Forum - 1- Le rêve touché du bout du doigt.

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Sowé Lisander | 01/11/08 17:35

La silhouette se presse dans l'allée sombre en ne prenant pas garde au chemin boueux qui crotte ses bottes. Le revers de sa manche détrempée essuie vivement la pluie qui dégoutte de son nez, elle s'arrête et semble épier les ombres environnantes. Son souffle s'échappe d'un capuchon éliminé qui tente d'être rabattu davantage avec un geste nerveux. L'obscurité l'englobe un peu plus alors qu'elle emprunte un sentier s'enfonçant dans une partie de forêt peu entretenue. La pluie diluvienne rythme sa marche silencieuse, brisée par quelques jurons quand son pas dérape ou s'accroche aux racines découvertes.

Un tronc décharné accueille son étrange visiteur qui fait le tour de lui-même avant de rejoindre ses mains devant sa bouche pour sortir un hululement. Les minutes s'écoulent avec le martèlement des gouttes d'eau, mais cela ressemble à des heures dans les moments comme celui-ci. Le son de la pluie contre sa capuche noie ses perceptions dans l'inquiétude d'avoir fait une erreur. La silhouette dégage le vêtement de sa tête et écoute avec attention en perçant les alentours de son regard aussi noir que cette nuit tempétueuse. Le bruit est sec et significatif, la flèche vient de se ficher dans le bois de l'arbre mort. La main protégée par une mitaine la retire séchement, sans même la regarder. D'un pas sûr, la femme prend la direction du tireur. Elle est bien décidée à montrer ce dont elle est capable.

Les branches chahutées violemment par le vent décrochent quelques feuilles à son passage, leurs révérences cadencées seront le seul salut qu'elle obtiendra. Un homme taillé dans le roc apparaît enfin, il porte un arc, son visage est camouflé par son vêtement pluie qui s'écoule en minces filets d'eau devant son visage. Il est impossible de distinguer ses traits.La rôdeuse lui rend sa flèche sans un mot.

-Tu l'as?

Elle incline la tête, cela suffit pour que la marche reprenne sans autre considération de la part de celui qui la guide. La bourse tape contre sa hanche, son contact lui procure un grand plaisir, avec ce qu'elle contient, elle a gagné sa place sur le navire, même si pour cela, elle devra respecter une autre condition: celle de se travestir en homme. Inconsciemment, ses lèvres se sont arquées en un mince sourire.Dans ce coin reculé, un éclair déchire le ciel, il parvient à éclairer furtivement une cabane plantée sans harmonie, si ce n'est une volonté de camouflage. L'homme frappe quelques coups consécutifs contre l'huis en les rythmant d'une façon particulière. La porte s'ouvre, la pluie et des feuilles mortes portées par le vent s'engouffrent dans la pièce en même temps que les deux marcheurs.

Une unique chandelle imprègne le lieu d'une atmosphère blafarde qui n'est réchauffée que par des bouteilles de rhum posées sur une table en bois grossier. Un trio de mines patibulaires dévisage Sowé, celui qu'elle regarde sans se départir de son effronterie, esquisse un sourire mauvais mais qui pour lui est amical.Son visage est basané, au coin des yeux, des sillons se sont creusés à trop fixer l'horizon sous le reflets aveuglants du soleil des mers du Sud. Ses larges épaules de marins supportent parfois ses cheveux noirs devenant légèrement grisonnants au niveaux des tempes d'où partent de fines tresses. ce soir son menton volontaire est dégagé par la queue basse qui met en valeur ses traits scupltés par le commandement.

L'archer prend place à la table sans la regarder, trop occupé à rechercher la chaleur par l'alcool qu'il se sert. Lentement, elle dégage le pan de sa cape imbibée de pluie, pour délasser le cordon de la bourse attachée à sa taille. C'est tout aussi lentement qu'elle avance pour la déposer au centre de la table en souriant étrangement. Elle se recule d'un pas et croise les bras sous sa poitrine en signe d'attente tout en dardant son attention sur les quatres hommes à tour de rôle.

