatives de sa rivale pour l'écarter du Prince, et Zalnja aurait bien tué de ses propres mains l'aberration tentaculaire que Morrdred avait choisie comme courtisane depuis son retour d'exil. Cette dernière, toujours en susurrant doucement, la menaça directement :
« Continuez à me chercher, blondasse, et vous finirez par n'être que l'un des zombies du Prince, je vous le promets !
-Là, vous allez trop loin, monstruosité !
-Et alors ? Qu'allez-vous faire ? M'assommer avec vos mamelles ?
-Figurez-vous que je... »
Elles furent interrompues par des coups frappés sur la porte de la chambre depuis le corridor. Redoutant la colère de Morrdred qui avait le réveil grognon, elles écarquillèrent toutes deux les yeux et restèrent immobiles. Avant que l'on frappe de nouveau, Zalnja se leva sans bruit, dissimula sa nudité derrière la robe de Forlorn qui se trouvait tout près et se hâta vers la porte. L'Illithid lui fit les gros yeux, mais elle ne pouvait bouger car Morrdred la tenait encore dans ses bras, toujours inerte.
Zalnja entrouvrit la porte. C'était la scribe en chef qui avait frappé, la jeune humaine au visage rond nommée Lena de Marlena, que tout le monde surnommait « Face-de-Lune ».
« Quoi ? demanda Zalnja en murmurant, lançant des coups d'oeil craintifs vers le Vampire assoupi.
-Dame Throdden, c'est le rapport des scribes, il est dix heures. Le Prince dort toujours ?
-Oui, il dort toujours ! Donnez moi ça et disparaissez !
-Désolée, mais j'ai comme consigne de lui remettre les rapports en mains propres à dix heures tous les jours, insista la petite brunette.
-Eh bien réveillez-le si vous l'osez ! »
Zalnja laissa la porte ouverte et s'en retourna sous les draps, jetant sur le sol la robe noire de sa rivale qui trépignait de colère. La jeune scribe entra sans crainte et posa sa main sur l'épaule tatouée de Morrdred.
« Sire, le rapport des scribes », annonça-t-elle à voix haute.
Celui-ci ouvrit les yeux, ne comprenant pas tout de suite où il se trouvait. Il se redressa et se frotta les tempes en grimaçant, puis regarda vers Lena. Elle lui tendit le parchemin roulé, dont il s'empara en la remerciant. Zalnja prit l'initiative :
« Bonjour, Prince, votre sommeil a-t-il été agréable ? »
Elle accompagna ses paroles de douces caresses, mais il écarta sa main sans lui répondre et se pencha sur le rapport de ses scribes. Forlorn sourit discrètement, ayant déjà marqué un point. Morrdred quitta le lit et entreprit de se vêtir, puis, enfin, leur adressa la parole.
« Bonjour à vous mes belles, excusez-moi mais j'ai du travail, nous nous verrons au déjeuner.
-Bien, mon Prince, répondirent-elles de concert, souriant comme si elles étaient les meilleures amies du monde. »
Il se peigna en regardant à l'extérieur. Le ciel était enfin dégagé. Les Ninjas étaient à l'entraînement dans la cour à moitié déneigée, répétant les mouvements meurtriers de l'école du Serpent. Sa garde d'Elite également était à la leçon, sous la tutelle de Gem qui maîtrisait parfaitement les techniques Elfiques de la Danse de Guerre, et qui avait développé une manière de l'appliquer en armure lourde.
Il se plaqua contre le carreau de verre pour voir à la limite de son champ de vision sur la droite. Le port était encombré de navires provenant de Cursaxodhil. Ils transportaient des pierres pour la construction de nouveaux bâtiments, et de nouvelles troupes, Elfes de Yog et Orcs albinos. Le vaisseau de Nhaundar avait disparu, il était donc retourné dans son propre domaine, de l'autre côté du continent.
Les deux courtisanes étaient à peine sorties des couvertures qu'il ouvrit subitement la fenêtre. Un air glacial pénétra dans la chambre et les frigorifia toutes deux instantanément, à tel point qu'elles se jetèrent sous les draps l'une contre l'autre dans un pur réflexe de survie.
Morrdred vomit tout ce que son estomac contenait. Une nouvelle journée commençait.
Edité par Le Déchu le 16/12/07 à 13:55
Celimbrimbor | 16/12/07 16:13
Le Déchu | 16/12/07 18:53
( Alors elle assure la bande originale de Congélodhil?
)
Partie 4
Le Déchu avait rejoint Voltar dans son vaste bureau et étudiait les rapports de ses espions en s'attardant sur chaque détail. L'Humain, lui, était distrait par les prouesses de Slime qui entraînait ses Ninjas juste sous sa fenêtre, une rivalité de toute autre nature que celle qui opposait Zalnja et Forlorn les tenant à distance l'un de l'autre. Il n'avait jamais avalé la cuisante humiliation qu'il avait endurée lors de leur duel sur Cursaxodhil, même s'il en était sorti vainqueur, et ruminait sans cesse sur le moyen de se venger...Réalisant soudain qu'il n'avait pas écouté Morrdred, il détourna les yeux de l'extérieur. Le Vampire était en train de finir son monologue :
« ...et augmenter le budget pour l'espionnage est hors de question pour le moment, car je dois payer de plus nombreuses troupes...Il faut qu'ils redoublent d'efforts car je dois en savoir plus sur ces Seigneurs. Depuis que la Pieuvre Noire n'existe plus, j'ai l'impression d'être un étranger sur les terres de Daifen...
