Forum - A bord du Sesterce Volant

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Khorèn | 12/05/08 21:49

- Viens... Ne me laisse pas seule... Khorèn... Viens.

Le marchand était à bord du Sesterce Volant depuis trois jours, déjà. Il était allongé dans une petite couchette à la cale, et avait beaucoup de peine à trouver le sommeil. Il s'était tourné et retourné dans son lit toute la nuit. Ses pensées étaient rivées vers le rivage. Vers celle qui l'y attendait.

- Viens... Ne me laisse pas seule... Khorèn... Viens.

Khorèn remarqua enfin cette voix qui répétait la même phrase depuis un petit bout de temps. Il s'assit sur sa paillasse, et tendit l'oreille.

- Vient... Ne me laisse pas seule... Khorèn... Viens.

D'où pouvait provenir cette voix ? Les marins présents sur le bâtiment dormaient à point fermé, mis à part le guetteur, qui ne s'amuserait sûrement pas à ce genre de blague. Le marchand se leva et s'avança dans la cale grinçante, jusqu'à arriver là où tous les matelots avaient installés leur hamacs.

- Viens... Ne me laisse pas seule... Khorèn... Viens.

La voix continuait. Khorèn s'avançait entre les hamacs, évitant les pieds nus et puants qui en sortaient. Alors qu'il se baissait pour éviter un énième couchage de fortune, un détail scintillant attira son attention sur le sol. C'est alors que son regard se posa sur une petite pièce d'or brillante, qu'un matelot avait dû faire tomber de sa poche. Ravi, Khorèn mit rapidement la piécette dans sa poche en s'assurant bien que personne ne le regardait. Il tourna les talons pour retourner se coucher, lorsque la même voix, cristalline, résonnante et douce retentit à nouveau.

- Non... Ne nous laisse pas. Viens... Nous n'attendons que toi... Khorèn...

Le marchand se retourna, les sourcils froncés. La trouvaille d'une pièce de monnaie était un hasard, un pur hasard, et cette voix était sans doute due au frottement des vagues autour de la coque, et aux grincements incessants du navire tout entier... Mais là, la voix avait formulé une autre phrase. Tout aussi distincte. Khorèn regarda autour de lui, les marins étaient comme assommés par le sommeil, ils n'entendaient rien. Des membres ballants dépassaient des hamacs, les joues écrasées par la toile des couchages déformaient les visages lourdement endormis. Personne d'autre que l'humain ne réagissait à ce doux appel. Il devait être fou, seuls les fous entendent des voix, où les religieux, mais il n'était pas croyant, et ne croyait pas aux illuminations d'un être éclairé par la voix d'un dieu inconnu qui vient soudainement le chercher.

- Non... Ne nous laisse pas. Viens... Nous n'attendons que toi... Khorèn...

