Forum - Le bois d'orgueil ou une gueule de bois reptilienne.

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Fanfan | 12/10/08 17:46

Il y' avait un long serpent vert et bleu qui allait le long des berges d'un petite rivière. Il cherchait son nid, son nid de chimère, il cherchait leurs nids, pour manger leur dernière chance. Il fuyait la nuit, mais il était grand dans sa fuite. Il s'échappait avec panache de la panade dans laquelle il s'était foutu. Il était long, long, interminable, ses anneaux bercent le sol, il navigue tel un vaisseau de pacotille sur une marre au canard. Bouge. Putain bouge, on s'arrache.

Fanfan ouvrit les yeux. Ce bouge, putain bouge, on s'arrache n'avait rien à faire dans son rêve reptilien. Il regarda furtivement autour de lui. Les lits d'une auberge. Sa longue dague sur le sol, sa veste sur un des montants du lit, un autre, non une autre en train de s'activer.

Il tenta de se lever. Il se redressa pour s'asseoir. Bordel, quel mal de crâne. Belle gueule de bois. Faut que j'arrête de me saouler. Il vit l'air affairé, un peu paniqué et pressé de sa compagne. Il la regarda un moment. Un long moment, lui semblait-il dans sa torpeur encore brumeuse.

Elle était plutôt belle, svelte, athlétique. Elle avait des cheveux mis long en bataille, l'air assez mauvais, les yeux balayant la pièce de toute part. Elle ne me regarda pas. Je ne comprenais pas son agitation. Je me suis pris une gifle.

« - Bordel tu bouges, on doit foutre les bouts, c'est pas mariole là, c'était à prévoir avec tes connerie. Aller bouges ton flan on se casse sans dire au revoir ! »

Ca m'avait pas spécialement dégrisé. Mais remis un peu en mémoire certaines choses. Merde. Je me levais en vitesse, enfilais mes bottes crasseuses, passait mon ceinturon où pendait ma dague, mis ma veste en vitesse. Je pris un des sacs qui traînait au sol. Elle ouvrit la fenêtre du deuxième étage et sauta. Je la suivis. Non pas vraiment. Elle était déjà en train de courir le long de la rue. Je me suis vautré correctement en bas. Le sac émit un bruit de verre cassé en allégeant ma chute.

Merde.

Je la suivais en courant, ma jambe gauche me faisait mal, les talons de mes bottes tapaient sur le sol. Ce rythme irrégulier de foulées me cassait le crâne. Elle semblait connaître la ville comme sa poche, je tenais le rythme tant bien que mal. Eurielle, attends un peu, je ne vois que tes cheveux qui flottent par intermittence. Je lui courais après dans les petites rues étroites pour sortir de la ville par la poterne, quand à un tournant serré je me pris un sacré tampon. Ca m'a soufflé. Je me suis retrouvé scotché au mur sans avoir eu le temps de m'en rendre compte. Le sac tomba une nouvelle fois à terre avec un bruit de craquement sonore.

Le type qui m'a écrasé contre le mur s'est reculé, et mes genoux fléchirent sous le choc. Mauvaise posture pour une cavale. Il me regarda de toute sa hauteur. Guigne, quelle montagne. Il me donna quelques coups de pieds et de poings savamment placés avant de prendre le sac. Je restais dans la ruelle, un filet de sang coulant de mon visage, des contusions plein le corps. En fin de compte c'était pas si inconfortable que ça après un bonne mise à tabac. Je restais là un bon moment, allongé, face contre terre.

Pourvu que personne ne passe. J'essayais de me relever. Vache, comme mon corps était douloureux. Ce genre de douleur où l'on se demande si l'on a encore un esprit. J'avais carrément morflé. Ils avaient pris le sac. Ils étaient venus récupérer leur bien, les chiens. Je titubais en me tenant aux murs comme je pouvais. Retrouver la poterne sans ce faire mettre en cabane. En tout cas, je devais avoir l'air d'un type en plein dans sa cuite avec mon allure et ma démarche, ça me donnait des points pour échapper à certains contrôles.

