Forum - Philosophie épistolaire, rencontre du 3ème trip.

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Kogne Saivair | 27/06/08 21:18

Kazbadébrut, lune 748

Très cher Baramir,

Je me permets de vous solliciter dans cette missive car l'on m'a fait part de votre titre de Mister Daifen. Quoi de mieux qu'un échange avec un sage représentant d'un peuple pour comprendre toute la subtilité de celui-ci.
Je sais déjà,vous allez rétorquez que vous n'avez pas la prétention de réunir en votre personne l'opinion de tous. Je commence à me dire que l'opinion de tous finit toujours par être l'opinion de la majorité forte. Les suiveurs sont bien plus nombreux que les penseurs, bien malheureusement, ou bien heureusement car quel sacré chaos si tout un peuple se mettait à penser.

Il est plus facile de « plussoir » à une nouvelle idée que de réellement oser lancer un concept nouveau, original, révolutionnaire et forcément soumis à polémique. Mais j'ajoute tout de suite à ceux qui vont me dénigrer qu'il est également plus facile de s'opposer et de critiquer cette même innovation de l'esprit. C'est l'émergence qui est réellement agressive. L'effet boule de neige qui la suit et le groupuscule contradicteur qui tente de la stopper ne sont qu'anecdotiques. Ils sont rassurants donc peu dangereux. Ils sont nécessaires à nos angoisses.

Si tous autour de nous se mettaient à enfanter l'émergence de leur marginalité, il n'y aurait que colère de se sentir défié dans nos certitudes et frustration de ne plus voir les « antis » se dresser et donner vie à cette émergence. Car les antis ne rumineraient plus la même idée à l'inverse mais répondraient une nouvelle idée, elle-aussi inattendue et provocatrice.
Il y aurait trop d'échanges car réponse par une nouvelle idée et non réponse par une boucle de bla-bla stérile. Car ce bla-bla permet de se familiariser, de dompter, d'émousser, de démystifier ce qu'on ne connaît pas. On l'éprouve, le goûte, le recrache. On est ensuite immunisé.

Ce serait une guerre par le « trop » et non par le manque. Tous divisés. Plus de groupe. Plus d'ordre. Une société individuelle ? Capable de penser et de créer sans cesse.Quel paradoxe.

Tout cela pour dire, heureusement, ils ne pensent pas tous.
Ils vous font porte-parole.

La dernière réelle question est : la parole est-elle un poids qui se porte ? On dit que les paroles s'envolent. Si légères ?
Regardez en place publique. Le poids des mots. Les notions de bien et de mal, de tort et de raison, de trahison et de raison à nos revirements. Ils se défient. Ils choisissent les métaphores, ils en redeviennent des animaux, libérés : des chouettes, des libellules, des rongeurs, des tortues et des lézards.

Mais pire, regardez autour.

Les autres regardent, critiquent. Ils jugent sans chercher à comprendre, sans chercher à participer. Ils n'ont même plus la notion de peur.Ou plutôt si! Ils ont peur. Peur qu'on les remarque. Peur de devoir faire plus que regarder, peur de digérer et accepter. Ils sont blasés.
Plus de prise de position. Plus d'effet boule de neige. Plus de détracteurs « anti ». Ils ne veulent plus. Ils préfèrent étouffer tout ça.
Plus le droit au bla-bla libérateur à l'acceptation des nouvelles idées. On n'en veut plus.
Epaules trop fragiles pour porter plus lourd ou nuque trop raide pour lever la tête et regarder l'envolée de cette légèreté ? Si lourds de sens ou si éthérés qu'on les appelle superficiels ? Les mots. Les idées.

Alors mon cher Baramir, je vous le demande : où sont passés les suiveurs ? Qui sont tous ces inclassables ? La société individuelle qui semble mener au chaos serait-elle atteinte sur les terres de Daifen ?
Quel dommage.

Mais je ne pense pas.
Sinon pourquoi lutterais-je à donner une éducation à ma famille, à ma race. Pourquoi userais-je de mots pour cela?

Seigneur Nain Baramir. Quelle est votre lutte ? Passera-t-elle par la forte densité de vos propres représentations ou par l'adresse et l'apesanteur enivrante d'une originale conception ?

A vous lire.

Votre dévoué,

Kogne Saivair, orc érudit

Lancwen de Sigil | 10/07/08 17:28

Je ne sais pas si c'est le poids de vos mots ou la légéreté de mes propres pensées, mais j'ai acquis une migraine infernale en vous lisant :D
Est ce peut être à cela qu'on reconnait les grans orateurs, ce sont les seuls qui peuvent captiver une audience malgré une migraine carabinée :p

Baramir d'Eckmöl | 12/07/08 17:31

Bonsoir à vous.

