Forum - Liberté et devoir

Vadim | 07/10/08 04:10

Une sensation de liberté m'envahit, l'air souffle doucement mais rapidement tout autour de moi. À la vitesse à laquelle je vais, j'ai l'impression que le vent déferle sur moi en vagues quasi ininterrompues. Et pourtant, malgré tout cela, les terres bougent sans s'arrêter. Elles défilent, on dirait un ruban de film qui passe trop vite devant l'objectif, les images sont floues, difficilement continues... La cime des arbres est loin, j'ai peine à la reconnaître.

Des minutes passent, peut-être plus, difficile d'y voir clair... Je dois plisser les yeux pour ne perdre le cap... Je descends légèrement, et repère une rivière. Je la descends dans le sens du courant, je plane tout juste au-dessus de l'eau. Je trempe une aile distraite pour le plaisir. L'eau est froide, il fait nuit. La nuit... Déjà?

Je n'ai pas vu le temps passé... Il faudrait peut-être que je rentre... Je m'élève à nouveau dans le ciel, ou plutôt le vent me soulève, après tout, c'est grâce à lui si je peux aller où je veux.

Je me prépare à faire demi-tour, au dernier moment, quelque chose attire mon attention. Un coin sombre, trop sombre peut-être, attire mon attention. À quelques centaines de mètres, une forêt s'étend majestueusement, la rivière s'y enfonce sans hésitation. Tout juste avant d'y pénétrer, elle se suicide, se jetant du haut des airs pour retomber que plus bas dans un réservoir d'eau clair. Les remous produisent une écume blanchâtre qui se disperse en anneaux concentriques.

J'entre dans la brume furtivement et plonge dans l'eau pour me rafraîchir. J'en ressors presque instantanément, la pression compressait déjà drôlement mes poumons. Comme je le disais, la rivière s'enfonce entre les arbres, qui semblent se dégagés farouchement sur son passage, je suis le sentier translucide, traçant les mêmes courbes voluptueuses.

La forêt devient tout à coup plus dense, plus sombre... J'ai l'impression que les arbres forment une arche au-dessus du sentir tortueux, mais la lumière se diffuse dans l'air ambiant. Soudain, je comprends, j'avance dans un brouillard. Il est épais, mais je peux tout de même distinguer ou je vais, enfin un peu...

J'entends des cris, ou plutôt des plaintes. Je me laisse guider par le son, ses ondes me parvenant, de plus en plus forte à mesure que j'avance. On dirait de la rage, ou peut-être pas... Un rire? Non vraiment pas ça non plus... J'entends plus nettement, mes sens me guident, je bifurque sur la gauche. Mon trajet se trace à travers les arbres, les changements de cap sont multiples et précis.

Une lumière plus forte apparaît devant. Une clairière, la lumière que la lune reflète est plus intense ici, aucun feuillage pour bloquer leur course, si ce n'est ce satané brouillard qui m'empêche toujours de voir correctement. Je décide sagement de me poser sur une grosse branche à proximité, et d'attendre que cela se dissipe un peu.

Les bruits recommencent. Avaient-ils seulement cessés? Il faut que je me concentre. De l'exaspération. Oui c'est cela, un être exaspéré, comme s'il tentait quelque chose et l'échouait... Puis, je n'entends plus rien, tout est calme. L'épais nuage de fumée se dissipe peu à peu. Une forme se dessine au milieu de la petite clairière, flou, puis les contours deviennent plus nets. C'est une personne, un humain on dirait. Il est couché sur le dos, les épaules dans l'herbe. Je l'observe du haut de mon perchoir. Il semble désespéré, ses bras écartés, de chaque côté de son corps, on dirait qu'ils sont inertes, implorant une explication quelconque.

Il bouge enfin, se redressent en se grattant les yeux. Il se lève avec peine. Je peux l'apercevoir plus nettement, une grande partie du brouillard c'est dissipé. Je plisse les yeux. Ses traits... Ce ruban... Je le reconnais!