Dans ces dédales de ruelles, je prenais au petit bonheur la chance. J'espérais juste qu'Eurielle s'en était tirée. De toute façon c'est elle qui avait la part la plus importante de notre coup fumeux. Si elle s'en était tirée et si son honnêteté relative prenait le pas, elle trouverait un moyen de me retrouver pour achever notre travail.

Mon corps ne me supportait plus. Je m'assis sur de grandes marches de pierre et allumais ma pipe. Quel réconfort. Cette rouste m'avait dégrisée. Mes sens aux aguets guettaient les dangers de cette foutue jungle urbaine. Je pensais aux essences de bois qui se trouvaient dans son sac. J'avais perdu les outils. Guigne. Elle avait le principal. On se recroisera... T'inquiètes, j'arrive bientôt.

Baramir d'Eckmöl | 12/10/08 20:53

Est-ce qu'il y avait un début à cette histoire ? Parce que j'ai bien peur de ne pas tout comprendre...

Fanfan | 12/10/08 21:13

Non, c'est le début, la suite arrive. Demain.

Baramir d'Eckmöl | 12/10/08 21:23

La suite racontera le début alors ?:o:D
Quoi qu'il en soit je suis impatient de connaitre le fin mot de cette histoire.

Vormonta | 12/10/08 23:14

J'aime vraiment le style.

Celimbrimbor | 12/10/08 23:23

On s'y perd un peu, mais ça reste sympa. Et puis, j'ai dans l'idée que c'est le but de s'y perdre.

Fanfan | 12/10/08 23:41

Oui c'est un peu le but, et de rassembler les morceaux à chaque épisode ;)

Baramir d'Eckmöl | 13/10/08 06:57

alors on va le recollé le vase de ton histoire que tu as cassé en tombant dessus.:o:D

Bref, j'attends la suite.

Fanfan | 13/10/08 13:54

Pas d'états d'âmes. C'est le mot d'ordre quand on fait un casse. J'ai jamais aimé ça. On s'est introduit dans une grande bâtisse de bois et de pierre en plein centre ville. La lune était vide, seul le halètement du vent émettait un son. JE suis entré en premier, par une fenêtre ouverte du deuxième étage. Eurielle était sur mes pas. On y voyait goutte, mais notre objectif était en haut, dans les combles de la maison. Pas de bruit, pas de grabuge et on récupérait les essences et l'outillage.

J'avançais prudemment dans le couloir du deuxième étage, me dirigeant vers l'escalier de bois menant au dernier. Furtif. Maîtriser sa respiration. Une lumière, diffuse, une flamme vacillante au bout du couloir devant les marches. Je m'arrête. Elle en fait autant. Je la regardes, elle me fait un oui grave de la tête. Chier.

Je me suis avancé rapidement, sortant petit à petit ma dague pour éviter le bruit. J'étais plaqué dans l'obscurité. C'était un vieux domestique, les cheveux grisonnant, en robe de chambre assez classieuse. Il devait attendre la fin de son service pour rester à disposition de ses seigneurs et maîtres. J'espérais être à la hauteur. Ca ne me plaisait pas.

Je mis la vitesse supérieure, des gestes répétés milles-fois que je n'espérais pas réutiliser en dehors de l'armée. Je plaquais ma main sur la bouche, il m'avait vu arriver, mais aucun son ne s'était échappé de sa gorge. Je la regardais droit dans les yeux. Ma lame effleura la gorge du larbin, et je retins sa chute. Je le laissait là au pied de l'escalier avant de m'engouffrer dans la pénombre des marches, Eurielle sur mes talons. On a grimpé et commencé à chercher l'objet de notre convoitise dans le fatras du grenier. Ca nous a pris quelques minutes, et nous sommes ressortis par les toits.

Pas question de cavaler cette nuit. J'avais les nerfs à vifs.

« -On va dans une taverne, discute pas »

Mon regard était dur, elle ne rechigna pas même si je sentais bien qu'elle voulait mettre les bouts tout de suite. On a marché discrètement jusqu'à une taverne un peu excentrée du centre ville. Je suis entré et posé à une table au fond. Elle me rejoint, j'ai commandé deux bouteilles de rhum... Je me saoulais pour camoufler les actes que je n'assumais pas.

