Forum - [Huitième Baal] Retours (au pluriel, mais oui mais oui) vers le Futur

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Althâr Anthâar | 28/09/08 22:50

Dans le très célèbre -et à juste titre prisé- Guide du Routard Interplanaire, les Portes de l'Enfer sont décrites ainsi :

« Est-il possible pour l'oeil humain de se poser encore aujourd'hui sur une splendeur pareille sans voir quelque larme apparaître pour obscurcir sa vision ? Est-il croyable qu'un tel chef-d'oeuvre soit resté et reste encore méconnu, voire méprisé, de tous ? Croyez m'en, voyageur, rares sont les merveilles de cet acabit qui encore de notre temps subsistent à travers les plans. Injustement spoliées de leur grandeur, les Portes de l'Enfer souffrent d'un défaut rédhibitoire pour la plupart des gens : derrière se trouve l'Enfer, plan des mille et mille et mille iniquités, de la violence gratuite, etc. Ces croyances sont dépassées, et il faut les rejeter pour pleinement apprécier le spectacle.
Comprenez bien : les portes de l'Enfer ne sont pas deux simples battants laissés là, ouverts au tout venant. Quand j'évoque ces portes, je vous parle de Jardins. Antiques, fabuleux, ravissants, et rouge.

Retranscrire les merveilles dont regorgent ces jardins, pour ma plume, s'avère bien compliqué. Cependant, je vais tenter ici de vous en donner un aperçu suffisamment conséquent pour compléter les gravures des pages 123 et 124.

Rouge. Voilà l'impression qui se dégage au premier abord : de la terre rouge, des cailloux et des rochers rouges, des herbes rouges, des plantes rouges (et trop souvent carnivores). Parfois une légère teinte d'oranger vient casser ce monochrome reposant. Ensuite, la chaleur et la sécheresse marquent les esprits. Il fait en effet plus chaud dans les jardins que dans le reste du plan, et une humidité minimale y est maintenue de façon artificielle pour empêcher plantes et faune de dépérir.
Car ces jardins sont peuplés d'une myriade de petites bêtes, plus ou moins amicales. Ainsi, j'ai pu, lors de mon périple, croiser l'indémodable et très connu chien cerbère, avec ses trois têtes, mais également des centaures noirs, ou bien des gnomes sans intelligence. Les démons plus puissants ne s'abaissent pas à arpenter l'entrée des Enfers. D'une part, ils habitent ce plan, donc ne batifolent pas constamment dans un endroit presque purement touristique, d'autre part, accueillir un voyageur avec un Effrit pourrait causer d'irrémédiables torts à l'image conviviale que l'office de tourisme du plan s'efforce de faire perdurer depuis quelques éons maintenant.

L'allée principale des Jardins est une mosaïque de dalles (rouges, s'il fallait le préciser) dessinant de très étranges aperçus de l'esprit du maître des lieux, que jamais je n'ai pu rencontrer, malgré mes demandes incessantes, j'ai nommé l'Innommable en personne. Parcourir cette allée donne une impression de dégagement du monde, comme si l'on quittait presque définitivement le séjour des vivants. Quand on sait qu'à l'origine cette entrée était celle des défunts, l'ironie est appréciable. Des brumes s'élèvent un peu partout alentour, laissant apparaître des ombres, des silhouettes, jamais menaçantes, mais toujours inquiétantes.
Bientôt, un choix s'offre à l'explorateur : trois voies différentes, pour trois itinéraires différents. Il n'est pas permis de revenir sur ses pas, aussi vous décrirai-je mes pensées quand je me suis engagé sur celle de droite, qui semblait plus amicale, plus touffue, comme si j'allais pénétrer dans un bois :

"Nel mezzo del cammin di nostra vita
Mi ritrovai per una selva oscura
Ché la dirrita via era amarrita[...]" »

Le couple referme le Guide du Routard Interplanaire, et jette un regard désabusé au paysage désolé qui se tient devant eux, tandis qu'au loin, deux personnages argumentent avec un troisième. Prudents et quelque peu effrayés par les flammes et les boules de feu en suspension un peu partout, les deux amoureux préfèrent faire demi-tour et aller passer le reste de leur lune de miel ailleurs.

La suite prouvera qu'ils n'ont vraiment, mais vraiment pas tort de procéder de la sorte.

Quelques heures avant ces événements, Baal se lève doucement et coupe court à sa discussion avec Justice pour aller expliquer sa façon de voir les choses au Patron. Au Boss. A l'Innomable enfin, à celui qu'on ne sait tellement pas qui il est qu'on préfère ne pas trop en parler.
Ainsi marche-t-il paisiblement dans les rues de l'Enfer, sans craindre les attaques des démons qui l'assaillent maladroitement, réduisant à néant leurs vains efforts en riant, les soufflant tels des fétus de paille. C'est une véritable hécatombe, un holocauste aveugle et irraisonné. Quiconque croise le chemin de l'archi-démon est voué à l'annihilation. Non pas que cela l'amuse, Baal, de tuer tout le monde, mais si tout le monde l'attaque, eh bien, n'est il pas en droit de se défendre ? Quitte à provoquer une sorte d'apocalypse barbare et fratricide.

