Forum - [RP] Débarquement.

Duc De L'uto | 08/10/08 00:50

II ]

Le sable, toujours le sable. A chaque fois qu'un continent apparaissait au loin, Abkataer priait pour une plage de galets, une falaise envahie par le lierre ou quelques rochers bruts. Mais non, cela ne ratait jamais, il se retrouvait à tirer la barque sur une plage de sable grossier. Sans parler des puces, des crabes et des autres saletés à dents ou tentacules qui aimaient longer les rivages des flots salés. Il ne détestait pas la nature, non, il lui arrivait de l'admirer, mais il haïssait le sable à un point clairement stupide. Il aurait payé cher pour que le sable de ce monde s'unisse en un peuple ; il en aurait été le génocide.

La corde sur l'épaule, il tira la barque jusqu'à ce qu'elle soit hors de portée des eaux montantes. Par réflexe, il examina d'un regard inquisiteur les environs de la plage. Mauvaise façon de commencer la conquête d'un continent que de se faire prendre dans une embuscade. Surtout à six.

La dernière tempête avait emporté le navire comme un enfant avale une bouchée de pain en pleine période de famine. Englouti en quelques secondes. Disparu avant qu'on se soit rendu compte de quoi que ce soit. Seule la barque, fraîchement mise à l'eau, était restée stable, déjà loin du bateau. Et sur elle, quatre guerriers, Abkataer et le Duc. Le Duc qui avait éclaté de rire en voyant son bâtiment disparaitre. Un rire franc, joyeux, joueur.

Un marin intelligent avait eu la bonne idée de sauter avant de se faire aspirer, et avait rejoint à la nage le frêle esquif. Le Duc avait regardé l'homme sévèrement, comme s'il lui reprochait sa présence. C'est complet, avait-il dit avant d'éclater le visage du marin de son talon. Il n'avait pas tort, six sur cette barque, tous en armure, avec assez d'équipement pour mener une campagne militaire, c'était trop. Abkataer avait éclaté de rire à son tour, avant que le Duc ne lui dise de ramer jusqu'à la terre de Tristant&isoldedhil.

« Nous allons faire un tour, Abkataer, les autres, montez le camp sur le plateau, là-bas. Enterrez les armes et l'or. Procédure de campagne habituelle. »

Les deux hommes progressèrent dans le sable jusqu'à une pente abrupte de laquelle sortaient nombre de racines, sans doute grignotées par les marées. Ils la dépassèrent pour atterrir sur une petite plaine herbeuse, parsemée de quelques arbres.

« Comment voyez-vous la chose, Duc ?
-La chose ?
-Le continent ?
-Oh, comme d'habitude. Le continent ne m'intéresse pas vraiment. Du sang, des pieux ornés de tête, les jeux habituels... Vaincre ou reprendre la mer, là n'est pas la question. Je veux expérimenter quelque chose. Pouvoir repartir avec la satisfaction d'être arrivé à mes fins, c'est là ce que je veux.
-Vos fins ?
-Tu verras... »

Ils marchèrent encore longuement, sans rien dire, explorant les alentours comme de simples vagabonds. Des vagabonds armés et cruels.

« Abkataer, j'aurais simplement besoin de toi. Tiens-toi à disposition, constamment.
-Ce n'est pas déjà le cas ?
-Aujourd'hui tu es mon fidèle, mon bras droit. Demain tu seras mon esclave et mon double. C'est important. »

Le Duc s'arrêta pour savourer le vent qui leur arrivait droit dessus après avoir fait des vagues sur les herbes hautes. Il ferma les yeux, gouta l'instant quelques minutes et les rouvrit, plus sombres qu'ils n'étaient déjà.

« Oh oui... Nous allons bien nous amuser. »