J'étais toujours assis sur les marches en attendant de pouvoir repartir. Ma pipe laissait ses fumerolles au vent. Les échos de la brise urbaine résonnaient à mes oreilles. Des vociférations, des bruits de pas. Je me levais et cherchais ma sortie par la poterne, Je marchais vite, vigilant, pas question de me reprendre une rouste et de finir en interrogatoire. Après de longues minutes de marche j'arrivais à ma porte de sortie. Ciao les loulous, j'espère ne jamais vous revoir.

Pour la retrouver j'avais pas trente six solutions. J'allais voir à notre planque. C'était une fermette en assez mauvais état, de bois et de chaume, perdue entre des champs et une forêt touffue. Soit elle y était passée, soit elle m'avait doublé, c'était quitte ou double.

J'ouvris la porte qui n'était pas close, Je jetais un regard circulaire sur la pièce de vie. Pas de traces d'Eurielle. Les plans de notre casse étaient toujours sur la table, les notes sur notre projet toujours en vrac sur la seule étagère de la pièce. J'allais chercher une bouteille de rhum dans une caisse au fond de la pièce. Je m'assis à la table et me servis un verre. Mon regard furetait sur les cartes, les plans et les notes de notre crime parfait, qui en fin de compte ne s'était pas si mal fini. Il y avait une note de sa main.

« Je suppose qu'avec ta maladresse, les outils sont en miettes.
J'ai caché les essences dans un endroit sûr. Je cherche d'autres ciseaux, et le tube de cristal. Débrouille toi pour le reste, je reviens dans deux jours, j'espère que t'auras de quoi terminer l'expérience, sinon j'arrête tout. »

Je terminais mon verre, et fis une rapide toilette histoire de faire l'état des lieux. Je m'octroyais une bonne nuit de sommeil. Demain je devais retourner en ville chercher ce qu'il manquait. Un mortier en marbre, Un pilon en acier, des récipients en marbre de lune. Belle journée en perspective... Guigne...

Celimbrimbor | 13/10/08 14:42

Amusant.

Baramir d'Eckmöl | 13/10/08 15:50

Qu'est-ce que cela peut bien camoufler ?
Tu te lances dans la drogues ?:o

Bart Abba | 13/10/08 15:54

Kool ! :b :b :b

Fanfan | 14/10/08 11:39

Je me suis levé avant le soleil. Pas question de perdre du temps, si au moins je pouvais espérer récupérer tout le matériel que j'avais perdu. Je fis l'état des lieux de mon corps encore contusionné. J'allumais mas pipe et pris le chemin qui quittait la planque, en direction de la ville.

Où pouvais-je trouver tout ça ? Dans des échoppes pour apprentis alchimistes ? Un mortier et un pilon en acier, c'est pas la mer à boire. Mais des récipients en marbre de lune... Peut être à l'académie des sciences. Dans ce cas-là ça ne serait pas de la tarte. Bordel, pourquoi on était pas parti le soir même ?

Je passais les portes de la ville. Les gardes n'étaient sûrement pas au courant du vol, seuls les principaux intéressés voulaient s'offrir une justice privée. Je ne risquais pas grand-chose à me balader en plein jour dans la foule des badauds et des artisans activés. Je flânais aux abords de l'Académie. Bien grand mot. C'était qu'un ramassis de vieillards ingrats et libidineux faisant valoir leur « savoir » contre de fortes quantités d'or afin d'enseigner à de jeunes bougres ce qu'il leur permettra de prétendre être l'élite dominante de la nation. C'était vraiment des blaireaux. Je travaillais moi !

En tournant autour du pot je croisais une boutique d'alchimie pas de gamme. Après un rapide regard, les cordons de ma bourse se délièrent et j'achetais un mortier en marbre et un pilon en acier, ça suffirait bien, ce n'est pas le plus important. J'allumais à nouveau ma pipe après la transaction et la savourais, avant de tenter mon entrée dans l'école. Il n'y avait pas de gardes à l'entrée mais je suppose que ces vieilles fripouilles magiques avaient plus d'un tour dans leur sac. Ca allait être coton.

J'espère qu'Eurielle reviendra demain.

