Forum - L'avenir d'une Gardienne, le passé d'une entité ... [1/3]
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Itchek Niha | 15/05/08 15:01
Je fuis, mon coeur bat à vive allure.
Son ombre se reflète dans le lac.
Elle me suit.
Je cours, ne sachant où aller. N'osant même pas imaginer de quel façon elle a pu s'échapper.
Les branches d'arbres fouettent mon visage, les ronces m'égratignent, je trébuche mais continue ma route malgré tout.
Jetant un regard derrière moi, plus elle avance et plus les arbres meurent autour d'elle, ne laissant que la mort de la sécheresse. Affolée, je dois fuir, mais rien ne m'y permet. Je trébuche à nouveau, cette fois-ci me faisant tomber au sol, je me retourne, les yeux fouillant la végétation à sa recherche. Mais en vain. Je pousse un soupir de soulagement, mais quelque chose n'allait pas. Aucun vent, ni même un bruit. Comme si elle avait disparu, ayant ainsi cessé sa traque.
D'un coup, les arbres devant moi craquent, meurent et disparaissent pour laisser place à un tas de poussière morte. Elle est là! Devant moi. Ses yeux de couleur nuit ne me quittent pas, dans un sifflement strident, elle tend une main vers moi, me bloquant la respiration, je porte mes mains à ma gorge, fixant cette chose. Mes pieds quittent le sol, elle semble sourire, inclinant la tête sur le côté, la créature referme doucement la main. Je sens ma cage thoracique se rétracter et céder sous la force, mes os craquent, je ne sens plus aucun de mes membres, mais cette chose me fixe toujours, semblant satisfaite de ses actes. Je ne pouvais imaginer qu'elle fût capable de cela, malgré tous les dires et les écrits à son sujet. La douleur est telle que le craquement de mon corps manifeste une similitude avec une branche d'arbre qui se briserait sous l'effet d'un poids. Du sang coule de mes narines et de ma bouche par à-coups, chaque craquement fait jaillir hors de moi de grandes quantités de sang. Me voyant impuissante. L'entité lâche prise, me laissant tomber au sol lourdement. Je lève une main faible et tremblante, la regardant doucement, couverte de sang. Je sens la vie me quitter, je vois flou, le sombre s'installe, d'un coup, le noir profond.
J'ouvre faiblement les yeux, les dernières gouttes de vie qui m'habitent me quittent elles aussi peu à peu. L'entité se retourne calmement, me fixant étrangement, elle pousse un sifflement relativement doux, mon corps quitte à nouveau le sol, mes os bougent encore, cela ne lui a-t-il pas suffit? Je ferme les yeux, attendant patiemment que mon heure vienne. D'un coup, elle me laisse tomber au sol.
La douleur a disparu, je contemple mes mains ensanglantées, touchant mon thorax à la recherche de traces, mais en vain. Regardant l'entité qui me fixe, je comprends alors qu'elle m'a sauvée. Mais pourquoi? Je représente une infériorité face à elle. Mais la créature a pris soin de me soigner. Perdue au milieu de mes songes, une migraine me saisit me faisant tomber à genoux, je me tiens la tête, hurlant la douleur. L'entité me fixe alors comme étonnée, un bourdonnement résonne dans ma tête, elle y est entrée. Elle fouille, chaque parcelle de mon esprit, elle cherche, je ne sais quoi. Elle prend un malin plaisir à me voir souffrir, toute existence quelle qu'elle soit possédant un tant soit peu d'humanité ne ferrait pas ça. L'entité détourne le regard après quelques instants. La douleur s'estompe peu à peu. Mon regard perdu se pose sur elle, celle-ci m'indique des roches gravées étrangement. Docilement, je m'en approche, exécutant ses ordres comme un féal.
Les pierres sont ornées d'écritures anciennes, de serments et autres emprisonnements visant à calmer la colère d'Iss. Iss est une entité, provenant de la Dimension opaque, rares sont ceux qui connaissent ses moyens de destruction car rares sont les êtres qui en ressortent vivants. L'écriture des anciens expliquait tout, depuis la fondation des Dimensions, jusqu'à l'enfermement d'Iss. Considérée trop dangereuse, des Anciens Prêtres prirent la décision de mettre fin au règne de l'entité, l'emprisonnant à l'aide de formules et serments récités à l'envers. Par la suite, les serments ont été scindés en deux parties. Une étant restée dans les Catacombes et une autre envoyée dans une Dimension inférieure. Confiants en leur travail, les Anciens ne laissèrent aucune surveillance, hormis un Gardien. Une personne n'ayant jamais commis de fautes, un esprit pur et sain.
Cela n'était autre que moi.
Itchek Niha, Gardienne de l'entité Iss appelée le Tourmenteur. L'entité avait pris possession de mon être, me soumettant à elle par d'obscurs moyens. Les Anciens avaient faillit à leur tache. Iss n'était peut-être pas libre, mais si elle parvenait à ses fins, les Mondes Inférieurs seraient détruits.
Itchek Niha | 15/05/08 15:02
Le commencement de ma fin... [2/3]
Des toussotements, des pleurs, des cris, des peurs. Le village de Ellionu sanglote. Du sang recouvre le sol, des objets en tous genres arpentent la paille verdâtre. Une odeur de sang pourri flotte dans l'air. Le vent souffle légèrement comme affaibli.
Je me dirige vers une grange en vieux bois, abîmée par le temps et rongée par les insectes. La porte est entrouverte et bat de temps à autre, les bourrasques de vent s'engouffrent dans la grange, faisant ainsi appel d'air, claquant les portes violemment. Mes mains se posent sur les fortifications en ferraille rouillée, elles exercent une faible pression sur la porte, celle-ci s'ouvre alors dans un grincement rauque.
A l'intérieur, l'obscurité et le calme.
Des plumes s'envolent paisiblement, la paille est chassée au gré de mes pas. Une forte odeur parvient jusqu'à mes narines. Celle de la chair en putréfaction. De nombreuses volailles recouvrent le sol, inanimées, le bec ouvert, les yeux totalement blancs, mortes. La mort règne. Au fil de ma progression dans la grange, des bovins jonchent le sol, tout comme les volailles, ils présentent les mêmes symptômes. Inertes, sans vie. Plus loin se trouve une botte de paille, légèrement rougie par endroits, des traces de mains semblant perdues ont glissé derrière la botte. Mes pas se font plus calmes et posés. J'approche sans aucune hâte. M'appuyant sur la paille, je me penche légèrement en avant.
Un corps humain est étendu sur le sol, recroquevillé sur lui-même. Des tissus déchirés recouvrent quelques morceaux de sa peau, décharnée, certains organes au jour, d'énormes entailles et balafres recouvrant son corps. Sa peau, bleuie à plusieurs endroits est meurtrie par de violents coups apparemment. Il tousse brutalement, crachant du sang, ses yeux blancs fouillent l'obscurité, apeurés. Il ne semble pas avoir senti ma présence. Il suffoque, des spasmes s'emparent de lui, son corps entier tremble et lutte. Pauvre créature. Une main tremblante se dresse, agonisant, il semble vouloir me dire quelque chose. Je pose ainsi une main sur son visage, fermant ses yeux, mon autre main sur sa poitrine. Je murmure:
« Shhuk sok-thio. »
Ses spasmes cessent. Je me relève calmement, soupirant à la vue de ce malheureux. Le décor est tapissé de morts. Leurs expressions reflètent la peur et l'atrocité, tant de vies mises à terme pour une colère, pour une preuve. Nul être doté d'un minimum d'humanité en serait capable.
Quelqu'un court vers moi, ses pas se font pressés.
« Itchek!!! »
Je ferme les yeux un court instant puis je me retourne vers cette personne, une larme coulant le long de ma joue.
« Oui? »
L'homme s'arrête à quelques mètres de moi, il pose un regard inquiet sur ma personne. Ses lèvres s'entrouvrent. Il s'approche de moi, l'air triste et désolé, me prenant dans ses bras en me serrant contre lui. Une main sur mes cheveux.
« Itchek ... Que s'est-il passé? »
Il éloigne doucement son visage de moi, ses yeux dans les miens, cherchant une mince réponse à sa question. Faiblement:
« Elle est encore passée. Elle ne s'arrêtera donc jamais? Toutes ces vies ... Qui ... Touchent à leurs fins. Tant de haine. Trop de haine. Le cauchemar ... Nous devons l'arrêter. »
Il ne sait quoi me répondre, il se contente d'un sourire puis d'un hochement de tête. Il saisit sans empressement ma main, son regard figé sur la forêt. Ses sourcils se froncent, un sceptre à la main, il fait quelques pas en avant, puis il se retourne vers moi.
