Forum - 2-Première Vie *La Danse des Trois Noires*

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Larme De Fée | 27/10/08 18:24

Je nais. En un temps lointain, avant même que l'aube première ne se lève sur les terres de Daifen, un oeuf se fend. Un petit grondement, déjà teigneux, retentit à l'intérieur de la coquille. Frappant avec une vigueur jamais démentie l'épaisse paroi de ma prison, je finis par la briser, enfin! Il y a des mois, des années peut-être, que j'attends ce moment. La lumière soudaine m'aveugle, il faut un moment à mes yeux pour s'y habituer, pour commencer à distinguer quelque chose dans ce mur blanc. Une caverne, comme je l'apprendrais plus tard, se dévoile à mes yeux, immense, emplie d'une lueur tamisée, à l'atmosphère chaude et humide. Je sors maladroitement des débris de ma première demeure, trébuchant et battant de ces appendices qui deviendront un jour des ailes. J'ai faim! Une masse sombre et gigantesque se penche vers moi, quelque chose de très dur me pique le ventre, étrange pointe noire. A manger? Qu'importe, je mords! Un son énorme retentit, vibrant longuement, je ne comprends pas.

La puissante Dragonne observe son nouveau-né, se penche pour mieux le voir, le bouscule un peu d'une griffe délicate. Le jeune dragonnet grogne hargneusement, tente d'y planter les crocs, la Dragonne éclate de rire. Elle est heureuse, son rejeton manifeste déjà du caractère, il sera le digne descendant d'une longue lignée, celle des Dragons Noirs de la Terre d'Elladyl.

Les années passent, je grandis. Un beau jour, ma mère me pousse gentiment vers la sortie de la caverne, m'indiquant par un grondement sourd que le moment est venu pour moi de quitter l'aire maternelle. Je sors sans trop me faire prier, voilà longtemps que j'ai envie de découvrir ce qui se cache derrière la lourde porte d'airain qui ferme ce lieu. Je croyais que la lumière était partout la même, aussi suis-je fort surpris d'être aveuglé soudainement quand la porte s'ouvre. Peu importe, ma mère me pousse, pressée maintenant de se débarrasser de moi. Je m'avance sur la corniche qui succède à l'entrée de l'aire, me dandinant maladroitement, gêné encore par ces ailes dont je ne sais pas à quoi elles servent. Arrivé au bord de la corniche, je me crispe, plantant toutes mes griffes encore tendres dans la pierre, refusant catégoriquement de m'approcher plus près de ce vide vertigineux qui délimite la place. Un rire, une pichenette, je tombe!

Il y a de ces moments où on n'a pas le choix, c'est comme ça. Tu apprends, ou tu meurs. Mes ailes se déploient, l'instinct puissant de mon peuple se dévoile: j'apprends, donc, et je vole!!!

Une période d'insouciance et d'apprentissage suit ces instants, si longue que je ne peux en définir l'exacte durée. Probablement plus d'un millénaire. Je me suis taillé un territoire de bonne taille, après de nombreux affrontements contre certains de mon peuple qui ne voient pas d'un bon oeil grandir ma force. Les Dragons Noirs sont craints, même par les autres Dragons, et mon Nom, Orféor Le Noir, en fait trembler la plupart, maintenant.

Un jour, bien longtemps après, quelques rumeurs me parviennent, inquiétantes. J'apprends que ma mère a été terrassée par un Prince Nécromant au pouvoir colossal, et que l'empire de ce dernier s'étend chaque jour un peu plus. A cette époque-là, je ne doute de rien, et surtout pas de ma force, qui est immense, les os calcinés de mes adversaires en témoignent. Sans plus attendre, je me dirige au nord, désireux de remettre l'impudent à sa place. Bien que les liens filiaux dans notre lignée ne soient que très peu développés, je ne peux tolérer que vive le meurtrier de celle qui m'a mis au monde. Confiant, persuadé que je ne ferais qu'une bouchée du prétentieux, je fonds sur sa maudite citadelle, crachant mon feu le plus sombre, le plus destructeur. Les pierres s'embrasent, les tours semblent fondre comme stalagmites de glace par une journée d'été, la forteresse s'effondre, et moi je ris, exalté par ma puissance que je considère maintenant comme invincible.

J'aurais dû vérifier que le Prince se trouvait bel et bien dans sa demeure.

