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Quetz Enki | 25/12/06 21:02

Allongé derrière le chariot qui le ballottait en même temps que le chargement de foin, les mains croisées derrière sa nuque, Quetz Enki regardait entre ses pieds écartés le dernier village qui s'éloignait. Les lumières de quelques chaumières flottaient dans l'obscurité ambiante dont celle de l'auberge du " Vent Tournant " dans laquelle il avait fait halte. Le nom de l'établissement lui avait porté chance en rencontrant cet homme autour d'un bock d'ale médiocre, il est vrai, mais la fatigue d'un voyage à pied rend les choses plus agréables qu'elles ne le sont en temps ordinaire. Son escarcelle n'était pas bien lourde, et elle l'aurait forcée à dormir encore une fois le nez face aux étoiles ou à la bruine de ce début d'automne. Non seulement il était allongé dans de la paille mais il avalait les lieues pour se rendre à Madrinal. Cette ville marchande l'attendait lui et le paysan qui allait vendre son fourrage et quelques autres produits sortis de la terre.
Les lumières des habitations avaient disparu, il ne restait que celle de la torche de Phil, et la nuit sans lune avalait le peu de clarté qu'elle tentait de diffuser. Le halo suffisait à éclairer la route et à donner une teinte orangée au visage amical et barbu du conducteur rempli d'ombres dansantes menées par les diverses expressions qu'il prenait.
-Vous voyez mon brave, je trouve dommage que la jeunesse comme vous quitte les campagnes pour être attirée par ces villes. Vous m'avez dit que vous n'en n'aviez jamais vu à part celle de Barcelo, ce n'est qu'un village à côté, croyez moi ! Madrinal est la plus grande du continent.

Sa voix était grave et ronronnante par le tabac qui brûlait dans le fourneau de sa pipe. La fumée se mélangeait à celle que son haleine formait dans l'air rafraîchit. Un bref silence s'établit le temps de quelques bouffées méditatives de la part du paysan. Il jeta un coup d'oeil à son passager allongé derrière lui, en contrebas, celui-ci se sentit obligé de répondre quelque chose :
-Je sais bien Monsieur Phil, ma mère, mon grand-père se lamentaient déjà sur l'entretient de la ferme. Une paire de mains en moins donne plus de corvées à mon paternelle et à mes frères, mais plus de dote pour ma soeur si je gagne bien ma vie. Ils me disent que cette femme habillée en garçon m'a tournée la tête.
Cette seule remarque suffit à relancer le meunier de la parole qui peu à peu berça Quetz dans une somnolence jusqu'à l'aube.
-Voilà, les jeunes se carapatent dans ces villes aux feux éphémères, ils gagnent bien mais ils dépensent à ne plus compter dans les jeux de dès, ils se retrouvent endettés et finissent par être la honte de la famille qui a mis toutes ses économies pour qu'un maître les forme au métier de forgeron, d'ébéniste ou autre. Mais vous, c'est marin c'est ça. L'aventure, la découverte des terres, hmm, vous semblez être un drôle d'étalon qui s'est entiché d'une femme qui se déguise! Je peux vous dire que cela sent les ennuis à plein nez, quelles raisons auraient une femme à porter autre chose qu'une robe et des cheveux longs ? En plus accompagnée d'une servante elfe qui n'a pas décroché un mot mais qui est aussi habile qu'un garde du Roi -que sa bonté me protège et me nourrit jusqu'à mon trépas-, on n'en a plus vu ici depuis des générations, je vous dis ! Les elfes sont malins et fourbes, vous allez dans un nid de frôlons, si elle ne parlait pas, c'est pour masquer sa diablerie ! Quand j'étais jeune, je mettais mis dans des situations pas possibles pour une Nyna, sacrée donzelle celle-là, elle me faisait monter le rouge aux joues d'une seule oeillade et....

Dans le revers de sa pelisse à peau de mouton, sa lettre de recommandation lui promettait une nouvelle vie. Il avait été surexcité quand il avait lu qu'on l'attendait sur les quais de Madrinal, sur un gréement accosté le temps de quelques semaines. C'est une caravelle baptisée l'Espuma qui patientait que son pied marin se forme sur son pont et que ses mains hissent ses voiles pour la pousser sur les flots de son avenir. Ce n'est pas grand chose, il ferait d'abord ses preuves comme mousse en se doutant bien que se ne serait pas une croisière de plaisir, mais le travail de la terre l'avait endurci, surtout il rêvait d'autres horizons et d'aventures. Il s'imaginait bien être le héros d'un conte de ménestrel comme ils étaient chantés lors des veillées de soirs festifs dans son village, pour lui ce mince voyage méritait bien l'écriture d'une chanson. Il n'avait jamais été plus loin qu'une vingtaine de lieues de la ferme familiale et ça le rendait fou. S'il n'avait pas aidé cette belle Dame aux mains si douces, il ne serait pas là.