-Oui, nos rapports de la Pieuvre sont périmés et inutiles, répondit l'Humain en espérant avoir capté le fil de la conversation. Il y a toujours Face-de-Lune, à la limite... »
Morrdred le fixa intensément de ses yeux vides et effrayants.
« Quoi ?
-Vous savez, la petite humaine qui dirige les scribes.
-Et alors ? Qu'est-ce qu'elle a à voir avec les espions ? »
Voltar craignit d'avoir dit une énormité, mais il tenta quand même de s'expliquer, se grattant la tête, mal à l'aise...
« Eh bien à défaut d'avoir pu espionner certains royaumes, elle pourrait toujours tenter d'en savoir plus...
-Mais expliquez-vous, par les Enfers ! Qu'est-ce que cette gamine pourrait bien faire de plus que nos Espions ?
-Eh bien, bafouilla l'Humain, ses dons, vous savez ?
-Quels dons ?
-Eh bien de voir l'avenir. Vous savez bien que c'est elle qui m'a permis de revenir vivant de Caravellodhil ! Sans ses pouvoirs j'y serais resté, sans aucun doute ! »
Morrdred perdit tout reste de sérénité, sa patience ayant déjà atteint ses limites.
« Cette petite gueuse peut voir l'avenir ? Mais nom d'un Troll pourquoi est-ce que je l'ignore encore ?
-Comment ça vous l'ignorez ? Mais pourtant vous avez suivi tout ce que j'ai fait sur Caravellodhil, par votre boule de cristal !
-Comme si je n'avais que ça à faire, de regarder les mésaventures d'un espion ! Je vous l'ai fait croire simplement pour vous mettre la pression ! Allez chercher cette petite vermine immédiatement ! »
Voltar ne se le fit pas dire deux fois et courut jusqu'à la salle de lecture glaciale, puisque dépourvue de cheminée, où les nombreux scribes étaient courbés sur leurs livres, frissonnant dans leurs fourrures de bébés phoques. Il attrapa Lena de Marlena par le poignet, la dominant de sa masse musculeuse, et l'entraîna dans les couloirs sans ralentir.
« Le Prince veut vous voir, pour que vous lui prédisiez l'avenir.
-Ah ! Enfin il se décide ! »
Sans commentaire, il la poussa dans son bureau où le Vampire l'attendait en faisant les cent pas.
« Toi ! Cria-t-il, prédis moi l'avenir ! »
Elle ne se démonta pas et lui fit face en souriant, prenant même le temps d'effectuer une révérence.
« Mon Prince, j'ai rêvé de vos périples, mais je crains que mes prédictions ne manquent de clarté...Je vais vous raconter ce que j'ai vu. »
Quelque peu calmé, le Vampire s'assit sur la table encombrée de parchemins et l'invita d'un geste à continuer. L'adolescente prit une chaise et s'assit à son tour, le regardant droit dans les yeux. Elle se racla la gorge et commença son histoire.
« Vous étiez au sommet du plus haut pic de ce continent, Seigneur, et vous sembliez en colère. Vous aviez la tête levée vers le ciel - c'était la nuit - et vous étiez en train de hurler en brandissant votre arme vers la Lune. Je ne sais pas ce que vous disiez, mais votre fureur était terrible. Une immense créature vous attaqua alors, et vous avez sauté dans le vide pour la pourfendre...
-Ma fille, était-elle là ? Questionna le Vampire impatient.
-Je l'ignore, Seigneur. Je n'ai vu que vous, et la créature. Pendant que vous combattiez, un autre monstre se jeta dans la bataille, qui ressemblait au premier.
-Des Dragons, n'est-ce pas ? L'un indigo et l'autre mauve ?
-Oui, exactement. Le second était d'abord de votre côté, et tous les deux vous avez réussi à tuer le premier. Quand il fût mort, l'autre vous attaqua dans le dos. Là, dans mon rêve, vous êtes tombé dans la nuit, et vous vous êtes écrasé sur les rochers. C'est ainsi que vous mourrez si vous ne prenez pas garde. La Dragonne Mauve vous trahira après vous avoir aidé.
-La Dragonne Mauve...Cette chiure de Gobelin de Mavegda n'avait que cela en tête lorsqu'elle a passé ce marché avec moi. Tes dons sont stupéfiants, Lena. Là où je ne rêve que de symboles et de nombres mystérieux, tu peux voir les choses exactement comme elles se dérouleront.
-Non, Seigneur. Maintenant que vous m'avez écoutée, vous pouvez dévier le Destin. Telle est l'utilité de me garder auprès de vous.
-Ha ! Tu mangeras désormais à ma table ! »
Morrdred lui sourit.
« Tu viens de me sauver, petite Humaine. Mais ne sais-tu pas ce qui s'est produit avant tout cela ? Il m'est égal, en vérité, de mourir, du moment que ma fille est sauvée.
-Malheureusement je l'ignore, peut-être la réponse viendra-t-elle une prochaine nuit... »
Le Vampire se tourna vers l'extérieur. Les cloches sonnaient midi, et il avait faim.
Edité par Le Déchu le 16/12/07 à 18:56
Terfanae De Caledon | 17/12/07 21:21
J'aime beaucoup! Comme tout le monde: la suite!
Le Déchu | 18/12/07 18:15
( Reprenons plus en douceur, avec un lien pour les deux parties à venir.)
Partie 5
Au douzième coup du battant de la principale cloche de bronze du Royaume, Gem fit cesser l'entraînement des Guerriers Elfes de Yog épuisés.
