Forum - La quête des légendes : Interlude.

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Celimbrimbor | 09/09/08 01:27

Derrière les terres, loin après les toundras et les forêts, au-delà des marécages ou des montagnes git une plaine obscure, peu amène, lugubre, où même la faune la plus noire et malsaine n'ose plus trouver domicile. Des nuages sombres passent sans cesse au-dessus d'elle, et toute la vallée, pourtant dans les mémoires joyeuse et belle, semble porter en elle quelque graine de malévolence étrange, comme un maléfice y avait élu logis et que nul ne l'en avait chassé.

Une rivière, autrefois chantante et claire serpente plus qu'elle ne coule entre les herbes hautes, dessinant des ondulations hypnotiques, glissant sombrement ses méandres entre des berges glaudes, limites de vallons ombrés par des arbres morts et où flotte, mélancolique, l'odeur de la pourriture. Des flottes d'insectes y pullulent sans peur, gras et gros agrégats de chitine, porteurs de mille maladies, intrépides troupes n'hésitant pas à se jeter sur des proies bien plus importantes qu'eux, ainsi qu'en témoignent les cadavres asséchés de chevaux qui empoisonnent les eaux.
Pendouillant tristement aux branches tordues et raides, des feuilles malingres, rachitiques et rongées par des chenilles velues et obèses de s'être trop gavées, tremblent sous l'effet des vents froids qui battent l'endroit et se laissent percer, impuissantes, par les poussières charrier par ces-derniers.
Il n'y a pas jusqu'à la terre elle-même qui ne soit touchée par la désolation qui dérègle l'endroit. Jadis nourricière et aimante, elle n'est plus qu'à présent l'ombre d'elle-même, assassine presque. Les rares arbustes et plantes qui poussent, éloignés des rivages grisâtre de l'onde impure, sont semblables à des vampires, racornis, s'accrochant à une victime qui ne peut plus leur apporter qu'une infime étincelle d'existence, qui, souvent, ne suffit plus. Ainsi, plusieurs de ces suceurs de vie sont à l'agonie, sans la moindre trace de vert en eux, si ce n'est une branche moins pourrie que les autres. Mais nulle part de bourgeon, nulle part de jeune animal prêt à cavaler librement. Nulle part de vie, seule la déréliction et son spectacle infâme.

Pesant sur ce décor tel un couvercle malsain, des brumes malveillantes et nauséabondes font dans l'air des volutes incompréhensibles et bien peu accueillantes, impies presque pour l'oeil humain, dissimulant de lourds secrets sous leur épais rideau.

De fait, loin, plus loin est une demeure en ruines, dévorée par les termites et rongée par les vers, une maison qui n'est plus que l'ombre de sa splendeur passée. Son porche démodé à la colonnade brisée donne sur une porte d'entrée constamment ouverte pour la simple raison que la planche de bois qui tient office d'huis n'existe plus, gisant défoncée au milieu d'un salon croulant sous la poussière et les toiles d'araignées.

L'escalier branlant, gris de saleté, mène en grinçant à un étage désincarné, pullulant de blattes et de cafards, où l'odeur du moisi dispute à celle du bois humide et pourri. Sur le sol, brisés, réduits en miette comme si trop piétinés, des morceaux de verre ou de cristal forment une mosaïque sans motif, mystérieuse, tranchant avec le reste de l'endroit par l'aspect sacré que, miteux pourtant, ils conservent malgré tout.
Au bout du couloir brille doucement une lueur attirante, chaude, luisante, puissante et plus sainte que les reliques les plus courtisées.
La pièce est nue, pourtant, et une sphère flotte en son sein, suspendue dans les airs comme par magie, répandant sa douce lumière sans pourtant éclairer trop cet endroit où la nuit règne en maître. Des multiples reflets se projettent sur les murs dans cette ténébreuses clarté, envoyés sans but par le vitrail informe que les morceaux font sur le sol.
Ici, la paix règne, et malgré les apparences, la vie aussi.

Du moins aimerait-elle le faire, et Celimbrimbor s'efforce de la provoquer, de la créer complètement, entièrement dans la sphère complète qu'il tient dans la main. Ses traits sont tirés, ses sens complètement absorbés par son ouvrage.

Soudain, un éclair passe de la sphère luisante à l'autre, plus pâle. Quelque chose semble trembloter à l'intérieur, comme un éclat, comme une possibilité, une hypothèse sublime, et puis, plus rien.

La sphère vient se briser au sol et ajouter ses éclats éphémères à ceux déjà présent.

L'elfe se laisse aller à un soupire, lent, fatigué, usé. Encore une fois, il doute. Encore une fois, alentour dans la plaine, la désolation progresse.

Baramir d'Eckmöl | 14/09/08 08:35

Magnifique :).
La suite s'il te plait.

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