Forum - La Croqueuse
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La Croqueuse | 23/10/08 13:58
La soirée est bien avancée : la Taverne est pleine, les cris de joie des joueurs de cartes se mélangent allègrement aux hurlements que poussent les joueurs de dés, tout ça dans un joyeux tohubohu.. Un nuage de fumée flotte en permanence dans l'air saturé d'odeurs douteuses. On s'appelle, on se tape dans le dos, on rit, on pleure... Toute cette foule bigarrée se tient dans une salle spécialement aménagée avec de petites tables rondes garnies de tabourets en bois rustiques, sous l'oeil attentif du patron, un solide gaillard dont la tête frôle les poutres massives et dont le regard fureteur repère tout nouvel arrivant aux allures étrangères. Mais ce soir, tout se déroule bien, il n'y a qu'une seule chose qui intrigue le responsable des lieux, c'est cette silhouette frêle qui s'est glissée par la porte entrouverte et qui vient de s'asseoir seule à une table, tout au fond de la salle, près de la cheminée monumentale... Elle ne paye vraiment pas de mine : un mètre soixante, soixante-dix, brune, cheveux très courts, humaine apparemment. De grands yeux bleus, pas d'arme apparente, juste une petite boîte noire qu'elle a délicatement posée devant elle. Depuis qu'elle est assise, elle observe ce qui l'entoure d'un air, comment dire, gourmand, oui, voilà le terme exact...
Le patron décide d'en avoir le coeur net : il prend une écuelle, la remplit de soupe et s'en va d'un pas assuré la poser devant la nouvelle venue :
- Tenez, lui dit-il, ce soir c'est plat unique...
De près, il remarque des tâches de rousseur, un petit nez en trompette, une jolie fossette sous le menton. Elle lève deux grands yeux étonnés vers lui et dit :
- Merci, monsieur...
L'homme insiste :
- Vous vous appelez ?
La fille soupire et lâche comme à regrets :
- La Croqueuse....
Puis elle se désintéresse de sa personne, se contentant de regarder de nouveau autour d'elle.
Le patron tourne les talons en se disant que c'est pas un nom, ça, mais qu'elle ne risque pas de déclencher une émeute vu sa morphologie, encore que...
La Croqueuse reste immobile une longue minute. Ses ongles tapent doucement sur la nappe en papier. Puis, sa main se déplace et caresse amoureusement sa petite boîte : elle l'ouvre lentement, dévoilant des objets incongrus dans un endroit pareil : des petites fioles remplies de poudre noire, un manche de la taille d'un crayon, des plumes de toutes sortes. Elle se penche vers ses outils, ajuste habilement une plume sur le petit manche en bois, verse précautionneusement de la poudre dans une coupelle et la délaie dans un peu d'eau prise dans une cruche égarée sur une table voisine occupée par des nains, le nez et les moustaches plongées dans des bocks de bière énormes. Elle saisit avec une grimace de dégoût l'écuelle remplie de soupe gracieusement offerte par le patron et se penche pour la déposer par terre : un chien tapi sous la table des nains se précipite aussitôt et se met à laper le brouet infect....
Le temps se fige : la Croqueuse dessine. Elle peint à l'instinct, esquissant quelques traits à l'encre noire, sans même regarder sur la nappe ce qu'elle fait. Le pinceau glisse et le dessin prend vie aussitôt : apparaissent comme par magie les nains plongés dans leur bière, les joueurs de cartes, ceux de dés, le patron, le chien et son écuelle, il y a même la fumée dans l'air et les poutres au-dessus de toute cette vie..
Un des nains jette un coup d'oeil vers sa voisine et sursaute : il se penche vers ses congénères qui se dévissent le cou pour dévisager la femme et ce qu'elle fait sur la nappe... En poussant des cris, ils se lèvent et viennent entourer la jeune artiste :
- Regarde, ça c'est moi !
- Et ça, là, y'a même le patron....
Les cris admiratifs fusent, un attroupement se forme spontanément autour d'elle, on s'interpelle, on se tape dans le dos, on rigole.. Le dessin sur la nappe leur fait signe, les interpelle. Puis la Croqueuse s'arrête, range ses outils, ramasse sa boîte noire, la fourre dans son sac et se lève. Le charme est rompu. Le patron fend la foule des curieux réunis autour de la nappe devenue oeuvre d'art et dit :
- Mademoiselle, qui êtes-vous vraiment ?