« Repos, Gardiens, nous nous retrouverons à deux heures au même endroit. Bon appétit. »
Ses soldats lui souhaitèrent la même chose en retour, sans hypocrisie : ils appréciaient leur leader Nelrk qui, malgré le fait d'être souvent dure avec eux, savait les féliciter pour leurs efforts, leurs progrès, et plaisanter avec eux sans jouer les grands chefs vaniteux. Ôtant leurs lourds casques d'acier et dégrafant leurs massifs plastrons qui s'ouvraient sur le devant, ils s'en retournèrent vers le Temple de Yog. Ils transpiraient de leurs exercices mais leurs mains étaient gelées. Gem, elle, n'avait pas pris la peine d'ôter la surtunique rembourrée aux armes de Morrdred qu'elle portait par-dessus sa toute nouvelle armure.
Elle se rendit dans la salle-à-manger où les autres l'attendaient déjà : Morrdred s'interrompit pour la laisser s'installer. Elle était en retard de quelques minutes, ce qui n'était pas grave en soi, mais, la table étant encore vide, tous les regards étaient portés sur elle tandis qu'elle se mettait à l'aise pour déjeuner, sans pourtant prendre quelques instants pour se réchauffer près de l'une des cheminées.
Ôtant la pièce de crocoton qui la protégeait du froid, elle révéla avec une discrète fierté la fantastique armure que les virtuoses artisans de Morrdred lui avaient remise le matin même.
Le vêtement était composé de sept pièces d'un cuir épais, habilement cousues de fil de fer. La combinaison moulait les membres musclés de la Nelrk sur toute la surface de son corps : du col haut fermé juste sous la mâchoire, aux pieds qu'elle protégeait comme des bottes, et jusqu' aux épaisses mitaines. Le cuir était uniformément noir, brillant et odorant, et percé de mille clous acérés de la longueur d'un pouce, ajustés de façon à ne gêner aucun mouvement mais à ne présenter que des surfaces dangereuses.
Elle vit que Face-de-Lune était installée à sa place. Le siège d'Alauniira étant réservé et quasi-sacré, elle s'assit en bout de table en face de Morrdred, ouvrit son col trop serré pour manger, et salua tout le monde d'un « Bonjour » tout simple. Le Vampire reprit pour elle son discours.
« Je disais qu'il y a deux choses importantes à l'ordre du jour, l'une concerne notre royaume, l'autre notre Quête. »
Il s'interrompit à nouveau : trois servantes Elfes apportaient le repas riche et fumant, à la grande satisfaction de chacun. Elles disposèrent les plats, les corbeilles de pain ou de fruits, et se retirèrent vite à reculons. Les acolytes de Morrdred remplirent hâtivement leurs assiettes, puis, quand il se fût à son tour servi d'un bon kilo de viande à peine cuite, celui-ci reprit la parole.
Edité par Le Déchu le 18/12/07 à 21:55
Le Déchu | 18/12/07 18:17
Partie 6
« Bon, premier point, le Vampirisme. Gem, voici ce que nous allons faire : vous allez chaque soir me présenter celui de vos hommes que vous pensez être le meilleur. Je lui transmettrai le Don et nos infirmiers veilleront sur lui le temps qu'il lui faudra pour retrouver, si je puis dire, sa santé.
-Très bien, Seigneur. Commencerons-nous ce soir ?
-Absolument. De nouvelles troupes seront débarquées de Cursaxodhil à chaque Lune, donc vous aurez toujours à peu près la même quantité d'hommes à former.
-C'est très clair, à vos ordres. »
Morrdred déchira entre ses dents un épais morceau de viande et en enfourna tout de suite un second sans cacher sa délectation. Fixant toujours la Nelrk en s'essuyant la bouche, il continua :
« Seconde chose, Gem : chaque soir, vous emmènerez à Forlorn (il la désigna du menton) votre plus piètre élément. Toi, Forlorn, tu pourras te nourrir de son cerveau, mais utilise ensuite tes pouvoirs pour permettre à son cadavre de combattre. Suis-je clair?
-Très clair, répondit Gem.
-Merci, Seigneur, dit la Nécromancienne.
-Inutile de me remercier, je te nourris, tu crées des troupes. »
Il avala à nouveau un énorme quartier de viande de phoque, et se rinça la gorge d'une pinte de bière qu'il but cul-sec. Son assiette était déjà vide. Il piqua de sa fourchette un autre morceau, directement dans le plat, puis finalement tira le plat à lui. Enfin, il parla de la révélation de Lena de Marlena, qui indiquait que leur plan tel qu'il était aboutirait à un échec, il fallait le revoir sans délai.
« Jusqu'ici l'idée était celle-ci : Premièrement, lui offrir de récupérer son gantelet, pétrifié avec ma fille, espérant que le marché lui conviendrait. Une fois la malédiction levée, je lui rendrais son artefact. Là, je devais acquitter ma part du marché passé avec Mavegda, et l'invoquer, grâce à cette pierre qu'elle m'a elle-même remise, pour la laisser assouvir sa vengeance. Mais cette chienne ayant en tête de me trahir, je vais la devancer...
-Excusez-moi, intervint Slime Suraimu, mais puis-je savoir quelle était la part de marché que la Dragonne mauve a accomplie pour vous ?
-Elle m'a débarrassé de Vax Vhybbelz, un traître dangereux qui s'était infiltré parmi mes hommes.
-Je vois, vous avez donc eu ce que vous souhaitez, en fait.
-Tout-à-fait. Seul l'honneur me tenait jusqu'ici à remplir ma part du contrat, mais dans cette situation je le mettrai de côté. »
Le Vampire vida un second pichet bruyamment, et s'avachit sur le dossier de son siège, repu.
