Forum - Fuite en avant...

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Viviane la fée | 12/10/08 17:49

Voilà, je sais ce qui s'est passé. Ça n'a pas été difficile à trouver, il suffisait de chercher au bon endroit. Pourtant je ne sais pas si je dois tout révéler ici, ça pourrait me jouer des tours et j'ai passé l'âge de m'amuser. Là, c'est trop grave, et j'ai trop envie de la retrouver, ça fait si longtemps... Je me souviens d'elle comme si elle était partie hier, si jeune, si belle...
Ma décision est prise. Ces récits sont tirés d'un petit carnet noir que j'ai trouvé au fond d'un tiroir oublié, dans la poussière d'une vieille bibliothèque. L'auteur a signé ces textes d'une initiale, J : cela ne peut être qu'elle. Certains passages sont abimés, le papier n'ayant pas toujours résisté à l'humidité, il a donc fallu que je brode un peu de façon à restituer le fil de l'action de manière cohérente. J'espère que le lecteur m'en excusera...

Ils se sont introduits dans le camp sans bruit et ont massacré toutes les personnes qui s'y trouvaient, sans aucun discernement. Toutes sauf elle. Tout ça parce qu'elle a eu envie de faire pipi et qu'elle s'est levée pour assouvir ce besoin.
Quand elle s'est réveillée, il faisait noir. Toutes les torches s'étaient éteintes et seules les braises rougeoyantes du feu projetaient encore quelques lueurs larmoyantes, peuplant l'obscurité d'ombres effrayantes. Elle a d'abord essayé de se rendormir : c'est difficile de se lever dans le froid pour aller s'accroupir dans des buissons humides ! Elle s'est tournée sur le côté, espérant ainsi que son envie passerait.
Ses pensées se sont mises à vagabonder sans qu'elle ne fasse rien pour les en empêcher : elle a revécu la journée de marche forcée, le claquement des fouets sur ses épaules douloureuses, la rudesse du chemin sous ses pieds nus... Ça fait exactement cent trente-trois lunes qu'elle s'est faite ramasser par cette horde de mercenaires et qu'elle tente de survivre tant bien que mal, guettant la moindre occasion favorable pour essayer de s'enfuir. La période la plus dure a été celle qui a suivi sa capture : elle s'est fait violer sans ménagement pendant toute une nuit puis ses bourreaux se sont vite désintéressés d'elle. Il faut dire que baiser une Vampire n'est pas forcément du goût de tout le monde dans la mesure où une seconde d'inattention peut se révéler extrêmement dangereuse. Là, les guerriers avaient prévu le coup, ils s'y sont mis à trois, deux pour lui maintenir les bras et les jambes tandis que le troisième s'activait entre ses cuisses ouvertes. La douleur a été intense, mais la rage qui couvait en elle a été la plus forte et l'a aidée à tenir le coup.
Une colère sans limite l'habite continuellement, elle en veut au système et à ses dirigeants, elle en veut au monde entier. Elle ne vit que pour se venger de cette existence devenue un enfer. Elle sait très bien ce qui attend les dix vampires prisonniers dont elle fait partie : ils vont être vendus comme esclave lors de la grande foire qui se tiendra dans la Capitale d'ici une trentaine de lunes. Les plus chanceux d'entre eux finiront dans les champs à ramasser le raak, un fruit acide à l'origine d'une liqueur très prisée par la jeunesse dorée de la Cité, les autres iront remplir les geôles destinées aux jeux du Cirque et se feront bouffer par les primotaures sauvages à la plus grande joie du Peuple...
La chasse aux vampires s'est amplifiée ces derniers temps : les différentes races qui peuplent ces terres sauvages ont même réussi l'exploit de s'entendre pour les exterminer. Des offres de récompenses ont vu le jour et une vampire femelle est vendue environ trois cents pièces d'or contre deux cent cinquante pour un mâle. Avec un peu de chance, elle tiendra jusqu'à la grande foire et là...
Cette fois, elle n'a pas pu résister. En soupirant, elle s'est extirpée de son sac de couchage, un vulgaire sac à viande, et elle s'est levée en faisant attention de ne pas marcher sur ses compagnes d'infortune allongées de part et d'autre. Elle s'est dirigée vers l'endroit délimité la veille au soir par les gardiens, un carré d'une dizaine de mètres de côté, au bord de la clairière. En regardant tant bien que mal où elle mettait les pieds, elle s'est engagée dans les fougères puis s'est accroupie près d'un aulne après avoir baissé sa culotte. C'est au moment où elle allait se relever qu'un bruit sourd a retenti, tout près. Comme si quelqu'un était en train de couper un arbre avec une hache... Elle n'a pas eu le temps de s'interroger qu'un gémissement s'est fait entendre suivi d'un gargouillis étrange. Intriguée, elle s'est aplatie dans les fougères et s'est mise à ramper vers le campement en faisant le moins de bruit possible. Un cri aigu s'éleva soudain et chassa ses derniers doutes : le camp était attaqué... Puis l'enfer se déchaîna.
Ils étaient six. Des traqueurs. Créatures mi-Orc, mi Mort-vivant, dénuées de tout esprit lucide, destinées à tuer. Des machines de guerre redoutables, devant lesquelles il vaut mieux s'enfuir. Deux bras puissants terminés par des griffes rétractibles acérées, une poitrine bardée de plaques d'acier, des cuisses massives, des yeux rouges à l'affût du moindre mouvement. En général, les traqueurs se louent pour accomplir les plus viles besognes. Le prix de la location est exorbitant, mais le loueur est sûr que le contrat sera rempli. Instinctivement elle mit son poing dans sa bouche pour éviter de gémir en voyant ses compagnes se faire massacrer dans leur sommeil. Les traqueurs agissaient vite et bien, soulevant d'une main la tête d'un dormeur, lui coupant la gorge de l'autre. Le sang jaillissait des artères sectionnées, une tête se détacha même d'un tronc suite à un coup de griffe trop appuyé. Soudain un garde se précipita l'épée brandit au-dessus de sa tête, fermement décidé à mourir en héros. Le traqueur qu'il visait se baissa, évitant le coup d'épée meurtrier et se releva à toute allure, plongeant ses cinq griffes dans la poitrine du garde qui s'embrocha littéralement dessus. Le soldat ouvrit des yeux étonnés puis essaya en vain de se sortir de l'étreinte mortelle. Le traqueur leva le bras et rejeta le corps du malheureux qui finit sa course dans le feu, puis retourna à ses occupations meurtrières...
En un éclair elle comprit qu'il fallait qu'elle saisisse sa chance, maintenant, tout de suite. Elle allait reculer toujours en rampant pour s'enfoncer dans les fougères quand elle croisa le regard d'un traqueur. Ce fut suffisant. La créature s'immobilisa, perplexe : elle émit un son guttural à l'adresse de ses congénères qui s'arrêtèrent aussi et tendit le bras dans sa direction. La vampire ne dut la vie sauve qu'à ses réflexes : elle se releva d'un bond, tourna les talons et se mit à courir de toutes ses forces sans se soucier de la direction qu'elle prenait, l'esprit annihilé par l'effort. Derrière elle un bruit de branches brisées lui apprit que les traqueurs la prenaient en chasse. Coudes au corps, la bouche grande ouverte, elle ne se retourna même pas, attentive à éviter les obstacles naturels qui jalonnaient le chemin. Le terrain légèrement en pente la favorisa dans un premier temps. Elle accéléra, allongeant ses foulées, légèrement penchée en avant...

