Forum - [Rp] Lui - 5

Elenna Celebrindal | 17/02/08 01:10

Ainsi j'ai offert à ma mère un dernier hommage et un tombeau.
Je n'ai pas vu la maison tomber en cendre, mais je pense que même s'ils ont réussi à extraire le corps, ils lui auront offert un rectangle de terre.
La pluie a cessé de tomber lorsque déjà, je ne voyais plus la terre. J'avais trouvé un bateau sur le port qui partait vers des terres encore inexplorées. Il cherchait des bras pour le chargement et l'entretient du navire. Ma couleur de peau en a fait reculer quelques uns, mais le capitaine, lui, semblait passer outre. Et je ne crois pas qu'il m'ait réellement regardé.
Aussi, vêtu d'un pantalon en piteux état, et d'une longue cape sombre, j'étais là, à la poupe de cette immense navire, regardant la ville qui m'avait vu naitre et disparaitre. Je ne savais pas à ce moment si j'avais envi d'y revenir ou pas. Une seule chose était certaine, je devais disparaitre un certain temps.

Sur ce bateau, nous étions une cinquantaine d'hommes et quelques femmes. Il semblait que les classes s'étaient réunies. Le soir sur le pont les rivalités du monde disparaissaient. Les catins bavardaient avec les hommes de sciences, les militaires jouaient aux cartes avec les mercenaires, les dames chantaient avec les matelots.
J'aimais regarder ces gens vivre sans se soucier d'où ils venaient, de comment ils parlaient, de combien d'or ils avaient dans les poches.(Bien que l'oiseau du capitaine semblait apprécier vider les poches un peu trop pleines). Et tous le respectaient. Peu me parlaient, mais c'était plus pour ne pas déranger que par refus.
Le capitaine était dans le même genre. Toujours aux commandes, parlant peu, ne souriant pas. C'est pour cela que je fus surpris le soir où il apparut à côté de moi, alors que je regardais la lune immobile. Il s'appuya sur la rambarde, soupira doucement et lança :

- La plupart sont là pour l'argent, certains pour l'aventure, d'autre encore pour la "science" comme ils disent. Mais toi, toi c'est différent. Tu es jeunes et pourtant tu sembles avoir perdu le sourire comme moi. Tu ne parles pas le jour. Tu hurles la nuit dans ton sommeil. Que cherchais-tu en t'engageant dans ce voyage ?

Il avait regardé les vagues sombres s'écraser doucement contre la coque tout le long de ses paroles. Surpris, je lâchais la lune du regard et me tournais vers lui. Il n'était pas si vieux, mais avait le visage creusé. Il possédait tout l'attirail du capitaine, sans faux oeil, sans jambe de bois, ni crochet à la place de la main. Il continuait de regarder par dessus la rambarde et c'était tant mieux car je n'avais plus parlé depuis longtemps et il me semblait presque impossible que je puisse encore emmètre un son.

- Je hurle la nuit ? Ai-je réussi à demander la voix un peu rauque.
- Ah ?!...

Il semblait surpris que je lui réponde, presque surpris de ma présence.

- Eh, bien, oui. Je ne dors plus vraiment, alors j'ai le temps de tous vous écouter dormir pendant la nuit. Tu en as dérangé quelques uns au début, mais ils se sont habitués on dirait bien. Je préfère ne pas te réveiller aussi. Il est toujours préférable à un homme de faire face à ses peurs et ses cauchemars, le temps qu'il faudra.

Il semblait avoir dit la dernière phrase pour lui même.

- Mais cela fait plus de vingt jours que nous sommes en mer. Je ne t'ai pas entendu te plaindre une fois. Pourtant, je pense qu'il faudrait en parler. Cela permettra sans doute d'exorciser la chose. Après ce ne sont pas mes affaires. Mais si tu veux, il y a quelques mercenaires qui sont plutôt doués pour le combat sur la navire. Il pourrait t'apprendre quelques trucs. Ça t'épuiserait un peu plus, et te permettrait de te défouler. Puis ça peu toujours servir. Je leur en parlerais demain.
Va dormir un peu, il faudra se lever tôt demain, il y aura du vent.

Puis il s'est retourné et a disparu sur le pont. Il est vrai que je dormais mal, et que je ne me reposais pas.

Reinmar der Minnesänger | 17/02/08 11:46

Très agréable ! La suite, très vite !