Forum - [ L'apostolat de la raison : Suite et fin ] Bonne nuit la vie.
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Cerbère | 31/07/08 13:17
« La nuit est bien calme. »
Difficilement appuyé sur sa canne, Cerbère se tient debout devant les grandes portes de son manoir, à contempler son royaume qui s'étend dans le soir paisible, ne rayonnant, tout comme l'aura du Comte, assombrie, et faible. Pourtant, c'est vrai que la nuit est calme.
Plusieurs oublis sont là, derrière lui, l'écoutant, le regardant : leur comte a vieilli, il n'est plus qu'un reflet chassé par le vent de ce qu'il avait été un jour, mais tous l'admirent encore. Le Comte Dat Narumyr, l'un des meilleurs tueurs à gages que Daifen ait pu connaître, s'effiloche au soir comme la faible flamme d'une bougie trop longtemps allumée, fatiguée de rayonner. Et malgré tout, c'est cette flamme qui a ancré son image dans les yeux de tous, et c'est de celle-ci dont ils se souviendront longtemps.
Plus en retrait que les autres, un oubli verse des larmes en silence : l'après-midi avant cette nuit sereine, Cerbère l'a convoqué, dans son bureau, vide, lui qui pourtant ne l'avait jamais été, et où ne trônaient plus parchemins, plans et armes qui l'hantaient. Dehors, les feuilles se balançaient déjà au son du vent du soir, et l'oubli avait attendu. Le Comte avait tout rangé, sans témoin, sans rien laisser derrière lui autre que cette atmosphère d'inéluctabilité et de force paisible qui flottait toujours après son passage. Absorbé dans ses dernières pensées, il semblait flotter dans des souvenirs, le dos tourné à la pièce, noble et las..
L'oubli était rentré, il avait attendu.
Il savait que le Comte ne parlait plus depuis la perte d'Adjaron, depuis le jour où ils avaient reçu un paquet contenant la tête du jeune homme. Le comte avait sombré dans un mutisme que les oublis ne lui avaient jamais connu. Il avait cessé de parler, cessé de se nourrir régulièrement. Ses démons l'avaient rattrapé et aucun médecin ni mage n'avait pu faire quoi que se soit pour le sortir de cette torpeur maligne. Le Comte n'aurait pas voulu, il ne voulait pas d'ailleurs. Un étrange calme prenait possession de lui à mesure que son esprit faisait sombrer son propre corps.
L'oubli avait attendu, et Cerbère, après un long silence avait finit par parler :
« Ce ne sont plus les jours mais les heures qui sont comptées. J'ai accompli ce que je devais accomplir. Demain le royaume des oublis accueillera un nouveau Comte. Je veux que vous remerciiez tout le monde, tout le royaume. Ce n'est pas à moi de choisir, mais je souhaite que La Garde continue à se réunir en ces lieux. Sanaga sera mon successeur à la tête du groupe. Elle seule décidera de la suite de l'histoire de La Garde.
Ouvrez la forêt le temps de la veille, certaines personnes, peu je pense, voudront se recueillir une dernière fois.
Ensuite, faites comme pour mon frère, je veux disparaitre dans les airs. Brulez-moi.
Il s'était tu un instant.
Je vous dois beaucoup à tous ici, en ce royaume.
Dîtes à ceux qui viendront voir une dernière fois mon pauvre corps que je leur dois beaucoup également.
Ne pleurez pas, toute chose a une fin. La mienne est mieux ainsi. Et c'est à la fin d'une histoire, que l'on comprend vraiment toute sa profondeur. »
La pluie s'était abattue sur le royaume alors qu'il était retombé dans un profond silence. L'oubli était sorti, sans un mot.
A présent, il pleure. Cerbère, lui, sourit doucement.
« Aucun nuage, un peu de vent et une lune pleine d'espoir. »
Vraiment, quelle belle nuit.
Cerbère recule légèrement pour s'adosser au mur du manoir, pour se reposer un peu de toute sa fatigue, de toute la fatigue qui n'a cessé de le saisir depuis le début de la journée. Les oublis ont les yeux tournés vers le ciel, comme lui, mais contemplent quelque chose de tellement différent.
