Forum - Le Corps S'Envole Mais Le Jeu Reste.
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Eigoel Nahb | 06/12/08 18:03
La côte était le meilleur endroit. Debout en haut d'une falaise, j'écoutais les caprices du vent qui charriait ma frange d'une façon espiègle. Il semblait de bonne humeur, et moi aussi, le jour était bien choisi. Voilà longtemps que les éléments ne m'avaient pas amusés. La plupart de nos rencontres se traduisaient par des provocations mal intentionnées. Ce n'était pas le moment pour moi de faire le moindre faux pas. Je me penchais pour voir. Les rochers déchiquetés au fil des millénaires par les vagues omniprésentes s'étendaient à quelques mètres plus bas.
Je ne cachais pas une certaine appréhension. C'était quitte ou double. Quitte ce monde, ou double l'estime que te portent les éléments.
Une grande bouffée d'air vint gonfler mes poumons.
Et si j'avais mal interprété ? Crever comme ça, ce ne serait pas amusant. Enfin peut être pour certains, m'enfin...
J'ai tendu les bras sur les côtés, tel un oiseau près à prendre son envol. Je fixais l'horizon, cette ligne entre ciel et terre. Une bourrasque dérangea une fois de plus mes cheveux. Certains vinrent me boucher la vue.
Il semblait prêt. Et moi aussi.
Mes pieds s'avancèrent, mon corps pencha en avant et le vide m'aspira.
Je tombais, le vent froid me lacerait le visage. Je ne ressentais aucune résistance. Je continuais de provoquer le Vent, de jouer avec lui, de converser. Les rochers se rapprochaient dangereusement. Le doute ne devait pas m'envahir. Pas maintenant ! Je serrais les dents sous la concentration. Il ne me restait plus beaucoup de temps avant de m'écraser.
« Par les Quatre ! L'Eau est plus à même de me porter que toi ! »
J'ai cru que mon coeur faisait un saut périlleux dans ma poitrine. Une drôle de sensation s'empara de mon estomac. Soudainement, ma chute freina, et les rochers reculèrent. L'horizon tourbillonna sous mes yeux. J'eu un haut le coeur. Je n'arrivais plus à discerner le haut et le bas. Une mini tornade m'avait emportée, et me soulevait loin de la falaise, jusqu'aux cieux. Non... Pas trop haut ! La terre fuyait, je ne pouvais pas la retenir. Je dépassais les nuages. L'air devint froid... Et rare. Il fallait absolument que je redescende !
Par chance, les éléments ne sont pas rancuniers. Une estime gagnée en leur faveur ne tari pas. Elle est acquise. Et les insultes ne les vexent que pour un très court instant. Et c'est ce qui allait me sauver.
« Espèce de vieille motte de gobelin crevé aux salsifis croûtés de vermine crasseuse ! »
Oui, j'insultais le Vent... Qui d'autre ?
Une autre sensation assaillit mon estomac, comme un liquide chaud qui remontait dans mon ventre. Plus aucun souffle de vent, il m'avait lâché... Et je tombais en chute libre, à une vitesse grandiose. Je n'étais jamais tombée de si haut, la falaise était ridicule à côté. Je plissais les yeux à cause de l'air que je percutais et qui roulait contre ma peau.
La mer s'étendait sous moi, prête à m'accueillir. Le promontoire se dessinait quelques mètres sur ma gauche. Je me concentrais. Si je me loupais, l'atterrissage s'annonçait violent, même dans l'eau. Je me concentrais... La surface de l'eau brillait en réponse à la clarté du soleil automnal. Plus que quelques centaines de mètres... Je crois.
Enfin il s'éleva. Je ne pus m'empêcher de sourire, bien que ce ne soit que rictus figé par le froid. Un geyser bondit de la surface liquide. Le temps pour lui de monter et moi de descendre, nous nous rejoignîmes. Il m'accueillit parmi mille gouttelettes salées sautillantes, qui retombaient plus bas dans les vagues.
Je pensai à retenir ma respiration au dernier moment. Je glissai le long de la colonne d'eau, en son milieu, immergée. En y repensant, j'ai dû oublier quelque chose. Mais c'était mieux que rien. Ma chute ralentit considérablement. Dans un ballet de minuscules bulles impétueuses, je passai sous le niveau de la mer. Un claquement sec résonna au dessus de ma tête. Le geyser s'était écroulé. Grâces à quelques battements de jambe, je regagnais à la surface.
Conclusion de l'expérience : Un vent toujours aussi joueur et capricieux. Une Eau qui ne paye pas de mine, mais sur laquelle je peux compter !
Edité par Eigoel Nahb le 06/12/08 à 18:10
Loxias The Dark Lord | 06/12/08 18:10
Visiblement, il n'y a pas que les marins qui pestent contre le vent. 
Belle expérience que tu partages avec nous, Dame Eigoel.
Bientôt, je pourrai te demander que tu m'apprennes à maîtriser les éléments, aussi...
et du coup, je n'aurai pas besoin de m'adresser à quelques mages déplaisants que ce soit, pour cette éducation particulière...
Merveilleux, donc!
Celimbrimbor | 06/12/08 20:02
Duc De L'uto | 07/12/08 14:54
Jethro Karovd | 07/12/08 15:09








