Forum - [RP Fourbasse] Beth et Dawn
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Dawn | 26/11/06 17:02
Il était une fois, sur un continent dont les émeraudes les plus pures elles-mêmes enviaient la verdeur, un petit royaume niché au sein de la verdeur nonpareille, riche tant d'années que d'écus, que les dieux semblaient avoir béni. Un roi noble, sage et clément, des ministres moins préoccupés de leur propre pouvoir que de pourvoir au confort du peuple, des villages tranquilles, des forêts aimables, des brumes clémentes et une paix éternelle. Un royaume de conte de fée, où tout être aurait souhaité vivre pour toujours et à jamais, en somme.
Aux charmes de la nature s'ajoutait, nous l'avons dit, la nature des dirigeants. Et si le roi se détachait de tous, la reine sa femme au-dessus des commères du commun et des précieuses nobles trônait majestueusement et humblement, belle à damner un saint, tendre comme jamais femme ne fut, et de l'union de ces deux êtres naquit un beau jour de septembre une petite fille, que l'on prénomma Dawn.
Pendant les six années qui sous-tendent notre histoire, la famille royale vécut heureuse en diable, Melindor et Etel, en plus d'être nobles gens, étaient bons parents, et Dawn jamais ne manquât de rien, si ce n'est peut-être de l'attention de sa mère, qui était très prise par son mari et les affaires du monde. Quatre ans de bonheur, six ans de conte de fée.
Vous ne trouvez pas que tant de guimauve, ça énerve ? Voilà donc le récit. Et voici le cri qui le débute.
"Yyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyah !"
Il y'a un nombre incalculable, plus ou moins équivalent à celui des êtres qui ont peuplé, peuplent et peupleront ce monde, de commencer sa journée. Beth, la nurse de Dawn, en expérimentait à l'instant une qui, si elle n'était pas la pire, s'en approchait du moins de très près. D'abord, elle avait froid. C'était rageant pour un clair matin de juin, mais passons encore. Ensuite, elle était détrempée jusqu'aux os, alors qu'elle n'était pas encore sortie, et que, de toute façon, la journée était trop belle pour que vienne la déranger la pluie. Ses jambes, plus que tout son corps, grelottaient avec force, et Beth frappait le sol mouillé de son poing rageur devant son impuissance. Ce faisant, elle ajoutait à son malheur, car elle tâchait sa robe, précieuse, car étant bonne d'enfant, ses appointements ne lui permettaient que d'en acquérir une ou deux l'an. Le pire avec ces tâches était qu'elles souilleraient pour jamais le tissu, et que même si seul le bas de la robe marinait à l'instant dans le l'ichor royal qui se répandait encore à grands coups hors du corps des deux souverains par l'orifice béant que laissait à vif leurs corps étêtés, les éclaboussures qu'ils faisaient en se trémoussant d'horreur atteignaient sans distinction son visage, son buste, ses cheveux, et n'importe qu'elle autre partie de son corps.
La mort d'un souverain est toujours le moment d'intenses jubilations de la part de nombre courtisans, et un bon chiffre de ses piques assiettes : valets, nobles, moins nobles, soldats, femmes de chambre, femmes de salon, tire-laines, voleurs en tout genre, gardes royaux, gardes loyaux, et autres échantillons de la faune qui fréquentent les châteaux, s'étaient embourbés dans le couloir et coagulaient devant la porte de la chambre royale, refusant d'y pénétrer moins par respect pour les morts que par peur de salir leurs beaux habits par une projection inopinée de sang, ou par la réception accidentelle sur leurs belles perruques poudrées d'un éventuel morceau de cervelle.
Dans la chambre, Beth n'était pas seule. Son regard se porta dans un coin de la pièce, après qu'elle eut réussi enfin à calmer ses larmes et les tremblements qui l'agitaient, et que sa main droite fut capable d'essuyer les liquides qui lui cachaient la vue. Elle réprima un sursaut d'horreur. Comment une bête aussi monstrueuse avait pu diable se glisser dans la chambre ? L'espace d'une pensée, plus infime encore qu'un battement de coeur, mais plus long que l'éternité, dans l'aire des moments qui, bien que durant à peine une pincée de milliardième de seconde, s'étirent à l'infini pour bien se graver dans l'esprit des spectateurs, elle vit un loup. Un loup majestueux, à la bave corrosive qui brûlait le tapis, dont les crocs ensanglantés laissaient passer une langue haletante et rougie par l'effort, un loup étique, mais dont l'aura fantastique envahissait la pièce, aura glaciale que ses yeux gris d'acier renforçaient encore, bien que mouillés de quelques larmes.
Car à mieux y regarder, et l'instant se brisa, ce n'était pas un loup, mais Dawn, emmitouflée, cachée, réfugiée dans la protection relative de la descente de lit douillette, antique legs de quelque vieille aïeule du roi son père et qui faisait la fierté du lit seigneurial. De la hauteur infime de ses six printemps, la gamine s'efforçait de prendre une attitude digne et royale, et contenait ses larmes au-dedans de son corps, quitte pour cela à se damner la santé.