Quand il s'affaisse, il exhale un très léger soupire, le dernier. Une, deux minutes peut-être passent avant que les oublis ne le découvrent.
Cerbère est mort, un doux soir d'été, en regardant la lune.
Plus tard, quand ils se seront recueillis, quand ils auront noyé leur soul, alors des pigeons seront envoyés aux seigneurs de Daifen, des affiches seront placardées, mais rien ne dira la beauté de cette nuit, la tendresse du vent et la grandeur du mort. Seulement ces mots : Cerbère est mort, un doux soir d'été, en regardant la lune.
Discret et secret même dans sa mort, le plus grand assassin que Daifen aurait jamais connu disparaîtrait sans faire de bruit, comme une ombre qu'il avait toujours été, d'une certaine façon, et seuls ses amis sauraient le trouver, allongé devant l'immense mur vitré de son salon, tout gorgé de soleil, tout repu de beauté, vêtu de sa cape blanche, sur un autel funèbre qui ne mettrait rien en scène et à côté de la petite table où trônerait encore une bouteille presque pleine aux côtés d'un verre presque vide. Ce sera à eux, plus tard, de décrire la paix qui pèsera sur lui, comme le repos que son visage arborera, le plus pur depuis longtemps.
Sa mort avait été sienne, aux autres d'écrire sa légende.
(à vos plumes pour un dernier rp commun.)
Edité par Cerbère le 31/07/08 à 15:12
Celimbrimbor | 31/07/08 13:54
Cerbère était mort.
Le pigeon était laconique, bien dans le style de l'assassin.
Cerbère était mort.
Celimbrimbor se transporta aussi près qu'il lui était possible de la demeure du Comte Dat Narumyr. De son ami.
Il marcha sans rien dire, sans rien penser, vers le manoir et en franchit les portes doucement.
Cerbère était mort.
Il était là, pourtant, étendu sur un autel, paisible, serein, comme jamais l'elfe n'avait pu le voir. Pas de rictus, pas de sourire tordu pour déchirer son visage, reposé, enfin. Il avait gagné son dernier combat, finalement.
Cerbère était mort.
L'ampleur de la nouvelle frappa le mage seulement à la contemplation du corps posé devant lui. Il se laissa tomber sur une chaise, lourdement, et s'abima. Ironiquement, l'immense baie vitrée ne filtrait en rien la lumière qui tombait droit sur le cadavre frais entouré de sa cape blanche. Le Comte qui avait cherché toute sa vie à devenir une ombre se fondait à présent en luminescence, plus pure que de la lave en fusion, plus belle qu'un soleil.
Cerbère était mort.
Tout un pan de l'univers de Celimbrimbor s'effondrait. Tout un pan du monde aussi. Plus de garde ? Plus d'assassin ? Plus d'ombre vers qui se retourner le soir, pour y voir un poignard ou un sourire ami ? L'elfe prit sa tête à deux mains, mais réprima ses sanglots.
Cerbère était mort.
Il ne fallait pas pleurer. L'homme étendu là, rigide, n'aurait pas voulu cela. Trop fier. A toujours vouloir être reconnu, mais sans jamais le clamer. Foutu orgueil. Foutu tueur. Foutu mental. Foutu échec pour Celimbrimbor qui se prétendait dieu.
Cerbère était mort.
L'elfe avisa enfin la bouteille de whisky, pleine, pour une fois, et un verre, vide. Il en fit apparaître un deuxième, qu'il contempla un long moment. Les minutes s'égrenèrent lentement avant qu'il ne se lève enfin. Il saisit les deux verres et les rempli avec le contenu de la bouteille. D'un sort distrait, il ouvrit la fenêtre et s'avança au dehors.
« A nous, à la vie que nous avons vécu, à celles que nous aurions pu vivre, à celles que nous vivrons. »
Il but son verre d'un trait tandis qu'il renversait le second au vent.
Cerbère était mort.
Se retournant vers le corps, la fenêtre laissée ouverte, il resta dos à la lumière.