Les premières lueurs du jour et les roulis de multiples charrettes accompagnés par les martèlements des différents attelages finirent par avoir raison de son sommeil. Monsieur Phil avait scellé son moulin à paroles avec sa pipe qui dégageait un mince filet de fumée odorante. Son regard broussailleux fixait les enceintes de la ville. Quetz voyait un ciel dégagé et coloré, puis des mouettes qui tournoyaient. Des mouettes ! Ils étaient arrivés, il ne prit pas la peine de retirer les brins de foins qui s'accrochaient à sa tignasse pour se remettre sur son séant et se retourner le souffle coupé par le spectacle qu'il avait sous les yeux. Il se pensait être un homme et pourtant il réagissait comme un gamin. Il referma sa mâchoire tombante et salua le bon Phil qui le devança en mots:
-Vous voilà revenu parmi les vivants. Alors mon gaillard on n'en revient pas ! hein ? Ha Ha Ha Ha
Son rire de stentor soulevait sa petite bedaine et secouait ses épaules. Quetz n'en fut pas vexé, il ne pouvait pas, esbaudit par Madrinal.

Des chariots remplis de tonneaux, de fruits, de tissus avançaient cahin-caha le long des voies creusées d'ornières par les roues. Des maquignons hurlaient des mots brefs à leurs palefreniers qui se pressaient d'y répondre. Tant de gens, tant de costumes et de modes différentes se mélangeaient en une marée humaine colorée. Il n'avait jamais entendu autant de bruits, mais aussi il n'avait jamais vu et n'avait jamais cru que cela puisse exister en dehors des contes de ménestrels. Une immense enceinte noire et rouge bardée de guérites, de tours à dôme protégeaient la ville. Leur hauteur qui semblait titanesque ne parvenait pourtant pas à masquer les habitations accrochées à ce qui devait être diverses collines. A en juger les vagues de constructions, elles étaient en nombre de trois ; celle du centre était entièrement réservée à un palais d'un blanc tranchant sur le ciel bleu. Son architecture était de loin un mélange de courbes et de pointes, de cubes et de cercles.
Le chariot avançait vers l'accès du sud à en croire les rayons du soleil levant qui éclairaient par la gauche le nouveau jour. Jamais pareille hauteur de mur ne l'avait écrasé visuellement, sa nuque était bien rejetée en arrière et il en avait le vertige. Un coup sur son torse porté par une lance terminée de huppes noires et rouges le sortit de son observation, le chariot était arrêté et un homme à la face d'acier le questionnait avec un drôle d'accent qui saccadait son élocution. Son heaume de couleur rouge et noir comme les enceintes, représentait de façon stylisée le faciès d'un lion les crocs à découvert. Quetz Enki dégagea sa lettre et la tendit, son coeur s'emballa quelque peu alors que le soldat la parcourait. Il la replia la lui rendit sans un mot, un signe de tête à Phil et le chariot passa la porte pour s'enfoncer dans Madrinal.

Quetz Enki | 02/01/07 14:02

**********

Musique mécanique, mélodie mélancolique, notes hypnotiques après le déclic du couvercle soulevé de la boite à musique composaient dans l'atmosphère quelque chose de tragique au palais du Grand Seigneur El Tarik. Ses yeux embrumés par la contemplation de l'objet accentuaient le passage des ans sur son regard. Friand d'exotisme, la singularité du personnage ne faisait pas jaser et rire dans les tavernes, elle suscitait plutôt une crainte silencieuse. Les plats de son visage tiraient sa peau mate et lisse en suivant les os de son crâne, ses joues étaient légèrement creusées. Le temps avait tissé quelques fils gris dans ses cheveux noirs qui descendaient en boucles épaisses au dessus de ses épaulières en cuir tout aussi sombre, ce signe pour certains marquerait celui de la vieillesse, au contraire le seigneur El Tarik gagnait en autorité naturelle. Il finalisait et donnait le sens de la salle d'audience à la décoration sobre faite de lignes droites. Les bois précieux et sombres servaient un mobilier composé d'une chaise haute accompagnée de son large bureau et de deux armoires. Rien qui ne servent à encombrer l'efficacité innée du personnage.
-D'où vient ce trésor Evamalia ?

