Forum - Tout commence toujours sur Certadhil

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Sourhnak | 10/10/08 17:16

Aussi loin que je me souvienne, tout a commencé sur Certadhil. Il y a des années, bien des années. Mon père était un bucheron dans les forêts froides du nord, un homme bon et juste, bien que sec et bourru. Ma mère, petite, menue et effacée, était serf, fermière au village pour notre seigneur et maître.

Nous vivions à l'orée du bois, une zone froide où la terre était dure, improductive. Nous ne vivions que des légumes que ma mère ramenait, et de l'argent, bien maigre de mon père. Une vie difficile, mais qui me convenait. J'avoue en même temps qu'alors, je n'en connaissait pas d'autre. Une vie simple, où j'ai appris à connaître ces herbes qui vivotait autour de notre maison - cabane était plus adapté.

J'appris plus tard que mes parents étaient venus ici par amour, nos deux familles désapprouvant cette union qui n'apportait aucune richesse ni à l'une ni à l'autre. Ils s'étaient mariés devant un prêtre du coin, sans témoins.

Mon premier vrai souvenir remonte à ce jour du mois de Jaani, froid glacial - Oui même Jaani est glacial sur Certadhil.

Mon père rentrait du travail fourbu, l'haleine chargé d'un alcool fort qui tient chaud. Bourru, il ne desserrait jamais les mâchoires avant le souper. Ma mère préparait un brouet chaud et bien clair.

Peu de temps après son arrivée, nous entendîmes le pas lourd et pressé d'une bête. Un cheval. Mon père dressa la tête, inquiet.

"Ohlà ! Serfs, je suis un envoyé de votre Duc, lança le Cavalier, depuis l'extérieur.

- Qu'es't'nous veux ? aboya mon père.

- Votre seigneur demande la présence de Madame à sa cour lança l'homme d'arme."

Mon père grogna d'un ton désapprobateur :

"Ma femme n'est pas catain, qu'on peut sonner au souper"

Je ne le savais pas mais notre Duc était connu pour abuser de ses servantes. Rumeurs probablement fondées. Un bruit, l'homme descendait de cheval. Je restais figé, apeuré. Même à cet age je connaissais la crainte : la crainte des gens d'armes et de leur violence alcoolisée.

La porte de la maison s'ouvrit avec violence. L'air froid s'engouffra d'un coup, dans un bruit fort et sifflant, sans demander son reste, me griffant la peau. Je me recroquevillais dans mon manteau troué et tremblais.

La suite ne dura que quelques dixièmes de seconde. L'homme tenta de prendre le poignet de mère. Mon père saisit sa hache d'un geste de colère, et frappa, frappa. Il frappa encore. Le sang gicla jusqu'à moi. Je tremblais de peur et de froid.

Je revois encore la scène dans mes cauchemars certains soirs.

Nous nettoyâmes, cachâmes le corps, pensant que ça suffirait. Pourtant le lendemain, c'est encore la porte qui claqua. Entra le conseiller du Duc, le mage Kehan Olth, un homme malingre et surtout à l'air vicieux.

Il prit la machoire de mon père entre ses mains d'un geste sec, comme on inspecte un cheval et ses dents. Même mon père, pourtant une force de la nature, était tétanisé. Pour la première fois je voyais sur ses yeux de la peur.

Olth souffla entre ses dents gâtées :

"Emmenez la femme."

Ils commencèrent à l'emmener sans que mon père ne bouge. Je gémissais, transi de peur : "Papa, papa, fait quelque chose. Ta hache, comme l'autre ..."

Le silence me répondit. Je ne me rendait pas compte de mes paroles à cet âge. Je voulais juste que cet odieux bonhomme s'en aille. J'étais trop faible pour le chasser moi même.

"Ainsi c'est lui. Je ne peux laisser la mort d'un sergent impunie.

Mettez les a mort. Violez la, avant. Faites regarder l'enfant. Qu'il sache, qu'il voie toutes les conséquences de ses paroles."

Le conseiller, au regard acéré et hypnotique me dévisagea, moi le jeune enfant :

"Jeune enfant, tu viens de trahir tes parents. Félicitations. Nous allons ensemble étudier les conséquences de ton acte"

Il me posa la main sur l'épaule, griffue comme une serre ou un crochet :

"Tu es désormais mon disciple. Tu es Sourhnak, le maudit. Tu me haïra, me détestera."

Il disait vrai à un point que nul n'imaginait alors, je serai son pire adversaire, et son meilleur disciple.

Edité par Sourhnak le 10/10/08 à 17:18

Amélie De Bois Doré | 10/10/08 18:06

sympa....

Baramir d'Eckmöl | 11/10/08 10:18

Pff...
N'importe quoi cet éducation...

Eigoel Nahb | 11/10/08 15:48

Par les Eléments... Quelle horreur.
*En a froid dans le dos*

Sourhnak | 13/10/08 15:11

Inutile de préciser la lente agonie de ma raison, les jours qui suivaient. Mes rares nuits étaient entrecoupées de cauchemars, d'images violentes, de mort, de viols, de souffrance. J'évitais donc de dormir.

