Forum - Nuit traîtresse

Vadim | 04/07/08 17:25

Le soleil planait lentement au-dessus du ciel parsemé de nuages brumeux. Les brins d'herbe pliaient contre le vent, mais refusaient de s'avouer vaincu. Une douce chaleur nappait les environs, un après-midi de rêve attendait quiconque osait pointer le nez dehors.

Au bord de la rivière, l'air était pur, frais, quasiment paradisiaque. Étendus dans l'herbe, fixant le ciel tels des lunatiques, rien n'aurait pu gâcher un si beau moment.

Le bruit de l'eau chaque fois qu'ils y plongeaient, cette eau de vie caressait chaque parcelle de leurs peaux. La froideur des profondeurs ne suffit pas à freiner leurs ardeurs. Poursuites, jeux, un moment mémorable.

Moment qui allait vite s'obscurcir. Ils s'endormirent paisiblement dans l'herbe guerrière, puis le temps fila, plus rapide que le vent lui-même. Bientôt, le sommeil la quitta, un geste simple, irréfléchi, elle s'enfonça dans la noirceur des arbres rassemblés. Une lune haute et majestueuse dominait ces terres, étendant sa suprématie indéniable sur la nature elle-même.

Un réveil, seul maintenant, inquiet, la recherche commença. Seules indications, une terre froissée, empreintes timides se cachant dans les ombres étendues, cherchant celle que la nuit avait engloutit.

Bientôt, les entrailles de la terre se dessinèrent à ses pieds, froides, creuses et hostiles. L'humus friable sembla se dérober sous ses pieds. Plus le temps passait plus son coeur battait rapidement. Il descendit prudemment, l'abandon frôlant son esprit une fraction de seconde, une image se forma dans ses pensées. Récente, mais ô combien réelle. Il poursuivit sa descente.

Mémorisant chaque détail, ses yeux, même habitués à l'obscurité, ne purent l'aider. Démarche lente et laborieuse, néanmoins, il progressait. Un rayon de lumière perça la nuit telle une épée. Provenance indésirable, présence indésirable plutôt, le regard d'une victime de la mort s'acharnait au fond de la pièce.

Une discussion amère, irritante, elle était allongé non loin, souffrante mais sereine. Un linceul blanc la recouvrait, cachant tant bien que mal son corps inanimé. Une lutte psychologique s'en suivit. L'avidité contre l'amour, l'un traître, l'autre vrai, authentique. Le lâche fini par abandonner son butin.

Celui qui restait en revanche, insuffla un souffle de vie à la belle. Terrifié, il la ramena avec lui, craignant une présence indésirable. De retour au gîte, calme et rassuré, dans la douceur moelleuse il la déposa. Inerte, gisant comme une morte, une nouvelle vitalité lui fut redonnée. Faible, toujours inquiet, mais résigné. Épuisé, le temps se fit plus sombre. Le monde des rêves ne s'ouvrit pas à lui cette nuit-là, trop de pensées incertaines flottaient dans son esprit, le narguaient.

Le temps défila de nouveau à toute allure, mais s'arrêta sec quelques instants plus tard. Ses forces augmentant peu à peu, il regardait celle qu'il aimait, allongée à côté de lui. Que lui arrivera-t-il? Changements? Souvenirs intacts, ou insondables? Elle ouvrit les yeux, dans un murmure, elle le regarda, il entendit de simples paroles. Un nom, il le connaissait, sortit étouffé, inaudiblement : le sien.

L'espoir naquit.

Récit déposé à la bibliothèque de Lux Ferrer.

Sheena | 04/07/08 21:35

Une muse semble avoir pris possession des esprits cerbères.
Oui, encore un bel écrit

Loxias The Dark Lord | 08/07/08 01:27

Étrange phénomène que l'Amour, non?

Attention, le gouffre s'ouvre devant toi, mon frère.

Sinon, mes félicitations pour cette chaude suite, vibrante d'émotions.

Loxias The Dark Lord | 08/07/08 02:10

Ah bon!