Je montais les longues marches menant au parvis de l'Académie, comme des milliers de passants par jour, allant consulter des ouvrages à la bibliothèque ou accomplir les tâches ingrates nescéssaires au fonctionnement de l'université. Une fois sur le perron, je m'engouffrais dans la grande bâtisse de marbre de lune. Dieu que c'était grand à l'intérieur. Je faisais pas trop le malin, c'était une vraie fourmilière, les bruits de répétant sans cesse, les hommes affairés tournant et retournant sur eux-mêmes.

Je me mis en quête d'un endroit plus silencieux en me dirigeant vers les panneaux marqués « bibliothèque ». Je devais parfois jouer des coudes. J'arrivais à la bibliothèque par un couloir plutôt silencieux. Je poussais la lourde porte de chêne protégeant les précieux ouvrages et pénétrais dans le sacro-saint coeur de l'édifice.

Je consultais les rayonnages de livres en réfléchissant à où trouver ces foutus récipients. Je parcourais les volumes du regard, comme si j'allais y trouver une réponse. La tranche d'un volume attira mon attention « de la transformation des bois magiques ». Je regardais autour de moi en l'engouffrais dans ma sacoche comme s'il y avait toujours été.

Après un court repos je ressortis et pris à gauche, vers les endroits les plus silencieux, sûrement les salles de cours ou des bureaux. Je prenais des enfilades de couloirs en faisant tout de même attention au sons m'entourant. J'entendis des pas lointains et n'y pressais guère d'importance. Une petite porté était ouverte devant moi. Je regardais par l'entrebâillement, ça ressemblait au bureau d'un professeur ou d'un assistant de chimie. Ma veine.

Je m'y introduit en sachant très bien que je n'avais strictement pas le droit d'y être et que si je me faisais chopper je passerais un salle quart d'heure. De plus, il n'y avait pas de fenêtre. Sur le bureau traînaient des papiers, des ouvrages volumineux, des plumes et des encres de qualités. Dans les tiroirs, des dossiers, des formules, des vêtements de cérémonie. J'ouvrais un placard, qui contenait deux épées, une armure de parade, quelques ouvrages mités, et une belle collection de bouteilles d'alcool fort. Je me retournais. Sur l'étagère au fond de la pièce, derrière moi, se tenait tout une panoplie d'apprenti alchimiste. De pilons et mortiers, des récipients, des tubulures en verre, des ballons. Je me servis de trois récipients de ce qui me semblait être du marbre de lune. Parti sans bruit, ne rien casser, ne pas se faire choper.

JE sortis du bureau, mais eu le malheur dans ma maladresse de refermer la porte. Je n'y ai pensé qu'après. JE pris les couloirs d'un pas vifs, en regardant un peu partout à la fois. Revenu dans l'entrée, je percutais de plein fouet un personnage lambda, il me fit perdre l'équilibre et je me retrouvais par terre. J'avais eu réflexe de protéger le sac. Deux hommes en armes me relevèrent. Ils ne me lâchèrent pas les mains après m'avoir remis sur pied. Bordel, qu'est ce que ça voulait dire ? Je m'étais encore grillé ? Cette fois ça sentait le roussis. Je leur faussais compagnie. J'ai tiré violement sur mes bras abîmés et pris mes jambes à mon coup. Heureusement qu'il y avait du monde tout autour de l'édifice pour ralentir mes poursuivants. Quand je les ai sus un peu loin et hors de vue, je m'engouffrais dans un soupirail entrouvert, et me retrouvais dans une cave humide et nauséabonde pour attendre la nuit. Deuxième sortie, côté jardin...

Baramir d'Eckmöl | 14/10/08 12:47

Toujours aussi embrumée cette histoire.
J'attends la suite ;)

Celimbrimbor | 14/10/08 17:50

Toujours bien mené.

Fanfan | 15/10/08 11:33

J'ai eu le temps de contempler un peu mon existence en attendant la tombée du jour. C'est fous ce que j'aimes pas être enfermé. JE regardais de temps en temps furtivement par les ouvertures du soupirail. Tout ça pour des chimères. J'espère que ça va marcher sinon...

