Forum - [Picrocoledhil] Le vent du nord

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Noir-feu | 12/08/08 00:17

La nuit était tombée peu auparavant. Je me souviens qu'il faisait une chaleur étouffante, l'air était moite, irrespirable. Les constellations étincelantes étaient comme un vibrant appel du royaume des cieux, leurs lueurs cristallines emplissaient chaque chose de magie, c'était une de ces heures ou les tourments de la vie s'estompent devant la magnificence de l'univers.

Je me trouvais devant ma caverne, ce soir-là, assis comme chaque nuit devant l'entrée béante qui plongeait dans les entrailles de la terre. Les plaines arides semblaient onduler jusqu'à l'infini, simplement entrecoupées ici et là de vastes fleuves aux noms imprononçables pour un étranger. Je me souviens encore d'avoir ressenti soudain comme une brise fraîche, puis la chaleur devint totalement intenable.

Je me levais lentement, puis tournais mon regard vers le sommet du volcan qui me servait de refuge, et c'est là que je le vis. Pas un bruit, pas le moindre son n'avait été perceptible, et pourtant je peux vous dire que la solitude affine les sens mieux que toute autre méthode. Il était là, simplement, semblable à un roc immuable. Seuls ses yeux trahissaient sa nature vivante, véritables lacs sans fond d'une couleur de braise ardente, ils se fixèrent brutalement sur moi.

J'aurais dû mourir ce soir-là, je crois même que je serais mort sans regrets. Mais allez savoir pourquoi, je me suis levé, me suis avancé lentement vers lui et lui ai souhaité la bienvenue. Vous me croirez si vous voulez, mais ce soir-là, j'ai entendu cette créature rire à gorge déployée, c'était comme si le tonnerre avait établi son domicile au dessus de ma tête, même la terre tremblait.

Et puis les jours ont passé, nous avons fait connaissance. Il avait besoin d'un lieu sûr pour mener à bien sa tâche, je n'étais pas contre une certaine protection, vu que des prospecteurs avides avaient annoncé avoir trouvé de l'or dans nos rivières quelques jours auparavant. Alors il s'est installé, me prévenant de l'arrivée de quelques aides qui lui étaient indispensables. C'était un être inquiétant, sans nul doute, mais sous cet aspect redoutable se cachait un être à l'esprit caustique, un être tourmenté, qui avait contemplé ce que la vie ne devrait jamais voir, mais je vous assure qu'aucune malice n'émanait de lui. Nous parlâmes de nombreuses choses, du passé, de sa vie, de la mienne, de ces terres, mais jamais il n'aborda la raison de sa présence en ces terres, à mon grand dam.

Un jour advint où les rochers parlèrent de nouveaux venus, les vents murmurèrent qu'une forêt immense venait d'apparaître, ils dirent aussi que les temps étaient venus, que le nouvel âge devait commencer. J'étais trop vieux pour ces choses, mais je vis bien que mon invité attendait ce moment avec quelque impatience. Le lendemain, les oiseaux colportaient mille et mille fables, les merles parlaient d'un Dieu scintillant, les rouges-gorges d'un mage capable de leur parler, les colombes disaient même qu'une Fée avait élu domicile dans la sylve nouvellement apparue. D'autres encore parlaient de nains, d'orcs, bref de toute une foule envahissant cette terre sauvage.

La terre se mit à bourdonner, crier serait plus exact, hurler, même, sous les travaux colossaux qui commencèrent un peu partout, ce fut le premier signe palpable que les ennuis étaient bel et bien à ma porte. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que ça allait être un beau foutoir.

J'aurais dû me douter que cela ne se passerait pas sans mal, mais que voulez-vous, l'Histoire venait de se mettre en marche, et moi j'étais dedans, jusqu'au cou.

Edité par Noir-feu le 12/08/08 à 00:26

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