« Mais dans la vision de Lena, c'était moi qui attaquais le Dragon Indigo. Pourquoi ? J'y ai rapidement réfléchi et je n'ai trouvé qu'une explication, c'est qu'il va refuser ma première offre. Qu'en pensez-vous? »
Les autres restèrent silencieux un moment, songeurs. C'est enfin l'Humain Voltar qui tenta une interprétation :
« Peut-être pas, Monséide. Enfin, Monseigneur...Peut-être bien qu'il vous avait seulement offensé. Enfin je vous connais un peu et je sais que vous ne vous laissez pas marcher sur les pieds.
-Je l'aurais laissé à Mavegda, si j'avais souhaité sa mort. L'effet de surprise lui donnerait un large avantage. Je n'aurais pas eu à m'en mêler...
-Si vous étiez en colère, tenta tout de même Voltar, peut-être avez-vous voulu accélérer les choses.
-Non, non, je crois que si j'étais si en colère c'est parce qu'il avait refusé le marché.
-Qu'il va le refuser, corrigea la jeune Lena, n'oubliez pas que tout cela ne s'est pas encore produit.
-Votre explication me semble tenir debout, dit à son tour Forlorn. Puisque le Destin que l'Antimage s'est choisi est de combattre la Magie, il aura préféré laisser son Artefact là où il est, au poignet de votre enfant, inutilisable.
-C'est ce que je crois aussi. »
La plupart acquiescèrent. Le Vampire avait déjà sa solution à ce problème.
« Je vais donc lui proposer de se débarrasser de Mavegda tous les deux, en échange de l'annulation de la Malédiction. Sa propre existence étant en danger, il sera forcé d'accepter.
-Attendez, dit Slime. Il y a quelque chose qui ne va pas.
-Quoi donc ?
-Attaqueriez-vous le Dragon Indigo s'il avait refusé votre offre ? Cela me semble illogique. Vous avez besoin de lui vivant, de ses pouvoirs. Je crois que si Face-de-Lune vous a vu l'attaquer, c'est parce que vous n'aviez pas besoin de lui. »
Morrdred n'avait pas songé à cela. Cependant, il n'était pas tout-à-fait d'accord.
« S'il refusait mon marché, il ne me servirait à rien, ni mort ni vivant... »
Le sang de Zalnja ne fit qu'un tour : en une seconde elle venait de trouver le moyen de mettre dans une situation mortelle sa rivale. Triomphalement, elle s'écria :
« Et Mort-vivant ? Si la Nécromancienne vous accompagnait dans votre périple, une fois mort, le Dragon pourrait être ressuscité et soumis à la domination de Forlorn !
-En dernier recours, répliqua Morrdred, ton idée pourrait être intéressante, très intéressante, même, Zalnja. Mais de toute façon Forlorn viendra, vous viendrez tous avec moi. Cette quête nécessitera de l'improvisation, et je veux avoir toutes les chances de mon côté, autrement dit, vous !»
Zalnja, dégoûtée, se mura dans un sombre silence tandis que les autres restaient pensifs, se demandant quel serait leur rôle dans l'affrontement des Dragons.
Edité par Le Déchu le 18/12/07 à 18:19
Le Déchu | 20/12/07 18:33
Partie 7
Le déjeuner se termina dans un relatif silence, jusqu'à ce que le Vampire se lève de table, après avoir ingurgité sa part de tarte aux pommes.
« Pour ma part je vais dormir, je n'ai presque pas fermé l'oeil cette nuit...Zalnja, accompagnez-moi, je vous prie. Forlorn, pardonne-moi mais je te laisse préparer tes sortilèges. Lena, tu ferais bien d'aller te coucher également, si tu peux avoir d'autres révélations cela faciliterait la tâche de tout le monde. »
Cette dernière acquiesça sans mot dire et se leva tout de suite. Zalnja se retirait derrière Morrdred, rajustant sa lourde chevelure dorée et son corset de cuir brun. Sitôt la porte fermée sur ses talons hauts, la Nécromancienne ne put s'empêcher de pester contre elle à haute voix, ses tentacules faciaux se tortillant de colère sur sa poitrine.
« Mais regardez un peu comment cette traînée le suit comme un petit chien ! Vous pouvez un peu m'expliquer ce qu'elle fait parmi nous ? Une scientifique ? Elle passe ses journées à se mirer et s'habiller ! »
C'est la Nelrk Gem qui lui répondit d'un ton posé:
« Vous savez, dame Forlorn, vous avez peut-être raison sur ce plan, mais vous ne devriez pas la juger trop vite... »
Elle fit une pause pour s'assurer que tout le monde l'écoutait, ce qui était le cas. Ses mains cloutées jointes sous le menton, elle raconta ceci :
« C'est chez moi que nous avons rencontré la Dragonne Mauve, qui se faisait appeler à cette époque Margaret. Quand je dis chez moi, je veux dire dans mon territoire, sur le continent Calimérodhil. Le Prince y avait un repaire, une espèce de bunker enfoui au plus profond d'une crevasse géante. Il ne savait pas, à l'époque, que Margaret y avait élu domicile, car elle dormait depuis des années dans un trou secret de cette crevasse. Morrdred y travaillait avec Zalnja, le traître Vax Vhybbelz, l'un de ses hommes nommé Yirjö, et le Major Thyrjen qui commande aujourd'hui Cursaxodhil. Il travaillait sur des liquides dont les propriétés pouvaient s'apparenter à de la magie, pourtant cela n'était pas magique. Vhybbelz et Zalnja étudiaient la composition des choses tangibles du monde, et les assemblaient, les reformaient, les transformaient. Ainsi, ils remplacèrent le sang de Morrdred par une mixture étrange, qui le rendait plus puissant, mais qui avait des effets extrêmement nocifs sur son cerveau. »
Elle marqua une pause : Voltar était en train de remplir son verre de vin. Elle le remercia et but quelques gorgées avant de reprendre :
« Après la trahison de Vax, c'est Zalnja, et elle seule, qui a - accrochez-vous bien - retrouvé le sang originel du Déchu sur Certadhil, et qui le lui a réinjecté dans les veines à son insu. Car il n'était pas d'accord ! Patiemment, nuit après nuit, elle profitait de son sommeil pour le désintoxiquer, le sauvant d'une totale déchéance en risquant en même temps la mort s'il l'avait découverte.