« Itchek. Tu es prête maintenant ... »
Mon regard se perd dans le sien, je ne sais si je comprends exactement là où il veut en venir. Sa main caresse ma joue, il me relève la tête, un sourire réconfortant sur ses lèvres. Il reprend:
« L'élève a dépassé le Maître. Vis en Gardien libre. Sauve-toi maintenant. »
Luhok se retourne, me tournant le dos, serrant son sceptre à deux mains. Inquiète, je refuse catégoriquement, lui expliquant qu'il est bien plus qu'un Maître à mes yeux, mais aussi un ami. Il me pousse d'un coup en arrière, haussant la voix en insistant pour que je parte. Les larmes aux yeux, j'exécute les ordres de mon Maître. Celui-ci m'a formée, m'apprenant à utiliser les forces de la nature, à faire et répandre le bien.
Complètement perdue et livrée à moi-même, je cours je ne sais où, mais je fuis. Comme me l'a ordonné Luhok. Trébuchant violemment, je tombe lourdement au sol, les sanglots me rattrapent. Après m'être relevée, je me retourne en direction de Luhok, un cri raisonne puis le silence. Essoufflée, ne pouvant me résoudre à laisser un ami je retourne sur les lieux où j'avais laissé mon Maître. Son corps est étendu sur le sol, son bras gauche ainsi que son sceptre ont disparu, ne bougeant plus, je m'approche de lui affolée. Des lambeaux de chair pendent de tout son corps, laissant les nerfs à vif. Comme toutes les victimes, ses yeux sont devenus blancs, sa peau semble brûler à de nombreux endroits et de nombreuses plaies le recouvrent. Il porte les mêmes séquelles que toutes les autres victimes du Tourmenteur. La peur et la tristesse s'emparent de moi, anéantie par la mort de mon mentor, mon être semble ne plus vouloir se battre, comme emporté par le courant, celui-ci refuse de réaliser. Mes mains sont à présent rougies par le sang de Luhok, un sang pur et lavé de tout crime, mélangé à mes larmes.
Les lunes passent, mon chagrin s'intensifie de plus en plus, l'espoir me manque. Mon regard est posé sur mes mains enroulant un morceau de ma robe de soie, un regard perdu. Je lève les yeux et j'observe la clairière, un soupir m'échappe puis je me retourne, me dirigeant vers un cercle d'arbres. Des druides y sont réunis, tous m'attendent. Leurs regards se dirigent vers moi, une timidité s'empare de mon être mais j'avance calmement au centre du cercle puis je m'y agenouille. Là, les Anciens m'entourent, leurs bras levés vers le ciel, leurs visages souriants et heureux. Et moi, confiante en la magie des druides mais tout aussi inquiète de ce qui va se passer. Un torrent de feuilles nous entoure, les chants des oiseaux raisonnent, les couleurs de la forêt se reflètent dans mes yeux, de doux sons me transportent, les yeux fermés, je ne me soucie du reste, la douleur de la perte de mon ami s'estompe, le mal en moi semble se purger et le doute se dissiper. Mon destin est à présent scellé. Mon seul et unique but est de traquer et enfermer une Entité. Répandre le bien où que j'aille, quoi que je fasse. Mon touché transformera la mort en vie, la douleur en bienfait et la tristesse en joie.
Les feuilles tombent doucement, elles volent autour de moi, des papillons colorés se mêlent à cette danse féerique, une douce brise s'abat sur nous. Les Anciens baissent paisiblement leurs bras, l'un d'entre eux s'approche de moi.
« - Itchek Niha, vous venez de recevoir le statut de Gardienne. Bienvenue parmi nous. Que la paix vous habite.»
Un sourire réconfortant se dessine de mes lèvres, soulagée et heureuse que l'enseignement de mon Mentor n'ai été pas sans fruits. J'ai obtenu le statut de Gardienne, une des places les plus difficiles à saisir, mon rêve se réalise enfin. Mes visions de paix dans l'avenir pourront enfin se réaliser...
Itchek Niha | 15/05/08 15:02
Le sentiment d'être humaine ... [3/3]
Plus les jours passent et plus la peur s'installe. Chaque jour, chaque nuit, à chaque instant, la mélancolie me gagne, le spleen coule en moi, à la recherche d'une parcelle miraculée de mon être... Le vide, le noir, profond et glacial, la sombre et douce symphonie de l'eau claire s'écoulant calmement sur les roches recouvertes de mousse fraîche et colorée. La vie... Le commencement de chaque être, l'aboutissement d'une ignorance et la création d'une chose, pure ou mauvaise, chaude ou froide... La vie, douce et reposante note, fleur qui se fane un peu plus à chaque aube... Un souffle si relaxant sur une peau, des arbres colorés et fleuris, au rythme des crépuscules, une ascension de douceur, de calme et de sérénité... Quelques lueurs dans des yeux écarquillés d'où découle un bleu perçant toute damnation, un sourire sur un visage innocent, si délicat tel un pétale de rose éphémère, glissant songeusement sur un corps empli de courbes généreuses et chaudes. Le toucher d'une fleur de coton, douce, humide et timide et son doux parfum, s'insinuant avec grâce en un être, réconforté et féal de toute sensation l'entourant.
Le décès de mon mentor se fait ressentir de plus en plus. Le manque, le vide, la haine pour un être dénué de toute sensation et la tristesse pour un père de substitution. Les prêtres repartent, peu à peu, la clairière se vide.
Seule.
Le corps tremblant, mes mains incapables de quoi que ce soit, mon coeur s'emballe et ma respiration se fait saccadée. Agenouillée devant un chêne, une douleur impalpable s'empare de mon être, elle arpente les couloirs étroits et froids de mon subconscient. Un coeur si frêle et sensible, une âme si endommagée pour un destin sans fin.
Luhok reste dans ma tête, son corps allongé sur le sol, son sang sur mes mains. Chaque jour je les contemple, souillées du sang d'un être que je chérissais, une vie luttant pour le bien, si rare en ce monde...
Les idées se bousculent, chacune d'entre elles dessinent en moi l'ombre tant attendue d'une colère désespérée, une rage noire et insouciante.
Tremblante, je me relève, habitée d'un calme sans égal. Je ferme doucement les yeux.
... « - Il est l'heure. » ...
Clignant des yeux, j'ausculte le paysage m'entourant. Je pose enfin le pied à terre, tapotant l'échine de ma monture, l'embrassant sur le front en lui faisant signe d'attendre. L'animal hoche doucement la tête, les oreilles couchées en arrière, ses réactions se font perdues et sans raisons. Il se cabre brusquement. Ne comprenant pas sa réaction, je m'approche de lui, la main posée sur son poitrail, son souffle reste fort et affolé. Quelques secondes plus tard, le calme le reprend.
Mes cuissardes crissent à chacun de mes mouvements, mon regard posé sur les alentours, guettant la moindre trace, un espoir... Je m'abaisse, palpant les feuilles mortes sur le sol, inquiète, je sais qu'elle n'est pas loin. Hélas, la peur s'empare de mon corps, la haine coule en moi, mes obligations de gardienne ne me permettent pas de commettre un acte contraire à nos idéaux. Je soupire en me relevant, les mains sur les hanches, le regard scrutant un paysage détruit, des arbres brisés, des souches en feu, des ruines de constructions, un village se trouvait ici. M'aventurant dans les décombres, je réalise l'ampleur de la situation, la colère d'une entité maléfique s'abat sur des innocents. Ma démarche reste prudente, attentive, j'écoute, à la recherche d'un espoir, une forme de vie, un reste, une trace, mais en vain. Seul du sang et des corps inanimés jonchent le sol, le recouvrant tel un tapis fraîchement tissé.