Et bien je suis tout à fait ravi de pouvoir entretenir une correspondance autre qu'une romance que je n'attend plus ou que de vulgaire échanges militaires et diplomatiques, qui restent au demeurant toujours aussi intéressant. Ce que je veux dire, c'est que je suis à votre disposition pour vos envie de réflexion.

Holà ! Comme vous y aller fort dès le départ. Mon titre n'a pour moi que peu de signification si ce n'est un grand mérite personnel et le couronnement de mon influence sur ces terres. Je ne dit pas que je le dénigre ou que je dénigre ceux qui m'ont élu, mais qui peut aujourd'hui me le contester ? Personne ! Absolument personne ! Les élections ont été organisées, de même que plusieurs débats. Peu de monde s'y intéresse et il est bien facile de critiquer après, plutôt que d'agir le moment venu.

Drôle de pensée qu'est la votre. Le chaos ? Dans un monde ou tout le monde penserait... Ce n'est qu'une utopie. Bien trop peu de gens ont le luxe de pouvoir réfléchir. Vous imaginer, ici, avec nous, un paysan donc la femme est sur le point d'accoucher, qui n'a plus d'argent pour nourrir ses deux filles et qui se refuse à vendre Clarabelle, sa vache. Il n'aura de temps à consacrer aux méditations qui nous occupent.
Pour en revenir à ce que vous dîtes, je ne crois pas vraiment qu'un chaos s'installerait. Il y aura certes beaucoup de bruit, mais si tous pensent, ils arriveront bien à se gérer eux même, à débattre utilement et correctement, et non comme sur une place de marché, le jour au le vigneron vient brader son vin.

Vous évoquer la peur du nouveau, et vous avez tout à fait raison. Je n'ai rien à ajouter, votre description est correct. Cependant, il faudra tout de même du courage pour oser s'opposer à une idée mauvaise mais appuyée et soutenue par la « majorité forte » dont vous parliez tout à l'heure. Quoi que pour qu'une idée réellement mauvaise, pas simplement trop extravagante ou inhabituelle vraiment mauvaise soit soutenue par la majorité forte, il faut que ce soit un privilège. Et les gens sont bien trop attaché à leur propre privilège et jaloux de ceux des autres pour que quelque chose de fertile puisse ressortir d'une telle discution.

Une société individuelle ? C'est complètement impossible. Un individu ne peut constituer à lui seul une société. Toutes les innovations, les nouvelles idées que vous dépeignez ne peuvent être réellement toute différente. Même si chaque être à sa propre pensée et peut ainsi se forger sa propre opinion sur tout sujet qui puisse exister, il y aura forcement des idées qui se recouperont. Les gens du même milieu, qui vivent dans un même contexte, penseront de même manière, ainsi l'idée de l'un sera reprise par l'autre pour qu'ils la façonnent ensemble, et cela n'engendrera pas la profusion de nouveauté qui vous est si chère.
De plus, une société qui est sans cesse en mouvement ne pourra se trouver car elle n'aura de caractéristique propre tant elle évoluera. Comme qualifier, comment stabiliser parla description une chose qui bouge si vite ? Si vous avez une idée, je vous écoute avec attention, car je ne peux concevoir, à moins de tourner en rond et de finir par revenir, à plus ou moins long terme, par un état dont on est déjà passer. Il doit forcement exister un point de rupture, ou tout aura pris fin et alors que se passera-t-il ?

Finalement... Après beaucoup de bla-bla, nous en arrivons au même point : heureusement qu'ils ne pensent pas tous... Quoi que...

Où sont les suiveurs ? Où sont les meneurs plutôt ? Il n'y a plus de réelle unité sur ces terres. Chacun n'agit plus que pour lui même. Il n'a plus aucune idée globale si ce n'est satisfaire sont petit confort personnel. Je ne critique pas... Il est des innovations qui sont utiles à tous, mais que l'on propose avant tout pour soi. C'est comme ça que notre monde avance maintenant. Plus d'opposition, plus de débat, plus de groupe, plus rien. Que suis-je moi dans tout cela ? Je ne suis qu'un attentiste. J'ai lutter trop longtemps pour maintenir un clan hors de l'eau. Ma conviction est usée. Je porte toujours dans mon coeur ces souvenirs, mais à quoi bon maintenant. Il n'y à qu'à regarder les clans. Que sont-ils maintenant ? RIEN ! Trois ou quatre amis qui continuent à combattre ensemble. Se battent-ils encore pour leur idéaux ? Les crient-ils encore haut et fort ? NON !
Pourquoi et comment nous en sommes arrivé là, je n'en sais rien. La lassitude des gens ? Plus de roc à qui se raccrocher... Plus d'épopée pour réunir...

