Forum - Chaptre 1: Pas le choix!
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Sowilo Lil Zhuanth | 24/08/08 19:18
Il marchait sur un chemin sans paysage. Autour de lui, une brume épaisse camouflait les alentours. Il avançait avec lassitude, depuis une éternité lui semblait-il.
Il n'arrivait pas à discerner le ciel au travers de l'épais rideau de condensation. Puis, enfin, au loin il aperçut une lueur. D'espoir?
Il accéléra la cadence, tantôt courant, tantôt trottinant. Ses jambes se dérobaient presque sous son grand âge mais enfin, le voici: un désert terreux et noir. Un soleil de plomb tapait contre son crâne dégarni.
Un vent glacial balayait cette plaine vaste, illimitée, triste et noire.
Le vieux elfe sautillait de joie, oubliant un temps ses articulations douloureuses et craquantes.
Tapotant des mains, il courut suivant scrupuleusement le chemin qu'il avait mémorisé depuis des lustres, jusqu'à ce qu'enfin, il trouva l'entrée d'une grotte semi enterrée dans le sol stérile.
-Messire, bonjour!
...Là où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont fait la paix....
-Messire, allons, allons! Il est l'heure de vous lever!
_Slach Slach_ Bruit des rideaux que l'on écarte.
Le soleil vint alors taquiner ses paupières lourdes.
Luttant contre son sommeil, le vieux roi ouvrit un oeil et aperçut son fidèle valet de chambre.
-Bonjour bonjour Messire! Ce matin le soleil nous fait l'honneur de sa présence! Ca tombe bien! Vous vouliez vous promener un peu sur le marché! Allons vite, je vais vous aider à vous lever! Ha oui! Votre Reine vous attend dans la salle à manger . Oui , le déjeuner fut servit en votre absence. N'en voulez pas à votre cuisinier, c'est votre dame qui le lui a ordonné!
Le valet déversait ses paroles sans laisser le temps au vieux roi de réellement sortir de ses rêves. Les voix mystérieuses résonnaient encore dans sa tête « Ils disent qu'ils ont fait la paix... » tandis que le bon valet aidait le vieil elfe à se lever de son lit, le soutenant sous le bras.
Il lui passa avec délicatesse sa robe de chambre rouge tissée de fils d'or et le conduisit dans la salle à manger.
Après un déjeuner ingurgité sans grand appétit le vieil elfe se prépara à sa promenade au marché hebdomadaire. Sa chaise à porteur l'attendait dans la cour devant les lourdes portes d'acier ciselé du palais. Il y grimpa au coté de sa dame.
-En route? Dit-il avec un petit sourire.
-En route mon ami. Murmura la reine avec un sourire lasse.
Ce n'est pas que sa vie manquait de piquant mais c'est surtout qu'elle en avait assez de cette routine hebdomadaire. Son mari se faisait toujours une joie de ces visites du marché pour la simple et bonne raison qu'il pensait y trouver leur futur élu.
Le roi tapota sur le toit de son véhicule et la chaise se souleva sous la force de quatre hommes robustes et avança au pas.
Le marché offrait un très joli spectacle : les étals de tomates rouges, vertes, jaunes, les salades, les légumes et fruits de toutes couleurs et de toutes formes, les étales de viandes, de poissons, de fleurs, de fromages ornaient la grande place. Les volailles et les lapins dans leur cage se donnaient en spectacle aux enfants courant, sautillant , riant. Les vieilles femmes colportaient les rumeurs de quartier à qui avait du temps à perdre, les hommes jouaient aux cartes sur les caisses de bois des commerçants tandis que les femmes remplissaient leur panier de victuailles chèrement acquises après négociation .
Les odeurs se mélangeaient pour arriver jusqu'aux narines du couple royal.
Le roi tira son petit rideau et observa le sourire aux lèvres le divertissement qui se présentait à lui.
Les montreurs d'ours haranguaient la foule:
« Gentes dames et beaux seigneurs! Approchez, approchez! Ne soyez pas effrayés par ses lourdes griffes ni par ses longues dents : Voici l'ours sauvage et terrifiant des plaines du pays de Zuarthan. »
Et une clameur s'éleva lorsque l'on retira la lourde étoffe qui recouvrait une large cage d'acier. La bête rugit, se leva sur ses pattes arrières et tapa frénétiquement contre les barreaux de sa geôle.
Les saltimbanques faisaient leurs pirouettes, leurs saltos arrière, avant, leurs roues, marchaient sur leurs mains, jonglaient avec des masses, tantôt de fer, tantôt enflammées.