Mes recherches restant vaines, je m'apprête à rebrousser chemin, les yeux fixant le sol, attristée et désespérée. A quelques mètres de là, le sol est marqué d'étranges traces, des piétinements, désordonnés, affolés, je m'approche, m'abaisse et pose la main sur celles-ci. Les traces me mènent plus loin sur un rocher, là y est étalé du sable, fin et clair. Une trace de main se situant au milieu, comme une sorte de signature de façon à reconnaître l'auteur de cet acte. Je ferme calmement les yeux, dirigeant ma main vers le sol. En posant la paume sur le sable, je vis un Affligé vêtu d'un lourde armure très sombre et rougie par du sang séché. Il utilisait une magie étrange, mauvaise et bonne à la fois ... Étalant soigneusement une poigné de sable sur la roche, la citadelle de Lihomen se dressait devant lui. Le sable semblait flotter et formait chaque tourelle et chaque bâtiment de la cité. L'Affligé prit une tour de sable entre ses doigts, puis il referma la main dessus. Celle-ci s'effondra de suite. Un sourire mauvais et satisfait aux lèvres, il continuait. Détruisant chaque parcelle de la citadelle ainsi. Tandis que l'Affligé détruisait la cité, les cris raisonnaient, le désespoir la peur et la tristesse se mêlaient au bruits assourdissant de la citadelle qui s'effondrait peu à peu. Je sursaute et sort de ma vision par le choc d'un marteau contre le sol. Tombée en arrière, je regarde un Orc haut de deux mètres se dresser devant moi, il relève son marteau et l'abat sur moi. Je me relève après avoir roulée de côté et évité marteau. Il recommence, avec peine je dresse une fine épée pour contrer le coup, je recule brutalement à chaque assaut porté. Mais il recommence, encore et encore, frappant sur moi, la douleur des coups contrés se fait ressentir dans mes bras, je faiblis un peu plus, il frappe horizontalement, je m'abaisse et évite l'arme. Les coups sont trop brutaux, je ne peux les éviter, je les subis, les encaissant péniblement. Puis il abat à nouveau son marteau sur moi, je m'effondre brutalement au sol, mon épée en l'air, je contre un coup, le dernier. Mon épée est brisée et mes bras me font atrocement souffrir. Son marteau dévale sur moi puis...
Le noir profond.
Je me vois, droite, en robe de cérémonie, face à un autel nacré, des coupes reposant dessus, ainsi que quelques bougies légèrement entamées. Et derrière moi se tient Luhok. Souriant, son visage finement coloré, coiffé comme en temps de victoire, saint et calme. Il me regarde. Ne disant rien, il se contente de plonger son regard dans mes yeux. Peu à peu son sourire s'efface puis son regard devient dépité, honteux et mécontent. Ses mains se posent alors sur mes épaules puis il murmure:
« - Utilises ce que je t'ai appris. »
Je ne dis rien, fermant doucement les yeux. Lorsque je les rouvre, je suis au sol, face à cet Orc, prêt à abattre son marteau une dernière fois. Je reprends confiance, l'arme de l'Orc se stoppe au dessus de sa tête. Mon corps affaiblit se relève, une aura violacée m'entourant, des débris flottent autour de moi, le temps semble se ralentir et mes gestes se font calmes et doux. Les bras ballants, je les relève vers cette créature, comme si je tentais de soulever une masse énorme. Des vagues flouées suivent les mouvements de mes mains, une haine profonde et intense coule en moi. Les dents serrées, je frappe des mains devant moi, dégageant une forte onde de choc. L'Orc s'écroule quelques mètres plus loin. Mes pieds quittent le sol, mes bras presque à l'horizontale, le regard durci sur l'Orc. Je lève une main, lente et tremblante, toujours cette même sensation de poids. Puis je baisse la main en direction de la créature, ma tête inclinée sur le côté. La foudre descend alors du ciel voilé par la fumé, s'abattant sur l'Orc. Dans un dernier hurlement de douleur, il tombe au sol. Mort.
Je m'abaisse peu à peu, le danger semblant être écarté. Je retrouve le contact avec le sol. Mes yeux posés sur la carcasse calcinée de l'Orc. Ma peau violacée reflète les feux des ruines, mon aura m'entourant toujours, j'avance dans les débris. Tout se chasse sous mes pas, rien ne barre ma route, les yeux figés devant moi. Je stoppe ma course sur une roche surplombant la vallée, d'ici, les armées des Affligés sont visibles, toutes se dirigent vers la cité des Gardiens. Mes frères se battent là-bas, Luhok compte sur moi. Je me redresse doucement, mon aura s'intensifiant. Je lève la tête, fixant le ciel s'assombrissant. Mon aura se noircit peu à peu, les bras eux aussi tournés vers le ciel. Une larme perle le long de ma joue, je murmure :
« - Pardonne moi ... »
Quelques sanglots s'emparent de moi, le vide s'installe dans mon être, la peur et la haine nourrissent ma force. Un orage violent éclate, mon visage s'oriente alors vers les armées. J'abaisse les bras comme une sentence, les nuages tournent alors puis embrasent le sol, emportant avec eux les arbres, les construction et les soldats dans un fracas lourd d'armures et de cris mêlés. Ma colère est telle que seule la destruction resterait de ce monde, préférant le voir mort plutôt qu'aux mains des Affligés, armée d'Iss le Tourmenteur. L'entité a causé la perte d'un être qui m'était cher, elle perdrait bien plus à présent.
« - Je te promets Luhok ... Je te promets de la retrouver et de la tuer ... »
Les larmes aux joues, ne désirant autre chose que la souffrance des Affligés, je fixe le désastre avec un certain contentement. J'avais gagnée cette partie. Sachant qu'Iss ne s'avouerait pas vaincue aussi facilement. Peut-être devrais-je défier les Dieux pour mettre fin au règne du Tourmenteur. Qu'importe, la rage m'anime. Mer de vengeance et lit de douleur.
Une forte lumière m'entoure à présent, les bras devant mon visage, mes yeux souffrant de cette clarté, la lumière s'estompe peu à peu, baissant les bras, j'observe, mon aura a disparue, le décor a changé. La destruction n'est plus, les cadavres non plus. Le chêne se tient devant moi. Je suis entourée par les Anciens, le plus sage me fixe d'un air mécontent, il s'approche:
« - Qu'avez-vous fait mon enfant? Les terres de Lihomen ne sont plus. Les Affligés arpentaient ce sol. Mais plus rien ne subsiste. Vous avez sombrée dans la colère mon enfant ... Cependant. Grâce à vous, le Tourmenteur a été stoppé. Enfermée dans les Catacombes de la Dimension Opaque... Hélas, nous ne pouvons vous pardonner le malheur que vous avez étendu sur les terres de Lihomen. En échange de votre vie, nous vous confions la garde du Tourmenteur. Restez dans les Catacombes et veillez à ce que personne ne vienne troubler son éternel sommeil ... »
Itchek Niha | 15/05/08 15:03
Une découverte connue.
« - Non! Non! ...Je vous en prie! Murmure t-il. Ne ... ne me tuez pas!
- Donne moi une bonne raison de ne pas te tuer ...
- Je ... Il déglutit. Je vous dirai ... Ce que vous désirez ...
- Sais-tu ce que je désire ? »
J'enfile avec calme mes gants en cuir. Mon attitude reste froide et impassible. Ses yeux sont rivés sur mes gestes, à la recherche d'une touche d'humanité.
« - Nous avons suivi avec attention vos assauts. Vous avez détruit de nombreux royaumes ... Le dernier étant celui du Seigneur Hozz ... Seigneur de la Meute ... Vos troupes ont tout rasé ... Pourquoi faites-vous ça ? »
Je relève la tête d'un mouvement vif vers l'espion, les sourcils froncés et le regard accusateur. Ses mots ont éveillé en moi une haine profonde et violente. Je hais tant les humains de ces contrées ...
« - Faire quoi ? Dis-je d'une voix froide et dure.
- Vous détruisez tout ... tout sur votre passage ... Ne laissant aucune trace ... Ni même un survivant ... Pourquoi ? »
Je redresse doucement le buste, les jambes croisées, un couteau à moitié enfoncé dans ma cuissarde gauche. Un liquide grisâtre en coule paisiblement. Comme plongée en plein rêve, je fixe le fluide, la façon calme et sereine dont il glisse sur le cuir pour aboutir sur le sol, formant une petite flaque grisée, le liquide est désordonné, aucune régularité, ni même un sens. Aucun.
Serrant fermement ma cuisse entre mes deux mains, je relève la tête vers l'espion.
