Forum - [Picrocoledhil] La quête des légendes : les Dragons 2/3 : Se souvenir des belles choses.

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Celimbrimbor | 14/08/08 23:42

« Maman, maman ! »

Le jeune garçon courrait dans le champ de seigle en prenant garde de ne pas faucher les épis avant l'heure, l'air plus surpris qu'apeuré.

« Maman ! Maman ! Vient voir ! Vient voir vite ! »

Alpra passa finalement la tête en dehors d'une fenêtre.

« Qu'est-ce qu'il y'a ? Court pas ainsi, tu vas te blesser. Lui répond-elle.

-Mais maman ! Vient ! »

Le gamin a cessé de courir et son regard implore sa mère de venir. Sachant qu'elle ne peut rien quand il est dans cet état d'excitation, elle abandonne son tablier et sort enfin de la salle d'abattage où elle dépeçait une bête. Elle avait fini après tout, il ne restait plus qu'à jeter les abats aux chiens. Elle soupira, se lava les mains dans un seau qui traînait par là, et alla rejoindre son gosse.

C'était une grosse matrone, d'environ quarante ans, que les affres du temps n'avaient pas épargné. Le visage rubicond, les traits tirés, sa face portait les marques d'une vie peu simple et délicate à survivre contre la nature. Ronde, forte, son corps avait subi six accouchements qui ne l'avaient pas laissé qu'indemne, comme ne l'avait pas laissé de marbre la disparition de trois des fruits de ses amours avec son mari. Elle était fatigué, mais Piotr était son dernier rayon d'espoir, pour elle qui n'attendait plus rien de la vie. Elle jeta son hachoir sur un souche et l'alla voir.

« Qu'est-ce qu'il y a alors ? Demanda-t-elle.

-Vient voir, vient voir ! »

Il la saisit par la manche et l'entraîne sans plus lui répondre.

La forêt n'était pas là la semaine dernière. Mais cela, Alpra le savait déjà. Elle et son mari avait perdu une dizaine de bêtes, empalées sur les arbres qui avaient trop rapidement poussé. Qu'est-ce que Piotr y avait donc déniché pour être ainsi hors de lui. Elle avait même du mal à le suivre, de ses pattes courtaudes.

Finalement, le souffle court, elle s'arrêta quand il lui fit signe.

« Chut ! Il dort ! » Murmura le gamin.

La mère s'alarma aussitôt. Qui était ce « il » ? D'où venait-il ? Que voulait-il ? Elle regretta de n'avoir pas gardé le hachoir. A pas de loup, sa discrétion égale à son instinct maternel, elle avança vers un point que lui désignait Piotr.

Dans la forêt, un être dormait. Paisiblement étendu, les mains le long du corps, un délicat sourire sur son délicat visage, les yeux clos, des cheveux longs tout autour de lui. Il dormait.

Elle s'accouda sur un arbre. Un elfe. Son enfant avait trouvé un elfe. Une créature dont parlaient seulement les légendes des pays les plus lointains. Un elfe.

Elle n'en revenait pas, et fit un pas vers la silhouette endormie qui ouvrit aussitôt les yeux.

« Je me suis perdu dans cette forêt. Auriez-vous l'obligeance de me guider jusqu'à quelque part ? »

Sa voix, cristalline, sonna doucement dans l'endroit, et la femme comme l'enfant pleurèrent presque à entendre une telle beauté. Ils ne purent résister à l'injonction qui les poussait de le ramener jusqu'à chez eux.

Et puis, un homme à la maison, vu que Jan ne rentrait pas avant deux lunes, cela n'était pas du luxe contre les brigands. L'elfe saurait, sinon les repousser, du moins leur faire peur. Alpra ne pensait plus du tout à son hachoir.

