Forum - Le pourquoi du comment ça.

Eigoel Nahb | 25/02/08 16:26

C'était le matin. Ou plutôt... C'était encore le matin. Un matin venteux et pluvieux, comme on en rêve lorsque qu'on se réveille dans une taverne vide aux vapeurs encore stagnantes d'alcool et de fumée d'herbe à pipe. Eigoel, la jeune humaine arrivée de soir précédent dans la cité intercontinentale de Daifen, se réveillait assise en boule sur sa chaise. Les yeux collés, la tignasse révoltée, elle dépliait ses jambes avec quelques craquement d'os endormit et bailla à grandes dents avant de se remémorer la soirée qu'elle avait passé.
Mais pourquoi avait-elle atterrit ici ? Pourquoi avait-elle quitté ses plaines d'origine pour venir dans cette drôle de cité aux seigneurs étranges ?
Revenons en arrière, bien des jours avant son arrivée...

****

Bien à l'ouest d'ici, là où quelques fous prétendent que la terre s'arrête, un petit village ronronne paisiblement entre deux collines vertes, symboles de la présence éternelle de pluie pendant les saisons froides. La fumée des cheminées s'élevait paresseusement au dessus des habitations douillettes, faites de vieilles pierres et de chaume pour le toit. Chacun vaquait à ses occupations en cette nouvelle journée. Le vieux Joc'h somnolait dans un coin entre deux tonneau, après sa rasades quotidienne de chouchen qu'il avait l'habitude de prendre au petit déjeuner. Une jeune femme s'approcha de lui. Elle n'était pas très grande, certes, mais possédait une véritable vivacité à en faire tomber les grand-mères sur le derrière, c'est pour cela que dans le village on l'appelait : la pucette, dans le sens qu'elle faisait penser à une petite puce. Bref, elle s'approchait de ce qui ressemblait au cadavre flasque de Joc'h, et avec un élan de jambe, elle donna un coup de pied dans sa semelle de chaussure béante.

-Debout, vieux tas d'foin, on va chasser l'ornix !

En guise de réponse, le malpropre grogna dans son sommeil, et se roulant un peu mieux dans la bouillasse matinale, il lui tourna le dos. La jeune femme que nous appellerons aussi Eigoel, car c'est son nom, ne se laissa pas abattre. Elle allait pour lui mettre un coup de pied rebondissant dans le popotin lorsqu'un grondement se fit entendre dans les cieux. Levant son regard vers ce dernier, Eigoel cru d'abord à du tonnerre, mais c'était loin d'être la vérité. Le grondement s'amplifiait, et les graviers les plus fins sur le sol commencèrent à trembler.
Intriguée, elle s'éloigna de son ivrogne de compagnon pour aller se planter au bout de la ruelle où elle était, qui donnait sur l'horizon alentour du village. Le bruit venait du sud. Des cris commencèrent à retentir, et les paysans qui travaillaient leurs champs se mirent à courir vers le village en hurlant comme les fanatiques. La pucette tenta d'en arrêter plus d'un pour savoir ce qui se passait, mais aucun d'eux ne voulu s'expliquer, la repoussant aussi sec qu'ils avaient peur. Bientôt des chevaux au grand galop apparurent, montés par de gros cavaliers aux armures noires, et aux épées au clair, étincelantes au maigre soleil.
Eigoel ouvrit de grands yeux à en vider ses orbites, et commença à s'enfuir vers les ruelles de son village, courant le plus vite possible à la recherche d'un abri. Elle regarda par-dessus son épaule. Les cavaliers arriveraient bien trop rapidement pour qu'elle ais le temps de courir jusqu'à chez elle... C'est alors qu'elle aperçut le coin à détritus du village. Fonçant vers les vieux tonneau éventrés, elle attrapa un sac à patate et s'y glissa dedans juste au moment où les assaillants entraient dans la rue où elle était.
La pucette retenu son souffle... Pas seulement pour ne pas se faire repérer, mais aussi pour l'odeur insupportable qui s'échappait des poubelles.
Elle ferma les yeux... Des bruits métalliques vinrent à ses oreilles, ainsi que des cris, des rires, des martèlements de sabots sur le sol. Puis elle entendit comme un gros souffle : quelque chose venait de prendre feu, quelque chose d'imposant apparemment. Les bruits de sabots s'éloignèrent quelque peu, sans doute avaient-ils prit d'assaut un autre pâté de maison. C'est alors qu'elle commençait à se dire qu'elle mangerait bien un petit pâté de volaille qu'elle sentit quelque chose lui chauffer les fesses. Elle ne pu se retenir plus longtemps. La jeune humaine sortit du sac en sautant, courant vers une flaque boueuse et s'y laissant tomber avec un « AAaaaah.. » de soulagement. La maison contre laquelle les détritus étaient posés avait prit feu.
Sa cachette étant en fumée, elle courut vers l'est, voulant quitter le village et s'en éloigner le plus possible. Evitant les rues en mode pillage, elle grimpa sur une des collines vertes et se laissa tomber à genoux, contemplant de haut son habitat qui se réduisait en cendre.
Elle faillit pleurer, mais pour la dignité, elle se retenue. C'était déjà assez dramatique comme ça, pas besoin de rajouter les larmes qui vont avec !
Sa bouche se tordit en une sorte de moue d'incompréhension. Ces cavaliers devaient être fous, ou pire encore, peut être exécutaient-ils l'ordre de quelqu'un de fou... Elle haussa les épaules, mouvement d'impuissance face à la situation et à cette question qu'elle se posait.
En tout cas, ce qui était sûr, c'est quelle ne possédait plus rien à présent mit à part ses vêtements de voyage qu'elle portait sur elle et son propre corps. Tant pis...
La pucette se releva, et regarda une dernière fois son village en train de brûler avant de tourner les talon, direction l'est. Qu'y avait-il par là ? Il faut voir pour savoir. Ses pieds l'emmenèrent donc vers cet horizon inconnu, tant dit que derrière elle, au loin, des chants païens résonnaient contre les collines...

Zippo L'ingénieur | 26/02/08 20:30

très bien écrit.
Les suites de ces aventures sont attendues.

Elliona | 28/02/08 10:00

Bienvenue Belle Dame!

Pépé Narvalho | 04/03/08 07:39

Tres sympa en effet.

Koumba | 10/03/08 17:09

C'est super bien fait ,Bravo !!!