« - Ne t'es-tu jamais demandé qui crée la vie ? »
Ma voix est douce et pour une fois, Iss semble ne pas intervenir, ni même contrôler quoi que ce soit. L'homme a l'air apeuré et désorienté. D'un geste de la main, je l'invite à prendre place en face de moi. Sans un mot il s'exécute, triturant entre ses mains un bandeau rosé. Ses yeux écarquillés sur moi, guettant sans doute une mauvaise réaction. Je lui tends une coupe remplie d'eau. Quelques secondes passent avant que son hésitation ne disparaisse et qu'il prenne enfin la coupe pour la porter à ses lèvres, buvant goulûment :
« - La vie est crée par les Dieux ... »
Me répond-il dans un souffle, essuyant maladroitement sa bouche avec sa manche, le regard interrogateur et étonné. Épris d'une soif de savoir, il attend mon histoire comme un enfant en quête de rêves.
« - Les Dieux ... »
Un sourire s'esquisse sur mon visage en entendant sa réponse. Je me lève difficilement avant de m'approcher d'une ouverture donnant sur l'extérieur. Le liquide coule abondamment de ma cuisse, indifférente face à la douleur, je me retourne vers l'espion, m'appuyant en arrière. Son visage pâlit peu à peu, comme souffrant de ma blessure, il s'avance timidement :
« - Vous semblez blessée Dame. Permettez que je vous soigne ? Je possède de nombreuses connaissances en médecine ... »
Mon regard plongé dans celui de cet homme, impatiente de mettre fin à ses tristes jours. Pourquoi cherche-t-il à me venir en aide ? Il sait pertinemment qu'il mourra ce soir. Tant de questions sans réponses. Encore une ...
Je porte ma main à ma cuisse et y retire le couteau lentement, le laissant ensuite tomber au sol. L'homme regarde ma plaie, affichant une mine de dégoût face à cette blessure. Il se laisse glisser de sa chaise, se retrouvant à genoux devant moi, s'avançant avec appréhension.
« - Tu n'as pas répondu à ma question ... »
Il passe sa langue sur ses lèvres sèches, à présent à ma hauteur. Il sort de nombreux instruments de sa besace, se penchant sur ma cuisse. S'affairant à stopper l'hémorragie. Tout en soignant ma plaie :
« - De nombreux contes pour enfants disent que la vie provient des Dieux. Nous sommes leurs enfants ... Incarnats des Dieux ... »
J'hausse un sourcil avec étonnement. Un sourire malsain sur les lèvres.
« - Crois-tu que tes créateurs te laisseraient souffrir ici ... ? Ils n'en ont cure de toi. Tu ne représentes rien pour tes pères. »
Il s'arrête un instant, songeant à mes paroles. J'avais installé le doute en lui. Enfin, pouvait-il remettre en question ledit « pouvoir » des Dieux. Je reprends.
« - Le fleuve du Passage est une porte sur le pouvoir. Grands sont les hommes l'ayant traversée ... »
J'avance vers la table, interrompant l'innocent. Il se retourne vers moi, se redresse puis range ses affaires tout en me questionnant:
« - Le fleuve du Passage ... ? Qu'est-ce ? »
Je souris machiavéliquement, satisfaite de mon emprise sur un innocent. J'avais maintenant attiré sa curiosité, peut-être devrais-je continuer plus loin.
« - Seuls les élus peuvent le traverser ... Et que je sache... Je me retourne vers lui. Tu n'as pas l'étoffe d'un élu ... »
Comme déçu et enfin face à son destin, il baisse la tête, serrant ce bandeau entre ses mains. Il sursaute lorsqu'un affligé entre en trombe me fixant, il pousse un gémissement aigu, essoufflé et souffrant. Je laisse un mince soupir s'échapper, lui faisant un signe de tête vers l'espion. L'affligé mesure prés de deux mètres, sûrement un ancien orc ou même un jeune ogre. Qu'en saurais-je ... De nombreuses plaies suintantes le recouvrent. Sa peau devenue d'un bleu fade et malade. Comme une peau meurtrie par de nombreux coups. Des bosses de part et d'autre. Cette créature a perdu tout signe d'humanité. Les os sont parfois apparents, les muscles pendent par-ci et par-là. Monstre de l'oubli, damné, corps torturé et onni des Dieux. Hideuse créature arpentant les terres au nom d'Iss. Un des nombreux affligés composant l'armée du Tourmenteur. L'armée des Élus. Les affligés.
Les sourcils froncés, je sors du bâtiment, laissant l'espion en compagnie de l'affligé. Quelques instants plus tard, un cri étouffé avant le hurlement de ce dernier. Je me poste aux côtés d'une créature, un sourire sadique aux lèvres. L'affligé sort de la tente, du sang coulant sur ce qui lui sert de cou. Une sorte de sourire malsain et brute fend son visage.
« - Un de moins ... Où est-il ? Dis-je. »
M'indiquant une colline détruite, la créature à mes côtés pousse un gémissement s'apparentant à un hurlement de douleur. J'emboîte le pas vers le sommet de la colline, poussant au passage des débris divers. En haut se dresse une silhouette fine et décharnée, ses os ornant son corps squelettique et recouvert de balafre. Sa cage thoracique grossit au fur et à mesure qu'il respire, laissant ses côtes apparaître de temps à autre. De dos, de longs cheveux gris voilent de nombreuses cicatrices recouvrant ses épaules. Malgré mon approche sans bruit, il se retourne, me faisant alors face. Je découvre le visage d'un homme détruit et meurtri par le passé. Portant les stigmates de la guerre. Des traits fins, une balafre parcourant son visage de haut en bas. Les poings serrés, les yeux noirs et perdus. Une veste en mince tissus recouvre son buste, comme vêtu d'un costume, montrant une certaine qualité de noblesse. Aucune arme apparente, hormis une longue lame à sa ceinture. Une peau violacée comme la mienne. Sûrement un exilé, banni pour avoir trahi les siens. Il pose alors sur moi, un regard pervers et inquiétant. Le premier être à me tenir tête depuis mon arrivée sur Pommierdhil. Sûrement est-il fou pour oser cela. Les mains le long de mon corps, j'abaisse doucement la tête vers lui pour le saluer. Je murmure :
« - Qui es-tu ? »
Il fait quelques pas vers moi, avant de poser difficilement un genou à terre, tête baissée devant moi. Mes mains sur mes hanches, je ne comprends pas qui est cet homme. Je reprends, intriguée.
« - Réponds-moi. Qui es-tu ? »
Relevant la tête, il se redresse non sans peine. Du haut de ses deux mètres, son regard timide m'ausculte, passant parfois comme un regard pervers et assoiffé de chair.
« - Je suis ... Karbac ... »
L'homme marque des pauses entre ses phrases. Comme essoufflé, incapable de répondre d'une traite. Il reprend sa respiration difficilement à chaque pause. Je le coupe par un murmure.
« - Le Cauchemar ... Puis il reprend.
- C'est ainsi ... que certains ... me nomment ... Karbac ... le Cauchemar. »
Sa voix est grave et pratiquement dénuée de tout sentiment. J'avais devant moi l'un des hors-la-loi les plus dévastateurs. Recherché pas les Dieux pour haute trahison envers les armées saintes. Je tourne autour de lui doucement, observant sa stature avec curiosité. Comment un tel homme détient-il autant dans ses mains Note : détient quoi entre ses mains ? ? Une fine carrure, un visage simple et timide. Cet être semble incapable de commettre un acte délibéré et dénué de pitié. Pourtant, les écrits parlent du pouvoir dévastateur de la colère pure. Une soif de pouvoir si grande qu'il est impossible de l'assouvir par un quelconque moyen. Ce n'était donc qu'un simple mensonge. Un sourire franc et satisfait, me replaçant devant lui, je lui dis:
« - Comment as-tu pu survivre ici ? Les guerres ont fait rage ... Et ... Pourquoi as-tu demandé à me voir ? »
Son visage se fend en un sourire carnassier, dévoilant des dents pointues. Il se relève péniblement.
« - Nombreuses ... sont les têtes ... tombées .... de ma lame ... Dame Niha. »
Je fais un pas en arrière. Choquée par ses paroles. Il connaît mon nom. Peut-être en sait-il trop. Mais qui est-il exactement pour connaître mon identité. Un soldat tué dans la foulée ? Ou tout simplement un traître ? Karbac semble pourtant franc. Et non enclin à jouer avec le temps. Il sait ce qu'il veut et n'utiliserait aucun moyen, tel la ruse, pour arriver à ses fins. Je reprends :
« - Tu n'as pas répondu à ma question ... »
Les bras croisés sur son torse, grattant brusquement une plaie jonchée de vers et autres insectes.