Ses yeux aussi sombres que des lacs de pénombre fixaient à présent la femme qui se tenait en face de lui d'une façon arrogante si elle n'avait pas été sa fille. Derrière elle, deux hommes avaient un genou à terre, la tête penchée en avant; leurs crânes étaient entièrement rasés hormis une fine et longue tresse terminée par une pointe de flèche miniature qui signalait leur appartenance au clan des Guerriers de l'Epine, tout comme leurs tatouages qui enserraient leurs biceps dans des ronces noires et rouges. Les épées estampillées de l'Epine qu'ils portaient habituellement sur leur dos, avait été déposées à l'entrée de laquelle se tenait une femme au visage impénétrable et d'une jeunesse éternelle, la profondeur, la gravité de son regard indiquait cependant une sagesse acquise par le flot des années. Ses oreilles ornées de bijoux signalait surtout son appartenance au peuple des elfes, sa chevelure était composées de milles tresses ambrées enrobant ses épaules rejetées en arrière dans son attente et son physique martial. Sa bouche pincée en bouton de rose scellait ses paroles.

- Du Peuple Ayak bien sûr, le peuple vivant par delà les mers - Père -
Elle avait terminé sa phrase avec un sourire narquois. Sa diction était rapide, les mots glissaient comme les vagues léchant un récif au péril de leurs ondes calmes surprises par le danger de ce piège de roc, sa voix avait quelque chose de dur dans son timbre qui forçait l'obéissance héritée naturellement de son père. Elle avait les cheveux couleur feu mis en valeur par quelques mèches noires encadrant son visage doré par le soleil, un brasier invisible qui brûlait aussi au fond de ses prunelles noires. Elle avait une coupe courte hormis une longue mèche brune qui traversait son front orné d'une épine en rubis entre ses sourcils noirs, une queue basse ondulait entre ses omoplates comme une langue de feu. Elle avait les mêmes tatouages que les guerriers agenouillés derrière elle autour des bras. Un bliaud remanié l'habillait d'une mode qui se voulait la sienne. Les tissus noirs et rouges mettaient sa silhouette élancée en valeur. Le manque de manches découvrait ses bras, sa poitrine était couverte d'un col qui montait jusqu'à la moitié de son cou sur lequel des épines noires étaient brodées. L'étoffe cintrait sa taille de guêpe. La course du tissu continuait en une sorte de traîne courte s'arrêtant là où ses bottes noires lacées de rouges prenaient le relais. Elle n'avait pas de jupes ni de chausses mais quelque chose qu'elle avait exigée car plus pratique, quelque chose qui servait aux guerriers à l'entraînement dans les contrées ensoleillées de la Jrêce : un short qui découvrait ses cuisses plus ce que la bienséance autoriserait pour les gens du peuple. Mais n'était-elle pas la fille du Grand Seigneur El Tarik, ses désirs sont des ordres et ne sont pas choquants. De plus, elle était La Capitaine, ou Satanée Pirate comme diraient certains fous ou étrangers.

-Ce peuple est le plus riche que j'ai rencontré là où vogue L'Espuma, ils sont farouches mais apprécie le négoce avec des objets que nous jugeons banal, pour eux, ils sont fantastiques. Ils n'ont pas de flotte qui navigue en haute mer, l'abordage est donc impossible, nous avons dû mettre pied à terre. L'or abonde alors que nos caisses en manquent, mais surtout, ils connaissent des secrets de l'univers qui pourraient vous servir -Père -
Ce même sourire ironique pinça ses lèvres minces.
-Tu es comme ta mère ! Soif des grandeurs, l'océan t'appelle, prends garde à être plus sage où tu finiras comme elle avalé par l'écume de sa folie - Aton garde son âme dans sa pitié- Tu n'as pas encore de descendance, ne casse pas une tradition ancestrale par ta fougue. Trépasse quand tu auras mis une fille au monde pour prendre le commandement de l'Espuma à ta suite.