« Que voulez-vous que je dise d'autre, Comte ? Vous ne m'avez jamais laissé l'opportunité de vous appelez « ami » sans vous vexer. »
Il eut un sourire contrit, et retourna s'asseoir à sa place, son verre vide entre les mains.
Cerbère était mort.
Il serait brûlé plus tard, lui avait on dit. Celimbrimbor resterait là. Jusqu'à ce que la dernière cendre ait été emportée par le vent. Une longue veille. La seule dont l'homme était digne.
Cerbère était mort, une page se tournait, et seule la solitude demeurait, finalement.
Cerbère était mort.
Edité par Celimbrimbor le 01/08/08 à 01:38
Elenna Celebrindal | 31/07/08 14:46
Edward Kinsley était venu réveiller sa femme avec toute l'attention qu'il se devait en ce jour de deuil. L'Elfe, bien que prévenue, n'acceptait pas la mort de cet homme aux particularités uniques. Le pigeon reçut tôt dans la mâtiné était sec et froid, sans autre forme de jugement.
Deux jours auparavant, Cerbère était venue lui rendre visite pour lui annoncer la funeste nouvelle concernant Adjaron et avait enchaîné sur sa mort imminente. Beaucoup trop en si peu de temps malgré une certaine force de caractère.
Il fallait maintenant lui faire ses adieux, le revoir une dernière fois avant que ce dernier n'ait disparu à jamais.
Le Manoir des Oublis semblait plus sombre qu'à l'accoutumé, se parant désormais d'un silence mortuaire insoutenable. La jeune femme pénétra discrètement dans la demeure pour ne pas perturber les Oublis dans leur recueillement. L'un d'eux vint la saluer et la guida jusqu'au Maître de maison, comme il était convenu. En entrant dans la pièce, elle ne fut pas surprise de voir le Sire Celimbrimbor, l'homme qui avait accompagné et aidé Cerbère dans ses moments de doute et de douleur. Elle le salua d'un signe de tête respectueux avant de se pencher sur le corps de Cerbère.
Sa main vint caresser le front lisse du Sire. Le contact fut glacial et prouva à l'Elfe que son ami était bel et bien parti, et qu'il ne reviendrait jamais. Malgré cela, le soulagement pouvait se lire sur le visage d'Elenna. Le défunt était plus reposé que jamais, la douleur lancinante était partie en même temps que ses malheurs.
Dans un mumure, le sourire aux lèvres et les yeux embués de larmes, elle s'adressa à son ami :
« Vous avez embrassé la mort, cette dernière étreinte a mis fin à vos souffrances. Vous n'attendiez qu'elle n'est-ce pas ? »
En ravalant un sanglot, l'Elfe se redressa et vint s'installer dans un coin de la pièce, tout près de Celimbrimbor. Elle n'était pas la seule à avoir perdu un ami et elle imaginait la souffrance retenue que devait éprouvé le vieux mage. Les souvenirs défilèrent devant ses yeux et jusqu'à la fin, le comportement de Cerbère était resté égal à lui même. Ancien membre de la Garde, l'Elfe se demandait ce qu'elle allait devenir. Une vie ponctuée par des malheurs, marquée par des pertes et jonchée de meurtres calculés, peut-être était-ce la vision que l'on avait de la vie de Cerbère. Mais il avait toujours gardé ce sens de l'honneur inébranlable.
Le silence reprit ses droits et déposa généreusement un châle serein sur les épaules de l'Elfe.
Edité par Elenna Celebrindal le 31/07/08 à 17:46
Vormonta | 31/07/08 15:06
C'est une triste nouvelle, le plus grand des assassins que Daifen est porté s'est éteint. Je perds un ami, un conseiller.
Honneur à vous Cerbère! Que cette mort ne soit qu'un passage vers un paradis mérité.
Edité par Vormonta le 01/08/08 à 01:44
Oni-Link | 31/07/08 21:07
Alors que le matin se levait doucement, une nouvelle parvint à Oni-Link depuis sa cité. Il apprit la fin d'un être qu'il connaissait et qu'il appréciait profondément. C'est alors quand quittant sa citadelle native, il rejoignit cet homme à qui il n'avait su tenir une promesse...
