Forum - [Cinquième Baal] Le chapitre auquel qu'on a pas donné de titre.

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Althâr Anthâar | 18/06/08 17:34

Le bruit résonne comme un coup de tonnerre au-dessus d'un océan de calme. Surprenant, inattendu, il n'en n'est que plus terrifiant. Les échos métalliques se prolongent longuement dans la clairière, suivis d'un son d'abord grinçant, puis mou et désagréable. Le gémissement qui le suit flotte un instant, avant qu'un fracas impressionnant ne vienne le couvrir. Du silence, un temps, puis des grincements cadencés aux effluves de fer. Connaissez-vous le chant du prisonnier ? Eh bien c'est à peu près ça, mais pendant qu'il se gargarise, le prisonnier.
Le silence, encore. Il reprend ses droits sur la clairière en même temps que la nature : bruissement des feuilles, chant des oiseaux, pousse de l'herbe, murmure de quelque ruisseau, des animaux, aussi, et puis, et puis, cet ahanement irrégulier qui déchire l'harmonie. Un halètement qui s'accélère, ralentit, de façon erratique, dans une course à laquelle se mêlent des pleurs et des reniflements, composant la chanson complexe et merveilleuse de la vie gisante qui hésite entre une agonie lente et une survie malhabile.

Soudain, un son discordant, un air donné d'une voix fausse et mal placée :

« Always look on the bright side of life... »

L'intrus, guilleret, pénètre dans la clairière. Il se dirige sans hésiter vers la source de la divine comédie. Le sourire de la créature s'agrandit encore. Elle n'a rien d'humain, ou, au contraire, elle possède juste le strict nécessaire de plus qu'humain qui dérangerait tout observateur aiguisé. Ainsi, ses yeux trop rouges ou bien les pointes discrètes qui percent sous son front trahissent sa nature. De même que ses traces de pas, où l'herbe se racornit, puis brûle avant de laisser place à des cendres.
Pire, sa silhouette, à vrai dire, est floue. Ses contours semblent mal tracés dans l'air, comme si le dessinateur divin n'avait pas encore décidé quelle forme il allait donner à sa nouvelle esquisse. Ainsi, comme les traits de crayon s'effacent, changent, se déforment sous la gomme et le nouveau projet, l'être varie. Littéralement, il déborde parfois de lui-même, laissant voir une créature démesurément grande et à la luisante puissance, parfois il se rencogne, diminue jusqu'à n'être plus qu'une ombre, mais une ombre maléfique, pleine de malveillance, une ombre qu'il ne fait pas bon contempler trop longtemps. Et puis, d'autres fois, il rayonne, s'agrandit et se métamorphose en un ange étrange, aux yeux tristes et profonds, qui regretterait une faute.

Cependant, sous ses aspects mouvants, la créature revêt une apparence simple : celle d'un démon peu élevé dans la hiérarchie maligne. Un démon au sourire éclatant, portant, dans la main droite, une coquille d'huître. La coquille est banale, tout ce qu'il y a de plus commun, sans même la trace infime d'une éventuelle et ridiculement petite perle. Il faut même supposer que l'huître est passée de vie à repas avant que la coquille n'atterrisse entre ses mains. L'unique chose qui la distingue des autres coquilles d'huîtres, qui ne demandent rien d'autre qu'à faire paisiblement leurs vies d'huîtres, accrochées à un rocher sans âge, sont ses bords effilés. Très effilés. Voire tranchants. Et un peu rougis, aussi. Carmins. Sanguins, presque.

Baal se penche auprès du paladin tombé au combat contre un surnombre de danseur de guerre. Surnombre provoqué par le simple fait que le danseur de guerre porte deux épées, là où le paladin, du moins quand il n'est pas trop avancé sur son plan de carrière, n'en porte qu'une. C'est pour cette précise raison que nous n'avons pas accordé le mot « danseur » en nombre. Aussi, Ratatouille246 voit d'un oeil pas très réjoui le démon se pencher sur lui. Son meujeu lui en avait pourtant parlé : il ne faut pas jouer tout seul dans le coin, y'a des persos violents qui se baladent. Y paraîtrait même que deux d'entre eux ont rasé une ville pour sauver une putain, ou vont le faire dans un futur proche, il ne sait plus. Faut se promener à plusieurs. Et lourdement armé. Avec un cheval. Rapide, de préférence, le cheval.