Les mots se répétaient, sans cesse. Avec toujours le même rythme, la même douceur aguicheuse, suave. Les yeux du marchand se posèrent au fond de la cale. Un étroit couloir menait à un escalier de bois qui permettait de monter sur le pont. Mais une porte fermée à clé permettait aussi l'accès aux... trésors du navire, là où les marins entassaient leurs richesses récoltées durant le voyage. Khorèn se mordilla légèrement la lèvre inférieure. La voix continuait de l'amadouer, inlassablement.
Il fit quelques pas lents en direction de cette fameuse porte. Le plancher grinçait sous ses bottes. Quelques flibustiers bougeaient dans leur sommeil, arrêtant Khorèn dans son avancée, l'oreille tendue, l'oeil vif. Lorsque aucun bruit ne se fit plus entendre il recommença à marcher lentement jusqu'à arriver tout près de la porte de la salle au trésors. Il s'accroupit près de cette porte, et regarda au travers de la serrure. Hum, elle ne devait pas être difficile à forcer. La voix cristalline s'amplifia légèrement, s'introduisant vicieusement dans le creux de son oreille et dans son esprit.
L'humain fouilla dans une de ses nombreuses poches, et sortit un drôle d'objet réunissant couteau, tire-bouchon, et autres bouts de ferraille biscornus ayant des fonctions douteuses. Il introduisit un de ces bouts de métal dans la serrure verrouillée et commença à jouer avec le mécanisme.
Il regarda de nombreuses fois dans son dos, durant les quelques secondes où les goupilles résistaient. La porte céda enfin dans un bruit sec et Khorèn entra dans la pièce.
Que d'émerveillement lorsqu'il vit apparaître dans la pénombre, pièces d'ors, perles et pierres précieuses flamboyer sous ses yeux. Ce butin devait être partagé entre tous les occupants du navire une fois arrivé sur la terre ferme. Mais... cette voix l'avait appelé. Ni une, ni deux, le marchand lança sur chacune de ses épaule deux gros sacs pleins à craquer et se tourna vers la cale endormie lorsqu'il sortit de la petite pièce. Aucun boucanier n'avait ouvert l'oeil. La dose de rhum qu'ils avaient ingurgité la veille les avait tous taloché, et mis à part de terribles ronflements de gorge encombrée, aucun bruit ne se faisait entendre.
Khorèn entreprit donc une traversée de la cale risquée. Avec les quatre sacs de richesses qu'il avait sur ses épaules, son propre poids s'était considérablement alourdit, et le plancher semblait crier sous ses pas pourtant félins. Il monta les marches de bois et l'air frais iodé vint lui caresser le visage dans une brise matinale. Le jour n'était pas encore levé, mais l'horizon s'était éclairci quelque peu.
L'humain s'avança avec précaution. Personne à la barre... Tant mieux, bien que ce soit étrange. Khorèn continua son avancée jusqu'aux canots et entreprit avec soin d'en descendre un sur les vagues. Ce fut long et trop bruyant à cause des poulies rouillées, et au bout d'un moment, la barque mouilla enfin et Khorèn lança ses sacs de richesse au dessus de la balustrade du bâtiment, les rejoignant peu de temps après dans son embarcation de fuite.
Il avait commencé à ramer vers le large lorsqu'il entendit une voix criarde hurler :

- Au voleur ! Voleur à bâbord ! Au voleur !

Damned ! Le guetteur dans son nid d'aigle ! Il l'avait oublié celui-là... Au revoir douce voix influençable, bonjour terrible voix qui attirera bientôt de sombres corsaires mal réveillés... Son sang ne fit qu'un tour, le marchand tira avec plus de force sur ses rames, espérant ainsi échapper à cette embarcation dont les habitants pourraient lui chercher bien des misères. Son canot s'éloigna rapidement, alors que les canonniers les plus vifs se penchaient au dessus de la balustrade pour le voir partir avec leur or.
Des cris raisonnèrent sur le pont, et quelques secondes plus tard, les écumeurs tentèrent de faire descendre d'autres barques pour se lancer à sa poursuite. Mais Les cordes lâchèrent, Khorèn avait prit soin de les couper avec sa dague. Les petites embarcations se détachèrent donc rapidement du bateau, emportées par les vagues car non retenues, empêchant les marins d'y mettre pied.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Khorèn alors qu'il s'éloignait toujours. Il était arrivé bien loin derrière le navire à présent, et un demi tour avec un gros bâtiment comme celui qu'il venait de quitter n'était pas aisé. Il rentrerait donc les poches plus pleines de prévue.
Magnifique traversée. :)

Keltas Loredan | 12/05/08 22:06

Détrousser ainsi de fiers flibustiers... Khorèn voyons, cela vous ressemble bien ! :D

Loxias The Dark Lord | 13/05/08 07:39

Les valeurs véhiculées n'y sont pas honnêtes mais le texte et l'histoire en soit sont bons. :)

Rien de tel que des aventures (épiques? :o) sur les hautes mers! :D

Bref, bravo. ;)

Sheena | 13/05/08 14:31

Je le savais radin et vénal, je découvre que Khorèn est un voleur!! :o Ils ont tout pour eux ces marchands :D:D

Isilwen | 19/05/08 01:00

Très beau texte, toujours aussi agréable à lire, mon ami^^;)

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