-Ouvrez le! Vous réfléchirez à deux fois avant de vous avancer sur mon incapacité à accomplir une mission aussi simple.

Les gaillards de peu de foi et de loi se figent sous sa légère provocation, les verres regagnent la table séchement, les sourires faux se marient avec l'éclat de poignards aux tranchants prometteurs.Le chef de la bande saisit la bourse sans la quitter du regard même quand il dessert le cordon. Sowé glisse le sien vers le mouchoir maculé qui vient de se dégager lugubrement du contenant en cuir. Un doigt tranché se révèle aux hommes qui arrêtent leurs gestes avant de rire silencieusement. Sur celui-ci, une large bague en or sertit d'une émeraude pare le triste trophée.

- Vous ne faites pas dans le détail Lisander. J'aime ça. Que l'enfer recueille l'âme du pauvre Mc Hol!
- Il est juste ivre mort, vous ne m'avez pas demandé de le tuer, seulement de dérober sa bague. Vous avez ce que vous voulez.
- Laissez nous. retournez au port!

Son expression s'est figée, son ton est sans appel, les hommes repoussent leur chaise qui crisse sur les planches mal jointes, puis passent devant Sowé en la dévisageant ouvertement. De son pouce robuste, il fait sauter le cabochon, ce n'est guère l'emeraude qui l'intéresse mais ce qui se cache dessous. Il rapproche le bijou de la chandelle et l'observe attentivement avec satisfaction:

-Vous l'avez mutilé, il se souviendra de vous, je ne sais pas comment vous avez fait Lisander pour le mettre dans vos filets,mais votre acte est stupide, vous auriez dû le tuer ou ne pas lui trancher le doigt.
-Sa bague coinçait...

Lisander laisse échapper son ironie , elle s'installe en face de lui avec indolence, ses vêtements humides forment une autre auréole sur le sol. Elle saisit le rhum et le goûte directement au goulot. L'homme se redresse et passe derrière elle pour souveler ses longs cheveux noirs. Sowé frémit, elle se fige intérieurement se préparant à recevoir peut-être le baiser tranchant d'un poignard sur sa gorge. L'arme est dévoilée, cependant elle ne bouge pas:

- Il vous manque l'essentiel...
- Je sais.
- Je le garde pour assurer notre contrat.
- Je sais.

Le Capitaine Harper tranche d'un coup sec ses cheveux qui s'éparpillent sur le sol tels des plumes sombres. Sowé n'a pu retenir un léger sursaut, elle se mord la lèvre jusqu'au sang pour ce geste de faiblesse. Il passe sa main sous son menton et lui fait dévier son visage. Il l'observe longuement en silence, elle repousse sa main avec un léger agacement. Ce dernier rit, il se recule pour s'appuyer contre le mur, les bras croisés en signe d'attente:

- Retirez votre tunique Lisander, vos cheveux courts ne suffisent pas à vous donner un air masculin.

Elle repose lentement la bouteille de rhum sur la table avant de se tenir face à lui:
- Vous voulez vous rincez l'oeil, Capitaine.
- Exécutez vous, vous êtes dès à présent sous mes ordres, Lisander.

Elle délasse sa tunique trempée qui dévoile sa poitrine nue et généreuse. Sous le vent qui faufile dans la cabane, la flamme de la chandelle vacille comme la volonté de Sowé quand les mains d'Harper caressent sa peau avec douceur. La bande de tissu se déroule et presse sa poitrine avec application tout comme ses lèvres au goût de sel qui rencontrent les siennes.

Demain à l'aube, elle embarquera sur le navire nommé Tentation.

Edité par Sowé Lisander le 01/11/08 à 17:37

Loken Nifelheltyr | 03/11/08 17:21

J'aime pas trop ce Harper!

Jarx le Vieux Loup de Mer | 05/11/08 21:49

Mouarff, ouais, l'a pas un nom qui m'revient! :D

Bien écrit! Santé! :b :b

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