-D'accord, répliqua l'Illithid, mais qu'a-t-elle fait d'autre depuis, rien du tout !
-Détrompez-vous, l'interrompit Gem, car la Dragonne Mauve, nous l'avons combattue sur Calimérodhil, Thyrjen, Yirjö, Zalnja, Morrdred, mes Danseurs de Guerre et moi. Je peux vous jurer qu'elle sait se battre au moins aussi bien que les Gardiens que je forme, et qu'elle ne manque pas de courage ! Son défaut est probablement l'hypocrisie, mais elle n'est pas dénuée de qualités. »
La Nécromancienne n'était pas tout-à-fait convaincue, mais voyait désormais sa rivale sous un autre jour. Gem vida son verre et s'excusa, marquant sans le vouloir la fin de leur réunion, chacun se levant à son tour pour retourner à leur travail. La Nelrk fit cependant un détour pour se trouver seule avec Forlorn dans un escalier étroit.
« Vous savez, dit Gem, Zalnja est aux côtés du Prince depuis bien longtemps à présent. Si je peux vous donner un conseil c'est de vous démarquer d'elle et de vous concentrer sur ce qu'il souhaite de vous.
-Vous êtes bien aimable, mais je l'avais compris toute seule, vous savez.
-Dans ce cas, excusez-moi.
-Non, il n'y a pas de mal, j'apprécie votre sollicitude. Je suis bien consciente que pour lui je ne suis qu'une espèce d'esclave, mais cela est mille fois préférable à la vie que j'avais dans les Limbes. Mon sort me convient, dussé-je rester sa putain pour les décennies à venir. La seule chose, c'est que je ne peux pas la supporter, parce qu'elle est fausse, et qu'elle a visiblement des idées derrière la tête.
-Bon. Je vous laisse. »
Gem pensait s'être déjà bien trop mêlée de ce qui ne la regardait pas, et préféra partir plutôt que d'écouter ce genre de discours. Elle voulait seulement que les choses soient bien claires pour la nouvelle acolyte du Vampire.
Hérios Naïlo | 20/12/07 19:36
wow. Sensationnel. Très agréable à lire avec la musique en plus 
Le Déchu | 20/12/07 22:47
Partie 8
Morrdred invita Zalnja à entrer dans sa chambre, et referma la porte derrière elle. Il ne lui adressa pas la parole, mais remit un peu d'ordre dans ses parchemins. Cherchant à engager la conversation, elle dit :
« Alors Pépé Narvalho a signé le Pacte de non-agression ? Vous n'avez rien perdu de vos talents, Monseigneur !
-Oui, il a l'air d'un type bien.
-Un membre du Linciel, quand même ! En signant c'est comme s'il vous disait «Je vous laisse attaquer le premier» !
-Vous n'avez pas compris, j'ai besoin d'alliés parce que j'ai besoin de temps. Je ne cherche pas la victoire.
-Oh ! Pardonnez-moi, je croyais que c'était un stratagème pour...
-Non. J'ai simplement préféré expliquer aux Linciels que je ne cherchais pas la guerre ici. Ils vont se méfier quand même, mais comme je n'ai pas d'intentions hostiles ils finiront par avoir confiance.»
Zalnja se tut. Bientôt ils furent au lit, et elle comprit qu'il avait seulement besoin d'une compagnie pour pouvoir s'endormir. Recroquevillé sur elle, il s'assoupit rapidement, la laissant là, aussi inutile qu'un polochon, à attendre son réveil. Elle eut quelques gestes tendres à son égard, puis resta là à se reposer et méditer sur son avenir pendant l'après-midi entier.
Morrdred, lui, pataugeait de nouveau dans les ternes marécages de son esprit, à la recherche de symboles pouvant l'aider à accomplir son Destin. Mais en ce lieu il y avait une règle qu'il connaissait, et que pourtant il ne savait respecter : C'est quand on ne cherche pas que l'on trouve.
Ainsi il cherchait, de la boue jusqu'aux hanches, mais ne trouvait que la vase dans un cauchemar désert et infini. Plongeant ses bras dans les vieilles eaux, tournant la tête de tous côtés avec avidité, reniflant les odeurs fades, guettant d'autres sons que les flasques clapotis, il se fatiguait inutilement et tournait en rond.
Bientôt, il avait oublié ce qu'il cherchait, avait oublié le fait même de chercher, et errait dans les marais d'un sombre rêve, sans but, terrorisé par le défaut de sens de l'univers autour de lui.
Sans qu'il ne sache comment, il se trouvait à présent sous la surface de l'eau putride, et avançait avec difficulté en piétinant une végétation sous marine qu'il distinguait à peine parmi les nuages de sable noir qu'il soulevait à chacun de ses pas. Mais il y avait forcément quelque chose, quelque part, et il continua encore, pénétrant peu à peu dans une obscurité parfaite et silencieuse.
Il avait rejoint son domaine, non sans mal. Il se trouvait dans son Néant, l'endroit de ses rêves qu'il avait peu à peu apprivoisé. De là, il pourrait invoquer les visions, peut-être les comprendre, sûrement les analyser...