Arrivé au manoir du Comte Dat Narumyr un homme le mena jusqu'à leur maître des lieux. Ils arrivèrent à une porte qui était ouverte et éclairée de toute part, afin de mettre au grand jour un corps allongé, ampli de sérénité et lavé de tout péchés. Cerbère était cette personne dont l'âme avait été remise au dieu du sommeil éternel.
Le seigneur drow se mit à ses cotés debout en restant silencieux, il ferma les yeux récita intérieurement une prière afin que son repos soit des plus plaisants et ne soit en aucun cas perturbé.
-Pardon mon ami de n'avoir pu partager un dernier verre avec toi. Je suis heureux d'avoir pu te revoir avant que tu ne partes pour de bon. Ton nom, ta personne et ton vécu resteront gravés dans le coeur qui m'a été donné. Adieu...
Oni se retira et prit place sur une chaise aux cotés de dame Elenna.
Edité par Oni-Link le 31/07/08 à 21:26
Loxias The Dark Lord | 01/08/08 01:09
Ce jour là, la température estivale pesait sur l'elfe arpentant paisiblement son vaste domaine forestier. Ce jour là, étrangement, la Forêt Enchantée restait obstinément silencieuse. Même les frivoles volatiles refusaient jusqu'à louanger Gaïa de leurs chants enivrants. Ce jour là, le silence, seul le silence, régnait en ces lieux reculés.
Doucement, le seigneur encapuchonné errait vers l'horizon rosé d'un ciel partiellement voilà par la verdure abondante. De ses longues bottes de cuir lui montant jusqu'au bas des genoux, il foulait le gravât grossier du chemin s'étirant entre les silhouettes baignées par la luminosité sensuelle de l'astre déclinant. Un léger crissement produit par quelques pas rapides sur la voie ancestrale se fit alors entendre derrière l'entité sylvaine. Un messager à cheval vint se poster aux côtés de Loxias, suivant le rythme lent de sa progression.
-Sire, je vous fais parvenir une triste nouvelle...
Les arbres laissaient pendre mollement leurs innombrables branches, puis le silence persistait, alors qu'aucun vent n'aurait pu faire danser gaiment leurs feuilles. Le néant triomphait, puis une peine incommensurable habitait désormais la forêt percluse.
Loxias continuait de se laisser porter sans but par des jambes tremblantes telle la flamme chevrotante de la Vie. Il le savait, orchestré par les suppôts de la Reine des bois, un dernier hommage en l'honneur d'un grand personnage allait alors commencer. Il n'aurait pu en être autrement. Il le devait...
Comme tous êtres de ce monde de mort et de souffrance, le soleil assumait alors pleinement son déclin, bien que lui, finirait inévitablement par revenir dans l'univers houleux des vivants...
... Pourtant, un être irremplaçable avait disparu, et ne foulerait jamais plus cette terre austère...
Loxias regrettait bien des choses, et continuait de se traîner sans raison sur la route forestière, main dans la main avec la nostalgie, impuissant. Il aurait voulu le revoir, avant. Il aurait voulu accomplir bien des choses, avant la fin. Désormais éternellement révolus, les temps anciens n'avaient laissé aux pauvres survivants que des souvenirs immuables et de terribles blessures au coeur.
Toutefois, il allait jalousement garder en mémoire ces souvenirs, en tentant de faire abstraction du reste.
Le résonnement du pic frappant à répétition la carcasse d'un arbre trépassé tira l'elfe de sa torpeur. Il aurait presque pu entendre dans son esprit attristé le son répétitif d'une canne donnant sur la surface dure d'un plancher usé par le temps.
Sans se presser, le jeune seigneur elfique quitta le chemin principal, bifurquant à l'intérieur des bois verdoyants, pourtant ternes, fades, en cette journée funeste. Une haute falaise surplombait de toute sa hauteur le fleuve calme.