« - Les terres ... tremblent du réveil ... d'un certain ... Tourmenteur ... »
Ma main se pose sur mon menton. Les yeux songeurs.
« - Mmh. Et tu trouves donc un certain intérêt à côtoyer l'armée du Tourmenteur ? Comme ... La sécurité ? »
Malgré mon sourire sadique et moqueur, il me répond comme si de rien n'était.
« - Dame ... Je puis ... me révéler ... être un allié ... de taille ... »
Toujours aussi inquiète, je poursuis.
« - Je t'écoutes ... Les bras croisés.
- Vous détruisez ... les corps ... Mais moi ... Je détruis ... les âmes ... »
La tête penchée sur le côté, je fixe cet étrange soldat. Intriguée et inquiète à la fois. Je m'apprête à le questionner davantage de façon à en savoir plus, mais peu à peu, mon âme semble quitter mon corps, une étrange présence sombre et malsaine s'immisce en moi. Prenant le contrôle de mon être. Une fois de plus, le Tourmenteur gagne sur moi. Soumise à ma damnation, je reste incapable de la moindre réaction. L'entité contemple Karbac. Elle a sentie en lui un énorme pouvoir, une soif de destruction. Elle prend la parole difficilement. Mon corps rejetant le Tourmenteur, elle me soumet à elle avec violence, me rappelant à chaque instant mon douloureux sort de « vivre » sous ses ordres. Du sang glissant sur ma bouche, découlant d'entre mes lèvres, de mes oreilles, coulant comme des larmes de douleurs.
« - Te voilà ... Enfin ! Le Cauchemar ... »
De nombreux spasmes font sursauter mon corps, miraculeusement maintenu en vie par l'entité. Karbac pousse une sorte de grognement. Il répond après s'être mis à genoux devant Iss :
« - Le temps est venu ... de faire rêver ... Daifen ... »
Son sourire malsain et pervers me fixe de haut en bas, passant sa langue sur ses lèvres, il reprend :
« - Mais avant ... jouons ensemble ... »
Iss dresse un doigt vers lui, comme rageuse.
« - Mon temps est compté ! Tu joueras avec elle plus tard. »
Les membres tremblant, la peur ne me quitte plus, comme poignardant mon être, envahi d'une désolation profonde. Le passé du Tourmenteur ressurgit par à-coups. Des morts, des hurlements. Mais toujours la haine, la colère. Une rage insouciante et infinie. Mille et un tourments, sans fin, qui jamais ne s'arrêtent. L'entité se radoucit à peine, elle poursuit :
« - Quel est ton plus grand pouvoir ? »
La tête penchée sur le côté, Iss reste maître de mon corps et de mes moindres faits et gestes. Karbac esquisse un sourire aux coins de ses lèvres avant de répondre:
« - Je suis ... maître des rêves ... Je les transforme en ... cauchemars ... »
Je souris doucement, comme satisfaite des dires du soldat, Iss répond alors :
« - Parfait ... Les affligés ont besoin de toi. Prend le contrôle de mes armées, mène-les à la victoire et tu goûteras au réel pouvoir ... »
Mes bras se lèvent à l'horizontale, le visage regardant le ciel, ma peau rougie par mon propre sang, souillée par la suprématie d'une rage. Je m'écroule lourdement, sans vie, sur les rochers. Karbac fait quelques pas vers moi, avant de me soulever. La vue encore floue, perdue et ignorante de beaucoup de choses. Il me traîne facilement jusqu'à la tente, les affligés s'abaissant devant lui. Le soldat se retourne vers moi et me prend dans ses bras. Épuisée, je m'accroche à lui et me laisse transporter dans la tente pour être posée sur la couche. Karbac pose ses armes sur la table de bois qui trône au milieu de la pièce puis il se retourne vers moi, s'approchant à grand pas, sa langue passant sur ses lèvres et ses yeux envieux. Ma tête tourne, la douleur s'accentue, la respiration saccadée, un geste perdu, le dernier.
Le noir.
Itchek Niha | 15/05/08 15:03
Une sortie précipitée.
La nuit recouvre les terres de Pommierdhil, les hurlements fendent la nuit, la peur flotte dans l'air. L'affligé progresse doucement parmi les arbres. Son regard scrute les alentours. La forêt laisse place à des souches brûlées, des corps empilés et une terre rougeâtre. Des gouttes glissent doucement sur la peau meurtrie de la créature. Une pluie rouge pourpre. Il pousse un souffle animal vers la lune avant de se diriger vers une tour de garde. D'un souffle grave et souffrant, le garde se retourne et fait signe d'ouvrir la porte. Les hautes barricades s'écartent légèrement. L'affligé entre dans le camp dévasté, lentement, le pas souple et inquiet. Guettant une possible hostilité.
Derrière les remparts tout n'est que ruine et désolation. Les cadavres putréfiés des armées d'Orezbes, Reinmar, d'Ada et du Duc jonchent le sol.
Une poignée de zombies se repaissent bruyamment de la chair des vaincus.
Une silhouette grisâtre reste immobile au sein de ce tableau cauchemardesque.
Une présence cyclopéenne et hurlante s'abat sur l'esprit de l'affligé alors que l'homme vêtu de haillons se retourne sur lui, l'intimant de s'approcher.
L'affligé s'abaisse devant ce Seigneur, tendant vers lui, un parchemin portant quelques traces de sang. L'homme saisit le parchemin, et l'ouvre:
« Seigneur Yggdhrasyl.
Les terres, de Pommierdhil ont étés rasées de tout envahisseur. Le Tourmenteur n'est pas satisfait de la façon dont nous avons exterminé les royaumes ennemis, la simplicité était hélas avec nous. Les aubes étaient rouges et les crépuscules fatals aux ennemis. Les temps de guerre sont terminés. Ne pouvant rester sur Pommierdhil, je fais appel à vous. La localisation de mon royaume ne vous est pas inconnue. Mes troupes rejoindront vos rangs à cette lune-ci. Rasez les constructions et les troupes restantes. Je vous les offre, en gage de notre victoire. Un continent de plus pour la Dimension Opaque, une défaite de plus pour de nombreux Seigneurs, tel le grand Orezbes. Une vengeance accomplie. Les opposants paieront plus tard. Je dois me retirer de Pommierdhil le plus tôt possible. Déchaînez vos troupes sur mon royaume, je vous en serais reconnaissante. Que mes Affligés ne reviennent pas ...
Itchek Niha, envoyée d'Iss le Tourmenteur. »
Yggdhrasyl laissa tomber le parchemin à terre, et fit demi-tour, un sourire carnassier sur le visage.
Derrière lui, les hurlements déments de l'affligé ne tardèrent pas à couvrir les gémissements des zombis qui le dépeçaient.
Itchek Niha | 15/05/08 15:04
Une arrivé des plus foudroyante ...
Calmement je marche.
Je pose un pied devant l'autre, regardant l'eau en dessous de moi. Ma démarche est pourtant calme, sereine. Je ne me précipite pas le moins du monde, mais j'avance, doucement, vers Bonbrutetruandhil.
Au loin les côtes apparaissent. Des mouettes volent près de celles-ci. Quant à moi. Je marche toujours. Chaque pas m'emplit de terreur. Les eaux sous moi ne fléchissent pas. Elles supportent aisément mon poids. Une fois de plus, Iss me montre ses prodiges, sa grandeur. Les bateaux voguent autour de moi. Tous se rendent sur ce continent. Une grande guerre se prépare. Diplomatie, ruse et force seront mes seuls atouts. Le vent se lève, j'écarte les bras pour profiter de sa fraîcheur, je ferme les yeux et me laisse guider. Je sais pertinemment que je n'ai droit à l'erreur. Iss n'hésitera pas à sévir si mes actes lui déplaisent. Je sors de mes songes, je commence à voir le fond de l'eau. Je me rapproche de plus en plus, pour enfin poser le pied sur terre.
Là, des hommes m'attendent. Nombreux, droits et armés. Tous me contemplent avec une certaine inquiétude. J'entends les chuchotis et autres dires, les soldats se questionnent.
« - Seuls les Dieux marchent sur l'eau! »
Je me retourne alors vers celui-ci, la respiration difficile, je marque de nombreuses poses dans mes phrases :
« - Ne prononce ... plus jamais ... une telle insulte !»
