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Loxias The Dark Lord | 24/01/08 07:03

Le coeur en pleurs, les pleurs en choeur

Chaque jour qui s'écoulait embellissait la nymphe juvénile et frivole, alors que les nuits diurnes s'accumulaient puis pesaient sur l'âme décharnée de l'entité déchue. Le déclin de l'existence humiliante, haletante et hypothétique du pathétique personnage contrastait âprement avec l'épanouissement de la sensualité sidérante de cette sommité. Ainsi, sa décadence psychologique était immuablement amplifiée par l'essor constant de la floraison de l'être inatteignable. Paradoxalement, cette liaison malsaine entre le fervent croyant et sa divinité idéalisée accentuait toujours davantage sa piété inaltérable. Pourtant de nature fiévreusement taciturne et cruellement lucide, le soldat de Dieu accusait certaines lacunes quant à l'intégrité de sa sentimentalité la plus intime. Les profondeurs de ses émotions échappaient perpétuellement à son sens critique et rationnel, puis souvent, ses sentiments sans bornes avaient dangereusement compromis sa santé physique et mentale. Sa démence démesurée engendrée par son attrait violent envers l'éclat lunaire s'expliquait par une passion de nature irrationnelle, irrémédiable et criante. Soumis à une dévotion inébranlable par la ferveur inaltérable, il avait finalement amorcé une chute irréversible et fatale.

Le malstrom au sein de ses entrailles bouleversait autant son esprit troublé que son corps encombrant. Aspirant ses forces vitales, le tourbillon incessant du fatras de ses souvenirs accablants et de la vulnérabilité de son idéalisme sentimental envenimait toujours davantage son supplice existentiel. Compromis par son coeur même, puis terrassé par la puissance impie de Belzébuth, l'ange aux ailes brisées s'écroulait alors que son essence s'altérait. En effet, scellée dans un linceul charnel tissé des souffrances perpétuelles de l'acerbe réalité humaine, l'âme prisonnière de l'éternel chevalier courtois cédait finalement sous les coups répétés des misérables bourreaux oeuvrant au service de la vie. Tentant de déserter et de se désister de la piste précaire, l'âme apeurée visait à s'éclipser du monde des damnés, puis à abandonner son destrier condamné. Recherchant le salut improbable, les deux entités indissociables saisissaient impitoyablement l'ampleur de leur sort commun, mais toutefois particulier à chacun. De cette manière, l'âme immortelle s'évanouissait progressivement jusqu'à sa disparition complète et définitive, alors que l'être humain mortel plongeait dans les abysses infernaux pour servir fiévreusement Lucifer dans la douleur éternelle. Bref, dans la vie comme dans la mort, les suppôts déments de Satan puis les archanges miséricordieux s'inclinaient devant l'intensité déconcertante de la brutalité de l'existence barbare. En effet, les antécédents gravés à jamais dans l'esprit d'Hans Mortensen l'avaient donc mené sur cette voie sinistre. Fondamentalement, l'Amour exalté incarnait l'un des pas prépondérant de la danse macabre du désoeuvrement humain.

L'affectation de son affection à la dévotion dominée par l'obsession sans tréfonds rompit, au profit de la folie, son appui au fruit de la raison. Plongé dans la confusion des émotions meurtrières, il luttait pour regagner la surface austère. Il s'enfonçait irrémédiablement dans l'océan de tourments. Amarré au port mortuaire, l'amère mer de misère l'avait enlacé de ses serres singulières. La plupart du temps, pourtant, le dévot aveugle ignorait tout de sa situation précaire. En effet, Hans étouffait alors que le désir véritable s'enfonçait dans sa gorge enraillée par les cris de supplications quotidiens. Le poids d'un océan d'amour pesait sur ses épaules affaissées, alors que l'échine courbée, il progressait irrémédiablement sur la route mortuaire du supplice perpétuel. Chaque seconde qui l'affligeait s'inscrivaient dans la déchéance de son existence dérisoire. Le chaos d'une vie sordide menait ses pas sur le chemin du trépas éternel!