Lentement, il grimpa à l'un des arbres robustes qui s'était élevé avec patience au fil des ans sur les rebords du plateau rocheux. À la cime, assis sur l'une des plus hautes branches, les pieds pendant dans le vide, le regard vide, Loxias fixait impassiblement l'Ouest, alors que l'étoile de la Vie allait se terrer dans les profondeurs de la nuit.
Un homme illustre s'était éteint comme le Soleil mourant.
Un ami, oui, un ami, avait rendu son dernier souffle...
Loxias lâcha alors un cri déchirant qui se perdit dans la vallée fluviale inondée par quelques derniers rayons lumineux...
Jynx Torquilla | 01/08/08 01:54
"Maitre Jynx, Maitre Jynx! Une importante nouvelle, Cerbère est..."
"Mort, oui, je sais."
Accroupi, tendant ce qui ressemblait plus ou moins à une feuille de salade à un rocher, Jynx avait coupé l'homme dans son élan.
"Mais... comment?" Barbouilla ce dernier.
"Oublies-tu qui je suis? N'as-tu jamais essayé d'écouter le vent? Il peut révéler parfois des choses insoupçonnables, comme le bruit d'une feuille qui frissonne un soir d'été, ou encore les clameurs d'une guerre lointaine."
"Vous avez eu un pigeon avant nous, c'est ça?"
Jynx eu l'air penaud, plus encore, l'effet théâtral qu'il souhaitait donner à l'instant fût brisé, et il relâcha les muscles de son cou, laissant tomber sa tête contre sa poitrine dans une moue blasée.
Sur le pavé, dans une petite cour intérieur, le rocher se mit à se mouvoir.
Quatre petites pattes semblaient soulever l'objet, tandis qu'une petite queue s'agitait, et qu'une tête s'éveilla de son antre.
"Alors, que doit-on faire?" Questionna l'homme de main.
"Bah rien, qu'est ce que vous voulez qu'on fasse, qu'on aille lui amener de l'or? Il en aura quoi à faire, hm? Il va se racheter une vie peut-être?" Les mots étaient brusques, presque méchants. Puis, soupirant, Jynx reprit :
//"Allez prévenir les autres qu'un grand a fait son temps, et décrivez leur sa légende : que là où la volonté s'arrête pour chacun d'entre nous, pour lui n'était qu'une épreuve de plus vers une voie sans issue. Une voie obscure, au point qu'il n'en réchappa pas.
La mort a triomphé de lui, mais c'est dans la mort qu'il a su trouver une éternité, un récit."//
"Euh, je dois leur dire tout ça, je dois le noter?"
Jynx reprit un air abandonné avec la remarque de son subordonné. Il semblait que malgré ses efforts, jamais il n'arriverait à faire quelque chose de grand.
"Racontez leur simplement que c'était un gars sympa, et qu'il aurait pu leur couper les couilles avec une écharde. Ouais, ça c'est bien."
La tortue dévorait pendant ce temps son morceau de salade.
Cerbère était mort, le monde tournait encore, et pourtant c'est une part d'histoire qui se consume désormais.
Un morceau d'histoire qui lie des éléments de nos mémoires à tous.
Edité par Jynx Torquilla le 01/08/08 à 01:59
Lancwen de Sigil | 01/08/08 10:44
Lancwen s'avançait lentement dans les couloirs du manoir des oublis. Sans un bruit pour perturber le silence de mort qui hantait maintenant cet endroit, elle allait saluer un vieil ami.
Au fil des longs tapis de laine protégeant un somptueux parquet, la vampire laissa son esprit vagabonder dans les limbes de ses souvenirs. Sur ce chemin tracé par les arabesques raffinées piquées par les meilleurs artisans, elle se rappela comment, par sa faute, Cerbère était devenu une goule. Comme pour se pardonner, elle s'était dit, qu'au final, cela avait endurci l'homme, lui conférant une force de caractère peu commune. Mais cela n'existait que pour apaiser ses propres remords. Mais, il lui avait pardonné ou tout du moins ne lui en avait pas tenu rigueur.