Oui, un ruban jaune pend à sa ceinture sur sa hanche droite. Ce ruban, Edeyne s'en était servit pour sceller une lettre qu'elle lui destinait. Je me souviens, c'est moi qui aie porté la réponse à cette fameuse lettre, cette fois ornée d'un ruban rouge. Il tenait toujours le jaune dans ses mains à ce moment.

Vadim se tient à quelques mètres de moi , mon maître, celui que je servais, et qui me le rendais bien. Mais que fait-il dehors, dans cette forêt, au beau milieu de la nuit?. Il se tient debout, le regard tourné vers les cieux, il se frotte les mains l'une contre l'autre.

-Allez une dernière tentative...

Un phénomène étrange se produit. Le bout de ses doigts devient aussi noir que la nuit, cette étrange couleur se propage lentement sur ses bras dénudés, jusqu'à ce qu'elle atteigne ses épaules couvertes par son armure de cuir noir. Une lugubre fumée noire commence à s'échapper de ses bras, dense et fine à la fois. Son visage subit le même sort. Ses yeux son complètement noir, je n'avais pas remarqué jusqu'à alors.

Quelque chose semble différent cette fois... Le brouillard ne se relève pas... La fumée se dissipe quelques secondes une fois sortie des pores mêmes de la peau de l'humain, diluée dans l'atmosphère.

Je le vois qui observe ces avant-bras d'un air stupéfait, on dirait qu'il n'a pas réussit à se contenir depuis longtemps. Un sourire fend ses lèvres, son regard se lève. Je suis surpris, c'est moi qu'il regarde, droit dans les yeux. Il fait noir...

Je continu d'observer la scène.

-Le moment de vérité...

Je le vois qui ferme les yeux, on dirait qu'il se concentre. Il murmure. Je n'entends rien, c'est inaudible. Je le vois qui sert les mains fortement puis... La fumée dégagée par sa peau s'amenuise, elle est ravalée à travers son corps, elle disparaît. Son corps, ses bras et son visage plutôt, reprennent leur teinte normale, le phénomène n'est plus. Son sourire n'a pas bougé, ses yeux sont de leur vert habituel. Il tourne lentement ses mains sur elles-mêmes pour constater, l'air stupéfait, le résultat.

Satisfait, du moins en apparence, il refait le manège. Cette fois par contre, c'est plus rapide, comme une vague brumeuse qui ensevelit son corps. Aussitôt, il redevient normal. Il recommence... On dirait qu'il veut se prouver quelque chose. Ce n'est plus de la contenance désormais... Mais de la maîtrise.

L'air redevient finalement normal. Je m'envole pour me poser sur le bras de mon maître. Dans mes serres, je prends son bras. Une chaleur intense irradie, mes pâtes me démangent, me brûle. Je n'ai d'autre choix que de m'envoler. Je pique vers les cieux, disparaissant dans la noirceur.

Au sol, Vadim observa l'aigle s'envoler. Ses lèvres remuèrent...

-Enfin...

Edité par Vadim le 07/10/08 à 04:13

Charengo | 07/10/08 13:37

Arffff suspense insoutenable... et très prenant, j'attends la suite... si tes pattes sont pas trop brulées pour écrire

Larme De Fée | 07/10/08 20:16

Mais vous avez rien compris!!! Il y a pas de suite, c'est la fin! Le gentil aigle est libre, et il peut voler vers le soleil! C'est une histoire où tout finit bien!!!

Non? Parce que moi j'aime bien les histoires qui finissent bien...

Larme De Fée | 08/10/08 15:16

tadadaaaaa

Vadim c'est le héros, alors il peut pas brûler!

tadadaaaaa

Et puis de toute façon il a été un dragon, alors le feu, j'suis sûr qu'il en a même pas peur!

(euh...désolé, je sors.)

Edité par Larme De Fée le 08/10/08 à 15:18

Vormonta | 08/10/08 16:22

Très bien écrit, Vadim.