Elle réfléchit juste un peu puis lui répond :
- Une croqueuse, je suis juste une croqueuse qui cherche son chemin...
Puis elle se dirige vers la porte et disparaît dans la nuit noire, ne laissant derrière elle qu'une nappe avec un morceau de vie à jamais figé dans le temps, un reste de brouet nauséabond au fond d'une écuelle bosselée et un chien qui se lèche les babines.
Edité par La Croqueuse le 23/10/08 à 14:05
Sheena | 23/10/08 14:24
J'aime bien! Hâte de croiser la route de cette fameuse Croqueuse!
Zoltahn Kodaly | 23/10/08 14:29
Si elle dessine aussi bien qu'elle écrit, je voudrais bien voir ses dessins...
Lancwen de Sigil | 23/10/08 14:30
Bart Abba | 23/10/08 18:05
Dixi le Sombre | 23/10/08 18:27
Si elle dessine aussi bien qu'elle masse les pieds, j'aimerai bien voir les pieds... Ah non ça ne marche pas...
La Croqueuse | 25/10/08 20:16
Le patron se frotte les mains de satisfaction : sa taverne ne désemplit plus depuis bientôt dix lunes et c'est excellent pour ses affaires ! Planté comme un chêne derrière son comptoir, il fait le tour de son estaminet d'un regard inquisiteur, enregistrant chaque détail, chaque couleur, chaque anomalie... Non, décidément, tout va bien : aucune bagarre à déplorer, aucun mot plus haut que l'autre entre toutes ces personnes de races différentes, voilà qui relève presque du miracle ! Tout ça à cause de cette petite nana... S'il avait pensé ça lorsqu'il l'a vue pénétrer dans son établissement la première fois qu'elle y a mis les pieds ! Et dire qu'à cette occasion il lui a servi une soupe dégueulasse ! Heureusement qu'elle n'y a pas goûté sinon elle ne serait pas revenue... Car elle est revenue, contre toute attente.
Elle s'est pointée le lendemain soir, à la même heure. Le chien est aussitôt allé se coucher à ses pieds dans l'espoir de récupérer un peu de bouillon. Elle lui a caressé le museau, puis elle a sorti ses instruments et elle s'est mise à croquer tous ceux qui passaient à portée de sa plume : comme la veille, la magie a de nouveau opéré... Trois traits de rien de tout et lui, le patron, s'est retrouvé allongé devant elle, sur la nappe en papier, la pipe au coin des lèvres, les mains sur les hanches. Puis ça a été le tour de Nina, la servante, le sourire aux lèvres, la croupe bien cambrée, son plateau à bout de bras. Les nains de la table voisine n'y ont pas échappé, pas plus que le Nelrk titubant qui s'est pris les pieds dans le tapis en essayant de se lever, la cheminée ronflante avec l'agneau en train de rôtir en arrière plan... En quelques minutes, la surface de la nappe a été recouverte de toutes les personnes présentes dans la pièce et même le chien, baptisé Brouet allez savoir pourquoi, s'est vu immortalisé sur le papier blanc... Les clients se sont regroupés autour d'elle, sans bruit, de peur de rompre le charme. La Croqueuse a terminé son esquisse, a signé d'un minuscule S. son travail puis elle a rangé ses outils et elle est restée là, assise, les yeux dans le vide, les mains bien à plat sur la nappe. Le patron s'est approché, une assiette de rôti dans les mains. Cette fois, elle a consenti à goûter quelques morceaux puis elle s'est sauvée, lui laissant pour tout argent quelques traits d'encre noire qu'il s'est empressé de récupérer et d'afficher contre le mur, derrière le comptoir.
Le lendemain soir, rebelote. A la même heure, entre chien et loup. Un mince courant d'air frais, et elle s'est assise, à la même table. Cette fois-ci, un vieux s'est approché d'elle pendant qu'elle croquait. Il s'est penché sur son épaule, a regardé d'un air dubitatif son travail, puis lui a demandé d'une voix grave :
- Mademoiselle, puis-je m'asseoir à votre table ?