Bref, alors que vous me lisez dans mon soliloque, Ratatouille246 se trouve proprement égorgé par Baal et sa coquille d'huître. Voici d'ailleurs l'âme du brave paladin qui s'élève.

« Pourquoi une coquille d'huître ? » Demande-t-il

-Tu trépassais au mauvais... Pardon ? Baal s'interrompt, surpris, d'habitude les béjaunes demandent d'abord "Pourquoi moi ?"

-Pourquoi une coquille d'huître ? Même mon pote Bernard n'est pas assez taré pour se battre avec une coquille d'huître. Et pourtant, il est complètement...

-C'est bon, c'est bon, j'ai compris l'idée générale. Baal l'arrête d'un geste impérieux de la main. Ben, en fait... C'est une longue histoire. [Tu blagues là j'espère ?] [Ben non, attend, on a quand même six cent soixante six âmes à expliquer.] [Six cent soix... Toutes ?] [Ben ouais, on a assez joué avec l'ellipse narrative comme ça, tu ne trouves pas ?] [On va perdre tout le monde, t'es barré !] [Mais...] [Laisse, j'ai une idée.] [Mauvais signe.] [Regarde...] [Lis.] [Lis et apprend, gamin.] En fait, je marchais sur la plage après une déconvenue des plus tragiques qui m'est survenue alors que je tentais de négocier avec un rustre des plus malpolis afin qu'il s'accorde avec moi et m'offre un certain quota d'âmes -vous ai-je dit que mon avocat démon Typiton y a laissé la vie- de façon à ce que je rejoigne les royaumes infernaux où je pourrais récupérer ma feuille de perso et répartir les [Attend !] [Pardon ?] [Le dis pas, pense à tous les joueurs ! C'est indécent.] [Exact.] points d'xp que j'ai en rabe. Et je dois en avoir un sacré paquet maintenant ! Regarde comme je grésille ! Or donc sur cette plage je marchais, les yeux penchés vers mes pensées, sans rien voir au-dehors, ni l'or du soir qui tombe descendant vers Harfleur, ni les [Hem hem.] vagues. C'est alors que j'eus faim. Je me précipitai à toutes jambes vers la grève où je découvrai un rocher et quelques huîtres. Elles me firent un repas assez sympathique, ma foi. Cela variait de l'ordinaire. [Toi, tu sais plus ce que tu dois raconter.] Cependant, ce repas fut émaillé d'une péripétie peu commune : je me coupai la main sur les bords de l'une d'entre elles en tentant de l'ouvrir. [Owned noob !] [STFU.] L'idée a donc germé en moi : trouver les agonisants et les finir à grands coups d'huîtres enfin, à petits moulinets calcaires... C'est chié, non ?

-Vous êtes le plus taré des tarés que...

-Et vous ma six cent soixante-cinquième âme. » Coupe court Baal en l'empochant.

La nature gronde contre ce rassemblement d'xp totalement illégal, qui risque à tout moment -il suffirait que Baal meure- de former un vortex qui noierait le monde, puis finalement elle se tait, résignée.
Le démon se retourne et fait un pas vers une direction quelconque, sachant pertinemment que tous les chemins mènent à Mort. Et donc aux agonisants.

Une petite précision ici avant d'aller plus loin. Il est admis dans le pacte de lecture que le monde que nous décrivons ici n'est absolument pas soumis aux règles de la physique tel que l'est le vôtre. Aussi ne serait-il pas surprenant de voir des cochons voler, des poules avec des dents et la pluie tomber à l'envers. Cependant, et les auteurs vous prient de bien les en vouloir excuser, il est une loi que notre force n'arrive pas à retenir : la loi de Murphy. Veuillez donc bien nous excuser, mais c'est pourquoi il est logique, purement et simplement logique, qu'un râteau se trouva là, les dents en l'air, posé, paisiblement et l'air quelconque, attendant juste le...

