Forum - [Séquence "On fait du tri" ] Lettre au lieutenant.

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Terfanae De Caledon | 18/05/08 20:16

Lettre au lieutenant.
Cannedhil, lune 737 .

Eldrad,

Me voilà devant un parchemin d'une blancheur effrayante, armée -pour une fois- d'une seule plume violette dégoulinante d'encre bleue. J'ai demandé un verre de liqueur. Le serviteur qui me l'a apporté tremble de tous ses membres. J'ai une telle soif! Je sens son sang palpiter dans ses veines, mais il empeste la peur. Tous mes serviteurs à présent ont peur d'entrer dans mon bureau et je les soupçonne de se battre pour ne pas venir, ils m'envoient donc les plus vieux, pensant certainement qu'après tout, eux, ont « fini » leur vie. C'est étrange pourtant car je n'ai jamais bu une seule goutte de sang de mes sujets.
Mes guerriers, eux, n'ont aucune crainte et j'ai bien l'impression de déceler chez certains une fierté vaguement et difficilement dissimulée de se battre à mes cotés. Mes elfes de Caledon sont ainsi! Ils aiment inspirer la terreur. Rien à voir avec ces vulgaires elfes sylvains tout juste bons à chantonner dans la nature, à communier avec les arbres et à parler aux fleurs. Ils n'ont rien à voir à part la pointe à leurs oreilles avec nous autres, elfes de Caledon.
Mes guerriers sont fiers, forts et prêt à trancher dans le vif par un élégant coup d'épée.

Ca fait bien longtemps que je ne t'ai pas vu, quelques centaines de lunes n'est ce pas? Si tu apparaissais devant moi aujourd'hui, tu ne trouverais rien de l'elfe que tu as connu, à part son physique.
A l'époque je me croyais amoureuse, mais en définitive il n'en était rien. J'étais certainement plus possessive, avec un goût prononcé à l'attachement. Mais c'était un attachement que l'on accorde à un objet et non pas à une personne. En revanche la jalousie que j'éprouvais était très forte. Aujourd'hui, il n'en reste rien. J'ai toujours un fort attachement pour quelques objets que j'ai entassés dans mes salles de trésors, voir pour l'arme qui pend à ma ceinture, mais je sais aussi que je n'ai pas de sentiments pour les humains. Ou les elfes... Ou peu importe.
Je le sais pour l'avoir expérimenté sur Elladan.
Elladan, ce nom n'a pas , j'espère, totalement disparu de ta mémoire? Il s'agit bien de ton fils!

Il est vrai cependant qu'à part quelques traits physiques, ton absence est marquée par le peu de points communs que vous partagez lui et toi. Il a tout de moi. Ou presque.
Sa peau bleutée est mat, comme la tienne l'était. Ses cheveux bien que violets sont presque noirs comme l'étaient les tiens. En revanche, il possède la carrure massive de mon peuple. Grand, musclé, fort . On sent la puissance de sa force dans chacun de ses mouvements. Enfin... On sentait.
Oui, je parle au passé parce qu'aujourd'hui, il n'est plus qu'un guerrier comateux. Un être fort réduit à l'état de légume. Il est là, couché sur sa paillasse, les yeux autrefois vifs et gris sont clos, sans mouvements. Sa poitrine se soulève difficilement mais régulièrement. En revanche sur son abdomen on discerne ce qui fut un trou béant. Mes médecins, bien qu'extrêmement doués pour soigner les blessures infligées par les armes n'ont pu qu'éviter sa mort. Il faut dire que le drow qui l'a empalé sur son épée n'y est pas allé de main morte.
Mes médecins ont administré à notre fils toutes sortes de plantes diverses et variées, en intervalle régulier afin de vérifier qu'une réponse au traitement émanait de ce corps presque mort. En vain.
Mes mages ont tenté de lui insuffler une seconde vie, mais je dois admettre qu'ils sont bien plus doués pour tuer que pour guérir.
Et encore...
Mes derniers continents, depuis Ouverdhil sont des échecs. Peut être devrai je les limoger. Penses tu que leurs pouvoirs seraient aspirés et injectés en moi par leur sang? Non, je doute... C'était une question bien stupide et en plus inutile. Car de la magie, j'en connais certainement plus qu'eux, ce qui revient à faire de leur fonction de bêtes et amoindris avatars de...de moi même?
De mes guerriers, j'en suis plutôt fière. Ils sont serviables à souhait et toujours aussi impressionnant. Bien que ma condition elfique fût quelque peu ébranlée par ma nouvelle vie, je n'aspire pas à modifier la race de mes sujets. Je les aime ainsi: avec leurs yeux perçants et vifs à la lumière, leurs peaux chaudes et souples. J'aime sentir leur sang affluer dans leurs veines et humer leur peur primaire face au danger.
N'empêche que depuis Ouverdhil , je ne fais que errer de continent en continent.
Mais je suis chargée d'un nouveau fardeau depuis quelques temps. Ce fardeau est notre fils. Cet être végétatif sans sursaut de vie.
L'ai je aimé? Je l'ignore. J'ignore même si je suis capable de mettre une définition sur ce mot. L'amour. Quel étrange concept n'est ce pas? Il s'agit d'une affection pour un être ou un objet. J'affectionne la présence de notre fils, son souffle et son odeur. Mais je dois être une mère bien indigne pour l'avoir envoyé autrefois à la guerre contre mon ennemi -depuis il fut abattu- de toujours.
Oui , j'ai été en guerre contre lui. Ou plutôt il est venu m'affronter aux portes de Ferumdum.
Il fut mis en déroute, mais notre fils le fut aussi, si je puis dire.