Elle a hoché plusieurs fois la tête, entièrement concentrée sur la nappe qu'elle noircissait sans vraiment la regarder. Le Vieux l'a remerciée puis s'est assis. Il a croisé ses mains tavelées devant lui après avoir ôté son chapeau. Ses longs cheveux blancs se sont répandus sur ses épaules, il s'est calé sur sa chaise, s'est raclé la gorge et a commencé à parler :
- Je vous observe depuis un bon moment. Vous êtes douée pour le dessin, c'est incontestable, alors si vous le voulez bien, je vais vous raconter une histoire. Savez-vous que cet endroit est réputé pour ses légendes et ses récits de guerre ?
Sans attendre de réponse, il s'est embarqué dans un monde peuplé de Dragons et de chevaliers, d'Orcs et de Nains vitupérants, d'Elfes et de Fées mystérieuses... Ses yeux se sont mis à briller au fur et à mesure que les mots s'échappaient de sa bouche édentée, les mains de la Croqueuse ont accéléré leurs mouvements sur la nappe qui s'est noircie à toute vitesse. D'un mouvement souple, elle en a saisi une autre, toute blanche, sur la table d'à côté, et s'est remise à dessiner. Cette fois, elle a fermé les yeux et sous sa plume ont pris naissance les batailles racontées par le Vieux. Les héros ressuscités le temps d'un souffle rauque se sont matérialisés sous l'oeil ébahis des spectateurs, les morts ont encore râlé une fois avant de s'écrouler sous ses traits précis, percés par des flèches assassines, la clameur des combats servant de fond à cette fresque hallucinante...
Les gens se sont passé la nouvelle en un temps record : dès le troisième jour, la Taverne était pleine bien avant l'heure fatidique. Lorsqu'elle est entrée, le Vieux l'attendait à sa table, prêt à raconter. Elle n'a fait aucune remarque, elle a fendu la foule et est allée s'installer à côté de lui. Brouet est venu se coucher à ses pieds et le Vieux a commencé à raconter. Cette fois, son récit s'est peuplé de goules et de harpies, de vampires et de squelettes. La nappe s'est remplie de spectres et de Cités hantées, de fantômes et de prisonnières, de traitrises et d'injustices... Le patron a recueilli précieusement ce tableau et l'a affiché à côté des autres, derrière son comptoir...
Il jette un coup d'oeil sur cette fresque réaliste, se demandant combien de temps cela va durer. Puis il regarde de nouveau vers la salle bondée : les spectateurs sont debout, serrés les uns contre les autres. Tous écoutent religieusement les paroles du Vieux qui montent vers les poutres enfumées : même Nina s'est arrêtée de servir, envoûtée par l'histoire... Le patron lui, n'écoute pas. Il est inquiet, il se demande qui est cette fille, d'où elle vient et ce qu'elle veut, et se pose les mêmes questions concernant le Vieux. Il sait par expérience que les mots peuvent être dangereux lorsqu'ils sont maniés par un expert, et que l'image qui les accompagne peut être encore plus persuasive... Seul Brouet est content : la tête posée sur ses pattes, il somnole, bercée par les paroles du Vieux, l'estomac plein, même pas perturbé par toutes ces odeurs nauséabondes qui s'échappent de la foule compacte à quelques mètres de lui ni par ses puces qui se régalent dans sa fourrure crottée.
S.
Edité par La Croqueuse le 25/10/08 à 20:17
Bart Abba | 26/10/08 18:02
Toujours aussi bon. 
Ce petit s., sans petitesse, manke se syllabe à sa suite ! 
Cétrodur De La Ligue | 26/10/08 18:05
Ouais, c'est génial. On en veut encore !
edit.: elle fait les portraits et les arbres généalogiques des Nains, la croqueuse ? 
Edité par Cétrodur De La Ligue le 26/10/08 à 18:09
Jarx le Vieux Loup de Mer | 26/10/08 19:44
Loxias The Dark Lord | 26/10/08 20:06
Baramir d'Eckmöl | 26/10/08 22:01
La Croqueuse | 01/11/08 20:00
Le patron savait bien que ça ne pouvait pas durer éternellement. Ça faisait plus de dix lunes que sa caisse se remplissait régulièrement chaque soir, de quoi susciter des jalousies, et Dieu sait si des jaloux il y en avait dans ce monde !