Quelques uns déclamaient les vers que de riches troubadours de contrées lointaines avaient écrits pour leurs belles:
« Compagno, non puesc mudar qu'eo no m'effrei
De novellas qu'ai auzidas et que vei:
Qu'una domna s'es clamada de sos gardadors a mei.
E diz que non volo prendre dreit ni lei,
Ans la teno esserrada quada trei:
Tant l'us no-ill larga l'estaca que l'altre plus no la-ill plei. » *
Des musiciens rythmaient les pas des badauds. Et enfin, les mendiants tentaient d'attirer sur eux les piécettes des riches clients.
Le roi soupirant était sur le point d'ordonner à ses porteurs de contourner la rue de gauche et de rentrer au palais quand, dissimulée derrière une tente de commerçant itinérant il l'aperçût, elle.
Une jeune elfe habillée humblement d'une tunique de lin blanche et d'un pantalon marron de même matière, armée d'épée de bois et accompagnée d'un garçon, son cadet.
Il fit alors stopper sa voiture et scruta la scène.
La jeune elfe montrait des enchainements de combat au garçon...
« Allez, Mahaut, on reprend la garde sous le coude... »
« On la garderait pas sous le coude celle là, dis? »
« Non non, on reprend. Tu veux t'entrainer et devenir un puissant guerrier comme papa? »
« Ben je ne l'ai pas connu tu sais »
« Rhooo Mahaut, fait pas cette triste mine. Tu n'as pas besoin de l'avoir connu pour lui ressembler. Son souvenir coule dans tes veines. »
La jeune elfe caressa la joue du garçon. « Allez, on reprend la garde sous le coude. »
Et voilà les deux protagonistes face à face, une épée de bois chacun et une manique dans l'autre main. L'épée sous leur coude , la manique au niveau de l'autre poignet.
« C'est parti? »
« Oui! »
Et la jeune elfe glissa avec une grande rapidité et une agilité exemplaire l'épée factice contre le fort de l'épée en bois de son frère. La pointe de l'arme glissa et alla taper contre le poignet du jeune elfe et lui fit lâcher son arme.
« Aîe-heu ... »
« Ben oui , mais tu ne fais pas attention!!! J'y peux rien moi! »
Le roi sourit et se tourna vers sa dame:
« Je suis sur que c'est elle!!! »
« Pourquoi donc mon sire? »
« Regarde là, calme, agile, sure d'elle et en prime elle semble manier les armes! Reste à tester quelques points ... Mais je suis sur que c'est elle l'élue!!! »
La reine mima un large sourire joviale à son époux . Dès que celui-ci eut tourné la tête, elle leva les yeux au ciel dans un soupire silencieux.
Le roi appela son valet et lui transmit le message à remettre à l'elfe.
Le valet parut surpris mais c'est avec une grande élégance qu'il transmis à la jeune fille l'ordre du roi : se rendre pour le souper annuel de fin de l'été au palais. En tant qu'invitée, cela allait de soi ...
La jeune fille en lâcha son arme de bois et s'inclina plusieurs fois en remerciant le valet.
Le garçon courut jusqu'à l 'intérieur de la tente criant
« Mama , Mama! Sowilo est invitée chez le roi! Elle est invitée au palais!!! Mama!!! Mama! »
Le véhicule du roi reparti donc en direction de son palais avec à son bord, un homme plus qu'heureux et pleins d'espoir avec en tête « là où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont fait la paix... »
Le château s'était paré, en l'absence du couple, de guirlandes végétales, de lampions, de bouquets et de gerbes de fleurs multicolores. Des voilages légers ornaient les allées de couleurs chaleureuses: rouge, orange, jaune, terre de sienne, ocre, prune que le vent s'amusait à faire gonfler dans un sens, puis dans l'autre.
Des corbeilles de fruits étaient posées de çi de là sur des guéridons, sur des tables d'appoint en bois travaillé minutieusement .
Et enfin, lorsque l'on arrivait dans les jardins, on ne pouvait douter que le coeur de la fête se tiendrait là.
Une table longue de plusieurs mètres était dressée au milieu d'une pelouse d'un vert vif. La tonnelle de fer forgé abritait la verrerie de cristal, les assiettes de porcelaine fine, les couverts d'or et la coutellerie en ivoire. Les cruches de vin attendaient encore leur précieux liquide qu'abriterait leurs ventres rebondis. Des bouquets de fleurs rares aux couleurs chatoyantes dans leurs vases qui portaient en eux l'art acquit par des générations entières de potiers elfiques parsemaient la table au milieu des pétales de roses aux milles couleurs.