Son chemin n'est que sang, tourbe glaireuse, boue mortuaire et cadavres fumants. Il ne fait pas de détail ni ne s'embarrasse de pitié. Son ancienne femme est venue le trouver, pour le séduire à nouveau et s'assurer la complicité de ce qui est sans nul doute l'être le plus fort des Enfers, voire du multivers, et son squelette encore animé est toujours visible, encastré dans une fontaine de lave. Ses hurlements, puissants, témoignant de la présence jadis de poumons à l'endroit où désormais s'engouffre une brise nauséabonde, égaillent la place de leur funèbre chant. Baal est devenu puissant, et parce que puissant, cruel. Non, pas cruel, plutôt, lucide. Il sait qu'il est le destructeur de mondes, que la Mort marche à ses côtés. C'est, d'une certaine façon, son destin, et rien d'autre. La lassitude qui l'habite est presque pitoyable, mais il n'en n'a que faire. Ruiner ce plan de fond en combles, détruire ce qui est pour faire advenir ce qui sera, et finalement, en prendre le contrôle et régner en maître absolu sur les Enfers, semble actuellement représenter pour lui la meilleure des perspectives d'avenir.

Mais pour cela, il faut abattre l'Innommable.

Des rumeurs courent au sujet du maître des Enfers. Personne ne l'a jamais vu, ni même aperçu hors de son bureau, tout au fond du plan, ni à l'intérieur même, nul n'ayant jamais reçu le privilège douteux d'y être invité. Certains racontent qu'il s'agit d'un ridicule bureaucrate, mesquin, acerbe et impuissant qui aurait triché sans se faire prendre. Des succubes prétendent qu'elles ont pu rendre service à ce maître des Enfers, et qu'il n'est pas si impressionnant que cela. Moins, ajoutent-elles en riant à leurs clients, que les centaures, en tout cas. D'autres se plaisent à diffuser l'idée qu'il s'agit ni plus ni moins d'une des créatures ancestrales qui créèrent le multivers et tous les plans d'existence, un Dieu, en somme, et peut-être même LE Dieu. Peu sont ceux, mais il y'en a, qui s'interrogent sur l'existence même de ce maître. Des érudits ayant poussé leur réflexion le plus loin possible avant d'être arrêtés et exterminés par la police du Maître ont même affirmé avec force qu'il n'existait pas.

Baal s'en fiche. Il est le plus puissant sur ce plan, sur ce monde. Aussi, maître ou pas, il faudra bien qu'il s'incline devant lui. Ainsi est la loi du multivers : tuer ou être tué.

Sa destination l'oblige à passer immanquablement devant les Archives démoniaques, là où tout à commencé, là où il était trop absorbé par son travail pour penser à dépenser son salaire, pour penser à vivre même. Il sourit doucement. Nul besoin d'anciennes archives : tout est dans sa tête, puisqu'il a tout lu et tout retenu. Fascinant ce pouvoir de rétroaction, véritablement fascinant : plus aucun événement de sa vie passée ne lui est étranger. Il se souvient de tout. Parfaitement. Aussi, dans un rictus ténébreux, il déclenche un incendie dans les archives. Un puissant incendie, décalque étrange de celui-là même qui l'avait chassé de son emploi et jeté sur les routes. Quelque chose de suffisamment incroyable et rapide pour outrepasser sans encombre les sécurités anti-incendie des Archives, dont les ouvrages précieux méritent une protection hors du commun. Impossible qu'elles ne faillissent, à moins que le feu ne prenne dans toutes les dimensions, toutes les salles de l'immense bibliothèque infernale, en même temps. Baal s'était longtemps demandé, d'ailleurs, comment le feu avait donc bien pu prendre à son époque, les défenses étant déjà installées. Et puis, la question l'avait désintéressé et s'en était allée.
Le feu dévore les Archives et s'élève de toutes parts en un instant. Baal soupire, puis s'éloigne, se rapprochant pas à pas de l'endroit où son destin l'attend.
Et puis, quand il a tourné le dos au feu, celui-ci s'interrompt, brusquement, sans raison, dans un flash de lumière bleu, et les Archives restent, intactes, comme si jamais ce feu n'avait eu lieu, pas dans ce temps, en tout cas...

Le puissant démon arrive enfin devant les portes de la demeure où est réputé vivre et dormir le maître des Enfers. Il regarde la Mort, à côté de lui, qui soudain préférerait être ailleurs, et passe.

Tout simplement, passe. Il n'a pas envie de briser la porte, ni de l'ouvrir non plus que de frapper. Alors il la traverse, comme s'il avait été immatériel. Amusant comme il se trouve chaque seconde de nouveaux pouvoirs.