Alors qu'elle approchait de sa destination, elle réalisa qu'elle pensait encore à lui au présent et ne put s'empêcher de sourire, après la mort, la plus belle récompense n'était-elle pas de subsister encore dans la mémoire de ses amis ? Et Cerbère vivrait encore longtemps dans la mémoire de la vampire, elle avait l'éternité devant elle pour se remémorer cet homme.
Au seuil de la salle, elle s'arrêta un instant comme pour demander la permission d'entrer à un serviteur invisible puis elle s'avança jusqu'au défunt en saluant d'un petit signe de tête les personnes présentes. Là, elle retira ses gants de velours pourpre et posa sa main gauche teintée de gris sur celle de son ami.
Baigné de soleil, la blancheur de sa cape contrastait avec la robe sombre que Lancwen portait, pendant un instant, il fut lumière et elle fut ombre. La capuche rabattue sur sa tête cachait son visage pale mais aussi la profonde tristesse qui l'envahissait à ce moment, face à la dépouille de son ami.
Supprimant la douleur de la morsure du soleil sur sa main dévoilée, elle se recueillit ainsi de longues minutes, la tête penchée, le corps droit. Un observateur attentif aurait pu voir une unique larme tomber sur l'autel avant que la matriarche ne se détourne et reparte en silence.
Elle se dit que cette nuit, sous la lueur lunaire, elle boirait à la santé de Cerbère, une dernière fois.
Edité par Lancwen de Sigil le 01/08/08 à 10:47
Terfanae De Caledon | 01/08/08 11:31
Cela faisait la troisième fois qu'elle lisait la lettre reçue du manoir.
« Cerbère est mort ».
Elle posa la lettre sur son bureau et parti vers la forêt des oublis, sous le soleil, protêgée par son pendentif lunaire.
Terfanae laissa ses armes à l'orée de la forêt.
Nul besoin d'armes à présent . Le mercenaire de Daifen n'était plus.
Une larme perla le long de sa joue et à mesure qu'elle avançait dans cette forêt, elle se remémorait les souvenirs en la compagnie de cet homme.
Cet homme parrain de son fils Elladan.
« Un geste pour la tuer, un baiser pour la sauver » Elle se rappelait de sa première rencontre avec cet homme sombre, parfois orgueilleux mais souvent gorgé d'honneur.
La musique jouée au piano en sa compagnie un soir de taverne résonnait dans sa tête tandis que ses pas l'enfonçait un peu plus dans cette forêt dense, vers le manoir de Cerbère.
Les jeux de mots scabreux qu'il pouvait faire assez aisément ne seront plus en taverne à présent.
Les seigneurs de guerre et les dames d'armes n'auront plus à s'inquiéter , leur sommeil pourra être plus profond, maintenant, Cerbère n'est plus.
Les caisses de « W » prendront la poussière, personne ne les aimera autant qu'il les aimait lui.
La lumière filtrait à travers les branches des arbres et donnait une allure fantasque à cette forêt sombre. On eut dit que la lumière pénétrait enfin ici. Un voile se levait en même temps que la vie de son ami était partie.
Les soirs de taverne n'auront plus la même saveur et perdront surement un peu de leur intérêt aujourd'hui.
Elle leva la tête et vit là, devant elle, cette bâtisse sombre qui autrefois abritait son ami.
Elle entra dans le salon qui accueillait déjà plusieurs personnes.
La dame s'approchait du cadavre baigné par la lumière éclatante qui se reflétait sur cette cape immaculée. Il n'y avait plus un sursaut de vie en lui.
Terfanae posa sa main sur celle de celui qui autrefois était Cerbère. Le froid mortel avait déjà embrassé ce corps.
Elle se pencha sur le front de l'être gisant et y déposa un baiser.
La dame se redressa et essuya sa joue d'un revers de la main.
La guerrière avisa la bouteille et les deux verres trônant à coté. Elle les remplit de « W » et but le sien d'un trait, laissant le second pour Cerbère.
Elle se tourna vers lui à nouveau.
« Que puis je bien dire? Vous m'avez à nouveau enlevé toute possibilité de répartie Cerbère. Mais je resterai là, jusqu'à ce que vos cendres ne soient plus que poussière dans l'air...Je vous le dois bien... Mon ami. »
Terfanae de Caledon s'assit et laissa le silence veiller avec elle et ceux présent ce corps inerte.
