Forum - Quand le Glaive se mesure au Marteau de Guerre

Index des forums > Rôle Play > Quand le Glaive se mesure au Marteau de Guerre

Eigoel Nahb | 06/10/08 16:42

Lune 771,
Dans ma tente.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me suive ce soir. J'avais passé une soirée relativement bonne en taverne. Il était là lui aussi, je l'avais quelque peu provoqué, certes, mais je me suis vite lassée, le laissant ruminer seul dans son coin. Sans doute l'avais-je inspiré ce soir là... Je marchais tranquillement en direction de la forêt, j'avais hâte de retrouver ma tente, et de m'emmitoufler dans ma couverture en peau d'ours. Mais le calme nocturne fut troublé par sa voix. J'ai balayé rapidement les projets que j'avais en tête, et je me suis retournée. Il était là, et le duel était lancé. Je n'allais pas reculer, ni fuir, le jeu était le jeu. Je posai mon sac sur le sol afin d'être plus libre de mes mouvements. Nous échangeâmes quelques mots. Froids, provocants, moqueurs... Alors qu'il se mettait lui aussi à son aise en retirant cape et manteau, il me proposa de me suicider. Je ne pus m'empêcher de sourire. Cette proposition était sincèrement amusante. Quel personnage étrange... Je lui répondis que je ne me permettrais jamais de mettre fin à notre petit jeu ainsi. En effet, ça n'aurait pas été drôle.
Nous continuâmes à déblatérer gentiment, ce fut un très bel échange méprisant. Mais quelque chose me tracassait. D'après ce que j'avais appris sur le Duc, le duel allait être rude, mais j'avais un mince avantage sur lui : le feu. Cet élément m'obéit de plus en plus chaque jour, à force de patience, je réussis à le mettre de mon côté. Mais je n'ai pas le pouvoir de le créer. Ce qui m'embêtait fortement. C'est pourquoi je rassemblais devant le nain quelques brindilles, formant un tas grossissant, mine de rien. Je le surveillais du coin de l'oeil. Il avait posé son marteau de guerre sur son épaule, presque insouciant. Ce geste me pressa, je savais que ce marteau n'allait pas tarder à venir dire bonjour à ma tête. Il crachait des méprises que je lui rendis bien. Ce petit dialogue me faisait gagner du temps. Je sortis de ma poche une pierre que Sanaga m'avait donnée jadis. Je lui soufflai un « s'il te plaît », et le caillou s'embrasa, mettant le feu à l'amas de bois improvisé. Un poids s'envola, mes chances de m'en sortir venaient de grimper.
Mais le Duc releva ce que je venais de faire. Il ne sembla pas s'en préoccuper outre mesure. « Ainsi nous verrons plus clair » lui expliquais-je hasardeusement. Idiot, mais il ne réagit pas.
Je reculai jusqu'à mon sac et en sortis une masse d'arme en fer. Je m'étais attendu à ce qu'il porte un plastron en métal, et d'après certains livres, la masse pouvait espérer transpercer une pareille armure. Mon équipement était loin d'être équivalent. Jamais je ne m'encombre d'une armure lourde, je prône la plupart du temps une armure légère de cuir sans protection pour les bras. J'étais prête, armée jusqu'aux dents, je portais dans mon dos un glaive simple, et un autre, à la lame noire de geais.
Le Duc De L'uto avançait vers moi. Je le gardai à l'oeil. Encore du sarcasme dans nos propos. Seul le bruit des armes s'entrechoquant aurait pu nous faire taire. Trop de haine découlait de nos regards.
Le maigre feu nous éclairait, nos ombres vacillantes donnaient un air effrayant à la scène. Le nain s'avança encore peu, et d'un grand coup de botte, il envoya les brindilles ardentes valser alentours. Ma mâchoire se crispa. Les dents serrées, un grondement émana des profondeurs de mes entrailles, et les flammes mourantes eurent un sursaut, avant de calciner l'herbe environnante pour reprendre de la vigueur. Mon regard noir fixa intensément le nain.

