Forum - [Rp] Lui - 4

Elenna Celebrindal | 12/01/08 18:10

Ils n'étaient que deux, mais à ce moment là je ne savais pas me battre. Si j'étais resté face à eux, droit, ma lame à la main, je serais mort. Ma haine ne m'aurait pas aidé. Elle était immense, mais j'avais conscience qu'en l'utilisant elle me perdrait.
Je suis donc parti en courant à l'autre bout du couloir, ils ont dû entendre mes pas, mais ils n'ont pas cherché à me suivre. J'ai traversé la cours centrale, vide, et je suis sorti de la caserne sans que personne ne me voit. Cela me laissait une marge, le temps qu'ils comprennent que c'était moi l'auteur de l'assassinat du capitaine de la caserne.

Il faisait nuit et les rues de la ville étaient sombres et sans vie. J'ai marché, ne croisant que rats et ivrognes dormant à même les pavés. Il ne fallut pas longtemps avant que j'atteigne la taverne. Elle était éteinte, comme la ville. Rentrant par la porte de derrière, j'ai allumé une lampe près du comptoir. Il régnait un silence de mort. J'ai laissé ma cape sur une chaise et je suis monté à l'étage. Je voulais voir ma mère dormir. Elle était tellement belle quand elle dormait, tellement paisible.
Arrivant en haut des marches, j'ai traversé le couloir et me suis arrêté. La porte de sa chambre était entrouverte. Ma lame glissa de mes mains, brisant ce silence insupportable en s'écrasant sur le sol. Mon corps se raidit. Mes yeux étaient pétrifiés d'horreur. Je n'avais pas besoin de pousser la porte et de m'approcher pour comprendre.
Ma mère était à moitié nue allongée sur le lit, les vêtements déchirés, les jambes écartées, les yeux grands ouverts sur le plafond. Le sang avait séché sur ses cuisses. L'odeur émanant de la plaie béante au niveau de sa gorge n'était pas forte, mais déjà perceptible. Elle était morte depuis déjà un jour ou deux.

Lorsque mes muscles me le permirent je me suis décroché de cette scène. Mais mon esprit s'est déconnecté.

Mes souvenirs ne reprennent forme que quelques heures après. Je me revois assis dans le jardin, torse nu, le regard sur le sol, les larmes mélangées à la pluie ruisselant sur mon visage, dos à cette taverne rongée par les flammes.

Je pense que la personne qui nous surveille d'en haut avait le regard sur moi cette nuit là.
Je crois qu'il a pris la vie la plus importante à mes yeux en échange de celle que je lui ai prise.
J'ignore si aujourd'hui encore il me regarde, mais je sais qu'il a peur.
Je sais qu'il frissonne lorsqu'il entend mon nom, parce qu'il sait qu'il a fait une erreur.
Il sait que depuis cette nuit là, je n'ai plus rien à perdre.
Il a compris qu'il avait déjà perdu contre moi.

Je n'ai pas la prétention d'être immortel, mais le jour où je mourrai, il baissera les yeux.

...Ne me regardez pas ainsi madame, je ne suis pas fou. Mais aujourd'hui je suis sûr d'une chose.
La mort ne m'attend plus, elle sait que le jour venu je l'appellerai.
Parce qu'elle a vu elle aussi.
Je ne suis pas un tueur, je ne me venge de rien.
Je survie, j'apprends et aujourd'hui je vous raconte.

Permettez-moi une petite pause, depuis le temps je n'avais plus repensé à tout cela...

Edité par Elenna Celebrindal le 12/01/08 à 18:45

Reinmar der Minnesänger | 14/01/08 00:48

J'en ai profité pour lire les épisodes précédents - ce que je n'avais pas fait auparavant ;-) J'aime bien, une suite de textes relativement court... j'espère que le prochain arrive bientôt ;-)