Forum - [RP] Difficultés enfantines. (1)

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Duc De L'uto | 22/11/06 19:12

Ses rêves n'avaient été composés que de toiles orangées, qui ondulaient sans cesse, s'entremêlaient chaotiquement selon une danse aérienne incompréhensible. Il ne s'expliquait pas l'origine de ces visions nocturnes, mais il les subissaient depuis un certain temps maintenant.

A son réveil, tout avait été blanc. Les dalles au sol, les rideaux qui planaient, les rayons d'un soleil pâle et sans éclats, les couvertures du lit... Une buée blanchâtre lui couvrait les yeux alors qu'il s'était levé, titubant, dans les premières lueurs -blanches- d'une nouvelle journée.

Maintenant, une vision rouge du monde se montrait à son regard. Le sang de la bataille s'incrustait partout, sur son visage, sur ses vêtements mais aussi sous son armure, dans ses bottes, dans sa bouche. Il se sentait submergé par ce liquide vermillon qui giclait des plaies qu'il causait sans s'arrêter.

Vert. La forêt étalait son tapis de feuilles émeraude, tandis qu'il marchait, le sang de ses ennemis se répandant partout sur son chemin. Les fougères l'envahirent, le lierre lui grimpa aux pieds, les feuilles l'enveloppèrent. Il se laissa tomber, à moitié inconscient, sur un sol terreux recouvert de moelleuse mousse verdâtre. La lumière filtrant au travers des feuilles lui apparaissait comme verte.

* * *

« Pitié seigneur, épargnez mes enfants ! »

L'homme implorait à genoux, les mains jointes levées vers un casque noir. Autour de lui quelques maisons brûlaient encore au devant d'une riche demeure qui à son tour prenait feu. Derrière lui se tenait un garde vêtu de noir, qui dans une main tenait serrés les longs cheveux de l'implorant et dans l'autre une dague placée sous son cou. Il regardait le Duc, attendait le signe qui lui indiquerait qu'il pourrait rapidement exécuter ce misérable.
Un peu plus loin, encadrées par deux gardes aux allures semblables au premier, deux filles, des jumelles, d'une dizaine d'années pleuraient, se tenant l'une contre l'autre, fixant celui qui devait être leur père. Le Duc jeta un coup d'oeil dans leur direction.

« Messire... Vous pouvez tout prendre, tout détruire, mais par pitié, ne tuez pas mes filles ! »

Ca devenait ennuyant. D'un geste, le Duc ordonna au garde positionné derrière le père de le lâcher et de s'écarter. Celui-ci ôta sa dague et recula d'un pas. Il rangea son arme et vit que son maître avait sorti la sienne. Le marteau s'éleva dans les airs, prêt à frapper. Les cris des enfants s'intensifièrent. Les yeux du père se fermèrent. Mais le coup ne vint pas. Quelques secondes passèrent. L'agenouillé ouvrit alors des yeux rougis par les larmes et la peur et les leva vers un nain qui restait l'arme levée, en suspend. Le silence s'installa. Les yeux du Duc, libérés d'un casque qu'il avait enlevé, lançaient ces éclaires de haine qui leurs étaient familiers et son visage ne trahissait toujours aucune émotion, comme à chacun de ces moments-là.

Le garde s'avança alors. « Monseigneur le Duc ? Tout va bien ? » La masse lui arriva en pleine tête. Protégée par un heaume, elle ne fut pas détachée du corps, mais bien broyée sous un casque déformé par la violence du coup. Du sang gicla des minces ouvertures, à la façon d'une gourde percée. Le pauvre nain voulut amener ses mains en contact de cette tête meurtrie, mais celles-ci retombèrent lorsqu'un deuxième coup vint lui écraser l'épaulette droite ainsi que l'épaule qui se trouvait en dessous. Il s'effondra, restant au sol à vibrer de plusieurs spasmes nerveux puis son corps s'immobilisa. Les autres gardes noirs ne réagirent pas, se contentant d'observer la scène d'un oeil alerte. Le Duc se tourna alors vers la victime première qu'il aurait du tuer.

C'est alors que sa vue se brouilla, rien qu'un instant. Et quand elle revint à la normal, les couleurs dansaient. Jamais il n'avait connu pareille sensation. Les objets se confondaient dans leurs teintes, puis laissèrent place au noir et blanc. Les gardent étaient toujours en noir, mais leurs visage était gris clair, la couleur des feuilles devenaient terne et délavée. Le Duc ferma les yeux. A l'intérieur, tout était bien sûr noir. Quand il se risqua à les rouvrir, rien n'avait changé, tout était normal, les feuilles étaient vertes, son armure noire et le cadavre de son ancien garde, rouge. Ce pourpre attira son attention, car tandis qu'il avait du voir en noir et blanc pendant une seconde, seules les taches de sang avaient conservé leur couleur.

Saisissant le père par un col trempé de sueurs froides, il l'amena à sa hauteur (qui n'est pas bien grande, mais rappelons-nous que le père était à terre) et approcha son regard du sien jusqu'à sentir son haletante respiration. « Que m'as-tu fais, sorciers ! Parle avant que mon envie de sang ne me pousse à quelques d'autres horreurs ! » Le prétendu sorcier ne pouvait plus pleurer, il n'était plus apeuré, mais carrément terrorisé. « Je... Mais... » Le Duc le lâcha, ou plutôt, il le jeta à terre. Quand il se redressa pour se relever, un coup de botte lui projeta le menton en arrière. La langue coupée inonda la gorge de sang chaud dans une série de gargouillis immondes. A terre, il sentit un pied appuyer fortement contre son cou. Sa lutte fut brève.

Fou d'une rage nouvelle, le Duc ôta son pied en même temps qu'on poussait un hurlement dans son dos. Un de ses gardes venait d'enlever son casque et se tenait la tête en hurlant. L'autre ramassa sa hache et la leva en direction d'une des deux fillettes, qui souriait diaboliquement. Alors que son chef lui criait quelque chose, il frappa. La rieuse se retrouva plaquée au sol, son corps affreusement mutilé d'une grande coupure. Le garde qui se tenait auparavant la tête ne se relèverait plus. Le Duc approcha vers le corps de la fille. « Qu'est-ce que c'était ? » souffla son soldat, les mains toujours crispés sur la hache. Son chef se tourna vers lui après avoir sondé les environs du regard.

« Je ne sais pas, mais tu as intérêt à retrouver sa soeur, et vite... »

Edité par Duc De L'uto le 22/11/06 à 19:17

Chevalier Dixi | 07/08/07 14:44


Ayant apprecié ton dernier texte en date, je relis tes autres écrits.

Vraiment très bien écrit.

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