Ce fut lui qui porta le premier coup. Il fonça vers l'avant avec vélocité, son marteau effectua un large arc de cercle que j'évitai d'un pas en arrière, en me cambrant en arrière. Alors que le marteau continuait son chemin dans le vide, j'en profitai pour envoyer ma masse d'arme dans son genou. Celui-ci accueillit l'arme dans un « dong » sourd, elle avait percuté sa cuissarde rabaissée juste à temps, mais le genou fut projeté de quelques centimètres ce qui lui fit perdre l'équilibre, qu'il rattrapa tant bien que mal en se dégageant en arrière.
Non, je ne serai pas à bout de souffle avant de verser le sang, comme il le prétendit. J'avais de la ressource et de l'énergie à revendre. J'avais appris à la maîtriser pour mieux la distribuer.
Ma lame noire quitta son fourreau. Je m'avançai avec prudence. L'air siffla contre mon glaive que j'abattis avec conviction vers son avant-bras protégé de cuir. Le Duc pivota pour esquiver, et envoya son marteau meurtrier vers ma tête. J'eu la bonne idée de me laisser emporter par l'élan de ma lame, qui me fit faire une roulade loin du maillet. D'un geste vif, je tournaillai sur mes talons, et lui lançai une poignée de terre et d'épines de pin au visage, qui l'empêchèrent de me suivre. Le nain recula. D'un bond, à la puissance de mes cuisses, je me ruai sur mon adversaire, ma masse d'arme voltigeant, elle fut encaissée par l'avant-bras que le Duc venait de lever. Un bruit immonde avait résonné, je m'en souviens encore. Le Duc ne montra aucune émotion, son regard se planta dans le mien, je dus réprimer un frisson. Mon glaive allait attaquer à son tour lorsque le nain me frappa d'un fulgurant coup de genou dans le ventre. La douleur me fit lâcher ma masse d'arme. Je fus obligée de reculer, pliée en deux.