Entourant de ses bras la fillette dont elle avait la charge pour faire rempart devant l'ignominieux spectacle, Beth égrena les prières à tous les dieux qu'elle connaissait, et les autres même aussi, pour que rien ne soit arrivé à sa protégée. Dans la foule avide alors une décision fut prise par celui qui était le plus éloigné de la charge dynastique, et qui, sachant son rôle ailleurs, pris le parti d'agir en fonction de son coeur. Délogé de sa retraite par les clameurs de la glébeuse plèbe, l'oncle Vania s'était précipité vers la chambre, et, se frayant un chemin dans la masse grouillante, écrasant des pieds et cassant des côtes au passage, avait, avant même de jouir du spectacle au même titre que tout le monde, arrêté qu'il mettrait fin à cela, car la mort d'un frère n'est jamais amusante ni amusement pour les bêtes. Paré de sa seule autorité naturelle -qu'il avait grande, le bougre- il se planta devant le seuil, attrapa par le col les importuns qui se repaissaient en bons charognards de l'atroce vision, les jeta puissamment dans la vile multitude, puis ferma les portes, intiment à des gardes de le rejoindre en faction devant celle-ci, dégainant son épée, arborant l'air de celui qui n'hésitera pas à ajouter des noms à la rubrique nécrologique des feuilles de choux du coin si jamais l'on cherchait à lui montrer que sa façon de pensée n'était pas la meilleure. De plus, nul besoin de spectateur. L'événement serait rapporté dans les annales de la Maison Silverclaws bien assez tôt. Autant n'en n'avoir qu'une seule version, et non pas une foultitude inutile et biaisée.
La scène, dans la pièce, était glauque. Tout à l'heure déjà, ce n'était pas joyeux, mais l'obscurité désormais régnait plus ou moins, et les minces rais de lumières qui pénétraient par les fenêtres étaient rougi par le sang qui avait giclé sur les vitre, les teintant d'ocre, et faisaient un jeu de vitrail, découpant des motifs étranges et étrangers qui se distinguaient en ombres portées sur les flaques abondante de sang non séché, et donc brillant encore. En outre, Beth et Dawn étaient seules. Complètement, totalement seules. Même si plus tard des conteurs plus doués diraient que deux esprits attristés et surpris restèrent avec elles dans la pièce et y resteraient pour jamais, disputant pour toujours et à jamais du pourquoi et du comment, avant finalement d'être rattrapés par la Mort qui riait bien de son tour de pendard. [On se tue à vous répéter que la Mort est masculin !]
Les yeux de Beth s'agrandirent encore d'horreur quand Dawn laissa glisser la descente de lit le long de son petit corps fragile. Elle vit les yeux de l'enfant prendre la dureté de l'acier, tandis qu'un voile opaque qui n'avait rien d'humain enveloppait les globes oculaires de cette même fillette qu'elle avait élevée comme une mère, et quand enfin les bras de l'infante furent visibles, Beth laissa échapper un gémissement, et s'effondra de nouveau.
Deux jours plus tard, le peuple fêtait l'installation sur le trône d'un oncle de la famille, le même que plus haut. Il s'était avéré que, dans la presse tragique qui avait suivi la tragédie, plusieurs héritiers avaient benoîtement défunté, ou s'étaient tout simplement désistés en faveur dudit Oncle Vania, songeant vraisemblablement que cela était mieux pour leur santé, et lui s'était assis sur le royal siège, assez heureux des heureuses coïncidences. Pour faire bref, tout alla bien de nouveau : nouveau roi, nouvelle reine, nouvelle héritière, la vie du royaume se poursuivit comme au début, et tout le monde était content.
Enfin, presque. Car les Silverclaws, emblème de la monarchie, avait disparu en même temps que l'héritière première et sa nurse. Les puristes eurent du mal à avaler la pilule dans un premier temps, mais quand alternative leur fut laissée entre celle-ci et une plus amère et létale, ils s'en accommodèrent fort bien.
Presque aussi, car non loin des côtes, un petit être à la peau tannée et aux yeux de plomb faisait le fier sur un rafiot de fortune, ignorant l'avalanche de questions dont le pressait Beth, et tentant de ne pas trop laisser voir que les lourdes griffes d'argent lui pesaient. Elle jeta un coup d'oeil sur le sang qui les maculait encore, puis se tourna vers Beth, une lueur métallique dans le regard.
« Ne sois pas inquiète, Maman. Tu ne risques rien.
_ Mais... Je ne suis...
_ Si ! S'écria Dawn, sanglotante. Elle n'était rien pour moi, et encore moins ma mère ! C'est toi quoi m'as élevée ! Toi qui m'as aimée !
_ Tu... Tu n'as que six ans...
_ Mais j'ai les gants ! Les gants, Beth ! Ce sont eux qui ont tué ! Nous régnerons grâce à eux ! Ils... Domineront ! Je suis née pour eux ! Née pour dominer !
_ Dawn...
_ Je t'en prie maman... Reste avec moi... Je suis faible seule... Guide-moi... Je... Ne laisse pas les griffes nous séparer... Ne les... ne me... ne les laisse pas te tuer... »
Dawn s'effondra ensuite.
Le lendemain, quand ses yeux s'ouvrirent, ils virent le sable de la plage où elles avaient échoué, Beth veillant sur elle, comme à l'accoutumée.
Jemal | 06/12/06 05:03
C'est pas parce qu'on ne laisse pas de commentaire, qu'on ne lit pas et qu'on n'apprécie pas ces RP.
J'espère avoir la suite !!!!
Jemal, qui oui aimerait savoir le fond des choses

