Forum - La dernière pierre

Eigoel Nahb | 12/08/08 15:02

Cela faisait déjà plusieurs heures que la nuit était tombée. Eigoel avait passé la soirée à la taverne, et s'acheminait à présent en direction de son antique tente, quelque part dans les bois. Son pas était assuré et rapide. La fraîcheur nocturne glissait sur sa peau, la faisant frissonner.
Elle hâta le pas, pressée de retrouver sa couverture de fourrure. Elle pénétra dans la forêt sombre, les arbres commencèrent à défiler autour d'elle. On y voyait rien, le manteau noir de la nuit était soigneusement clos, aucun rayon de la lune, bouchée par des nuages sombres, ne parvenait à percer les ténèbres. L'humaine plissa les yeux afin de les habituer plus rapidement. Le grondement sourd qu'elle avait commencé à ressentir en taverne ne s'était pas tari. Ce bruit étouffé et menaçant venait de la terre, et semblait la suivre. Partout où elle marchait, le grondement la suivait, et avait même commencé à se répercuter dans ses jambes. L'humaine pouvait ressentir une sorte de frémissement, dans sa peau, dans son sang, comme si ce dernier chauffait, s'agitait. Un vent léger s'éleva, les hautes branches feuillues des arbres se frictionnèrent entre elles, créant un murmure continu.
Les résineux s'espacèrent, laissant place à une modeste clairière, où trônait en son centre une toile de tente salie par les voyages et les générations. Un infime sourire étira les lèvres de l'aventurière. Elle repoussa le pan de l'entrée de son abri de fortune, et s'allongea à l'intérieur après avoir bien refermé l'ouverture. L'humaine s'enroula dans sa chaude couverture de fourrure d'ours brun. Le bruit s'était déplacé sous elle. Le grondement faisait vibrer sa colonne vertébrale, se propagea dans sa nuque, l'enveloppant lentement, vicieusement.
Eigoel détestait cela. Elle ne pouvait rien y faire, l'heure de la quatrième pierre allait sonner. Elle s'efforça de se souvenir des paroles du Mage Celimbrimbor. Elle ne craignait rien, elle allait recevoir la pierre, simplement, mais l'appréhension ne voulait pas la lâcher. Le bruit lui emplit les oreilles, elle ferma les yeux. Tel un fluide s'écoulant le long de ses os, de ses muscles, le nouveau pouvoir s'insinuait vers les profondeurs de son ventre. L'humaine soupira longuement, couchée sur le côté en position foetale.
Les minutes passèrent à la vitesse d'heures, et soudain, une intense chaleur déflagra dans son ventre. Eigoel ouvrit brutalement les yeux, secouée d'un sursaut de surprise. Les pierres scintillèrent vivement, se mirent doucement à chanter, tel un hymne de bienvenu et d'allégresse. Puis, elles se calmèrent...
Le calme revint, le grondement avait disparu. La quatrième pierre était là, elle la sentait.

La Terre.

Une émeraude.

Les éléments ne s'étaient pas déclenchés sur elle. L'aventurière eu une pensée pour Celimbrimbor. Qu'avait-il reçu ?