Une rage inconnue s'empare de moi, une haine profonde et intense coule en moi, je la sens qui s'approprie chaque parcelle de mon être. Une sensation de chaud me parcourt, des images de destruction apparaissent, le sang coule à flot, les hurlements sont stridents, la peur est omniprésente, le chaos.
D'un geste vif, ma main se dirige vers la nuque du malheureux. Je vois la scène, mais ne peux intervenir, je tiens ce soldat par la gorge, ses mains tentent d'ôter les miennes mais en vain. Ses yeux me supplient de stopper, je ne contrôle plus rien, je sens uniquement mes doigts s'enfoncer dans sa gorge, ses os craquent sous la force puis dans un effort ultime, ses mains cessent et retombent le long de son corps. Mon emprise se relâche, l'homme tombe a terre, inanimé. Il est mort.
C'est alors que des bourrasques de vent se lèvent, violentes et frappantes. Les soldats se protégent comme ils le peuvent, les arbres plient, le sable forme d'étranges silhouettes inquiétantes, de hautes vagues embourbent les bateaux dans le sable. Les eaux se dressent alors autour de nous, le vent a cessé de souffler. Une voix résonne dans ma tête, j'ai repris le contrôle de mon corps, mais mes envies commencent à s'orienter vers la route que m'impose Iss.
Tant de réflexions. Tant de souvenirs qui arpentent les murs glacés de mon esprit. Les Anciens m'ont montré Iss comme une entité dévastatrice mais sa colère et sa haine est quelque part compréhensible. Les êtres vivants tels qu'ils sont, se comportent injustement envers beaucoup. Sortie de mes songes par le vacarme des armures des soldats, je les regarde se protéger de la tempête avec acharnement, ils s'activent comme des fourmis, cherchant désespérément à survivre, alors que leur voie est déjà tracée. Pourquoi se battent-ils s'ils savent que cette bataille sera sûrement leur dernière? L'esprit humain est empli de vices, défauts et autres stupidités. Une inutilité en cache une autre, comme souvent chez les inférieurs.
Je sens Iss s'impatienter, mon corps se crispe, elle s'y immisce sans retenue. Mes bras se lèvent a l'horizontale, elle murmure de faibles paroles. L'entité utilise le langage des Anciens, ses incantations en sont toutes issues. Les nuages noirs s'affolent, le vent souffle plus que jamais, les soldats regardent le ciel inquiets. Ils ne peuvent agir face aux éléments de la nature. Mes pieds quittent le sol progressivement, les incantations résonnent dans ma tête, cela devient insupportable, je saigne à nouveau du nez, mon sang chaud coule sur ma peau froide.
D'un coup, des éclaires descendent du ciel, foudroyant les soldats, sans exception. Ils tombent lourdement au sol, dans un plissement d'armure sourd Tous les corps sont là. Inanimés, brûlés, abîmés, ayant subi la colère du dit Tourmenteur. J'entends Iss qui semble rire, satisfaite d'elle.
Pourquoi a-t-elle mis à mort notre unique armée?
J'incline la tête sur le côté, Iss connaît mes moindres pensés, elle lève les bras doucement de bas en haut, les corps foudroyés et brûlés des soldats se redressent non sans peine. Empoignant leurs armes, Iss a ressuscité chaque soldat. Son plan se dévoile alors. Pour elle, les humains ne sont que de faibles ressources de guerre, en les tuant, elle offre à nos ennemis une armée déjà morte, une armée qui est donc plus résistante et plus efficace.
Itchek Niha | 15/05/08 15:04
[Un rêve révélateur ... ]
L'aube se lève doucement sur BonBruteTruandhil, les corps jonchent le sol, le recouvrant tel un tapis de chair en décomposition. Itchek se tient debout, les bras croisés et le regard confiant. Elle fixe l'horizon, les fumées des différents camps rasés, les flammes embrassant les quelques arbres restants, et le sang en fine pluie s'abattant sur le continent. Karbac attend derrière elle. Semblable à son ombre, il veille. Son visage nettement obscurcit, tandis que ses bras ballant bougent sous les bourrasques assourdissantes du vent. Sa tête inclinée sur le côté, son regard plongé dans le vide, la respiration faible et haletante. Son corps squelettique droit, vêtu d'une fine armure, sa chevelure longue et blanche, particulièrement raide et son expression affolement neutre. Aucun sentiment ne se laisse lire sur son visage, aucune émotion dans le regard. Ni de violence, ni de peur. Karbac ne laisse rien paraître. Froid, juste, incarnant la mort, cherchant une proie, assoiffé de vie et dépourvu de pitié.
Itchek contemple toujours le paysage chaotique, un sourire sur le visage, elle se tourne vers Karbac, abaissant le buste devant lui.
« - Tu as été d'une aide efficace ... Tu seras récompensé ... »
A ces derniers mots, Karbac relève le visage vers l'envoyée, surpris et à la fois plein d'espoir, il poursuit :
« - Je ... Pourrais-je alors ... la revoir ... ? »
Les bras tremblants, la cage thoracique creuse et les yeux humides. Une lueur d'espoir se fait enfin lire en lui, un souffle éternel de vie s'empare de ce guerrier qui autrefois, vivait pleinement chacune des secondes qui lui étaient offertes. Itchek fronce les sourcils avant de rire étrangement.
« - Non ... Non. Zoha ne reviendra pas ... Elle est morte! Fais toi à cette idée. »
Ne faisant preuve que d'une immortelle cruauté, un sourire sadique et carnassier se dessine sur son visage. Karbac se renferme peu à peu, il recule, les mains sur son visage, la respiration saccadée et violente avant de s'effondrer à genoux. Itchek s'en approche à nouveau, pose une main sur l'épaule du malheureux à terre, souffrant, murmurant sa douleur la plus profonde et intense à en mourir. Elle souffle au creux de son oreille :
« - Elle t'affaiblit Karbac ... Sans elle, tu es Maître des rêves ... »
Par un geste violent de rage, Karbac saisit la gorge d'Itchek, la basculant à terre, les dents serrées, la haine au fond des yeux. Il rapproche son visage de celui d'Itchek avant de reprendre :
« - Elle nourrit ... ce que je suis ... Tais toi ! Ne prononce ... plus jamais ... son nom ... »
Acquiescant d'un faible signe de tête, l'envoyée pose une main sur sa gorge, respirant profondément, le regard figé sur Karbac à présent de profil. Elle sourit en voyant le guerrier fermer les yeux avec désolation, satisfaite de son emprise sur lui. Quelques secondes passent avant qu'il ne rouvre les yeux, il se tourne vivement vers Itchek, faisant un signe de tête vers les Affligés présents autour d'eux. Il tend la main vers l'envoyée qui la saisit et se relève d'un geste, les sourcils froncés.
Elle l'interroge:
« - Qu'as-tu vu ? »
L'affolement se lit en Karbac comme un livre ouvert, il reprend faiblement:
« - Regarde ... »
Violement il frappe Itchek au visage qui tombe étourdie ...
~°~
Une forêt, cette forêt. Celle de Argendur, autrefois, elle renfermait un couple d'individus de chaque espèce existante en ce monde. Certaines ont proliféré. D'autres non. Les feuilles des arbres sont d'une beauté terrifiante. La clarté passant à travers les feuilles se révèle aveuglante, tandis que la douce brise qui agite les branches glisse sur mon visage avec une douceur hors du commun. Un sentier apparaît entre les branchages à terre, prise par une pointe d'hésitation, je le suis. Qu'importe où me mènerait il Je n'ai rien à perdre. Les yeux fouillant le sol, à la recherche de ce sentier dissimulé par autant de verdure, un soupir, je relève le regard et aperçois Karbac. Il se tient au sommet d'un rocher, immobile, froid. Il patiente, peut-être m'attend t'il. Avec une certaine appréhension je m'approche de lui, craintive de sa réaction :
« - Karbac ... ? Comment sommes nous arrivés ici ... ? »
Il ne réagit pas, il fixe au loin, des constructions en hauteur d'où émanent d'étranges parfums qui m'étaient totalement inconnus. La peau du guerrier est colorée, vivante, douce, chaude ... Seule son expression reste froide malgré tout. Il respire, paisiblement, calmement. Son regard scrutant cet étrange village. Une main posée sur la garde de son épée, une posture sûre d'elle et confiante. Karbac vit. Un étrange frisson me parcourut, tandis que je l'observe, je sens en moi, un flot d'émotions, mélangeant joie, peur et bonheur. Un tourbillon de sentiments. Ceci ne m'était pas arrivé depuis que le Tourmenteur a vidé en moi, toute parcelle d'humanité.