« Mais quel est l'abruti qui laisse traîner des choses pareilles dans un bois ! » La voix de Baal déchire l'espace tandis qu'il se masse le nez.

[Hem ?] [Bon, oui.]

Déchire littéralement l'espace, provoquant une rupture dimensionnelle assez amusante dont les effets seront décris plus tard. Sachez seulement qu'elle fait jouer des contrebasses, un camion bleu, une bonne cinquantaine de manchots, un léopard gris des neiges et un informaticien.

Pendant ce temps-là, précidément,, Althâr se promène sur le champ de bataille, au milieu de ses troupes mortes vivantes qui ont bien du mal à exécuter son ordre à la lettre : ne tuer personne. Ou en tout cas veiller à ce que ceux qui se sont trouvés sur le chemin du nain ne trépassent pas suite aux coups de ce dernier. Althâr, parmi tous ses défauts, est loin d'être stupide. Depuis que Baal est venu le trouver voilà quelques semaines, il n'a eu de cesse de scruter plusieurs plans de conscience afin d'examiner si celui-ci avançait dans ses menées, et son inquiétude a grandi tant et si bien qu'à la fin, il a décidé de venir en personne marcher parmi ses troupes pour...

...soigner les blessés.

Il sait très bien que Baal le suit à la trace, tel le putride charognard qu'il est, achevant les mourants d'un coup de coquille d'huître. Mais malgré tous les pièges que l'alchimiste peut poser pour empêcher le démon de poursuivre son oeuvre, rien ne semble être capable d'arrêter la marche implacable de l'adversaire rampant.

Aussi Althâr « le destructeur de mondes » Antâar se retrouve à empêcher un paladin de défunter sobrement des suites de ses blessures. Par la même occasion, il découvre tout un pan de magie qu'il ne connaissait pas bien. Réparation des tissus, re-modélisation des muscles, reconstruction des organes internes, soins des blessures extrêmes, dans des conditions assez amusantes, parfois. Ainsi, pas plus tard qu'à l'instant, il s'évertue à remettre en place la tête d'un commandant humain qu'une harpie avait distraitement presque décapité, sans faire exprès, en fait, quelques instants plus tôt.

« Mais pourquoi ? Balbutie un soldat à qui Althâr vient de replacer le pied droit à la place du coude gauche, par accident. Pourquoi tant de haine ?

-Pour empêcher la fin du monde, mon garçon, tout simplement. Vois-tu, un soir de déprime, quand la lune était basse et les nuages noirs, quand mes pensées, aussi lourdes que le ciel, tournaient étrangement sur elles-mêmes et que sourdaient en moi des idées nauséeuses de suicide et de massacre, quand la température chutait bien sous zéro, j'ai voulu trouver refuge et chaleur humaine dans un estaminet qui m'avait l'air paisible. J'y voulus déposer mon coeur de plomb et mon esprit y embrumer. Althâr ne prête aucune attention aux gémissements du garçon, non plus qu'aux regards scrutateurs et torves des zombies nécrophages. Sais-tu, mon garçon, combien j'y réussis ? Je n'ai aucun souvenir de cette nuit-là passée la porte de la taverne, et cela me pèse aujourd'hui. Comme le fatum souverain qui préside à la vie des êtres peut rattraper celui qui s'en croit protégé... Il y'a quelques semaines, un suppôt de Satan, un démon sans pouvoir, est venu me trouver. »

Les zombies sont lents d'esprit, c'est pour cela qu'ils sont résistants à la douleur. Jusqu'ici, tout va bien. Cependant, lent d'esprit ne signifie pas -et cela fut l'erreur de le croire de nombreux nécromants- dépourvu d'esprit. Pour peu qu'on leur laissât le temps nécessaire pour faire naître une pensée, la développer puis la mettre en oeuvre, et les zombies sont de redoutables adversaires. Sachez seulement que le temps moyen autorisé pour un coup dans les compétitions zombies d'échecs est d'environ huit jours, quatre heures, vingt et trois minutes et cinquante-sept secondes.
Tout cela pour dire que pendant qu'Althâr soliloque sous les yeux implorants du guerrier chenu, les zombies ont tout le temps d'intégrer le fait que de blessé mortellement à mort, il n'y a qu'un pas, qu'un nécrophage qui se respecte ne peut que et doit franchir.