La cave était moite comme de nombreuses caves, parsemée de caisses fermées ou ouvertes pour certaines, contenant des provisions, de l'armement, des ustensiles divers. En tout cas rien qui ne m'intéressait. LE soleil commençait peu à peu à décliner. Je le regardais s'échouer derrières les crêtes abruptes, délimitant pour de nombreuses personnes la terre connue.

A la faveur de l'obscurité, je m'extirpais en silence de ma cachette. Enfin en silence, c'est que c'était pas bien gros ce machin. Après quelques éraflures, j'étais dans la rue, pas si loin de l'Académie. Je ne passerais sûrement pas par là pour m'en aller, je supposais qu'il devait y avoir assez d'agitation. Tout ça pour quelques récipients en marbre de lune... Enfin.

Je décidais de sortir par la poterne, comme la première fois. Pourquoi pas après tout, ça avait déjà marché. Je marchais dans l'enfer dissymétrique des rues enchevêtrées, essayant de me rappeler plus ou moins le chemin. J'y arrivais sans encombre, et sortis pour prendre la direction de la planque.

Sur la route je rêvassais, j'étais fatigué, la vie de voleur ça devait pas être mon truc. La vie de douleur ne me réussit pas. La vie ne fait pas de cadeau. On mérite ce que l'on est, ce que l'on a. Enfin je crois. J'ai ouvert la porte, lentement, infiniment lentement, comme pour savoir si je voulais vraiment rentrer, et attendre Eurielle, si je voulais continuer mes « expériences ». Futile. Ca y'est, elle a milles ans.

Je m'assieds à la table après avoir vidé mon sac de matériel que je pose sur l'étagère. Je me suis servi un verre, et commencé à fumer en réfléchissant. Je tournais vaguement les pages de mon larcin. La nuit était assez claire, et je regardais vaciller les bougies à la vitesse de mes états d'âmes. Voleur de poule, mystère des enfers, curieux, trop...

Je m'acharnais à me brûler les neurones. Il y a des soirs où les pensées doivent êtres carbonisés. Les femmes ne ressemblent qu'aux femmes. Pouvais-je lui faire confiance ? Voulais-je qu'elle m'assiste dans la tâche que je désirais accomplir il y a quelques instants. Je ne sais pas si je dois y penser. La nuit sera longue à devenir demain.

La porte s'ouvrit. Je regardais avec mes yeux mornes vers l'ouverture faisant vaciller la flamme naissante des bougies. Comme si les flammes naissaient sur les bougies. Je la regardais. Elle avait son air préoccupé qui lui va si bien. Loin de moi l'envie d'exprimer mes mièvres souvenirs. Elle était agacée, à son habitude.

« -t'as récupéré les récipients ? »

Je lui montrais l'étagère d'un signe de tête. Elle alla inspecter le matériel, et posa à côté le contenu de son sac. Elle avait trouvé ce qu'il fallait et ramené les essences de bois. Ses mains effleurèrent les différents ustensiles. Son regard était grave, presque livide. Elle planta ses pupilles dans le creux de mes orbites. Que j'aime et déteste ces regards féminins qui vous sondent. Je vidais mon verre.

« - T'es décidé ? »

« -J'en sais rien. Tout ça me paraît dérisoire. Je ne sais pas... Je préfère te le laisser, j'ai déjà enterré... Ce n'est que du provisoire, c'est trop douloureux. Ou je ne sais pas. J'ai beau regarder devant, ça ne me paraît que gris. Retrouvera-t-elle ses couleurs alors ? Je ne sais pas. Je préfère mes souvenirs. Et toi. Tu le veux ? »

Elle me regarda et détourna le regard, les yeux embués de rares larmes. A peines humidifiées même. Merde, quel bout de fille. Je ne connaissait que trop bien sa situation, je me permis un sourire conciliant, en recrachant la fumée de ma pipe. Elle me le rendit, les yeux déjà presque secs.