Le temps qu'il resta avec eux, tout sembla aller mieux à la ferme d'Alpra, étrangement. Elle se doutait que c'était sa présence que saluait la nature. Les légendes en parlaient. Disaient qu'avoir un elfe chez soi, c'était s'assurer une bonne récolte, des bêtes saines et grasses, la sécurité.
D'une certaine façon, tout ceci était vrai. Et puis, l'elfe faisait des merveilles. Il apprit rapidement à Piotr à lire, à écrire. Il savait tenir une maisonnée, et trayait les bêtes plus vite que personne. Tout ce qu'il faisait ou disait semblait se réaliser comme par magie. L'enfant prit même quelques grands centimètres à partir du moment où ce fut l'elfe qui se mit à faire la cuisine.
Petit à petit, Alpra pu se reposer, et passer plus de temps au lit. Cela l'arrangeait bien, à vrai dire, elle se sentait faible depuis quelque temps. La vie ne l'avait pas épargné, et elle trouvait chaque jour de nouvelles rides ou des nouvelles mèches blanches sur son visage ou dans ses cheveux quand elle s'observait dans le miroir de bronze poli qu'avait récuré l'elfe pour elle.
Elle se sentait parfois prise d'une langueur étrange, et s'assoupissait sans alarmes. Heureusement, le grand elfe veillait sur elle.

Deux lunes plus tard, Jan rentra chez lui, pour découvrir un elfe devant sa porte. Il s'immobilisa.

« Où sont-ils ?

-Le gamin est à la ville, dans une meilleure école et pour une meilleure position que tout ce que ta carrière de druide aurait pu lui apporter Jan.

-Alpra ?

-Morte.

-Morte ?

-Je l'ai tué. Tu ne rentres pas chez toi. »

La terre se déroba sous les pieds de l'elfe sans qu'il pu réagir, tandis que l'eau qui filtrait par les pores du sol le recouvrit instantanément. Une seconde avant que celle-ci ne gèle, un puissant éclair tomba droit à cet endroit, et puis plus rien. Seulement les pleurs de Jan.

« Pourquoi ?

-Tu ne rentres pas chez toi, je te l'ai déjà dit. »

Le druide leva la tête. Impossible. Assommé, noyé, électrocuté, broyé. Impossible. Il questionna la nature, interrogea ses sens pour comprendre, mais tous ses pouvoirs restaient muets.

« Tu as un voyage à accomplir, et c'est un voyage sans retour. Tu mourras au bout. La voix de l'elfe était sans appel.

-Jamais ! Le druide hurla sa rage et attaqua son adversaire, qui l'arrêta d'une main tendue.

-Si. Nous partons immédiatement. »

Jan avait été touché. Effleuré à peine. Et cela avait suffit. Suffit pour qu'il comprenne qu'il n'y avait rien à faire. Compris qu'il était damné. La nature l'avait abandonné.

« Je proviendrai à tous tes besoins. Prend juste un bâton de marche. Tu ne peux pas voler.

-Si, juste pour lutter jusqu'au bout, se dit Jan, juste pour ne pas baisser les bras. Je sais voler.

-Non. Tu ne peux plus. Guide-moi jusqu'aux dragons. Ils se dissimulent à moi, et je n'ai pas le temps de les chercher.

-Je ne ferai jamais cela. Le druide parlait lentement, détachant les mots soigneusement. Pas pour vous ni aucun autre. Autant mourir à présent. »

L'elfe se pencha auprès de lui, et murmura quelque chose à son oreille, tout bas, très doucement, pour que personne ne puisse l'entendre, quand bien même il n'y avait pas âme qui vive aux alentours. Peut-être menaça-t-il ses enfants. Peut-être menaça-t-il le druide. En tous cas, il trouva le levier pour le faire bouger.

L'homme déchut ne jeta pas un regard vers sa ferme alors qu'il la quittait. De toute façon, elle brûlait déjà, tandis que la forme de la nature changeait, faisant apparaître une rivière sortant d'une colline où il y avait eu tout à l'heure les champs de seigle. Les bêtes se firent animaux sauvages. Ce qui avait été volé d'un côté était redonné de l'autre. Celimbrimbor avait triché, mais il était pressé.

Edité par Celimbrimbor le 15/08/08 à 00:03

Charengo | 15/08/08 09:26

machiavélique........:D

Eigoel Nahb | 15/08/08 13:28

Charengo> Arrêtez de sourire, y a rien de drôle... Sinon je sacrifie un pigeon! :o

Charengo | 15/08/08 14:41

Eigoel> mais heu........ j'y peux rien c'est nerveux :D si vous touchez à un pigeon je vous vole tout le chouchen...

Baramir d'Eckmöl | 16/08/08 09:05

Heum...
Tout cela est vraiment très intéressant. On dirait bien que mon ami à décider de bouger, enfin.
C'est un réel soulagement et plaisir que de le voir ainsi.

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