Aussi, alors qu'Illuv expliquait à force de rhétorique comment il avait tenté de contrevenir aux menées du démon en posant un peu partout des pièges qui auraient dépecé un dragon, un zombie plus rapide que les autres -une vingtaine de minutes au cent mètres- abattit sa massue avec une lenteur affligeante sur le premier défunt en puissance qui passait sous sa main.

Une nanoseconde après la mort du paladin -écrasé sous la masse, deux cent kilos au centimètre carré- le zombie se voit dévisagé par le regard songeur, et stupéfait non, affolé de son chef de guerre. Le seigneur prend une grande respiration, recouvre son calme et refait mentalement les comptes après avoir pris soin de guérir tous ceux qui avaient failli périr par sa main. Baal en avait achevé six cent soixante et quatre avant le paladin dont il vient d'apprendre la mort, à l'instant, par un de ses chauves garous. Plus le droit à l'erreur, donc. Une âme de plus et... Althâr se fige.

Il se relève doucement, et se gratte distraitement le nez, pensant à la suite des événements.

A cet instant précis, Justice pousse un cri suraigu de félin qui désaccorde l'orchestre de jazz de l'Infernal bar. Les contrebasses sursautent, et la retransmission en direct par InfernFM sursaute également, réveillant Bernard au volant de son camion bleu, qui quitte la route, droit vers un bâtiment officiel. Il s'encastre dans un mur, et son chargement de manchots s'évapore dans les locaux. Aussitôt, par réflexe, Bernard lâche son animal de compagnie, Furr, un léopard gris des neiges qui s'en va les récupérer tant bien que mal. Entrant dans un bureau en poussant un rugissement bestial, il effraie un simple informaticien qui surmonte sa peur et appuie tout de même sur le bouton « envoi » de son moniteur.

A cet instant précis, alors, Baal toujours en train de se masser le nez, entend les trompettes de Jericho jouer pour lui, et la Mort lui tend un papier avec son sourire millénaire.

Hum... Fin du chapitre ?!

Rek'Laken Furiosodemonis | 20/06/08 12:26

Ah les Cinq Baal, ça fait toujours un bruit d'enfer :):D

La suite ;) ;)

Baramir d'Eckmöl | 22/06/08 16:45

Tout cela mérite un fin.
Parfois dur à comprendre, mais peut-être mon esprit est-il encore embrumer de fatigue.

Petite précision au passage : j'ai mis les RPs sur la skippypédia, rubrique ZZTopdhil.

Althâr Anthâar | 22/06/08 19:25

En fait c'est très loin d'être fini. Les auteurs ont encore pas mal de choses à dire. Pour être franc, je dois avouer que parfois nous avons du mal à respecter le fil de l'histoire, tellement il est emmêlé. Mais c'est ce qui fait le charme de cette aventure non ?

Un conseil : relisez depuis le début, pas mal de choses devraient commencer à s'éclaircir. :D

Sanaga Felrin | 22/06/08 21:29

Si, justement, quelqu'un sait où se trouvent les chapitres précédents, ça m'intéresse. :)

Pépé Narvalho | 23/06/08 07:29

Sanaga> comme l'a dit Baramir, c'est ici : [Lien HTTP]

Baramir d'Eckmöl | 23/06/08 12:44

Sanaga>Sinon tu peux aussi utiliser la fonction "rechercher" du faux rhum, c'est comme ça que j'ai tout retrouver pour les mettre sur la skippypedia.

Althar > Tu sais que c'est long à lire, alors à relire... Mais c'est bête que vous ne ressortiez plus le titre complet de Baal ;)

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