Je ne peux hélas profiter de ces quelques secondes ... Karbac indique un îlot isolé, trônant au milieu d'un énorme lac resplendissant, scintillant de mille et un feux ... D'ici, le spectacle reste des plus effrayant ... D'étranges créatures volent vers cette île, d'autres nagent et les plus intrigantes disparaissent pour réapparaître de l'autre côté du lac. La végétation surplombe l'île excepté le milieu de l'îlot qui lui, dévoile parfaitement quatre sphères. Je fronce les sourcils après avoir laissé un soupir s'échapper en un souffle. La distance réduit la vision des sphères, je ne peux comprendre exactement ce qu'elles sont.
Karbac se tourne alors vers moi, ce qui m'entoure semble s'arracher au monde, chaque brin d'herbe s'envole pour redevenir poussière parmi l'air autour de nous ... Perdue, je le fixe, il affiche un sourire moqueur avant de me murmurer:
« - Tu rêvais ... »
Je comprends alors le pouvoir de Karbac, il joue avec les sentiments pour en créer de nouveaux. Les rêves ne sont en fait, que nous mêmes dans un monde que nous souhaitons ... Celui qui contrôlera les rêves ne sera autre que l'homme influençant le plus le monde... Les idées se bousculent à nouveau, peu à peu, mon âme s'effrite, laissant place à un pouvoir énorme, à présent à genoux, les mains au sol, les ongles appuyés contre la roche et le sang coulant obstinément de mes narines. Accablée d'un poids énorme, je me relève péniblement, me tenant face à Karbac. Ce dernier s'agenouille devant moi, tête baissée, un bras le long du corps tandis que son autre main s'appuie sur son genou. L'entité se débat en moi pour garder le total contrôle de mon être, elle relève Karbac d'un geste de la main:
« - Comment les mortels peuvent-ils l'arrêter ... ? » souffle t-elle.
L'ignorance se lit sur le visage du guerrier, il ignore totalement la façon dont ces choses peuvent être détruites. Je ne sais ce qu'elles sont, mais le Tourmenteur n'a jamais été aussi préoccupé qu'à ce moment. Les ténébres s'empare de lui, la colère et la rage. Un flot dévastateur qui emporterait tout sur son passage. Les morts comme les non morts. Après quelque seconde, Karbac relève la tête vers le Tourmenteur, mon corps, mon être, le reste de ce que j'étais. Il prend entre ses doigts une fine dague avant de jouer avec puis il reprend:
« - Savez-vous ... ce qu'elles sont ... ? »
Iss secoue la tête de gauche à droite de manière impulsive et désordonnée, Karbac continu alors:
« - Elle ne sont autre ... que les Éléments ... Vos affaires ont ... apparemment ... éveillées des colères ... Ce monde vous rejette ... La Coalition des Éléments ... est née ... »
Karbac se retourne pour faire face à un étrange nuage gris se formant peu à peu dans le ciel, le soupir que laisse s'échapper le guerrier est anormalement froid et dépourvus de sentiments. Le désespoir se lit en lui, comme implorant de laisser le dernier souffle de vie qui l'anime, de disparaître à jamais. Karbac souhaite mourir. L'incompréhension s'empare de moi, ce guerrier est déjà mort, comment et pourquoi désirerait-il ce qui ne peux lui être rendu ... ? Encore une fois, une question n'ayant aucun sens, une question qui martèle mon esprit battu, souillé à vie ... et damné à jamais. L'impatience d'Iss est torturante, d'un signe de la main, elle souffle:
« - Appel les ... »
C'est alors que le visage de Karbac se détend, un sourire malsain et fourbe aux lèvres. Triturant entre ses doigts, une fée forgée dans un métal scintillant, accrochée à une chaîne autour de son cou. Il murmure:
« -Venez mes jolis ... Chien des enfers ... »
A ces mots, des ombres se matérialisent au sol, une vingtaine d'ombres, toutes sortent de nulle part, certaines à même le sol, tandis que d'autre se cachent derrière des arbres, sur des rochers ou même autour de ma jambe gauche. Je sursaute en voyant cette horrible chose à ma jambe, tombant en arrière, m'égratignant les mains, la douleur est là. Iss est partie. D'un geste maladroit, j'essuie le sang séché à mes narines, Karbac s'agenouille prés de moi, un morceau de sa cape entre les doigts, m'essuyant les lèvres délicatement:
« - Le sang attire les chiens ... Fais-y attention ... »
Il se relève rapidement, m'attirant avec lui. Son bras passé autour de ma taille, le guerrier m'aide à refaire mes premiers pas un tant soit peu hésitant et tremblant. Il observe une dernière fois les fumées qui montent dans le ciel obscure avant de se diriger vers les ruines d'un Royaume mis à feu et à sang par les Affligés. Intriguée et perdue:
« -Karbac. Qu'étaient-ce ces quatre sphères ... ? »
Il déglutit difficilement, le regard scrutant les alentours, les ombres nous escortant:
« - Les éléments ... »
Karbac reste fidèle à lui-même, énigmatique. Déterminée à en savoir plus, je poursuis:
« - Karbac ... J'ai besoin de savoir ... Expliques moi ... »
Il s'arrête calmement, me déposant sur un rocher. Il se tient devant moi, les bras croisé.
« - La Coalition des Éléments ... C'est une des plus grande ... puissance que ce monde renferme ... Les fondations de l'existence ... Ce monde se défend ... contre le Tourmenteur ... qui lui ... ne peut pas intervenir directement ... dans cette dimension ... Tu es ... sa porte ... »
Aux derniers mots du guerrier, je comprend alors que mon triste sort ne s'arrêtera jamais. Je suis damnée, prisonnière des tourments, du mal, de la fin. Je suis elle. L'avenir de Daifen repose donc sur la Coalition.
Quelque mince seconde de réflexion censée, avant qu'Iss ne reprenne partiellement possession de moi, mes songes ne doivent pas vagabonder aussi loin, ils ne peuvent pas. Ils ne peuvent plus. Je me relève, mes faiblesses n'étant plus. Je reprends d'un ton ferme:
« - Et ... J'imagine que tu as une idée pour les arrêter ? »
Le guerrier sourit obstinément, il murmure ensuite:
« - Tout le monde rêve ... »
Itchek Niha | 15/05/08 15:05
[Appel aux résistants ...]
Jour I:
Il entre, soupir, les mains sur les hanches creusées. Le regard froid et désintéressé de son avenir. Quelque pas en avant, un coup de pied en arrière, la porte claque. Une bouteille puis une autre. Elles recouvrent les tables, rebords et meubles, tapissant le taudis d'étranges reflets sur les murs, le sol et le plafond. Il s'affale, une bouteille en main, sa pipe dans l'autre, le culot porté aux lèvres, il boit. A grandes gorgés, jusqu'à en perdre la tête. Un râle de mécontentement, quelques habituels jurons, le craquement du planché avant le vacarme du verre brisé. Une vague d'espoirs et d'illusions, le plus grand matelot des mers s'endort pour une vie meilleure.
~°~
Jour II:
Il entre, un nouveau soupir, les mains soutenant ses côtes. Le regard vide, dépourvus de vie. Quelque pas en avant, un coup de pieds en arrière, la porte claque. Toujours ses bouteilles vides emplissant la pièce de couleurs lumineuses. Le corps cadavérique du jeune homme affalé sur une loque lui servant de lit, des draps en lambeau. Un accoutrement digne d'un pauvre noble et une dégaine négligée comme un arbre après la tempête. Il fixe le plafond troué, les étoiles rayonnent à travers celui-ci. Ce soir, il sera Seigneur d'un grand Royaume, époux de la plus belle des créatures, l'argent.
~°~
Jour III:
Ses pas raisonnent, son souffle suffoque tandis que son moral s'évapore. Il souffre. La respiration difficile, les yeux humides, l'envie inexistante. Les mains dans les poches trouées, obsédé par ses bouteilles, quelque pas en avant, un coups de pieds en arrière. Une bouteille en main, il se jette sur son lit, boit quelque gorgées puis s'arrête. Quelque chose n'était pas comme d'habitude. Comme toutes ses soirées où il rentre saoul, toutes celles qui le meurtrissent un peu plus chaque jour ... La porte ...