Trois lunes plus tard, j'apprends qu'une malédiction démesurée ronge la terre, anéantissant les faibles et les puissants avec une facilité déconcertante. De sombres rumeurs se propagent, parlant d'un Cercle d'êtres ayant pour ambition de dominer toute vie, ici et sur certains autres mondes. Désireux d'en savoir davantage, je me décide à aller voir l'un des plus sages des miens: Elliott le Vert. Lorsque j'arrive à sa demeure, il est trop tard. La malédiction l'a frappé, son corps n'est plus qu'une plaie déjà rongée par les vers. Mon esprit sonde le passé, je le vois agoniser, je vois l'humain nommé Ruanor lui donner les dernières gouttes d'eau de sa gourde, je vois Elliott faire l'Ultime Don à cet être, transmettant ainsi son Essence à un simple humain. La rage embrase mon coeur, mon âme, la folie m'emporte sur ses ailes putrides. J'invoque les Runes Noires, ce savoir connu de ma lignée uniquement, qui a perdu tant de mes pairs dans le passé. Ce fut ma deuxième erreur. Le pouvoir létal des Runes se précipite dans la trame même des mondes, cherchant comme d'insatiables dévoreurs fous leurs cibles, faisant vaciller les équilibres célestes si précaires.

Les Runes finissent par trouver leurs proies, l'univers se fissure sous le choc de deux pouvoirs que nul être ne devrait posséder, les vies s'éteignent par milliards, des mondes entiers éclatent comme des fruits trop mûrs lancés contre un mur. Des races disparaissent, des étoiles s'éteignent, la folie gagne le coeur des survivants. Mon esprit est entièrement canalisé dans la volonté de détruire ces êtres Nécromants, ma force dans son entier cherche le moyen de les anéantir, je n'ai cure des conséquences, je ne suis plus que Haine. Mes adversaires sont nombreux, puissants, entraînés, et peu à peu, mes forces déclinent. Je me lance dans les brumes putrides de leur point de pouvoir, déchaînant mes ultimes ressources, carbonisant tout sur mon passage, jusqu'à me trouver face à eux, enfin. Dans ce lieu maudit, le temps perd toute signification, rongé par le pouvoir des Runes et des Mages noirs, nos pensées s'affrontent en des milliers d'endroits à la fois, créant des mondes illusoires cauchemardesques aussitôt ravagés, brisés. Je ne sais combien de temps dure ce combat, ni même si la notion de durée peut encore signifier quelque chose ici.

Un univers explose soudainement entre nous, c'est du moins l'impression que j'en ai, nous séparant, malgré notre désir inextinguible d'en finir. Un être semblable à un ange sombre se dresse entre nous, doté d'un pouvoir que ni les Nécromants ni moi ne pouvons comprendre, ni affronter. Tout vacille, se brouille. Une révulsion absolue gagne chacune des cellules de mon corps, chaque parcelle de mon esprit, tandis que sous l'être apparaît une cité pentagonale figée, immense et terrible, peuplée de tous ces êtres que nous avons massacré, statufiés à jamais dans la fissure béante de notre folie. L'ange sombre nous regarde tour à tour, une tristesse infinie se lit dans son regard empli pourtant d'une lueur si lointaine de ce que je suis à cet instant qu'il me faudra des siècles avant de parvenir à lui donner un nom: Amour.

Mes forces me quittent, je sombre dans l'inconscience, longtemps, si longtemps.

Je me réveille, un jour, contre toute attente. Je ne sais comment cela se fait, mais je suis allongé dans une caverne que je reconnais fort bien, y étant né. La porte d'airain n'est plus qu'un amas de ferrailles tordues, la lumière d'une nouvelle aube se glisse lentement dans mon antre. Une silhouette humaine, puissamment bâtie pour cette race chétive et malingre, se tient dans la lumière, se découpant avec une netteté surnaturelle. Mon esprit se tourne vers cet être, l'incompréhension me gagne lorsque je sens en lui la force du Don d'Elliott. Sa voix s'élève:

-J'ai pour nom Breagel'Ann. Je suis venu te chercher, Orféor Le Noir. La Vie et l'équilibre ont besoin de toi, sur un monde lointain, nommé Daifen.

Edité par Larme De Fée le 27/10/08 à 19:01

Eigoel Nahb | 29/10/08 13:14

Non d'un boudin ! :o :b

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