Menaçant, décidé, le guerrier avançait lentement vers moi, tenant vers le bas une dague qu'il avait sorti plus tôt. Quelque me chose me troublai : il semblait chuchoter. Etait-il en train d'invoquer ? Non, c'était impossible, il ne pratique pas la magie... Et pourtant. Je tendis mon glaive vers lui. Les flammes autour de nous étaient vives, de nombreux petits foyers dansaient autour de nous. Lui ne semblait pas y faire attention. Il continua à avancer inexorablement, remuant fébrilement ses lèvres.
Soudain, je sentis un mouvement dans mon dos, puis quelque chose grimper le long de mes jambes. D'un regard vif par-dessus mon épaule, je me rendis compte que des ronces épargnées par le feu avaient commencé à se mouvoir. Je n'attendis pas qu'elles prennent plus d'ampleur. Je les tailladai de ma lame en m'écartant sur le côté. Le Duc était proche, beaucoup trop proche. Mon visage se crispa, et un foyer de flammes s'étira jusqu'au plantes épineuses pour finir de les achever.
Je tendis le bras vers le mon ennemis, espérant le toucher d'estoc dans la pliure du coude. Le guerrier nain de tressaillit pas. Il continuait d'avancer, impassible, je ne comprenais pas. Rien ne paraissait pouvoir le perturber, il semblait... ailleurs. Le sang n'eu pas le temps de couler qu'il leva sa dague contre mon épaule. Je levai précipitamment le bras pour bloquer le sien, la dague stoppa sa course à quelques centimètres de mon épaule. Comment rivaliser contre quelqu'un de si froid ? J'enfonçai un peu plus profondément mon glaive dans sa chair, luttant pour conserver le peu de distance entre sa lame et ma peau.
Tel un bloc sans vie, le Duc ne s'occupait pas de son coude désarticulé. Malgré sa petite taille, j'avais l'impression qu'il me surplombait. Sa dague progressait. Des gouttes de sueur perlèrent sur mon front, la peur s'empara de moi. Mon bras qui faisait office de barrage se mit à trembler, de plus en plus fort. Je dus trouver autre chose. Je dégageai sèchement mon glaive de son coude lorsque sa dague s'enfonça dans mon épaule, m'arrachant une grimace de douleur. Mes doigts se serrèrent contre la poignée de ma lame qui prit d'assaut la gorge du nain. Forcé de reculer, ce dernier se jeta en arrière, arrachant le plus violemment possible la dague de ma chair.
« Approche, Eigoel... Viens... En finir... » Ces paroles me résonnent encore dans la tête. Il sembla avoir repris conscience quelques instants, car son regard tomba sur les blessures qu'il avait subit. Je ne me fis pas prier. J'avais hâte de terminer ce duel. La nervosité me rongeait, un mauvais coup est si vite arrivé... Dégainant mon second glaive dans un bruit tranchant et métallique, je fondis sur lui, cherchant à trancher d'un côté l'épaule, de l'autre le visage.
Le temps ralentit... Le Duc ne bougeait toujours pas. Qu'avait-il en tête ? Sa conscience semblait s'être dissipée à nouveau, son regard était comme absent, et je crus percevoir une ombre d'inquiétude sur son visage. Il semblait... perdu, égaré. Cela ne me rassura pas... Que cachait-il ?
Le temps reprit son cours et mes deux lames percutèrent brusquement une imposante branche. Le bras désarticulé avait mué en épais branchages qui coincèrent les deux glaives. Je pus voir dans les yeux du Duc qu'il ne savait pas lui-même comment cela était possible, et pire, qu'il était horrifié. Il secoua son nouveau bras.
« Arrête... Arrête... Vas t'en ! » Me cria-t-il. M'était-ce seulement destiné ? Il semblait possédé, me demander cela ne lui ressemblait pas... J'observai le phénomène avec stupéfaction. Je tirai avec force sur mes épées pour les dégager, elles étaient si bien ancrées que je reculai maladroitement avec elles lorsqu'elles vinrent enfin. Le combat n'était pas terminé. Bien que la stupeur soit présente, nous n'en avions pas fini. Je me concentrai, et le grondement sourd anima à nouveau mes entrailles. Un des foyers brûlant s'étira, brûla l'herbe sur son passage, tel un prédateur fonçant sur sa proie : la branche. Le maître nain laissa son ennemi filer entre ses branches, il observait le bois qui le composait, jusqu'à ce que celui-ci prenne feu.
La réaction qu'il eut m'abasourdit. Jamais je ne l'aurais imaginé. Le Duc se retourna et se mit à courir dans la nuit, raclant la branche derrière lui sur la terre. Il s'était enfuit. Je ne sus pas si je devais le pourchasser ou non. Je n'avais jamais été une tueuse, l'envi de m'acharner ne vint pas.
Je rassemblai donc mes affaires, et rentrai à ma tente, plantée quelque part dans la forêt. J'aimerai comprendre ce qui s'est passé. Toujours bien connaître ses adversaires...

Loxias The Dark Lord | 07/10/08 06:06

Probablement ton meilleur récit édité à ce jour, dame Eigoel.

Sincères félicitations. ;)

Celimbrimbor | 07/10/08 17:47

Intéressant.

Larme De Fée | 07/10/08 20:13

J'aime beaucoup.

*se retourne en réalisant que ses paroles sont un peu ambigües*

Euh...le texte. Parce que j'aime beaucoup moins que quelqu'un veuille taper sur Eigoel. Messire Duc, t'as de la chance que je fasse pas le poids contre toi pour le moment!8)

*file s'entraîner avec ardeur*

Zoltahn Kodaly | 09/10/08 10:09

Bien rythmé !

Balain | 09/10/08 12:54

Très beau récit. :b

Index des forums > Rôle Play