Il referma d'un geste sec la boite à musique et la repoussa à l'angle du bureau, il fit crisser sa chaise en se levant. Sa grande taille et sa carrure lui offrait un charisme que les ans n'avaient pas ternit. Inconsciemment, Evamalia fit un pas en arrière, les poings serrés, elle savait reconnaître les limites qu'elle ne devait pas franchir avec le Grand Seigneur, elle avait des avantages mais ils pouvaient lui être supprimé en un claquement de doigt. Refoulant son humiliation, elle attrapa sa queue et tira nerveusement sur ses mèches de cheveux pour canaliser ses pensées et éviter de dire ce qui lui coûterait sa place de Capitaine de l'Espuma, place que son frère lui enviait mais qui resterait pour lui à jamais un rêve. Seules les femmes ont ce droit à Madrinal. Son père la marierait de force et attendrait la venue d'une petite fille qu'il éduquerait à sa façon pour prendre la mer. L'elfe derrière elle n'avait pas cillé, elle avait toujours le même nimbe de mystère qui l'entourait.

Le Grand Seigneur El Tarik regarda de biais la boite en or et les inscriptions inconnues qui la couvraient. Il avait convoité cette chose décrite dans les Chroniques des Eres légendaires, nul doute que ce peuple Ayak cachait dans les objets courants et pourtant si précieux de grands mystères. Cette boite à musique était autre chose qu'une simple curiosité.
-As-tu découvert ce jeune homme qui aurait soit disant du sang Ayak dans les veines ? N'est-ce pas des fariboles pour les jeunes filles ? Un enfant de l'autre monde par delà les mers et les monts se serait échoué sur nos rives, il aurait grandit dans nos campagnes loin des souillures de la ville pour être ce diamant brut à polir ?

Evamalia rejeta fièrement sa queue de cheval derrière sa nuque :
-Je l'ai trouvé et je n'étais pas la seule à le vouloir, les homme de Murdok était là et nous ont crée une embuscade. La chance m'a sourit -Père - cet enfant qui est un jeune homme dans la force de l'âge est intervenu prêter main forte à ce qu'il pensait être: une Dame et sa servante.
Son regard noir pivota vers l'elfe au milles tresses qui ne fit aucun signe mais qui semblait légèrement plisser les yeux le temps d'un battement de cils en signe de plaisir. Sa vitesse de diction reprit les flots des mots :
- La lettre lui a été donnée, je pense que tout jeune homme y répondrait. Sa famille ne possède aucun trait physique qui signale un lien de parenté quelconque -Père - Il devrait déjà être en ville ou y arriver...

Elle se balança d'une jambe à l'autre avec ce même demi sourire qui apparaissait en fin de phrase.
-Et bien que fais-tu ici !? Va au port gamine insouciante, accueille ta légende sur patte et amène le que je le juge d'être vrai ou issu de tes fantasmes ou de ceux de Murdok !

Un tonnerre lointain avait grondé dans sa voix grave qui promettait l'arrivée d'une tempête si on ne se pliait point à ses directives. Les joues blêmes de colère par ce deuxième soufflet à son orgueil, La Capitaine de l'Espuma claqua du talon droit et pivota sur le même pied vers la sortie : « Comme - Père - le désir. ». En même temps, les deux guerriers de l'Epine redressèrent leur masse de muscles qui sculptait leur corps puis s'inclinèrent dans un profond salut martial destiné au Grand Seigneur. L'elfe inclina juste la tête en gardant son regard étoilé braqué sur El Tarik. Celui-ci appuya sur un mécanisme installé sous le plateau du bureau, en réponse la porte s'ouvrit avant de se refermer et de le laisser seul avec ses pensées. Il en rejetait une en particulier, celle de prendre un coussin pour préserver son corps plus sensible à l'inconfort. La course du temps le talonnait, mais il veut perdre en vainqueur et atteindre ce qui est décrit dans les Chroniques des Eres Légendaires avant que La Faucheuse ne le rattrape.

*********

A suivre...