La violence sourde d'un amour sourd l'avait traîné aux abords de la grève. L'abîme grandiose se dressait devant lui. Les vagues incessantes d'une mer de désespoir venaient brutalement s'écraser contre les aspérités de sa vie déchirée. Le tumulte des forces prodigieuses d'un monde déchaîné engendrait une mélodie brutale. Les pleurs des damnés perchés aux portes du royaume des morts se noyaient dans la terrible vivacité musicale du Styx, avant de disparaître, eux même engloutis par les flots infernaux. L'Amour engendrait inévitablement un torrent d'amertume et de désoeuvrement irrémédiable! En effet, aucun répit n'était accordé aux entités misérables de l'univers trouble des idéalistes sentimentaux. Définitivement, seule la puissance dévastatrice de la Mort s'apparentait vraiment à l'intensité inimaginable du désir émotionnel de ces âmes courtoises.

Hans Mortensen comptait parmi les pions maudits de cette lignée d'hommes de chair à canon. Désavoué par la société insipide, avec sa conscience pure, louable et dévouée, il avait malheureusement été confronté à la bassesse humaine. De façon marquée et soutenue, sur le plan sentimental, le soldat de front s'était jadis naïvement bercé d'illusions pourtant incohérentes dans un tel contexte de charcuterie moral. L'entourage malsain propre à une humanité fourbe et l'Amour cruellement déchirant l'avait finalement désillusionné. L'essence infantile qui avait jusqu'alors partiellement réussi à subsister au sein d'un esprit constamment submergé par les incursions viles et vicieuses des Autres s'était définitivement dissipé comme la fumée d'une flamme mourante confrontée au vent sibérien. Hans était entré dans le règne adulte aussi démuni qu'un chevalier sans destrier ni écuyer. Seul dans le clapier, isolé dans le royaume des hommes, main dans la main avec la solitude il devait résister aux assauts des lévriers innombrables.

Malheureusement, une place dans ce cimetière existentiel lui incombait. Les milliers de tombes sinistres se dressant dans l'ombre de la nuit éternelle s'apparentaient curieusement aux rangs serrés des silhouettes décharnées de goules à moitié décomposées. Les pierres aux inscriptions runiques s'alignaient tels les crocs menaçants des créatures de l'Enfer. La putréfaction embaumait l'air ambiant, alors que les prostituées viciées tentaient langoureusement les cadavres à la chair en lambeau par les abjects plaisirs de la chair. Les spectres maléfiques s'adonnaient aux pires obscénités en assaillant sans relâche le jeune et innocent Hans Mortensen. Les démons affamés convoitaient la viande fraîche des âmes vierges. Les vampires sournois fondaient impitoyablement sur les brebis démunis du cheptel condamné. Le cauchemar irréel se concrétisait dans l'éveil lucide. La mort nauséabonde s'immisçait dans la vie souillée. Le désir sexuel primait désormais sur le désir émotionnel. La terreur engendrée par la décadence morale des individus inquiétants d'une société chaotique et plongée dans la pénombre se propageait comme la peste. Les derniers tenants de la pureté s'évanouissaient tel l'ultime éclat d'un soleil englouti par la noirceur perpétuelle.

La rose épineuse de l'Amour se fanait en ne laissant au creux des mains que d'atroces blessures auxquelles nul baume n'apportait guérison ou réconfort. En effet, sa fleur précieuse avait troqué la virginité pour la liberté. La sève toxique alimentant l'esprit pleinement normalisé de sa nymphe l'avait alors entièrement impliquée dans cette humanité dangereuse, et ce au grand désespoir du chevalier valeureux. L'essence même de la perception amoureuse des deux opposés divergeait littéralement. Leur entité intrinsèque se confrontait constamment. Aucune liaison n'avait véritablement pu fleurir entre eux. L'union improbable de ces pôles inconciliables se concrétisait par l'impossibilité la plus cruelle pour Hans, alors que le pistil délicat qui hantait sa pensée troublée s'épanouissait le plus normalement dans le libertinage le plus dégradant. Une fois encore, il se retrouvait dans la solitude silencieuse du refuge des âmes incomprises. Le jardin de ronces s'étendait à perte de vue. Aussi loin qu'il put voir, la douleur déchirante se massait pour l'encercler. Aussi loin qu'il put se rappeler, la plante vivace du désespoir avait crû et avait ensemencé son entité fertile. Les hurlements de son amour muet se perdaient dans l'immensité d'un univers de perdition. L'unique raison de son existence n'avait jamais compris l'ampleur de ses sentiments, ni sa tristesse lié à leur confrontation éternelle. Enfin, peut-être avait-elle décelé les fondements primaires de ses mystères, mais le jeu sanguinaire de l'amour poussait souvent les gens à devenir des animaux. Malheureusement, la loi de la nature n'épargnait personne.