Tout n'était que couleur. Trop peut être, mais le roi les aimait.
En arrivant, l'échanson du roi s'empressa de se rendre en cuisine annoncer la venue d'une invitée supplémentaire. C'est ainsi qu'il mis en marche un escadron de servantes qui allèrent ajuster le nombre des couverts sur la table, non loin du roi , au milieu des places qui seraient bientôt prises par des invités de marque, des nobles et des princes des contrées amies.
Rouspétant doucement, se frottant les mains sur son tablier graisseux, l'aide cuisinière souffla « que franchement hein! C'est pas le moment! Il est vraiment pas futé des fois celui là » montrant du doigt l'étage supérieur où se trouvaient les appartements du vieux roi. « Comme si qu'on avait que ca à faire nous autre! La boustifaille pour des jeunes elfettes des rues! »
Elle se remit ensuite au travail, renvoyant l'homme hors de la cuisine en pleine ébullition.
Le soir venu, des milieux de bougies éclairaient comme en plein jour le palais du roi de Dhuazen.
Les convives attendaient le début du repas dans les jardins, discutant en petits groupes dispersés au milieu des allées de roses, de jasmin, d'oiseau de paradis, des immortelles, des arbres grenadiers, des lilas blancs et de tant d'autres végétaux.
Des musiciens adoucissaient l'ambiance de leurs musiques envoutantes, elfique autant que pouvait l'être une musique.
Les invités avaient revêtu eux aussi leurs plus beaux atours. Les dames portaient des robes longues, fluides, tissées d'or, d'argent, ornées de rubis, d'opales, de topazes, de perles, de diamants et de tant d'autres pierres ....
Les hommes portaient des vêtements d'une grande richesse mais également les armes les plus belles que leurs forgerons pouvaient forger.
Et au milieu de tout ce beau monde se trouvait une jeune elfe. Sa chevelure de jais coiffée en une tresse épaisse enroulée en un chignon dégageait son visage fin aux traits vifs. Ses yeux gris pétillaient de malice et de joie, bien que derrière l'évidence on pouvait discerner une sagesse étrange dans ce visage si jeune. Ses lèvres pulpeuses offraient à ce visage un charme indéniable au regard des hommes.
Sa peau si pale était rehaussée de couleurs justes et discrètes.
Sa robe longue et fluide épousait ses formes élancées à merveille. Le décolleté élégant était brodé de perles et de fils d'argent . A son cou, enfin, pendait discrètement une chainette d'argent ornée d'un pendentif de même matière en forme de corbeau.
Une cloche tinta doucement et tous alors se dirigèrent vers la table, prenant la place qui leur était désignée.
Le repas fut dégusté et apprécié, arrosé des meilleurs vins du pays. Les servantes , en habit d'apparat naviguaient avec une discrêtion rare autours de la table afin de satisfaire l'appêtit de tous.
Puis enfin vint l'heure des desserts. C'est ce moment que choisit le roi pour faire une annonce.
« Nobles dames et Nobles seigneurs, nous fêtons aujourd'hui la fin de l'été et tout les bienfaits que celui-ci nous a amené... A tous je l'espère. Bientôt, le soleil deviendra plus pâle, sa chaleur se dissipera tandis que le froid, la neige et la glace prendront petit à petit la place qui leur revient en cette période de l'année.
Nous ne devons pas pleurer la disparition de la chaleur estivale car à présent que la nature a donné ses fruits, il lui faut se reposer et le froid l'engourdira doucement pour qu'elle renaisse de plus belle d'ici quelques mois.
Louons là! »
Et tous applaudirent le sempiternelle discours du roi.
« Mais enfin, j'ai encore une chose à vous annoncer mes amis! »
Le silence reprit place .
« J'ai enfin trouvé la nouvelle élue qui partira accomplir la prophétie »
Un murmure s'éleva de la table. Point de surprise dans le ton cela dit, seul la taquinerie transpirait de cette légère clameur.
« Elle se trouve à notre table, mes amis. Et aujourd'hui, après avoir vaillamment combattu contre mon maitre d'arme, après avoir vaincu aux échecs mon conseillé, et enfin, après avoir montrer ses talents en langues étrangères, il n'y avait plus aucun doute: elle est l'élue. La voici. »
Sous le signe du roi, Sowilo se leva, un peu surprise car le roi et tout les valets qu'elle avait pu croiser dans la journée s'était bien gardés de lui parler de son rôle d'élue, alors qu'elle les questionnait au sujet de tout ces mystérieux tests .