Ni la réalité, ni le sommeil n'apaisaient l'âme du jeune enfant que j'étais et je tournais comme un fantôme dans ma chambre - un débarras miteux - près du mage Olth. D'ailleurs où était-il ? Il était le lien entre ma vie, et ma souffrance actuelle. Le seul lien que je pouvais encore espérer. L'homme pourtant qui avait tué mes parents.

Mes pensées vagabondaient sans cesse.

Ce n'est qu'après une semaine, peut être deux, d'enfermement, à peine nourri par un peu de pain glissé sous une trappe, que celui-çi vint me trouver.

La porte s'ouvrit dans un gémissement aigu. Je me retournais, me demandant si ce n'était pas le fruit d'une nouvelle hallucination. Non, il était bien réel et ses doigts griffus sur mon menton me le confirmèrent.

"Tu commences à avoir l'esprit assez ouvert, petit. Bien. Bien!"

Evidemment, je ne connaissait pas ses intentions, ni ce qu'il voulait dire. J'écoutais donc sans comprendre, les larmes aux yeux, exténué par tant de journées à demi-délirant.

"Pour commander les morts, dit-il d'un air grave, il faut avoir leur état d'esprit brisé".

Il pointa son doigt sur mon front, comme un aiguillon griffant mon âme. Ses yeux brillaient d'une lumière malsaine :

"Tu es mûr".

Il me prit par le bras et m'entraina bon gré, mal gré à travers le chateau. Je ne saurais dire par où nous sommes passés, tellement les pièces semblaient pareils à mes yeux fatigués. Les soldats saluaient avec déférence le mage du duc, sans un regard pour ma pauvre carcasse.

Nous arrivâmes dans une chapelle puante, à l'odeur de mort et de merde. Une odeur à vous soulever le coeur. Si jamais j'avais eu de quoi vomir, c'est sûrement ce qui me serait passé. Mais dans mon état, plus rien n'avais d'effet sur moi.

Il pointa deux draps.

"Ces corps, tu va les relever".

Deux de ses doigts griffèrent mes tempes avec insistance.

"Utilise ton âme, ne fait plus qu'un avec eux."

Il creusait de larges entailles avec ses ongles. Mon sang sale et chaud coulait sur mon visage. J'étais fermement décidé à faire ce qu'il me demandait, pour en finir.

Au début il ne se passa rien. Puis comme un déclic, je sentis mon esprit envahir les deux corps, les guider. Les relever. D'abord un simple frémissement, puis des mouvements erratiques.

Et enfin les draps se soulevèrent sur deux cadavres putréfiés, verts et bilieux. Je vis le visage des deux morts. Père! Mère! Oh par tous les dieux. J'aurais pu le deviner. Etait ce bien eux ou le fruit de mon imagination ?

Bien qu'à demi fou alors, je penche encore pour la première hypothèse. Olth m'a habitué à être bien plus pervers, par la suite, donc ça ne m'étonnerai pas.

Le mage eu un rictus de satisfaction à mon air horrifié et hagard, il murmura.

"Tue les. Enlève leur ton âme."

Je pleurais puis reculais en hochant la tête négativement. Olth paru furieux:

"Tue les. Avant que le duc n'apprenne."

- NON! criais-je"

Je me mis à hurler, et délirer. Je ne me souviens pas de la suite, si ce n'est de tomber, tomber, dans le noir.

Je me suis réveillé deux semaines plus tard. Mon esprit était plus clair, mon corps reposé. J'étais dans ma chambre, ma cellule. Et ses murs sales étaient autant un réconfort qu'un rappel de mon horreur la plus absolue.

Une chose était sûre: Olth paierai.

Edité par Rek'Laken Furiosodemonis le 29/10/08 à 11:24

Duc De L'uto | 13/10/08 22:29

Enfin un nécro, un vrai.
J'aime bien, bravo !

Baramir d'Eckmöl | 14/10/08 10:28

Ingratitude...

Lancwen de Sigil | 14/10/08 11:27

Kehan Olth court toujours après sa défaite sur Certadhil,reste a le retrouver...

Sourhnak | 14/10/08 11:31

Tout ceci s'est passé il y a bien longtemps, avant que Certadhil ne soit la guerre que certains ont connu...

:p

Lancwen de Sigil | 14/10/08 11:35

Je n'en doute point mon cher, mais cela m'étonnerait que vous ayez déjà réussi a le faire payer a moins que vous ne soyez le prochain a vouloir vous emparer de Certadhil avec la force nécessaire pour y parvenir. Dans ce cas, Olth a du sentir votre courroux...

Sourhnak | 14/10/08 12:23

Peut être que la suite de l'histoire vous éclairera. Patience. ;)

Baramir d'Eckmöl | 14/10/08 12:42

Décidément, ce continent attire et engendre de drôle de chose.

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