Larme De Fée | 13/10/08 09:47

Le lecteur de l'instant, c'est moi. Je dois être le premier après Viviane à lire ce texte. Mes yeux parcourent les lignes, les unes après les autres, je suis lentement submergé, quelque chose en moi se réveille, quelque chose de froid. Quelque chose de glacial. Je me contrains à terminer la lecture, bien que ma raison me dise que je ferais mieux d'oublier cette histoire.

Jaëlle...si mon père avait eu connaissance de cela, je crois qu'il aurait retourné ciel et terre pour la retrouver, la protéger. Il aurait anéanti dans une fureur démente jusqu'au dernier souvenir de ceux qui avaient osé la toucher. Je sais cela sans le moindre doute. Quelque part au fond de moi, sa mémoire bouillonne d'une rage infiniment dangereuse, je la sens monter dans mes veines, mes yeux deviennent plus sombres qu'un ciel d'orage, ma gorge me pique furieusement. D'un autre côté, je suis d'un calme qui me semble surnaturel, mon coeur et mon esprit semblent de glace, rien ne peut les atteindre, j'y sens la force de ma mère, souterraine, presque invisible mais ne demandant qu'à exploser comme un glacier trop longtemps contenu. Je suis pris entre ces deux forces, qui semblent s'opposer en moi comme deux contraires peuvent seuls le faire. Je sens bien qu'à un certain moment, il me faut faire un choix. Mais comment choisir entre deux natures dont j'ignore tout? Accepte....ce mot, trouvé sur une tablette d'obsidienne dans la salle du trône, se répète sans fin dans ma tête, mais accepter quoi? De choisir? Oui, c'est peut-être ça. Tout finit toujours par se résumer à un choix. Vraiment? Et elle? A-t'elle eu le choix? Je ne crois pas. Eigoel non plus n'a pas eu le choix. Kalog...Kalog me montrera.

