Forum - [RP]Tuatha Dé Dânann

Index des forums > Rôle Play > [RP]Tuatha Dé Dânann

Morrigane | 15/08/08 14:25

L'eau s'écoule tranquillement dans le sanctuaire de Morrigane. Sa mélodie est à peine troublée par le vent chahutant le flot continu que recrache la gargouille de sa gueule découvrant des crocs agressifs. La nymphe qui tient la vasque recueillant le précieux liquide servant aux ablutions des fidèles, ne semble pas effarouchée par son compagnon. Elle regarde simplement l'autel en granit dressé sur deux pierres taillées de façon ovales dans le plus simple appareil. Peut-être est-ce les multiples fleurs qu'elle regarde ou alors, les fruits, ou bien ces armes déposées dans l'espoir de demander la furie de Morrigane pour une guerre. Dans ce temple, la Mort et la Vie se mélangent dans les fertiles croyances du peuple, grâce à eux, elle vit et se renforce.

Des pas légers se rapprochent, le bruissement de multiples jupons témoigne de son appartenance au sexe faible. Cette femme hésite, ses bras sont chargés de présents pour celle qui représente la souveraineté de la mort ou bien la fertilité. Son regard fuyant regarde les alentours déserts de la plaine avant de s'enfoncer dans le cercle dressé par de gigantesques pierres plantées dans le sol. Sa tenue noire est discrète mais révèle cependant la valeur de son statut social. Morrigane se lasse de ces femmes qui viennent lui réclamer un héritier, ou le retour de leur mari infidèle ayant un goût prononcé pour les multiples culbutes. Si elles savaient s'y prendre pour attiser la passion et les plaisirs de la chair, elle n'aurait pas à venir mouiller de leurs larmes le sol de sa demeure. Elle préfère de loin leur donner le ventre rond car elle sait que l'être qui naîtra sera son servant jusqu'à la fin de ses jours. La Souveraine de la Mort sera là aussi pour le recueillir à son dernier souffle qui signera la fin de sa bonté et de ce pacte subtil peut-être passé avec l'avatar féminin du diable pour certains ou d'ange gardien pour d'autres.

Elle soupire et le vent prend un peu de vitesse. Aujourd'hui, elle ne pense pas donner ses faveurs, le soleil éclatant se voile peu à peu d'un drap vaporeux. La croyante observe un moment la gargouille la dévisageant avec fureur, elle dépose finalement ses dons et recueille l'eau de la vasque pour se frotter le visage et s'y laver les mains. Puis, elle en boit une gorgée afin de purifier son intérieur et le dévoiler totalement à Morrigane. Cette dernière se lève de son lit de repos et se penche un peu plus sur le cas de cette femme aux gestes précis, un rayon de soleil réchauffe son visage trempé. La fidèle se dirige maintenant vers l'autel, puis sort de sa panière un brûle parfum en cuivre dans lequel des braises se consument calmement. Elle y jette une poignée de cheveux déballée d'un mouchoir de soie noire. Ne craignant point le ridicule, la femme d'un seigneur croasse devant la nymphe qui la regarde avec compassion.
La tentation est forte de voir de plus près la demande de cette donzelle qui l'appelle. Morrigane se dit finalement qu'une sortie en chair ne lui ferait pas de mal. Elle prend la forme qu'elle affectionne le plus et se pose non loin d'elle en l'observant avec attention.
La paume ensanglantée laisse le filet de sang rejoindre les braises qui grignotent les cheveux maintenant mêlés au sang. La voix de la femme s'élève alors qu'elle prie Morrigane dans un simple chuchotement où l'émotion est palpable « Grande Reine des Tuatha Dé Danann, écoute ma complainte pour sauver ton peuple de l'invasion des Barbares ayant oublié ton nom ! En cette lune noire, la guerre sera menée contre les envahisseurs souillant Dana ! Inspire la folie et la peur dans leur rang en bénissant tes guerriers qui se battent pour que ta légende vive. De mon sang et de mon essence, je serais ta servante et mes héritiers seront tiens pour qu'à jamais Dana soit leur mère et Morrigane leur marraine. Puisse ta clémence exaucer ma prière. »

Le tonnerre roule sur la plaine tels des milliers de tambours hantant les airs de leurs percussions martiales. Sur la fontaine, les serres du corbeau quitte le granit du porche d'entrée et frôle la tête de la femme qui rejoint ses mains sur son coeur en voyant le signe de Morrigane, sa prière a été entendue et maintenant sa vie, ses enfants doivent lui appartenir. L'oiseau de mauvais augure s'enfonce dans l'éther afin de régner sur cette lune qui sera rousse.