Mais, encore, il lui était difficile de régner sur ce Royaume intérieur, et les visions venaient à lui sans son accord. Il épuisait son énergie dans le processus qui consistait à les contenir derrière le mur mental qu'il leur opposait. Puis, avec lenteur, ses pernicieuses, malicieuses pensées s'infiltrèrent par chaque pouce de sa frontière imaginaire, il les voyait comme des points de lumière qui s'étendaient, pareils à des taches de moisissure sur un plafond trop peu étanche.
Par élans, il regagnait quelques zones, puis en perdait d'autres à nouveau, mais toujours l'éclat blanc, pur, trouvait un passage pour se diffuser vers lui, comme une douleur dont on ne peut déterminer précisément l'origine. La bataille contre lui-même lui était défavorable, son Empire vide cédait face à l'agitation de son cerveau farouche, qui l'aveuglait d'éclairs stroboscopiques. Faisant barrage contre la fourbe lumière, il en avait oublié les autres manifestations.
Et, quand les flashes aveuglants disparurent soudain, ce n'était pas parce qu'il avait gagné. C'était parce qu'autre chose était entré.
Edité par Le Déchu le 21/12/07 à 00:10
Le Déchu | 22/12/07 19:17
Partie 9
C'était surtout une sensation, vague, qui ressemblait au poids de ses erreurs, ou à une force qui le happait, le tirait fébrilement vers le bas. Il en avait à peine conscience, en fait, étant lui-même de nature à tout tirer vers le bas. Mais déjà des voix et des images se saisissaient doucement de lui, et il comprit qu'il ne savait pas comment s'en défendre. Elles devinrent alors plus fermes, plus consistantes. Ce furent des mains qui l'attrapaient, des voix qui lui soufflaient des mots incertains, désagréables, qui l'entraînaient vers le fond, inexorablement.
Une nouvelle fois, son Néant personnel s'était brisé, il s'en apercevait en constatant que l'obscurité n'était plus totale, que des formes dansaient dans son champ de vision.
« Ce n'est pas ma faute », dit-il, réalisant aussitôt qu'il ne parlait là à personne. Mais...c'était étrange. En même temps c'était comme s'il terminait une conversation, qui n'avait pas eu lieu.
Déjà, le décor s'était reformé, et il se trouvait dans un village de mendiants, cabanes déglinguées et carcasses d'objets détruits. Il y avait quelque chose, une menace, qui prit la forme d'une affichette publicitaire. On y voyait, grossièrement dessiné, un tonneau de bière portant son nom. Cela pourrait sembler insignifiant mais pourtant il le ressentit comme un véritable avertissement. « Je vais te boire », semblait lui dire la publicité. Mais elle ne s'adressait pas à lui, elle s'adressait à tout le monde. « Nous devons le boire », corrigea-t-il, c'était cela le véritable sens de sa vision.
Il se sentit en danger, et observa les alentours. Il n'était plus seul dans la nuit, toute une populace approchait de lui. Ils semblaient ne pas lui porter attention mais il savait qu'ils faisaient semblant. D'ailleurs, n'étaient-ils pas en train de s'approcher ? Il se mit à courir dans les ruelles, sautant par-dessus les obstacles, se faufilant entre les bâtisses rudimentaires, à la recherche d'un secours.
Mais, n'était-ce pas Tello Sumstrat qu'il voyait à l'intérieur de cette cabane ? Paniqué, il frappa au carreau pour attirer son attention, surveillant les villageois derrière lui. L'Humain le regarda et lui fit un sourire désolé. Le son ne parvenant pas aux oreilles du Déchu, il fut quand même capable de lire sur les lèvres de son ancien partenaire quelque chose comme : «Je ne peux rien faire, mon vieux. »
Du monde arrivait vers lui. Il fallait filer. Il courut à nouveau, franchissant les haies tordues qui séparaient des jardins de mauvaises herbes. Débouchant sur une place, il comprit qu'il était cerné : une foule était sur lui, feignant l'innocence, se rapprochant encore et toujours. Il était désarmé.
Sa terreur prit des proportions cosmiques quand les fausses bonnes gens se mirent à se fondre l'un l'autre avec autant d'aisance que de la pâte à modeler. Il se retrouva cerné par une barrière de chair rose qui se fermait autour de lui et au-dessus. Il hurlait, horrifié, il perdait la raison, pleurant presque, implorant une aide qui ne viendrait pas. La terre sous ses pieds était devenue chair, comme le ciel et tout l'univers. Il était seul dans une bulle d'air, au milieu d'un effrayant monde organique dont il pouvait voir les moindres détails, petits poils, cicatrices et grains de beauté.
Sa bulle rétrécissait, et il éprouvait une incommensurable répugnance à l'idée de devoir toucher cette substance. Ses hurlements étaient absorbés par la molle acoustique, ses pieds s'enfonçaient déjà dans la peau élastique. Il prit sa tête entre ses mains et, pleurant, attendit de suffoquer. Puis, il sentit le contact de cette matière qui l'enveloppait, et à travers elle les veines qui pulsaient, les os qui s'articulaient. Il s'y noya.
Morrdred se réveilla en poussant un cri terrible qui paralysa d'effroi celle qui partageait son lit. Une noire colère l'enflamma et il se dressa, totalement réveillé, aussi furieux que s'il se trouvait en pleine bataille. Il trempa une plume dans l'encre et rédigea rapidement quelques mots :
« Me boire, la chair m'engloutit, Tello ne m'aide pas. »
Zalnja n'osait bouger d'un millimètre, sans comprendre ce qui avait pu le mettre dans un tel état. Fou de colère, le Vampire frappa du poing sur le mur, à s'en briser les os, et son coup résonna jusqu'aux pièces alentour. Il saisit sa chaise et l'éclata au sol en hurlant comme un damné. Quand il s'approcha d'elle, elle pensa qu'il allait la tuer sur place. Il la posséda avec brutalité, comme un animal, sans le moindre égard pour elle.
