Forum - [l'apostolat de la raison] On change de main.

Cerbère | 29/05/08 18:13

- NON ! cria une voix lointaine.

L'homme abattit la pioche sur la pierre devant lui, le temps d'une étincelle. L'air prit feu autour de lui. Puis la déflagration. Il fut projeté vers le sol sans même une douleur. Noir.

La salle s'effondra sur elle même. La déflagration se propagea dans toute la mine. L'entrée sur la colline cracha un dernier nuage sombre de poussière et se referma.

* * *

Le cheval trottinait doucement dans les rues de la ville des Oublis. L'homme sur son dos, en armure intégrale, regardait déjà l'entrée du manoir s'approcher doucement. Arrivé en bas des marches, un oubli l'attendait. Le général glissa de son assise ajustant sa prise sur le rapport qu'il tenait et salua l'oubli d'un signe de tête. Ce dernier répondit de même et pris le cheval par les renes.
L'homme se tourna alors vers la double porte d'entrée et gravit les marches accompagné des cliquetis de son armure. Il y avait toujours ce contraste entre la ville bruyante de vie dans la plaine et le manoir sombre de silence. Il pénétra dans le hall éclairé par la lumière que les portes laissaient entrer. L'escalier menant à l'étage lui faisait face. Le général inspira profondément, semblant vouloir récupérer le peu de courage que lui inspirait ce lieu dans l'air ambiant, et débuta l'ascension des dernières marches le séparant du bureau du Comte de l'Oubli.
Alors qu'il atteignait le palier du première étage il leva la tête sur un oubli qui semblait occupé à nettoyer l'immense tapis finement tressé ornant le sol de la coursive parcourant le premier étage et se terminant dans l'escalier. Ce dernier se redressa et s'inclina. Le général répondit de même, mais alors qu'il se dirigeait vers le bureau de Cerbère, l'oubli l'arrêta.

- Je ne crois pas que se soit le moment, Sire. Lança-t-il.
- Le Comte serait-il absent ? Demanda alors le général se retournant.
- Non, bien au contraire, commença l'oubli. Il est bien là, mais je crains que vous alliez parler à un mur.
- Un mur ? questionna l'homme surpris, jetant un bref coup d'oeil au rapport qu'il tenait à la main.
- En effet, continua l'oubli. Sieur Cerbère ne semble plus vouloir parler à qui que se soit depuis cette nuit.
- En avez-vous la raison ? Lança le gradé.
- Il a reçu un paquet à ce qu'on dit, repris l'ombre. Une femme de La Garde est passé, tard dans la nuit, le lui apporter. Et il semblerait que ce qu'il contenait à fortement déplu au comte, Sieur.
- Mais...savez vous ce qu'il contenait ? Hasarda le général.

L'oubli soupira et après un regard autour de lui, il murmura :

- D'après le peu de gens qui ont pénétré dans la salle et qui ont entendu la discutions et la furie du comte, il semble que cela concerne le contrat sur le nain que l'on nomme Duc de l'Ota...de l'Otu...je ne sais plus.
- De l'Uto ? avança le gradé.
- Oui c'est cela, repris l'ombre.

Le générale soupira à son tour avant d'ajouter :

- Je ne pense qu'aggraver la situation avec les nouvelles que je lui apporte.
- Pauvre Comte, finit par murmurer l'oubli. D'abord cette femme, puis ce contrat, et vous. Il traverse une dure période. Avec ça jambe en plus...

Le général posa un regard surpris sur l'ombre avant de le couper :

- Qu'entendez vous par là ?
- Cela fait quelque temps que la douleur semble devenir insupportable pour le Comte, commença l'oubli. Il se cache, mais nous savons très bien qu'il boit beaucoup et qu'il prend des produits bien mauvais pour sa santé et son mentale. Il souffre beaucoup trop. Il ne mérite pas cela. Sa jambe n'est que le reflet de la souffrance qu'il endure au fond de lui. Son passé le rattrape, ses démons le hantent. D'abord il y a eut cette femme, qu'il a croisé en taverne, il ne l'avait pas vu depuis des lunes et des lunes, ça l'a bouleversé. Lorsqu'il est revenu au manoir, il semblait avoir croisé le plus horrible de ses démons. Puis ce contrat maudit sur ce Duc de l'Uto. Et enfin vous qui ne lui apportez que des mauvaises nouvelles en plus...

Le reste fut inaudible pour l'homme. L'oubli s'était retourné afin de reprendre son travail et semblait vouloir continuer sa discussion avec le tapis.
Le général saisit son rapport fermement et revenant face à la porte massive du bureau de Cerbère, il frappa un coup et entra.

Sehan Valentine | 29/05/08 20:33

Agréable lecture Messire.

J'attends la suite.

Edité par Sehan Valentine le 29/05/08 à 20:33

Eigoel Nahb | 07/06/08 11:31

Moi aussi !