Edité par Quetz Enki le 02/01/07 à 14:57

Quetz Enki | 25/03/07 20:01

Son estomac fit entendre sa voix, l'odeur du pain chaud qui se répandait dans les ruelles de Madrinal avait de quoi appâter n'importe quel ventre qui sonnait creux depuis quelques jours. Il secoua machinalement son escarcelle, quelques pièces de cuivre s'entrechoquèrent légèrement. Sa bourse n'était pas bien pleine mais suffisamment pour remplir son ventre. Il s'était assis aux côtés de Monsieur Phil qui dirigeait sa charrette en main de maître. Les mots continuaient à couler en flot régulier de cette physionomie sympathique et bedonnante. Quetz Enki secouait la tête de temps à autre pour marquer ses phrases, mais à vrai dire, il aurait été incapable d'en restituer la moitié. Il était sous le choc de cette grande ville. Jamais il n'avait entendu pareil bruit, jamais il n'avait vu autant d'hommes et de femmes agglutinés dans un périmètre si proche. Mais ce qui le surprenait le plus, c'étaient ces auberges qui mesuraient jusqu'à trois ou cinq étages ! Les étales se succédaient et divers aliments et ustensiles étaient proposés. Des choses étranges étaient disposées de façon savante pour attirer l'oeil et la curiosité. Celle de Quetz Enki était éveillée, il abandonna le balancement nonchalant de la charrette pour fouler les pavés vieillis par les pas qu'ils supportaient chaque jour. Absaorbé par toutes les étrangetés de la ville, il respirait les milliers d'odeurs qui se mélangeaient dans un bouquet parfumé plus ou moins subtile ou écoeurant.

Une main décharnée attrapa sa pelisse, il se retourna et la surprise le gagna rapidement. Une veille femme au visage aussi ridée qu'une pêche des vignes desséchée lui lança un sourire édenté. Ses multiples bijoux provoquèrent en lui l'image d'un serpent à sonnette, sa voix grinçante comme une porte mal huilée lui procura des frissons, et son ongle immensément long tapotait sans discontinuer son torse:
-Bel homme ! Veux-tu que je lise ton avenir ? Je vois en toi !
-Je...non...je ne crois pas à ces balivernes

Les yeux vitreux de la veille se révulsèrent, sa bouche sans lèvre s'ouvrit dans une expression de terreur qui gagna Quetz Enki malgré lui :
- Tsss !!La Maison de l'Abîme sera à toi quand tu posséderas le Joyau du Vent, le Joyau du Vent !! Tu m'entends !! Alors, le serpent et l'aigle te conduiront aux Fleuves des Sacrifices.
-Je comprends rien à votre charabia, vieille femme !

-Fiche lui la paix Sorcière !!!

La large main de Monsieur Phil arracha Quetz de la prise de la diseuse de bonnes aventures. Ses yeux sans vie fixèrent une dernière fois le jeune homme avant que la vieille femme aveugle file en hurlant dans une venelle tout en martelant le sol avec sa canne : « la maison de l'Abîme !!! Ha Ha Ha Le maître du Joyau du Vent ! » Toujours sous le coup de l'incompréhension et de l'image déplaisante de la vieille femme, Quetz se laissa entraîner sur le chariot :
-Dépêche toi, cette folle va nous attirer des ennuis !
Un coup de coude dans ses côtes et le rire de Phil le sortirent de ses pensées.
-Ne t'en fais donc pas, en ville il y a de tout, il faut se méfier ! Bon ! Un casse croûte ne nous fera pas de mal.

Il bifurqua avec sa charrette vers l'auberge qui avait comme pancarte une sirène qui chantait ce que le vent insufflait. Le bâtiment était imposant et la couleur rouge et noir ornait les volets de chaque étage qui se comptait au nombre de quatre. Quetz attrapa son bâton à l'arrière et suivit Phil, c'était idiot, il le savait bien, il n'avait pas de troupeau à garder ici. Mais il est plus facile de changer le cours d'un fleuve que son caractère. La salle était vaste, et les clients ne manquaient pas. Une femme au chignon grisonnant et plus remplie de graisse que de grâce les accueillit avec un sourire exagéré, elle laissa son torchon et le verre qu'elle astiquait pour les mener à une table. La commande prise, le bon Phil lissa sa barbe tout en fixant de son regard ombrageux son passager. Il grommela quelques mots puis pris sa pipe qu'il bourra d'herbe. Quetz Enki regardait trois jeunes gens aux visages anguleux et concentrés, toute leur attention était focalisée sur des dés qui roulaient sur la table. En face de chacun d'entres eux, il y avait un pile plus ou moins grosse de pièces plus ou moins brillantes. Le plus robuste des trois lâcha un juron et remit sa pile d'argent à celui qui avait des cheveux comme de la paille. Celui qui tournait le dos à Quetz ria à gorge déployé en se tapant les cuisses, il fut poussé par le costaud qui le fit culbuter les quatre fers en l'air. Les clients ne bronchèrent, ils étaient trop occupés à fixer le fond de la gamelle ou la chope qu'ils tenaient.