Cela ne dura que quelques secondes. Il enfila rageusement un pantalon de cuir et ses bottes de crocodile, et quitta la pièce, torse nu, en claquant la porte de toutes ses forces.
Edité par Le Déchu le 22/12/07 à 20:20
Le Déchu | 22/12/07 21:05
Partie 10
Il surgit dans la cour, à moitié nu, au moment précis où le soleil disparaissait derrière les grands glaciers de l'Ouest, et il sembla à ses Gardiens à l'entraînement que c'était l'apparition de leur Prince qui avait soudain fait s'effondrer la température et la lumière. Gem se retourna, surprise, et vit que Morrdred avançait droit sur elle, la haine dans les yeux.
« Le meilleur, le plus mauvais ! »
Elle comprit et appela rapidement deux de ses hommes, qui avancèrent avec témérité sans savoir ce qui les attendait. La Nelrk désigna l'un des deux comme son meilleur élément. Morrdred lui arracha le casque de la tête et l'envoya voler au loin. Il lui ordonna de défaire son plastron. Quand ce fut fait, il planta ses doigts dans le cou de l'Elfe de Yog, et trancha la chair de ses ongles acérés.
Devant ses hommes, il but à la gorge du Gardien qui se serait écroulé si le Vampire ne l'avait pas retenu d'une main. Il prit sa vie, puis lui donna la non-vie, et lâcha sa proie dans la neige souillée de sang.
L'autre jeune soldat était figé, choqué, traumatisé. Morrdred le gifla si fort qu'il l'envoya rouler au sol. Il le releva par la gorge et s'en retourna dans le bâtiment principal en le tenant à bout de bras, puis parcourut les couloirs jusque dans les quartiers de Forlorn. Le malheureux reprenait à peine conscience quand il échoua aux pieds de la Nécromancienne.
Il n'eut pas le temps de réagir. Les tentacules entouraient sa tête et lui imposaient une telle étreinte qu'il comprit instantanément que le glas avait sonné pour lui. Tout contre son front, les lèvres de l'Illithid s'écartèrent, et son bec plus dur que l'acier vint rompre le crâne de sa victime avec un claquement sec.
Forlorn suça la cervelle encore lucide du jeune Elfe de Yog sous l'oeil mauvais du Vampire couvert de sang. La pièce était baignée de vapeurs nocives, à la lumière dansante des cinq chandelles noires disposées aux pointes d'un pentacle compliqué. Le cadavre s'écroula juste au milieu du dessin, un trou béant au milieu du front, comme un troisième oeil donnant sur les Abysses.
La Nécromancienne entama une dissonante litanie. Le Vampire tourna les talons afin de ne pas la déranger pendant son rituel.
Le premier Vampire - après lui - de son Royaume, serait bientôt sur pied. Le premier Zombie également. Pressante, la Guerre l'appelait. En cette nouvelle nuit, Morrdred Syphonn se souvint enfin qu'il était un guerrier, un assassin, un prédateur. Le sang de ses ennemis, voilà ce qui lui donnerait la force d'accomplir sa Destinée. Le temps de l'introspection était terminé, celui de la débauche d'acier venait de commencer.
Le Déchu se sentait lavé du passé, pour la première fois. La puissance affluait en lui, tangible, et la rage déforma son visage jusqu'à ce qu'un sourire diabolique ne vienne le couper en deux.
Le Déchu | 24/12/07 10:51
Partie 11
Les Lunes suivantes se déroulèrent dans une relative routine. Morrdred partageait son temps entre l'entraînement au cimeterre, la copulation sauvage et de gargantuesques repas ; il était devenu franchement bedonnant à présent, mais son habileté au combat s'était tout de même développée d'une façon qui le satisfaisait.
Sur Congélodhil, la course du soleil ralentissait peu à peu, les jours ainsi que les nuits semblant se rallonger imperceptiblement, sauf pour le prêtre en charge de l'horloge qui s'arrachait les cheveux quand il devait sonner minuit en plein jour.
La jeune voyante Humaine surnommée Face-de-Lune n'avait pas fait d'autre rêve, mais le Vampire avait commandé pour elle une série de boules de cristal quand elle lui avait expliqué que cela favorisait ses prémonitions. Il espérait pouvoir en savoir plus rapidement.
La neige s'abattait quotidiennement sur le royaume en chantier de Morrdred Syphonn, freinant le rythme des entraînements comme celui des constructions. Les ouvriers avaient beau mettre de la bonne volonté sous les claquements des fouets, les outils gainés à l'aube d'une glace opaque et l'eau qui ne voulait pas dégeler ne facilitaient pas leur travail.
L'Humain Voltar s'entraînait lui aussi énormément au combat, particulièrement dans sa discipline favorite qui était le combat à deux dagues (il en gardait toujours une paire dissimulée dans ses manches). Superviser l'espionnage ne lui prenait que peu de temps, les consignes étant principalement de ne pas se faire remarquer pour le moment.
De grandioses aurores boréales venaient parfois illuminer le ciel de leurs vagues colorées, signe que les Dieux se penchaient sur ce continent du grand Nord et sur le Destin des Syphonn. Quand les nuits devenaient interminables, certains se demandaient si le soleil se lèverait de nouveau.