Je passe devant la statue de mon père, à l'entrée des dédales, m'arrête un bref instant devant. Il semble me fixer, d'un regard terrible. Une tristesse sans fond, un espoir sans limite. Peu importe. Je descends les quelques marches qui mènent à Kalog, qui semble m'attendre depuis une éternité, assis sur son trône macabre. Un sourire infiniment pervers et cruel relève les coins de sa bouche en un rictus effrayant. J'en ai des sueurs froides, quelques gouttes glaciales glissent le long de mon dos, un frisson incontrôlable me saisit. Kalog rit longuement, un rire qui semble assombrir les airs, créer des brumes opaques et nauséabondes.

-Tu es venu me demander de te montrer...savoir ne te suffit pas...hum, quelle curiosité délicieusement...distrayante. Sais-tu que tes parents ont voulu...voir...aussi? Non, bien sûr. Tu sais si peu de choses, sur eux, n'est-ce pas? Ta Mère était...amusante, il y avait tant d'ombres en elle, tant de...souffrance...

Un sourire insupportablement gourmand déforme ses traits, horrible parodie qui me fait reculer d'un pas. Mais déjà le Gardien des bas-fonds poursuit:

-Ton Père...moins de souffrance, mais si tourmenté.... Il aurait pu lui aussi être amusant, mais il était si...direct...je n'ai pas eu le temps de faire vraiment connaissance avec lui...

Il passe lentement son ongle crochu le long de l'hideuse cicatrice qui marque le tour de son cou, puis éclate d'un rire d'une ironie morbide:

-Une chance que je sois immortel, n'est-ce pas, mon jeune et tendre ami?

-Montre-moi, Kalog! Je veux la voir! Je veux voir ce qui est arrivé!

-Oh....tu veux? Parce que tu imagines peut-être avoir les moyens de me contraindre? Tes parents les ont eu, mais toi? Toi tu ne sais pas même qui tu es! Je vais te montrer une chose, puis tu sortiras d'ici. Quand tu reviendras, si tu reviens, attends-toi à devoir affronter tes peurs si tu veux toujours voir...

Sa voix était menaçante. J'aurais dû comprendre, mais j'ignorais alors de quoi était capable Kalog, le bien nommé Gardien des Bas-Fonds. Il m'a montré ce que je demandais. Je les ai vus. Je l'ai vue. Je les ai vus sur elle. Je deviendrais ce que je peux être. Je les tuerais. Tous.

Edité par Larme De Fée le 13/10/08 à 09:48

Sanaga | 15/10/08 10:05

Voilà Trente Quatre lunes que j'ai été fait prisonnier. Prisonnier n'est cependant pas le bon terme ; ma captivité n'a rien d'une prison de fer. Les liens qui me retiennent sont aériens. Pas prisonnier, non. Dépendant. Une dépendance qui écrase toute volonté de fuite de cet étrange manoir peuplé d'hommes sans visages. J'espère un jour ne pas devenir comme eux.

Assis dans un fauteuil du bureau, comme régulièrement, je lis à voix haute les récits qui me passent sous la main. Celle qui m'écoute en silence est postée, comme toujours, sur le bureau d'en face, ensevelie sous une collection de petits arbustes qui me cachent les croquis qu'elle examine depuis plusieurs lunes. Paradoxalement, j'ai l'impression d'être le maître et elle, l'élève.

Je termine un parchemin rapporté de la bibliothèque Daifenienne, signé de la main de l'entité survivante d'une certaine sylve. Le déposant pour me saisir d'un autre ouvrage, j'entends un claquement qui me vient du bureau où elle est assise. Ses yeux se sont relevés, et sa langue claque machinalement contre son palet, faisant basculer la pipe prisonnière de ses lèvres dans un mouvement balancier. Etrange. D'habitude, elle écoute chacun des récits que je lui lis sans réaction.

Alors que j'entame le prologue laborieux du nouveau manuscrit, elle se lève et quitte le bureau en silence, me laissant seul dans les volutes d'encens qui se consument lentement. La fumée qui en exhale envahit l'air, comme un poison ambiant. Mu par une volonté indéfectible, je continue ma lecture à voix haute, quand bien même plus personne n'est là pour m'écouter.

Edité par Sanaga le 15/10/08 à 10:07

Lugh | 15/10/08 14:46

Le Guerrier de Dana est debout, au centre d'un cromlech sans âge. Aucun mouvement n'est perceptible, son souffle même semble s'être interrompu. Non loin, une corneille baille, puis lance un sinistre croassement, prédisant un sombre avenir. Le vent se rafraîchit, des nuées opaques envahissent le ciel, les arbres alentour perdent leurs feuilles dans un glacial tourbillon colérique. Au coeur d'une petite chapelle, perdue quelque part dans les brumes, une paire de ciseaux s'approche d'un fil, comme à regret.