Je ne sais ou nous allons mais je n'aime pas le monde dans lequel je vit. Je critique sans chercher de solution, c'est sans doute ce que penseront de nombreuses personne, mais j'ai une réponse à leur fournir : pensons ensemble !

Kogne Saivair | 22/07/08 19:32

Kazbadébrut, lune 755

Mon cher ami,

je vois que la notion de groupe est fortement débattue! Dès que l'on est 2, il faut composer avec l'autre. La liberté des uns s'arrête là où...
L'échange est indispensable pour s'entendre penser à plusieurs. Et cela nécéssite un peu d'abnégation. Chose devenue très rare en ce monde. S'oublier quelques instants et entrapercevoir l'etendue de ce que nous sommes...c'est-à-dire vraiment peu de chose dans cet univers. Mais mettons nous à réaliser un projet commun, je veux dire par là une réelle idée vers laquelle souhaitent réellement tendre plusieurs individus sans autre but sous jacent, et alors nous prenons une importance qui touche à l'ordre des choses et nous amène à un rang de déité...
S'oublier pour effleurer les divinités. Réaliser sans aucune arrière pensée personnelle. La création à l'état brut....ah! Belle utopie!

Les ordres en place sont loin de cette sagesse! Pour preuve, ils ont tous des dirigeants, des codes, des epreuves, ils vivent, s'empoignent, ralent, rient, meurent, revivent, pleurent , se divisent, se dédoublent, font des petits, des envieux, des enervés...
vers quoi tendent-ils? Comprennent-ils ce que font leurs membres ensemble? S'amuser? Gagner? Ecraser?

Certains parlent de neutralité! Envers qui et quoi et sur quelle base? Sur quelle référence se caler? On n'est jamais neutre! Sauf lorsqu'une seconde, on s'oublie!

Et pourtant...L'oubli est un piège à Kon!
Rien ne s'oublie, rien n'est gratuit, rien n'est bon, rien n'est mal!
Tout a besoin d'une référence. Tout est relatif! Donc l'oubli....vous m'en direz tant! Oublier alors que tout nous rappelle au monde, tout nous donne une place dans cet univers!
L'oubli ça n'existe pas, même dans la mort! Ces idiots continuent à penser à vous ! A vouloir vous remplacer ou à ne surtout pas vous remplacer des fois que...

En clair, nous ne sommes pas des dieux, incapables de s'oublier que nous sommes et c'est tant mieux! Vivons, faisons des erreurs! Aimons nous et detestons nous!
Mais de grâce, réapprenons à se supporter et à tendre tout de même vers un même but!
Réapprenons à effleurer ce que nous n'atteindrons pas! Soyons empathiques et continuons!

message déchiré ensuite sans doute dans les "serres" d'un terrible pigeon en grève suite à la vie que leur fait mener Dame Charengo... :D

Edité par Kogne Saivair le 22/07/08 à 22:46

Kogne Saivair | 22/07/08 22:44

Kazbadebrut, lune 755 bis!

Mon cher ami,

Où en étais-je? A entrevoir comment vivre en harmonie avec le monde et surtout les autres. A se comparer à un dieu. Les dieux existe-t-il encore dans notre monde? Ou sont-ils pretexte aux guerres et aux paix?
La religion peut-elle encore souder quelques êtres entre eux pendant quelques temps, assez pour la faire vivre, lui donner corps et puissance?
Il semblerait que seules les intrigues et les secrets rassemblent encore les sages et les valeureux guerriers de nos terres. Qu'il fait bon avoir ses propres convictions et pouvoir les crier. Comme ce doit être triste de n'exister que par ce que l'on cache...quelle frustration! Heureux l'ordre qui n'a plus rien à cacher et ouvre sa cité en grand à ses membres comme à ses visiteurs!
Mes reflexions sur les ordres et leur intérêt s'arrêtent là.
Mais j'en ai tant d'autres encore à exposer. Je suis déjà si flou par instant...
Avons-nous vraiment notre libre arbitre? La coexistence de races intelligentes qui se cotoient a-t-elle un sens ou tout n'est que hasard malencontreux? Le hasard existe-t-il vraiment?
Pourquoi le cannibalisme entre-t-il comme un tabou dans l'inconscient des sociétés civilisées?

Vous voyez, je ne suis pas à cours de questionnement fumeux.
Souhaitez vous que nous revenions à des questions plus terre à terre à débattre car je m'envole dans des délires alambiqués qui doivent en laisser plus d'un perplexe...?

En attendant de vous lire à nouveau mon très cher Baramir!

Votre enigmatique,
Kogne le torturé du casque

Edité par Kogne Saivair le 22/07/08 à 22:52

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