Par exemple, celui de défense passive. Aussitôt arrive-t-il dans la salle derrière la porte qu'une meute de démons protecteurs et de golems se jette sur lui, avec l'intention de n'en faire pas de quartier, des sorciers incroyablement forts et asservis au Maître lancent leurs sorts les plus destructeurs à son endroit et à son envers, pour ne pas lui laisser la possibilité de répliquer.
Du moins, l'état d'esprit général vise à ceci.
Cependant, dans la demie seconde où cet assaut est lancé, la défense passive de Baal s'active sans qu'il ait besoin de le vouloir, et un instant plus tard ne reste plus rien des attaquants, sinon des cendres ou une bouillie étrange répandue sur les murs, selon le cas.

Le démon sourit encore plus.

Le bureau du patron est à l'étage, comme lui indique la secrétaire épargnée par la contre attaque. Elle ne sait pas s'il n'est pas occupé, mais elle est sûre qu'il se fera un plaisir de rencontrer Baal. Celui-ci opine du chef doucement en la décapitant d'une aile distraite et saute jusque devant la porte en bois précieux qui fait un dernier rempart entre lui et son objectif.

Il la pousse, et comme de juste, celle-ci s'ouvre en grinçant.

Plutôt encore, avant que Baal ne dialogue avec le jardinier, dans la tente d'Althâr, le nain discute encore avec l'elfe, sans se soucier plus du démon qu'ils viennent de chasser.

« N'essaie pas de me distraire avec ta boule de feu, Celim. Je veux mon or.

-Ce pari était stupide ! Laisse tomber veux-tu ! Et puis tu es déjà riche, que t'importe deux misérables pièces d'or.

-Le principe, Celim.

-Ton espèce surtout.

-Ne me tente pas, vieille bique rabougrie. Menace Althâr.

-Essaie juste, pour voir. » Réplique l'elfe.

Cette dispute affligeante se poursuit pendant pas loin d'une heure, avant d'être interrompue par un bruit de téléportation peu maîtrisée bien reconnaissable : celui de la vaisselle qui se brise suivant celui de la réalité crachant une pustule glaireuse dans le seau de l'existence. Un petit démon vert-de-gris et terrifié se relève péniblement du tas de porcelaine qu'il vient de détruire (porcelaine qui se demande encore comment elle a atterri là) et fait face aux deux êtres devant lui.

« Hem... Bonjour ? Tente-il, conscient de la colère latente chez les deux bougres.

-Trois, commence Celimbrimbor en levant une main menaçante.

-Je suis un plénipotentiaire envoyé par le Conseil des Enfers et...

-Deux, continue Althâr, non moins effrayant.

-Le Conseil des Enfers voudrait... Souhaiterait que... Enfin, vous voyez, c'est-à-dire que... piaille le petit démon, vert de peur à présent.

-Un, grogne l'elfe.

-Baal est arrivé en Enfer et il casse tout ! Aidez-nous c'est vous qui êtes responsables et vous devez nous aider parce que sinon Baal il va tout détruire et personne ne se sortira vivant de cette histoire alors vous qui avez le pouvoir de le faire agissez et puis d'abord c'est de votre faute tout ça si vous n'aviez pas massacré six cent soixante six misérables âmes on aurait eu la paix mais il a fallu que vous vous en mêliez et voilà comment tout ça a dégénéré c'est de votre faute de votre faute de votre faute de votre faute ! Trépigne le démon en cognant désespérément de ses petits poings serrés contre le plastron d'Althâr.

-Silence ! Tonne ce-dernier en le saisissant sans ménagement et le haussant à sa hauteur. Que veux-tu ?

-De l'aide contre Baal... Pleure l'autre.

-Baal ?

-Le démon que t'as envoyé paître tout à l'heure.

-Oh.

-Eh bien quoi ?

-S'il vous plaît, juste un peu d'aide...

-Non. La sentence tombe, de même que le démon, relâché. Allez, file avant que je ne décide de te tuer. Ou que lui s'en charge. »

Un regard sur le sourire carnivore de l'elfe décide le démon qui disparaît en hurlant, plus par habitude et par principe que par conviction :

« Je reviendrai ! Et ma vengeance sera terrible ! »

Les deux êtres se regardent en silence, avant que Celimbrimbor ne pose une question :

« Il n'a pas dit que c'était en Enfer cette affaire ?

-Pas mes oignons, répond laconiquement le nain.

-Et il a bien parlé de Baal, non ?

-Rien n'à faire.

-Ce qui signifie que Baal a trouvé ses âmes. Ce qu'il a dit aussi.

-Où veux-tu en venir ?

-Eh bien, au fait que tu t'es fait rouler dans la farine par un démon mineur, et qu'il est hors de question que je paye quoique ce soit à un incapable stupide au point de se faire avoir par une sous loque. »

L'ironie des propos de l'elfe achève d'énerver Althâr, qui l'agrippe par le col, et les voilà tous deux qui apparaissent en Enfer.

Ils restent bouche bée un court instant.

« Mais c'est quoi ce bordel ? » Déclarent-ils dans un beau concert d'intelligence.

Pendant ce temps, Baal dialogue avec son jardinier.

Edité par Celimbrimbor le 28/09/08 à 23:36

Baramir d'Eckmöl | 03/10/08 14:39

Toujours fan !
Je veux la suite en avant première :D

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