Lug sort avec soudaineté de sa transe, le ciel vire au bleu azur avec une rapidité déconcertante, un rayon de soleil brûlant vient caresser les arbres dénudés, qui bourgeonnent comme si leur existence en dépendait. Le Guerrier de Dana a un sourire sans joie, la corneille croasse moqueusement, les ciseaux s'éloignent du fil, un soupir de soulagement fait doucement vibrer la trame des existences.

Le Guerrier tourne son regard limpide vers la corneille, puis hoche la tête avec lenteur, de haut en bas. L'oiseau semble hausser les épaules, ébouriffe ses plumes comme pour dire que tout ça ne le concerne pas. Lug sourit imperceptiblement, les voiles de Morrigane ne le trompent plus depuis bien longtemps. D'un mouvement leste et sûr, il se dirige vers le sentier quasiment invisible qui l'a amené à ce lieu, s'enfonce sans un bruit dans les denses sous-bois de la Sylve de Flidaïs.

Pour la première fois depuis fort longtemps, le Guerrier de Dana hésite sur la conduite à tenir. Une image ne quitte plus ses yeux, et le Gardien n'ignore pas à quel point un instant d'inattention peut être fatal. Trop de ses adversaires en ont fait les frais, troublés une seconde par son regard solaire, une seconde qui a pris pour eux une allure d'éternité. Le Gardien s'arrête près d'un ruisseau, s'assied sur une pierre moussue, cette même pierre sur laquelle il était assis il y a de cela quelques heures à peine. Sa poitrine se soulève lentement, tandis qu'il tente de chasser cette image qui le trouble insidieusement.

Quelques minutes passent, silencieuses. Lug se relève. Il ne parvient pas à se débarrasser de son trouble, mais le temps n'est plus à la méditation. Il a une tâche à accomplir, qui ne souffre aucune délai, quels que soient ses états d'âme.

Quelques voiles de brumes se teintent de nuances orangées, puis s'écartent dans un lent ballet enchanteur. Le soleil se lève sur Daifen et, dans ses premières lueurs, le Guerrier se dirige vers son but, en apparence insensible à toute autre chose.

Edité par Lugh le 15/10/08 à 14:47

Rek'Laken Furiosodemonis | 17/10/08 18:56

"N'est pas à réveiller, ce qui à jamais devrait dormir."

Je trouvais ça approprié, de paraphraser Lovecraft.

Sowé Lisander | 17/10/08 20:39

Belles lignes d'écriture!

Rek'Laken Furiosodemonis | 20/10/08 16:46

Bonjour,

Visiblement, il y a incompréhension, lors du bannissement (je le rappelle, définitif) de Kira et de ses personnages alternatifs. Dont Jaëlle. Je vais donc repréciser la chose.

" Comme le faisaient les Egyptiens, son nom sera effacé des mémoires de Daifen. Aussi romantique que définitif. "

Je n'ai pas été assez clair alors je vais l'être davantage :

Les personnages créés par Kira, sans aucune espèce d'exception, sont considérés définitivement comme n'ayant jamais existé.

Il n'y a donc pas de question à s'interroger sur ces éventuelles relations et à se poser la question de la conséquence RP d'un bannissement IRL.

Je rappelle donc à ce titre mon post sur le forum:

"Tout RP se basant sur des faits IRL (réels ou supposés) ou contenant des allusions à des faits IRLs pourra être amené à être supprimé sur demande justifiée du plaignant."

En l'occurrence, les plaignants sont des modérateurs et d'autres joueurs non modérateurs, qui ont eu à supporter ad nauseam le comportement insultant, vomitif, et insupportable de la personne nomée plus haut.

Dans les deux cas, ce RP est donc contraire aux décisions concernant Kira. Voilà pourquoi il cause tant de remous par mail.

Je sais que ça vous cause du tort par rapport à votre cohérence de RP, je n'ai ni solution, ni aucune volonté de négociation sur ce sujet. Ni même l'intention de plaider un quelconque aménagement auprès des autres modos.

La décision de bannir Kira, de supprimer ses personnages est définitive et non négociable. Dame Auklèce étant également un personnage de Kira, la décision s'applique également.

Pour les plaintes, me contacter directement par mail, sans espérer grand chose.

Avant de crier à la censure, je prie les intéressés de se poser la question du comportement insupportable qui a causé tant de soucis. L'insulte n'est jamais un moyen d'expression.

Si certains ne sont pas d'accord avec cette décision (que je rappelle non négociable), ils peuvent aller voir ailleurs, sur un autre PBEM, si l'herbe est plus verte.

Findel reste évidemment disponible pour toute plainte concernant un modérateur.

Très cordialement,
Rek'Laken

Ps: Copie par mail envoyée aux posteurs.

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