Duc De L'uto | 01/08/08 13:04
Le Duc jura en découvrant les nouvelles. Cet imbécile était mort tout seul, sans l'aide de personne. Dommage. Il aurait du être la prochaine cible, après Behaine, il fallait maintenant se tourner vers les extrémistes, venant ensuite sur la Liste.
"Le plus grand assassin de Daifen hein ?"
Le nain cracha sur le parchemin de la nouvelle, puis l'envoya dans le feu.
"Un de plus."
Sanaga | 01/08/08 21:21
Dressés sur une esplanade naturelle, deux oublis encadraient en silence une femme, laquelle retenait entre ses mains crispées une urne d'argent. Pour la première fois à l'extérieur du manoir, son visage resté anonyme ne portait plus son masque, comme Il l'avait voulu. Seul le roux vif de ses cheveux était reconnaissable entre mille. Sa mâchoire, à l'encontre de ses yeux éperdus d'accablement, restait crispée au possible. Plus aucun son ne parvenait à en sortir.
Il y avait encore tant à faire...
Dans ce début de soirée, face aux quelques personnes présentes, les derniers rayons solaires filtrant entre la masse de nuages grisâtres illuminaient la cime des arbres de la forêt des Dieux avec une clarté divine.
La garde contemplait les cendres entre ses mains, comme un enfant s'attendant à en revoir surgir le trépassé avec encore tant d'espérance. Mais il y avait des jours, comme celui là, où les cendres n'étaient que des cendres.
Sanaga n'y avait vu que du feu. Devenue veuve à peine quelques lunes plus tôt, elle n'avait pas décelé la fin imminente de son mentor. Elle ne lui avait pas touché un mot de ses tourments, et de son côté, Cerbère en avait fait autant, prenant soin de lui confier quelques menus contrats, la tenant éloignée du manoir. La nouvelle de la mort d'Adjaron et celle de Cerbère lui étaient parvenues simultanément. Le coup avait été vicieux et inattendu. Après avoir tout perdu en l'espace de quelques lunes, elle héritait du poids du monde. Mais ses yeux étaient vides de larmes, ils n'en auraient d'ailleurs pas supporté la brûlure.
Il y a encore tant à faire...Cerbère.
Retenant l'urne par ses deux anneaux métalliques, elle la fit pivoter face au vent. La poussière bascula doucement, longuement, emportée par la brise en de multiples flots diaphanes et limpides. Le comte n'avait plus besoin de son éternelle canne blanche, à présent. Il se promènerait dans son royaume sans entrave et sans contrainte. Du moins, la garde l'espérait.
Elle remit l'urne aux oublis, restant simplement dans la contemplation de l'instant, tel un être éphémère statuant devant l'éternité inaccessible.
Sous une légère brise, une partie de la poussière drainée voleta jusque sur l'herbe entourant le manoir. Sanaga eut un sourire contracté, murmurant plus pour elle-même que pour les oublis.
-Merde. Sa pelouse...
Il y aura encore tant à faire. Et la Garde ne faillira pas. Elle Lui en a fait le serment.
La Garde mourait, oui, mais ne se rendait pas.
Edité par Sanaga le 01/08/08 à 21:40
Vadim | 02/08/08 19:13
Fidèle à ses habitudes, Vadim se trouvait sur les champs de bataille à mener ses troupes de morts-vivants d'une main ferme. Le petit campement servant de lieu de décision et de rencontre avec ses capitaines se trouvait à quelques mètres derrière lui. Lui se tenait un peu plus près des combats, sur la même colline que le campement qui surplombait cette vallée désormais sanglante.
Il fixait les armées déchaînées, écoutait le bruit des armes et peut-être même celui de la chair qu'on arrache. La brise nocturne soufflait doucement, une brise de mort. Quelqu'un s'approcha derrière lui, il s'arrêta à quelques pas. La quiétude paisible désarçonnée, il se retourna pour voir celui qui la troublait.