Il se rehausse dans son lit, le dos tourné à la porte puis il souffle:
« -Qui êtes vous, et que venez vous faire chez moi ... ? »
Il attend quelque interminable seconde avant de se décider. Il se retourne et découvre une garde d'elfes. Plusieurs d'entre eux portent de fines armures dorées, leurs cheveux long et lisses, leurs statures fines et athlétiques, sans oublier une longue épée forgée dans un métal blanc. L'un d'entre eux s'appui sur l'encadrement du taudis, les autres patientent dehors et le dernier le fixe les bras croisés. Il se décide enfin à lui répondre.
« -Bonsoir Monsieur Tew. Vous vous questionnez sans doute sur la raison de notre venu ici, chez vous. »
Le saoulard se tourne, saisissant une autre bouteille, il l'a porte à se lèvres pour y boire goulûment. Quelque gorgés passent avant qu'il ne réponde d'un ton sec:
« -Le Trône de Tchi. Ici ? Et ... Que me vaut cet honneur ? Ne suis-je donc pas un traître à vos yeux! »
Sur ces derniers mots il jette la bouteille au pieds de l'elfe, cette dernière se brise sans que le soldat n'ait bougé. Le regard enragé du traître et celui dégoûté du soldat. Ce dernier sort de sa manche un parchemin soigneusement enroulé, il le tend a l'ivrogne à contrecoeur, comme si cela n'était pas sa volonté. Le saoulard fait un vague signe de la main en l'air:
« -Lisez donc ... »
Le soldat replis son bras, ouvrant paisiblement le parchemin, il pose son regard dessus, déchiffrant difficilement les premières lettres, effacées par les intempéries.
« - A l'intention de Monsieur Tew. Les années ont passées mon cher ami, l'eau et le sang ont coulés à flot depuis votre départ. Peut-être le Trône a t'il faillit cette fois-ci. Nommer de traître son meilleur Chevalier. Les conspirations ont réussies à votre égard. Je ne vous implorerais point. Mais je demande votre aide. Une plus grand menace plane autour de nous. La Coalition des Éléments a été réalisée. Tous unis. Nous recherchons en cet instant, les meilleurs éléments que notre monde ai put nous offrir. Et vous en êtes. Vous. Chevalier Tew. Acceptez ma demande et recevez le pardon. Regagnez votre place parmi vos étendards, vos hommes et votre dignité. Une garde elfique vous accompagnera jusqu'à votre Cité en Archan. Vos armes et hommes vous attendent là-bas. Cordialement, l'Empereur. »
L'elfe replis le parchemin, son regard posé sur Tew. Il attend une réponse, un signe. Tew se lève, ajustant ses loques, il soupir puis reprend faiblement.
« -Allons en Archan ... »
Itchek Niha | 15/05/08 15:05
[Retrouvailles ...]
Après deux jours de cheval, Archan apparaît au loin. Ses hautes tours, ses donjons, ses remparts fortifiés et ses fumées ... La Cité avait subit de nombreuses attaques, mais elle était encore debout et seul cela comptait. Le jour où Archan serait à terre, la Coalition n'aurait d'autre choix que de proclamer sa défaite. Arrivé dans les rues de la Cité, le peuple chantonne des airs de victoires, de renaissance. La Cité revit, elle qui, depuis le départ du Chevalier, s'était engouffrée dans un silence de mort. La place public est restée tel que dans ses souvenirs. Tew fait glisser sa main sur les murs en pierres de sa Cité. Elle qui lui manquait tant. Il l'a retrouve enfin. Devant la statut de l'Empereur au milieu de la place, plusieurs guerriers attendent Tew en l'observant joyeusement. Enfin la Coalition pourra mener cette guerre avec à sa tête, le Chevalier le plus honorable de la Cité.
Après de longue et interminable salutation, Tew s'isole de cette foule pour se rendre sur les remparts de la Cité. Une femme, apparemment une elfe, est assise sur le rebord, les jambes étendue dans le vide, protégée par une fine armure. Le Chevalier s'en approche silencieusement puis il prend place aux côtés de l'elfe, déposant une main sur la cuisse de la jeune fille. Un bandeau sur les yeux, elle se contente de lever la tête et d'afficher un sourire radieux. Tout en la fixant:
« -Te revoilà Zephraness ... Après tant d'années ... J'ai eu peur que tu m'ais oubliée ... »
Elle affiche une mine triste, se lève et fait quelque pas, une canne menant ses jambes hésitantes. Tew la rejoint pour lui saisir le bras et ainsi la guider vers la statut. De nouvelles personnes y sont arrivées. Notamment un géant de pierre, dont les pas raisonnent comme un éboulement de montagne.
« -Mon cher ami Godrok! Comment te portes tu ? »
Le géant se retourne vers Tew, une sorte de crevasse s'ouvre sur le roc qui lui sert de visage, ainsi formant un sourire peu accueillant. Une voix d'outre-tombe sort de ce gouffre béant:
« -Chevalier Tew. C'est un plaisir mon ami ... »
L'humain sourit en guise de réponse. Il aperçoit indistinctement dans le ciel, une créature étrange, mi-homme, mi-oiseau. Un bras devant les yeux, les rayons du soleil plus éblouissant que jamais. Un battement d'ailes, des bourrasques de vent projetant du sable dans les yeux des êtres présents. L'ombre de la créature sur les pavés de la place. Un Alan. Habitant des forets, un des derniers survivants de sa race. Cette espèce si gracieuse, si combattante et déterminée. L'Alan adresse une courtoise révérence devant Tew, un genou à terre:
« - Mon Seigneur. Les forces Alan sont à votre disposition. Pour l'honneur ... »
Le Chevalier pose une main sur l'épaule de l'étrange créature, soufflant un mince merci. L'Alan présent n'était autre qu'Alliam Tetroï, roi des forets, messie des peuples dépourvus. Un être plus qu'honorable par sa générosité, son savoir, mais aussi sa soif de justice. Un combattant du bien, au service de la Coalition. Il n'apportait autre que des corps qui périront sous le poids du Tourmenteur.
Quelque minute plus tard, des sabots frappent le sol, des cors de parade retentissent. De fines pointes apparaissent. Peu à peu, des élans de taille impressionnante, armés lourdement, s'approchent. Les Hodag, fascinante créature. Des pointes hérissées sur le dos, menaçante et défensives. Le regard dur et sans pitié. L'un d'entre eux se détache alors du groupe arrêté à une dizaine de mètres des êtres humains.
« - Monsieur Tew ... »
L'animal semble haineux et mauvais, les yeux noirs et vides, il renifle le Chevalier obstinément avant de se redresser et de pousser un hurlement animal. Les autres Élans baissent alors leurs lances et autre armes. Le Hodag s'abaisse devant Tew en signe de respect avant de reprendre en murmurant:
« - Pour la Coalition ... »
L'humain sourit. La Coalition réunit à elle seule, une des plus imposante armées jamais crée. Toutes les races, toutes les civilisations, unies pour défendre leur propre monde. Beaucoup n'ignorent pas que cette épopée, sera sans doute la dernière. Une des plus grande bataille qu'il n'eu jamais existée ...
Le chevalier grimpe sur le socle de la statut, agitant les bras pour demander le silence. Enfin regagné, il se racle la gorge:
« - Guerriers de la Coalition! Comme beaucoup d'entre vous le savent. Une guerre se prépare. Je ne vous garantis pas votre retour. Au contraire. Ceci sera sans doute, notre dernière bataille. Cependant! Nous ne pouvons pas disparaître sans nous battre! Battons nous pour ce que nous avons mis tant de temps à bâtir. Pour ceux que nous aimons! Et pour la Coalition! »
Sur ces derniers mots, les armes sont levées en l'air, les hurlements animaux raisonnent. Des centaines de milliers de guerriers prés à ce battre. La rage au fond des yeux et la détermination à son comble. Tew reprend pour lui-même:
« - Maintenant! Allons chercher Yophen ... »
Itchek Niha | 15/05/08 15:07
La suite bientôt ...
La totalité des RPs de la Dimension Opaque se trouvent sur le forum de l'ordre :
Itchek.
Dante Onkull | 17/05/08 00:03
Rek'Laken Furiosodemonis | 17/05/08 03:36
Et oui, il y a des choses qui ne s'oublient jamais.
Edité par Rek'Laken Furiosodemonis le 17/05/08 à 03:36


