Forum - le Sourire de l'ange (part2)

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Prince Anaodot | 01/09/08 18:54

La mort rodait encore sur le campement fumant. Le désespoir, les râles des blessés, les cris d'agonie des suppliciés s'élevaient en une commune balade nocturne, dont les accords distordus glaçaient le sang des derniers auditeurs. Ressentir La fin. Mais avant, la peur. Le dégout. La peur. La douleur aussi. Séraphine était étendue la, a même le sol, sa peau virginale balafrée de très nombreuses entailles. D'ailleurs, elle n'avait de pale que le fond de ses yeux, le reste de son corps n'étant plus qu'une unique plaie béante et ensanglantée, que les corbeaux n'hésiteraient plus a bequeter avidement. Si seulement. Bientôt, la délivrance, peut être. Avec de la chance.

Le bruit d'une cavalcade, une chevauchée lointaine. Pas si lointaine, évidemment. Un individu, qui se jette de son cheval, qui peste, elle l'entend. Elle se força a tourner son visage en direction de l'arrivant. Il était massif. Non, trapu. Enfin, pas vraiment grand, mais solidement bâti. Puissant. Il semble peser plus lourd que son corps ne peut le supporter. Quel curieux phénomène. La faucheuse est elle si proche, que déjà l'assassine entrevoit une réalité qui n'est pas, ou plus. Il s'approche d'elle. C'est sans doute un guerrier, vu la hache immense qu'il porte sur son dos. En tout cas, ce n'est pas un de ses mercenaires. Il la soulève délicatement, lui sourit. Il pue.
L'astre solaire était déjà haut dans le ciel, quand Séraphine émergea, a demi consciente, d'un sommeil lourd et douloureux. Impossible de se mouvoir, sans ressentir un coup de poignard, une déchirure. Elle ouvrit les yeux, lentement, admirant les peintures précises d'un plafond de marbre. La haut, au dessus d'elle, un barbu tend la main a un étrange bambin pourvu d'ailes. Quelle niaiserie. Ne pouvant bouger, elle tenta, déjà, de déglutir. Douloureux. Mais elle pouvait au moins sentir le peu de salive qui lui restait en bouche couler le long de sa gorge irritée. Elle la racla bruyamment. Une fois. Puis deux. La vie afflue jusqu'à la moindre de ses extrémités. Elle n'était pas morte, en fin de compte.

« Heu... Y 'a... Y'a quelqu'un ? »

Pas de réponse. Il faudra être patiente, vraisemblablement. Son bienfaiteur n'avait pas l'air d'être dans la pièce. Elle en profita pour se remémorer les derniers instants de son calvaire. Une attaque, grossière, sans distinction, brutale, et meurtrière, sur son campement. Du sang. L'étendard de la Lumière. Qu'est ce qu'il foutait dans ce bordel ? Peut être que son assaillant... Ah, oui, il l'avait fait. Le salaud. Aucune classe.

Son sang commença a bouillir sous la passion dévorante de la haine. Elle aurait aimé le tenir entre ses mains, la maintenant, et lui fracasser le coup... De dépit, elle hurla.

« Si j'étais toi, je garderais un peu de mes forces pour essayer de me lever. »

L'homme était entré dans la chambre pendant qu'elle réfléchissait. Elle ne pouvait le voir, du fait de son immobilisation involontaire. Elle leva lentement une main, comme pour balayer la réplique.

« Je suis plus forte que j'en ai l'air. D'ici une heure ou deux, le temps de reprendre mes esprits, je serais loin déjà.
-Peut être as-tu survécu. Peut être. Mais ce que je vois, moi, c'est un cadavre en sursis, incapable ne serait-ce que de manger ou de pisser toute seule. Sans moi, des volatiles t'auraient crevé les yeux, avant de déchirer tes entrailles. Tu devrais me remercier.
-De quel droit ? Et...
-Tu devrais. Ou tu mourras. »

Imperceptiblement, il s'était rapproché de la tête du lit. En même temps qu'il bavardait, si sérieusement, il avait tendu les mains jusqu'à saisir le cou de la jeune femme qui sursauta. Ses doigts caressèrent une épaule dénudée, glissant lentement.

« Vois tu comme tu es inutile a présent ? Pourtant, tu m'as toujours appartenue. Et j'ai horreur de l'échec. Pourquoi donc t'ai-je gardé en vie ?
-Prince ? »

La stupeur envahissait sa voix. Les larmes coulaient le long de ses grands yeux, épousant la forme de ses petites pommettes tachetées. Le souvenir de sa défaite revint, comme une gifle en pleine face. Cet homme, son maitre. Cette odeur. Cette voix. Pourquoi ?

« Pourquoi ? »

Il passa délicatement sa main dans les cheveux blonds de la tueuse. Il souffla, lentement, déposant une fleur sur son oreille.

« Peut être parce que je t'ai pris sous mon aile, et que je n'aime pas que l'on égorge mes poussins. Ou pas. Il va falloir te rétablir. Le monde va bouger, va changer. Je le sens, et je le sais. Crois moi, évite de mourir a présent. Pas tant que je l'aurais ordonné.
-Oui, patron. Mais que faut il que je...

-tais toi. Repose-toi. D'ici deux lunes, tu seras sur pied. Mes médecins vont s'occuper de toi. N'oublie pas. Tu es ma chose, et s'il le faut tu mourras. Mais quand je le voudrais. Alors, pas de bêtises, en attendant. »

Séraphine resta bouche bée. Anaodot était allé la chercher. Lui. La bas. Cette odeur de mort, la sienne. La raison la dépassait. Elle s'endormie.

Cela faisait maintenant deux semaines qu'elle avait pu sortir de son lit. Elle s'entrainait déjà, de nouveau, a combattre, avec efficacité, précision. Sans pitié. Anaodot était parti, la laissant seule, avec les domestiques, dans cette villa gigantesque. Ici, un siège n'aurait peut être pas pu vaincre la forteresse, tant elle semblait imposante et bien gardée. Il ne lui avait dit qu'un mot, avant de monter son horrible canasson noir.

« Sois prête quand je reviendrais. »

Celimbrimbor | 01/09/08 19:27

Une manière de tenir ses hommes assez originale, finalement.

J'ai hâte d'en lire plus, messire.

Une réussite, à saluer comme telle.

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