À ce genre de joute hors du commun pour la poignée insignifiante des âmes vénérables mais palpitante pour une majorité de bourreaux sadiques, Hans était surclassé. Comparativement aux affrontements chevaleresques conventionnels, au sein de cette lutte de séduction dangereuse, la puissance, l'agilité et la précision incarnaient une tout autre réalité. Certes, l'amour et la guerre entraient inévitablement en confrontation, mais la conciliation de ces deux éléments dévastateurs en une même conjoncture engendrait des heurts abominables. Dans ce chaos contradictoire, en aucun cas le guerrier ne devait baisser la garde ou l'écu puisque l'ennemi vorace détectait immanquablement la moindre faille. La moindre erreur s'avérait fatale dans cette arène abyssale. Dans les profondeurs de l'Enfer, l'unique alternative résidait en la résistance constante puisque toute manoeuvre offensive avortait. L'adversaire surdoué parait les coups avec une grâce malsaine et sa prestance sensuelle scellait l'issue de l'échange savoureux mais impardonnable. La force délicate de la terrible bourrasque hivernale balayait le cavalier désarçonné tel un chêne supplanté par le roseau. Le combat de l'Amour malmenait durement le chevalier terrassé alors que tout espoir envers l'existence en général semblait s'évanouir. Touché en plein coeur, il s'écroulait lourdement sur le sol rocailleux de la folie humaine.

La carcasse de son entité déchue reposait douloureusement sur le sol instable des profondeurs de son esprit. Attirés par l'odeur infecte de la décomposition de son être trépassé, les rapaces innombrables envahissaient le ciel obscur enveloppant Hans tel un manteau de souffrances. L'odeur putride de la désillusion alléchait intensément les créatures mauvaises. Les vautours voraces fondaient par milliers sur la charogne pestilentielle et ingurgitaient goulument les restes de chair fétide. Les becs crochus déchiraient sauvagement son enveloppe charnelle comme si la famine tenaillait ces bêtes affamées, comme pour enfin atteindre son organe vital toujours palpitant d'amour. Abritée par la couverture charnelle, compromise par les souffrances existentielles, son âme était acculée au pied du mur, mur à mur. Les milliers de charognards parsemaient le ciel noir en privant Hans de la lumière du soleil et de tout espoir. Les os brisés et desséchés, le cadavre sordide avait accouché de son âme qui avait dès lors été jeté avec l'eau du bain. Libre et libérée de l'amas de chair sanguinolent, elle pouvait désormais s'élever lumineusement pour aller se perdre dans la noirceur du tumulte des amas nuageux lançant alors des éclairs zébrés annihilant l'éther tentant de s'échapper de sur cette terre austère. Définitivement, le cruel règne de la Mort régissait immuablement tout l'univers des mortels ainsi que le triste personnage qu'incarnait le dérisoire Hans Mortensen...

Loxias The Dark Lord

Vormonta | 24/01/08 16:35

Bien écrit mon ami ;)

Isilwen | 24/01/08 18:05

Très bien écrit, comme toujours, mais quelle tristesse pour Hans...

Horagorn | 25/01/08 01:36

Pourquoi une telle tristesse?Il a juste rejoint comme tant d'autre une nouvelle vie: la mort!!

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