« Mes amis, voici Sowilo. Elle partira dès demain sur les terres de Daifen afin de rechercher ce désert qui cache en son sein le précieux artefact que je me suis évertué pendant des siècles , et mes pères avant moi, à retrouver! »
Les nobles dames et sires applaudirent en coeur, riant du sort de cette pauvre elfe.
Sowilo regarda autour d'elle, les sourcils levés bien haut de surprise. Partir? Elle ne l'avait jamais envisagé! Et son frère, qui le grondera lorsqu'il aura mangé bien trop de baies? Qui lui apprendra à manier les armes? Qui lui racontera les aventures de son défunt père?
Elle voulut protester, mais tous avaient déjà quitté la table pour aller danser sur les musiques enjouées.
Un valet lui agrippa la manche.
« Suivez moi! Je dois vous fournir votre paquetage pour demain et vous montrer vos appartements! »
Elle dégagea son bras de l'emprise et tenta de se frayer un chemin vers le roi mais elle fut aussitôt rattrapée :
« Allons, venez! De toute façon, il ne vous écoutera pas! Venez, suivez moi! Allons! »
Et le valet la tira vers l'intérieur du palais lui montrer sa chambre et son paquetage comprenant de l'or, des armes, des vêtements et la clé de sa cabine sur le bateau affrété pour l'occasion.
Le valet la laissa là , sur le seuil de la porte, il se détourna:
« Attendez! » Lâcha Sowilo. L'homme se tourna lentement vers la jeune femme « Pourriez vous au moins transmettre à ma mère ce qui est advenu de moi? »
Le valet acquiesça et disparu dans les couloirs du palais . Sowilo sentit qu'elle avait une chance de se dérober et lorsqu'elle fit un pas en arrière, elle vit là tout ses espoirs anéantis: deux gardes royaux arrivèrent à sa hauteur et se postèrent de chaque coté de sa porte.
Elle entra, avisa la fenêtre. Mais au troisième étage, elle avait bien plus de chance de se rompre les os que de s'enfuir.
La jeune elfe se posa sur le lit avec douceur, se recroquevillant sur elle-même. C'est alors que toutes les larmes de son corps s'écoulèrent de ses yeux, sa poitrine tressaillant sous les sanglots.
« Me voilà dans de beaux draps » pensa-t-elle!
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Hrp: en ce qui concerne le court extrait de poèsie , pour plus d'info (et pour le poême complet) voir là: [Lien HTTP]
Edité par Sowilo Lil Zhuanth le 24/08/08 à 21:49
Jynx Torquilla | 25/08/08 23:02
Style frais, je suis fan!
J'attends avec impatience les aventures qui devraient suivre (du moins, je l'espère).
Bart Abba | 26/08/08 08:52
Très joliment ékrit. Bravo pour cette belle entrée en matière et bienvenue sur les terres de Daifen !
Baramir d'Eckmöl | 26/08/08 14:41
Comment ne pas réserver le meilleur des accueil après un tel récit ?.
Bienvenue 
Kez Maefele | 28/08/08 11:49
C'est bien écrit, on dirait du... Par contre le cliché de la damoiselle qui pleure sur son lit ???
Aômmmmmmmmmmmm !
Mesdames, et je suis sérieux, vous arrive-t-il de céder au chagrin ailleurs que sur des plaids ? Si oui, faites le savoir !
C'est vrai que s'affaler sur la table de la cuisine en pelant des oignons c'est moins glamour mais diantre ! Imagine-t-on un mâle conquérant empreint de doute uniquement debout au rempart, face à la campagne ? Debout entre les caisses du gaillard d'arrière (pas le mousse) ? Où juché sur son bourriquet de guerre ??
Il y a de la grandeur à douter au creux du vallon verdoyant tel certain dormeur ou au bord du lac, l'aimant pour la risée qui se propage et se laissant gagner par la mélancolie.
Aômmmmmmm !
Donc, Mesdames, par pitié tâchez de sangloter ailleurs que dans la soie et le brocard, je sais, les larmes ne tachent pas, mais tout de même...
Aômmmmmmmm !
Paix et Amour sur vous 
Reinmar der Minnesänger | 28/08/08 23:09
Tiens, on a les mêmes lectures ! De la concurrence pour le Minnesänger, argh ! Bienvenue ;-)