Mais à qui la faute si Elladan préféra prendre les armes que de se mettre bien au chaud à l'abri dans mon château froid et humide? A toi je dirai! (Ne m'en veux pas) Mais après tout, tu fus absent et tu n'as donc pas pu lui montrer qu'une autre voie que la guerre, le sang et tous ces genres de choses était possible.
Après tout, pouvais je faire l'hypocrite et lui dire « non Elladan, la guerre, le sang, tuer, sont des choses bien viles et bien inutiles en ce monde! » alors que j'affectionne (nous y revoilà!) tant ceci. Je crois que sans fait d'armes aussi grandiose que les campagnes sanglantes, je serais retournée vers le royaume où l'on m'a consacré reine à la mort de mon père et je me serai contentée d'exécutions sommaires de malheureux que l'on aurait emprisonnés pour avoir , par le plus grand des hasards mis pieds en Caledon.
Tu me trouves inhumaine? Je le suis, il faut l'avouer. Je n'en ai aucun regret, mais parfois je me dis qu'il doit être bon d'apprécier le sens moral, d'apprécier les bonnes actions que l'on se complet à se remémorer dans son lit avant de fermer les yeux et de s'endormir le sourire aux lèvres d'avoir « si bien fait ».
Je ne suis pas ainsi.

Elladan n'était pas ainsi non plus.

Elladan avait, comme tout enfant, mimer son exemple. Et l'exemple d'un enfant est son parent le plus proche. Tu n'étais pas là, il a donc calqué ses actes sur les miens mais malheureusement il n'avait pas encore assez de force, de rage, de haine pour s'en sortir et le voici sur son lit à dormir d'un sommeil sans rêves, sans pensées. Pas même d'un rêve érotique que les jeunes hommes de son age font souvent. Non, lui, notre fils, se contente d'être. Il est. Juste physiquement.

Je t'écris donc aujourd'hui, de cette plume revêche pour te dire sans ambiguïté que je te renvois ton fils. Non, je ne le renie pas. Mais mes médecins et mes mages sont à présent sans ressource aucune pour le sortir de son état léthargique et aujourd'hui, je te demande donc une faveur: trouve un remède. Ou n'en trouves pas. Mais veille sur lui car ceci, je ne puis le faire. Je ne suis pas apte à le faire.
Quelle piètre mère je fais : Elladan est à présent un légume et mon second fils est caché loin de son père, Magnus. Mais j'aurai du m'en douter: je ne suis pas faite pour avoir des enfants.
Aujourd'hui, j'aspire juste à être la digne représentante d'Hergoshyr. Etrangement, lorsque j'écris ce nom, je ressens une certaine affection pour mon ravisseur d'autrefois. Je dois dire que je me sens bien sous son aile maléfique et perfide.

Non, ne te pose pas la question, je suis bien encore une Hordelle et j'en suis fière, mais je ne peux renier ma propre histoire, celle qui m'est par définition personnelle et qui n'inclut aucunement qui que ce soit d'autre.
Au fait, savais tu que je fus adopter par Xune? Oui, Xune Syphonn . Oui, je suis sa fille vampirique. Et je fus intégrée à la famille Syphonn lors du retour de Morrdred. Il m'a reconnue comme étant des leurs et me voici donc à présent avec 4 bannières collées à mes basques: la horde que je ne quitterai pas, Hergoshyr, les Syphonn a qui je tenterai de faire honneur et la mienne, mon royaume propre et le pouvoir dont je suis avide.

Bref, Eldrad, cette lettre qui semble interminable se retrouve entre tes mains alors que ton fils vogue actuellement vers Dame Iryanna.

Cordialement,

Terfanae de Caledon, Hordelle, fille Syphoon

Edité par Terfanae De Caledon le 19/05/08 à 11:02

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