Forum - Zones d'Ombres

Noir-feu | 19/04/08 13:19

Noir-Feu avait fait récemment la connaissance d'une jeune dame, Eigoel Nahb. Après avoir bu un certain nombres de verres, voire même un nombre certain, ils avaient sympathisé. La jeune fille avait, suite à quelques péripéties que je lui laisserais vous conter, demandé au Dragon Noir de lui donner quelques cours de maîtrise des armes. Ce dernier, allez savoir pourquoi, avait accepté.

Suite à quelques soirées mouvementées, Noir-Feu s'était aperçu que son apprentie ne dormait pour ainsi dire pas, victime de cauchemars récurents. Après une approche diplomatique des plus subtile, (oui, Noir-Feu est très réputé pour ça.)le Dragon avait fini par comprendre de quoi il retournait. Ce qui démontre bien que sa rapidité de compréhension est redoutable quant on lui explique longuement quelque chose.

D'étranges tueurs d'ombres aux redoutables pouvoirs oniriques, enfin, soyons franc, cauchemardesques, investissaient nuit après nuit les rêves de la jeune femme, lui insufflaient un terreur extrême et l'affaiblissaient nuit après nuit. Conscient (oui, ça lui arrive) que son apprentie ne tiendrait pas longtemps à ce rythme, Noir-Feu lui avait proposé son aide.

Une certaine nuit, les ombres avaient passé au stade suivant, à savoir prendre possession de l'esprit puis du corps de leur victime. Par un hasard extraordinaire, Noir-Feu se trouvait ce soir-là dans la taverne, lieu ou se produisit la chose. Quand la jeune femme disparut, pour ne laisser qu'une étrange présence invisible mais ô combien inquiètante, le Dragon se mit en demeure de protéger Eigoel, et de la ramener céans.

La présence prit quelque consistance, ombre maléfique armée d'une étrange lame fine et aussi acérée que la langue de Messire Celimbrimbor. Enfin, presque aussi acérée, soyons réalistes, aucune lame ne surpassera jamais l'affûtage de l'organe susmentionné. Noir-Feu réagit alors avec la dernière finesse, à son habitude. C'est à dire qu'il se rua à l'assaut de ladite créature avec toute la délicatesse d'un ouragan en période de mousson. Etant donné que l'ambiance s'était fortement rafraîchie, le Noiraud se fit la réflexion que rien ne valait une bonne flambée pour remédier à ce subit refroidissement. Aussi tôt pensé, aussitôt fait, un puissant jet de flammes sombres allèrent calciner le tueur d'ombre. Et quelques tables qui n'avaient rien à faire là.

Pressées sans doute de se réchauffer, les collègues de l'ombre incinérée ramenèrent alors le corps de la jeune femme et en prirent possession. Le Dragon n'était pas sectaire quand à la couleur des yeux d'une jolie fille, mais le noir qui occupait à présent les iris d'Eigoel avait quelque chose de malsain. Disons même d'inquiètant.

Faisant preuve une fois de plus de son incroyable bon sens, le Dragon se fit la réflexion que si réchauffer Eigoel ne lui poserait certes pas le moindre problème, le moment était peut-être mal choisi pour le faire. Il entreprit par conséquent une approche moins directe, à savoir le dialogue. Grâce à un stratagème des plus risqués, (Eigoel vous racontera tout ça) Noir-Feu parvint à faire sortir les ombres de l'esprit et du corps de l'aventurière, les attirant sur lui comme le miel un essaim de guêpes.

On a beau être un puissant Dragon Noir, Grand Enquiquineur de Ses Majestés, Terreur des fûts d'eau de feu et Grand Vainqueur des Salutations aux Absents, une vingtaine d'ombres assassines qui se ruent sur vous, ça fait froid dans le dos. Trouvant décidemment la Taverne à peine fraîche ce soir-là, Noir-Feu décida de retourner dans son lieu favori: Le Néant. Ce qui n'est pas rien, si vous me passez l'expression.

Une fois rendu, le Dragon se rendit compte que les ombres l'avaient suivi. Enfer et Damnation. Il avait déjà reçu bien quelques coups dans l'escarmouche de la taverne, et voilà que ces satanées ombruscules remettaient ça, chez lui, dans le douillet cocon qu'il ne quittait chaque fois qu'à grand peine. Allez savoir pourquoi. Les options étant pour le moins limitées, se battre ou mourir, Noir-Feu soupesa soigneusement le pour et le contre. C'est à ce moment-là qu'il pensa à Sire Tbo. Jamais! Se dit-il, plutôt mourir! (quelques secondes de réflexion engagée) Non! Vivre!

Ainsi, grâce, une fois n'est pas coutume, à Sire Tbo, le Dragon prit le parti de combattre. Avec Férocité. Les ombres avaient donc trouvé quelqu'un à qui parler. Quoique l'on puisse affirmer en ayant raisonnablement peu de chances d'erreur que le dialogue fut assez limité.

De fil en aiguille, cette histoire cousue de fil blanc amena le dragon au seuil de la mort. Le temps de faire un clin d'oeil moqueur à certain Sire. Les quelques ombres survivantes, sans doute horrifiées par ce qu'elles entrevirent au-delà de la Porte, se mirent en devoir de la refermer sur le Dragon. Ce dernier lutta alors avec l'énergie du désespoir, pas question d'être mis dehors, il y a des créatures bizarres qui y traînent. Surtout la nuit.

Au moyen d'une explication flamboyante assénée avec la plus grande détermination, Noir-Feu finit par faire entendre raison aux ombres. Qui préférèrent renoncer et se fondirent, c'est le cas de le dire, dans le Néant. Noir-Feu, assoiffé par tel discours, se remit en route pour la taverne, espèrant que celle-ci se serait réchauffée en son absence. Ce en quoi il ne fut pas déçu, mais ceci est une autre histoire.

Edité par Noir-feu le 19/04/08 à 13:21

Edward Kinsley | 19/04/08 19:04

Si mon patron savait que vous parlez ainsi de lui...

Divertissant écrit. J'aime.

Loxias The Dark Lord | 19/04/08 23:25

Très beau récit!

J'ai aussi bien aimé être spectateur, c'était divertissant! C'est marrant quand tu t'énerves de la sorte.

En passant, j'espère que tu vas rembourser pour les dégâts causés dans la taverne...

Loxias, Gardien sylvestre, et depuis peu, Gardien des tavernes au service du Tavernier