-Je vous conseille de ne pas les regarder ainsi étranger ! Vous êtes berger c'est ça !! Et bien, ce ne sont pas les mêmes bestiaux ici.

C'était l'aubergiste qui déposait les assiettes humant le ragoût de boeuf. Phil se replaça sur sa chaise, étrangement silencieux pour une fois. Quetz dévisagea la grosse femme :
-comment le savez vous ? Je ne garde pas que les bêtes...
-A votre bâton pardi ! Elle repartit avec un rire de dindon, Quetz haussa les épaules et regarda une dernière fois le groupe de joueurs avant de se restaurer. Mais c'était une fois de trop, celui aux cheveux de paille et à l'oeil rusé l'interpella

-Toi là ! Oui toi !! Viens jouer avec nous !

Il pointa son index vers son propre torse : moi !
Phil chuchota rapidement : Oublie ça tout de suite !
-Non je regrette, je n'ai pas d'argent. Répondit-il poliment !

Le gaillard s'avança avec un regard suspicieux !
-Ca m'étonnerait, si tu n'avais pas ses vêtements tout me dirait que tu es un Ayak !!

Les autres reprirent en coeur « ! C'est vrai ça pardi !! Un Ayak ! Ca chie de l'or hahaha ! »

Le pauvre Phil tentait d'étouffer une tension de plus en plus croissante. Il reçu pour son compte un coup de poing. Sa lèvre fendue tacha rapidement sa barbe immaculée de sang. L'indignation submergea Quetz Enki, des braises de colère brûlèrent à néant sa patience, son regard devint plus sombre. Il porta sa main au foulard autour de son cou, il s'en servit pour masquer le bas de son visage. Le trio des joueurs de dès sortirent des lames aux promesses lourdes de violence. Il attrapa son bâton de marche d'une poigne ferme et plia ses jambes souplement dans une position de garde étrangère au pays, ce qui suscita les rires gras des adversaires et la fuite de l'aubergiste pour trouver les gardes de la ville.

Le bâton tournait et fouettait l'air, il semblait perdre sa rigidité dans les cercles et les courbes qu'il dessinait. Il arrêta sa course contre le bras de Quetz tendu au dessus du sol, les muscles tendus à l'extrême étaient prêts à répondre immédiatement aux assauts.
- Voulez vous apprendre l'art de la danse avec moi messieurs ?

Edité par Quetz Enki le 25/03/07 à 20:03

Celimbrimbor | 27/03/07 13:23

Ca vaut le coup de tout lire.

Récit bien construit, lourd de promesses, qu'il va falloir tenir.

Des coquilles ça et là, rien de blâmable.

Des choses à revoir, des maladresses qui détonnent un peu, notamment quand la bagarre commence à la fin : le rythme est, A MON HUMBLE AVIS, trop rapide : on ne saisit guère la vraie raison.

Peut-être un peu typique comme histoire, et l'univers reste limité dans sa description, mais on perçoit pas mal de chose qui reste à venir.

En parlant des descriptions : celle de Madrinal me semble un peu confuse, et malgré tout, la plupart arrivent comme des morceaux de bravoure, posés là parce que nécessaires. Cela casse un peu le rythme du récit, particulièrement les guerriers de l'épine.

Bonne maîtrise du vocabulaire, même si l'apparition de termes trop modernes ("Short" par exemple) étonne un tantinet. Peut-être aussi une volonté d'en donner trop, mais je m'avance sans doute.

Les personnages sont attachants, stéréotypés un peu, mais intéressant à découvrir. J'ai un faible pour El Tarik, allez savoir pourquoi.

Voilà voilà...

Je me suis permis de critiquer, j'espère que cela ne sera pas mal pris...

Quoiqu'il en soit : bon récit, je veux la suite.

Edité par Celimbrimbor le 28/03/07 à 13:39

Quetz Enki | 28/03/07 10:38

Merci d'avoir pris le temps de le lire et de relever ce qui te paraît médiocre , même si j'ai l'impression de me retrouver face à mon prof de français me rendant ma rédaction à l'époque révolue de mon expérience collégienne Peut-être est-ce ta profession !? (ce n'est pas mal pris de mon côté)
En tous les cas merci et la suite arrive prochainement

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