Les souffles forment une nappe vaporeuse au-dessus des têtes des hommes aux yeux rivés vers les troupes ennemies. La nuit est froide, étrange pour cette période de l'année qui se veut douce. Les doigts s'engourdissent rapidement sous les gantelets de fer. Il ne faut pas faiblir, sa vie est en jeu, il va falloir se battre jusqu'au dernier souffle. Pourtant, la peur s'immisce pernicieusement quand les cris des barbares redoublent de fureur. Leur nombre dépasse largement la leur et la promesse qu'ils offrent à bout de bras avec leur haches et leurs fléaux ne parait que trop vraie. Mais le Général ne faiblit pas sous le coup des émotions en proies au doute. Il hurle sa volonté guerrière à ses hommes qui serrent les mâchoires en fixant leur mort certaine avec froideur. Pourtant, leur estomac n'a jamais été aussi serré, peut-être est-ce là que se niche l'instinct de survie...

Le givre s'installe sur l'herbe recroquevillée, Morrigane marche vers son peuple. Son épée à la lame ondulée semble prendre le rythme de sa démarche chaloupée. Une cape de fourrure sombre couvre en partie ses épaules laiteuses, son vêtement lui sert plus d'apparat que pour la protéger du froid qui n'est d'autre qu'elle. Un collier formé d'une guirlande de petits crânes en argent orne la courbe de sa gorge découverte, son armure ne fait que mettre ses courbes en valeur. Elle est immortelle à quoi lui servait le bardas des mortels ? Un brouillard suit son sillon parfumé alors qu'elle marche sur une ligne imaginaire séparant les deux armées. Les Barbares regardent cette femme isolée qui ne craint pas pour sa vie. Leurs rires gras expriment leurs pensées toutes masculines, Morrigane sourit en les percevant, car déjà, elle s'est immiscée dans leurs têtes et connaît leurs peurs les plus profondes. Pauvres ingrats ayant oublié Dana! Sa colère sera dévastatrice ! La gaillardise s'estompe rapidement quand ils comprennent que c'est une diablesse qui hante la plaine. La sorcellerie ne pourrait pas expliquer le rideau de brume qu'elle a tiré devant eux. Ainsi, les légendes et les croyances des terres qu'ils veulent conquérir sont bien vivaces et terriblement réelles...

Les armes retombent piteusement le long de leurs jambes qui ressemblent à du coton, la déglutition est difficile, même le chef de la tribu a perdu de son assurance. Le brouillard commence à leur lécher les jambes, il s'enroule tels des boas pour les étouffer dans leurs angoisses. Un silence pesant les baigne dans leur frayeur qui déferle en vague. Morrigane savoure ce moment, de son souffle mutin, elle va caresser le cou de chacun de ces guerriers. Ils frissonnent sous cette brise étrange qui les glace jusqu'à l'échine et les paralyse. Leurs yeux révulsés cherchent dans la brume qui les entoure celle qui a osé leur chuchoter à l'oreille, celle qui a dit que leurs âmes seraient sienne. Les prises se resserrent si forts autour des armes que les doigts blanchissent. Morrigane choisit ce moment pour se faire artiste et dessiner dans la vapeur la terreur qui va les entretuer.

Les hurlements résonnent tout comme les armes qui s'entrechoquent de l'autre côté du rideau de brume. La confusion s'installe dans les rangs du Général dont la femme est venue prier Morrigane. Il ne voit plus cette apparition qui a noyé leurs adversaires dans des vapeurs angoissantes. Il lève les yeux vers la lune voilée pour demander la clémence des cieux. Quand il les repose sur l'horizon, Morrigane fait face aux guerriers, elle tient les rênes d'un étalon aussi noir que son apparence ombrageuse. Elle insuffle sa furie dans chacun des esprits en portant au vent un baiser déposé sur sa main. Un appel résonne dans chacun d'entre eux qui suffit à les faire charger à sa suite quand elle donne un signal pourtant silencieux.
« Par delà les brumes, pour que vivent les légendes ! »

On raconte que la centaine de guerriers a réussi à terrasser les cinq cents hommes des Contrées du Nord. Le Chef Barbare a été épargné pour qu'il raconte à son peuple, qu'une femme a inspiré les guerriers apportant avec elle la terreur chez ses hommes, et que son nom serait Morrigane. On dit aussi qu'elle a disparu mystérieusement après avoir franchit le brouillard qui s'est subitement levé dévoilant les barbares qui s'entretuaient. La défaite a été cuisante, et la mort a vite régné sur la plaine désolée. Plusieurs témoins racontent qu'un corbeau s'est posé sur l'épaule du Général quand il contemplait sa victoire, et qu'après plusieurs minutes l'oiseau s'est envolé vers une la lune qui ce soir là, était rousse.

Index des forums > Rôle Play