« - Je le fais. Ca vaut le coup je crois. »

« - On s'y met alors. Je ne veux pas entendre parler quand on auras fini. Tu t'en vas avec et je ne veux pas savoir. Rien, on en reparlera jamais, tu souffriras seule, moi j'ai assez donné. C'est ton problème maintenant, si on se revoit, je ne veux pas le voir. »

Elle me regarda d'un regard grave en hochant la tête. Bordel on le faisait. C'était fou. On commença à installer le matériel sur la table et on se mit à l'ouvrage. Ca me faisais flipper, mais ça me donnait des frissons de curiosité satisfaite. L'ouvrage débutait...

Baramir d'Eckmöl | 15/10/08 18:34

Depuis le début je ne comprend rien...
Et ça va pas en s'arrangeant.

Fanfan | 16/10/08 19:43

La sueur coulait à gros bouillons sur nos fronts livides. On était concentré sur notre ouvrage. L'extraction de l'âme du bois prenait longtemps, et nécessitait toute notre attention. On ne parlait pas, seulement quelques mots pour demander tel ou tel ustensile.

C'était pas de la tarte et ça nous a pris toute la journée. Je me reposais, exténué, sur ma chaise. Folie. Simple folie. Je me suis servi un verre de rhum et ai allumé ma pipe. Eurielle avait les yeux exorbités devant ce qu'on venait de faire. Je n'osais pas la regarder dans les yeux, j'avais bien fais d'y renoncer.

Elle pris l'objet dans ses mains en coupe, et le porta à hauteur de ses yeux, un large sourire aux lèvres. Il n'était pas bien gros, mais ça suffirait pour un moment. Je regardais les formules d'alchimie élémentaires qui traînaient sur la table. Les petits alchimistes chantent dix-sept fois.

L'objet était pas plus gros qu'un poing. Nous l'avions taillé un peu ovale, tout à fait imparfait, mais ça n'avait aucune importance. Il était de mélange de différents bois et de quelque fragment de métaux précieux. Sa surface était presque noire, comme calcinée. C'était le coeur. La puissance de vie.

Cette folie était censée donner une nouvelle vie aux êtres cher. J'avais trouvé ces formules chez un vieux magicien à moitié dingue, et j'avais fait des copies. Je voulais refaire vivre ma fille, Sileas. Plus j'avançais dans ma tâche, plus je me suis dit que c'était futile, inutile, contre-nature jusqu'au moment de me faire une raison. Eurielle, elle, n'en était pas arrivé à ma conclusion. A la base on devait faire deux coeurs. Elle en aura donc un plus gros rien que pour elle, et je lui laissais bien. Elle était tellement attendrissante à être ainsi fascinée et heureuse. S'en était pathétique et gerbant. Pauvre fille.

Elle leva enfin les yeux vers moi.

« - Merci »
« - Oh ben de rien va, j'espère juste pour toi que ça marcheras, mais je ne veux rien en savoir. Trace ta route et va accomplir ton oeuvre. Bon vent fillette. »

Ma gorge était serrée, et mes yeux piquaient sous l'afflux refoulé de larmes d'aigreur.

« - Je prends les plans pour bien le placer, et je m'en vais. »
« - On en reparleras jamais si l'on se revoit, on est bien d'accord ? »
« - Oui, ne t'inquiètes pas »

Elle eu un sourire de petite fille heureuse. Elle chercha les plans. Elle prit tout dans son sac. Elle m'a serrée dans ses bras fins, couvert de quelques poils bruns. Elle me regarda et parti sans un mot.

Je l'ai revue à deux reprises. Bien sûr on en a parlé. Je ne sais pas si on aurait du. Son mignon, elle avait réussi à lui redonner le souffle de vie du coeur de bois. Comme je le craignais ça n'a été que provisoire. Elle voulait recommencer. Elle recommencerait seule.

Je ne veux pas m'enfermer dans des illusions. Certaines choses sont immuables, certaines éphémères comme des notes chantées et laissées au vent. La vie ne mérite pas de deuxième chance, et parfois la raison doit l'emportée.

Ce n'est pas en trouvant un coeur que l'on trouve l'amour. Pas pour moi, plus pour moi. Les esprits sont mieux dans leurs caves que dans le sensible à fleur de peau.

Bonne nuit.

Jarx le Vieux Loup de Mer | 17/10/08 00:20

Ouoh! Bien mené!!

Bart Abba | 17/10/08 13:18

Très palpitant !! :b :b :b

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