C'était un soir comme tous les autres depuis l'arrivée de la Croqueuse : la foule s'était rassemblée dès les premières heures du crépuscule. Il avait fait chaud toute la journée et un épais brouillard recouvrait les toits des maisons et flottait à quelques centimètres du sol.
Elle est sortie de cette purée de poix sans faire le moindre bruit et s'est glissée dans la Taverne, comme d'habitude. Elle a fendu la foule massée dans la grande salle et s'est installée à sa table. Le Vieux l'a rejointe quelques minutes plus tard, le temps de lui laisser préparer son matériel. Elle s'est aussitôt mise à dessiner tandis que son compagnon partait dans une Epopée captivante peuplée de morts-vivants, d'orcs et de nains comme au bon vieux temps de la Morria. La nappe a vite été pleine de combats sanglants et de héros juchés sur leurs montures brandissant leurs étendards sur des monceaux de cadavres sanguinolents... La foule d'admirateurs écoutait, captivée par les paroles de l'Ancêtre, émerveillée par les images de la Croqueuse. Le patron se frottait les mains en silence, Nina passait d'une table à l'autre, le plateau copieusement rempli de chopes de houblon... Hélas,tout a une fin, même les plus belles histoires....
C'est Brouet qui a levé l'oreille le premier : le brave chien s'est mis à grogner sourdement, comme s'il flairait un danger imminent puis il a bondi sur ses pattes, rompant l'envoutement du récit. Il s'est précipité vers la porte de la Taverne et a montré les crocs. La foule s'est ressaisie, les spectateurs se sont regardés, brusquement inquiets. Puis tout s'est enchaîné brutalement : la porte a volé en éclats et une troupe de soldats en armes a pénétré dans la taverne, prenant possession des lieux sans se soucier de la légitimité du propriétaire. Brouet s'est réfugié sous une table en aboyant sourdement, la queue entre les pattes...Un sergent ventru s'est planté face à l'assemblée et a décrété :
- Par ordre de l'autorité suprême, vous êtes tenus de décliner vos noms et adresses et de vous disperser en silence. Tout contrevenant se verra emmené au Guet pour y être entendu. Mesdames, messieurs, je vous prie de bien vouloir passer devant mon caporal et de lui indiquer les renseignements demandés. J'ai dit.
Personne ne pipa mot : les clients de la taverne étaient encore sous le charme du récit du Vieux. Puis brusquement un humain s'avança et demanda au sergent :
- Pourquoi ?
Le sergent ne parut pas étonné qu'on lui pose cette question. Il vérifia du coin de l'oeil que ses hommes étaient prêts à intervenir, puis il répondit d'une voix forte, comme s'il récitait une leçon apprise par coeur :
- En tant de guerre, les rassemblements de toutes sortes sont interdits dans les lieux publics. Cette Taverne n'échappe pas à la règle. Vous devriez être en train d'analyser vos rapports et de passer vos ordres, voire de rédiger des pigeons diplomatiques. Au lieu de ça, vous écoutez ce vieillard et vous êtes sous le charme de cette femme. Ne voyez-vous pas qu'ils vous prennent au piège tous les soirs ?
Seul un silence hostile lui répondit. Personne ne bougea. Voyant cela, le sergent se dirigea vers la table du Vieux et de la Croqueuse. Celle-ci avait déjà dessiné le gros sergent sur un bout de nappe : trois traits arrondis, quelques points, le portrait semblait prendre vie et dégageait un air jovial dû à la panse tendue qui le précédait. Le soldat lui, n'eut pas l'air d'apprécier cet art : il se pencha vers la Croqueuse, l'attrapa par le col de sa liquette et la souleva de la table d'un seul mouvement. Tous ses outils s'éparpillèrent sur le sol tandis qu'une haleine avinée lui criait au visage :
- Toi, ma petite cocotte, tu vas venir avec moi voir de quel bois je me chauffe...
