Forum - Un pigeon aux petits pois.....
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Charengo | 04/08/08 16:37
Adel Aïde était installé à la grande table des maitres d'armes. La tête du tigre était posée ainsi que son cimeterre à côté de l'écuelle: une lame courbe gravée de signes bizarres, épaisse à la garde mais avec un fil extrêmement fin et tranchant. Le tigre veillait. Ses yeux émeraude lançaient des éclats froids et brulants à la fois. Avec appréhension la foule des serviteurs du château se tenait devant la porte, subjuguée par la force qui émanait de cet être venu d'ailleurs. On lui servit du vin, il le refusa, se contentant de grandes goulées d'eau à même la carafe, on lui servit de grandes côtelettes de porc grillées et grasses il les refusa également.
Il mangea du pigeon ... un vieux pigeon sans doute, car sinon comment aurait-il pu atterrir dans l'assiette avec la garde que maitre Roucoulou montait devant le colombier. Ou plutôt un de ces pigeons que les serfs chassaient de leurs terres au moment des semailles... enfin bon apparemment il préférait le pigeon....
Il gouta du fromage de brebis et se régala de fruits des vergers du château. A chaque fruit il le tournait et retournait dans ses grandes mains ou scintillait la bague du seigneur Arden, s'imprégnant de leur odeur, les tendant au tigre en quête d'une muette approbation. Illusion d'optique, mouvements incontrôlés, à chaque fois un frémissement parcourait la gueule de la bête, faisant reculer d'autant Chrokos.
« Non mais c'est quoi ce rassemblement ? et pendant ce temps qui s'occupe des fourneaux, des chevaux, du moulin, et de la poussière qui s'accumule sur tout le mobilier ? on se bouge et vite... »
Dame Charengo venait de faire une entrée tonitruante dans la cuisine et tous s'éparpillèrent sans plus attendre, tout en jetant des regards curieux en direction du messager.
Adel Aïde se leva et s'inclina, la main sur le coeur, attendant avant de se rasseoir un accord tacite. Charengo prit place face à lui.
Je me demandais quel langage j'allais pouvoir lui tenir et comment nous allions pouvoir nous transmettre des informations. Nul interprète au château ne parlait cette langue joliment veloutée. Pourtant Arden m'avait laissé entendre qu'Adel devait me révéler certains évènements...
Lentement il caressait la peau de la bête à ses côtés; les serviteurs et gens d'arme avaient fini par s'éloigner. Le silence faisait place aux clameurs, le soleil renvoyait quelques rayons poussifs à travers les croisées. Adel Aïde repoussa la corbeille de fruits. Sa main continuait ses allées et venues dans le pelage de la bête, et celui-ci frémissait à chaque mouvement.
Ses yeux ne quittaient pas mon visage, des yeux durs, brûlants, avec un fond de mélancolie qui laissait croire qu'il scrutait un autre paysage, d'autres contrées que cette cuisine banale.
Sa main s'immobilisa. Etais-je inquiète ou non ? j'étais à sa merci. Il pouvait se saisir d'une dague, un couteau et en finir avec moi... Intérieurement je souris à ces suppositions. Quel intérêt de me tuer ici au château ? il n'irait guère bien loin avant d'être rattrapé, et puis Arden lui avait fait confiance et il n'avait nullement démérité.
Je me détendais peu à peu, et d'un signe de tête l'invitais à parler ou à une quelconque action. En un tour de main il déposa un objet sur le bois sombre et massif. Je ne l'avais pas vu le prendre et reculais instinctivement. L'objet trônait sur la table. Une espèce de boite cylindrique de la taille d'une grosse pomme qui ne m'était pas inconnu...
Un souvenir d'enfance remonta à la surface : des fêtes dans un château entouré de bois, des enfants courants à travers des tables garnies de victuailles, une troupe de ménestrels chantant et dansant dans le parc devant la foule...
Il se saisit de la boite et entre pouce et index tourna la minuscule manivelle. Lancinante, aigrelette, hésitante, la musique emplit la pièce. Avec les notes qui s'égrenaient des paroles me revinrent en mémoire...