Un de ses vampires se tenait devant lui, l'air abasourdit.
Qu'y a-t-il? S'empressa Vadim.
Nous venons de recevoir une missive... Elle annonce la mort de Cerbère.
Vadim se retourna pour continuer de contempler le royaume dévasté. Ainsi donc Cerbère était mort. Même s'il le savait malade depuis quelques mois, cela n'empêcha pas la nouvelle de faire un certain choc. Venait-il de perdre un ami? Peut-être bien, si quelques discussions amicales et une guerre menée côte à côte suffisent pour utiliser ce terme. La force et le courage de cet homme était une denrée très rare. Daifen perdait un pilier de son histoire, d'autres viendraient sûrement, mais jamais comme lui.
En dernier hommage, les combats à présent terminés, les yeux de l'humain se voilèrent d'un noir profond. Ses harpies cessèrent de voler en tous sens. Les lamentations commencèrent doucement, perçant le silence désormais inquiétant de la nuit. Une prière morte en honneur d'un grand homme.
Ses dernières paroles s'envolèrent dans le calme du vent.
La mort n'est qu'une étape de plus dans le cheminement éternel d'une âme.
Edité par Vadim le 02/08/08 à 19:16
Baramir d'Eckmöl | 03/08/08 15:34
Baramir était tranquillement installé dans la bibliothèque de son royaume, en train d'étudier comme à son habitude. Qu'avait-il d'autre à faire à présent ? Il avait longuement combattu et maintenant que restait-il ?
C'est alors qu'un nouveau nuage de fumée emplissait l'air autour du nain que le message lui parvint. Il le lut simplement, puis son coeur se sera et il reversa sa tête en arrière, contemplant la voute au dessus de sa tête au travers du nuage. Cerbère était mort. Pourquoi la nouvelle le touchait-il tant ? Pourtant ils n'étaient pas amis, ils ne s'étaient presque jamais parlé mais la nouvelle serait le coeur du nain.
"Je ne le connaissais pas... Mais il n'est nul doute que c'est une perte cruelle. Vas rejoindre les Anciens..."
Le nain poussa un profond soupir.
"Je ne sais même pas comment l'appeler."
Edité par Baramir d'Eckmöl le 03/08/08 à 15:35
Fanfan | 03/08/08 18:44
Un pigeon arriva fatigué dans le bureau de Fanfan, se posa sur le rebord de la fenêtre entrouverte. Un pigeon qui ressemble à tant d'autres. L'elf posa sa pipe dans le cendrier et défît le petit papier attaché à la patte du messager.
"-Cerbère est mort"
Pas de quoi sortir de ses gonds, mais tout de même de quoi sortir dans la cours. L'elf marcha quelques pas dans la cours de la vide citée de l'HAP, tirant des bouffées sur sa pipe. Que penser de cette mort? Bien sûr elle n'attristeras en rien le reste de son existence, mais sur le coup il eu une sorte d'inexplicable pincement au coeur.
Il avait connu l'homme lors de son passage au firmir, quand il était encore membre de l'ordre. Discret, pas très causant mais assez critique et juste sur les question de politique extérieures. Pas un mauvais élément mais pas spécialement un bon vivant fêtard rigolard avec qui on se fend la bûche devant un cruchon de bière.
Bien sûr ça n'assombrirait pas plus que ça la journée de Fanfan la mort de cet homme sans visage. Ca ne changeras pas de ne pas l'apercevoir en taverne, ou de ne pas recevoir de réponse à ces bonjours lancés, reçus vers l'ombres, absorbé par le personnage, comme un gouffre plein de méandres compliqués perdus dans le vide émotionnel. C'est comme ça que je le ressent en tout cas.
Pas spécialement triste mais pas non plus indifférent.
parcourant la nuit
sortit de nul part
de son costume gris et de ses manières fortes
ou de courtoisie à l'âme effilée
l'arme de sang
vêtue de noir
pour la grandeur d'un soir sortit du néant
regagne à jamais son édifice de gloire
pour reposer sur les rives des fleuves d'émeraudes
accueillant en leur sein
le repos de celui qui ce garde.