Spectateur des premiers soirs, admirateur assidu du Vieux et de la Croqueuse, le Prince Alchias, voleur de grand chemin, détrousseur des riches comme des pauvres, était ce soir-là dans la foule. Il n'aurait manqué cette veillée journalière pour rien au monde : il appréciait énormément les histoires du Vieux et, il faut l'avouer, était tombé sous le charme de la Croqueuse, captivé par ces dessins qui jaillissaient de sous sa plume avec tant de facilité. Il faut aussi dire qu'une telle foule lui permettait de dérober quelques bourses bien garnies, ce qui ajoutait de l'intérêt à cette manifestation...
C'est lui qui déclencha la bagarre. D'habitude gouailleur et direct avec le sexe faible, le Prince se sentait intimidé par cette artiste qu'il ne connaissait pas, mais quand il vit le sergent la soulever sans ménagement de sa chaise, il ne put s'empêcher de voir rouge. Il saisit une chope de bière pleine sur le plateau de Nina et la balança de toutes ses forces en direction du crane du sergent à deux mètres à peine devant lui. Tandis que la bière s'éparpillait dans l'air, le Prince se dit fugitivement que c'était dommage d'en gâcher une telle quantité, puis le bock frappa l'arrière de la tête du sergent avec un bruit mat et éclata en mille morceaux...
Un moment de stupeur suivit cette agression, le sergent s'écroula sur la Croqueuse : il n'en fallait pas plus pour que la foule se déchaîne ! Les hommes bondirent en hurlant sur les soldats qui hésitèrent à riposter et en un clin d'oeil, l'intérieur de la Taverne devint une arène dantesque : les chaises se mirent à voler, les coups pleuvèrent de tous cotés, chaque participant volontaire ou non, tapant, meurtrissant, assommant à qui mieux mieux, le tout dans un concert de cris et d'aboiements, ces derniers étant dus surtout à Brouet qui essayait en vain de se planquer où il pouvait...
Dans la mêlée, le Prince Alchias se dirigea tant bien que mal vers la table de la Croqueuse. La jeune femme était coincée sous la masse énorme du sergent. Sans hésiter, Alchias saisit le sergent par le fond de son pantalon, le tira sans ménagement et dit à la Croqueuse :
- Venez, mademoiselle, suivez-moi !
La Croqueuse ne se le fit pas dire deux fois. A quatre pattes, elle réussit à récupérer une plume, un crayon, sa boîte noire qu'elle serra contre elle comme s'il s'agissait d'un trésor puis clopin-clopant, elle suivit le Prince dans la mêlée..
Le patron se tord les mains en gémissant : il contemple le champ de bataille dévasté. Les tables et les chaises sont sens dessus dessous, éparpillées, brisées, des bocks ont éclaté de partout semant des quantités impressionnantes de débris de verre, le sol est jonché de détritus en tout genre, Brouet a disparu. Le patron soupire derechef : comme toujours dans ces cas-là, c'est lui qui va devoir aller s'expliquer devant le Guet et il risque encore de voir sa Taverne fermée pendant un laps de temps indéterminé... Machinalement, il jette un oeil distrait vers la table qu'occupaient la Croqueuse et le Vieux, miraculeusement restée debout et intacte, et ne peut s'empêcher de sursauter. Il s'approche, se penche sur la nappe qui la recouvre et se redresse brutalement un sourire aux lèvres : là, sur le papier blanc, la bagarre fait rage, figée par des coups de pinceaux hâtifs. Mais surtout, ce qu'il voit et lui réchauffe le coeur, c'est la petite silhouette de la Croqueuse, facilement reconnaissable à sa boîte noire serrée contre sa poitrine. La jeune fille est en train de franchir la porte arrière de la Taverne et elle lui fait un petit signe de la main, comme pour le remercier de lui avoir si gentiment offert l'hospitalité...
S.
Edité par La Croqueuse le 01/11/08 à 20:06
Djebé | 02/11/08 12:31
Sowé Lisander | 02/11/08 13:42
Larme De Fée | 02/11/08 17:31
Duc De L'uto | 02/11/08 20:02
Et tu aurais raison, moche la faute, pour quelqu'un qui reprend 