La Nelrk Gem formait toujours ses recrues à l'art de la Danse Lourde, et tous les soirs elle emmenait au sacrifice deux de ses hommes destinés à devenir des Morts-vivants. Si les Vampires étaient toujours dans leur phase de récupération à l'infirmerie, quelques zombies déambulaient à présent de par le royaume, insensibles à la température, et elle pouvait reconnaître leurs visages comme étant ceux d'anciens disciples peu prometteurs. Formée à l'école de la Pieuvre Noire, elle n'en éprouvait que peu de remords.
Les Lunes s'écoulaient, longues comme le sommeil d'un Dragon, glaciales comme les Abysses.
L'Illithid Forlorn était désormais à la tête de ces unités décervelées, et avait délaissé le lit du Déchu depuis qu'elle était passée du statut d'esclave sexuelle à celui de Nécromancienne à plein temps. Se régalant quotidiennement de cerveaux frais, elle prenait sa tâche à coeur.
Blizzard et avalanches balayaient de plus en plus régulièrement le continent, ne laissant derrière eux que de blanches désolations et des cadavres à jamais enfouis entre deux strates d'un glacier immortel.
Zalnja, l'Elfe de Yog, quant à elle, suivait Morrdred toute la journée, partageant son entraînement, ses repas, son lit, parlant parfois en son nom quand il s'agissait de donner des ordres aux subalternes, sans pourtant sembler en tirer une excessive fierté. Si d'aucuns la trouvaient agaçante, ils devaient bien reconnaître qu'elle était compétente.
Une épidémie de peste faisait des ravages parmi les habitants de Congélodhil. Les royaumes entraient peu à peu en guerre les uns contre les autres. Une époque paisible était manifestement révolue
Enfin, l'Elfe de Yog Slime Suraimu parcourait la région avec quelques Ninjas camouflés dans leurs fourrures blanches de bébés phoques, faisant à la fois office d'espion et de cartographe, avec pour mission de repérer la tanière du Dragon Indigo.
Celimbrimbor | 24/12/07 12:36
Le Déchu | 25/12/07 01:07
Partie 12
Enfin, une nouvelle d'une extrême importance vint donner en quelques lignes la direction finale de leur Quête, leur révéler la Nature du Destin. Les scribes avaient fini par trouver une piste concernant le Dragon Indigo, non pas une piste géographique mais des informations sur ce qu'il était, exactement.
C'était Lena de Marlena en personne qui avait découvert ces nouveaux éléments. Ne souhaitant pas décevoir son Prince et n'ayant plus de prémonitions, elle avait décidé d'enquêter directement parmi la population autochtone, à la recherche de vieilles légendes, ou de traditions révélatrices.
Les Congélodhilois qui travaillaient pour Morrdred étaient dirigés par un Shaman au nom imprononçable, qui traitait en général directement avec Zalnja Throdden. Celui-ci accepta pourtant de recevoir Face-de-Lune, et ils parlèrent du Dragon.
A présent Morrdred tenait entre ses mains le rapport d'enquête de sa Scribe en chef. Il y était griffonné ceci :
« Le nom du Dragon Indigo est 'Ungr' dans la langue des autochtones. Il possède le pouvoir d'interdire la Magie, information clairement vérifiée par les versions semblables du Shaman et d'anciennes peintures, dans un périmètre incertain, au minimum une dizaine de mètres, peut-être beaucoup plus. Il s'agit d'une faculté permanente, selon le Shaman. Il fut autrefois un puissant Mage et Forgeron, mais son coeur se hérissa de pointes suite à une rupture amoureuse ou une relation difficile, cette information n'ayant pas encore été recoupée. Le coeur lui-même est à l'origine du Don du Dragon, l'Antimagie.»
Cela bouleversa totalement toutes les idées et les intentions du Vampire. Immédiatement il comprit que le simple fait d'approcher la statue d'Alauniira assez près du Dragon suffirait à la libérer. Une mission facile, une fois qu'on avait une préparation suffisamment bonne. Cela pouvait comporter quelques risques, mais il n'était plus question de combat, ni de négociations serrées, ni de trahisons.
Simplement, s'approcher. Assez discrètement pour ne pas être remarqués. Lui, Nhaundar, quelques Ninjas. En une nuit aller-retour il pouvaient en avoir terminé, si tôt qu'ils auraient trouvé la cachette de « Ungr »...
...Et...Un artefact d'une puissance incommensurable.
Il préparait mentalement la deuxième partie de la Quête, une fois que sa fille serait à l'abri, bien vivante. Le Coeur d'Ungr le rendrait invincible, hors d'atteinte d'aucune Magie existante. Morrdred décida de pourfendre le Dragon Indigo.
Mais, il savait pertinemment que ses acolytes auraient tous le même discours : « Sire, souvenez vous de la vision de Face-de-Lune. Si vous attaquez l'Antimage vous vous écraserez ! N'y allez pas, retournez prendre votre Trône sur Céphalopodhil ! »
Oui, il comprenait pourquoi il s'écrasait dans la prémonition : incapable d'utiliser la Magie près du Dragon, il ne pouvait se transformer en fumée.
Mais ses hommes l'en dissuaderaient. Ils ne l'accompagneraient pas. Ils ne devaient rien savoir.
La seule qui pouvait l'aider était Mavegda. Elle aiderait Morrdred à s'emparer du Coeur d'Ungr, et elle tenterait de le trahir. Sauf qu'il savait cela. Il devrait la tuer. Lui seul, contre deux Dragons, mais pour un Artefact qui ferait de lui le digne Roi des Elfes de Yog, sans conteste.
Mais personne ne devait le savoir pour le moment. D'abord, sauver sa fille.
Edité par Le Déchu le 25/12/07 à 01:11
