Forum - [RP] Les écrits restent.

Duc De L'uto | 07/12/08 22:05

...
Les flèches pleuvaient.
Je n'ai jamais cru à cette expression, le coup de la « pluie de flèches », bien trop romanesque pour moi. Qui pourrait prétendre -et qui pourrait croire ?- que de fins bouts de bois pouvaient recouvrir les cieux et nous dissimuler des Dieux ? Et pourtant, si j'avais su... Les flèches peuvent former un rideau, une cape de nuit, une nappe noire. Même les Divins ne se risquent pas à traverser ce manteau de mort. Même pour nous venir en aide. Surtout pas pour nous venir en aide...
Et pourtant, en cet instant, les flèches pleuvaient.
...

« Ce type n'est pas complètement abruti. » Lâcha le Duc, en même temps qu'il lâchait le bout de parchemin. « Belles visions guerrières. Il devait en avoir bavé, il connaissait son rayon. Les guerres manquent d'analystes de ce genre. Capable de fendre un homme d'un revers de plume, d'écrire l'histoire d'un coup d'épée. Tu vois ce que je veux dire ?
-Honnêtement non. » Dit Abkataer.
« Ca ne m'étonne pas. » Dit le Duc.

Les deux hommes se tenaient dans une grande pièce, semblable à une sorte de subtil mélange de bibliothèque et d'atelier. Dans un coin, des armes, dans un autre, des rouleaux de parchemins, sur une table, des livres, sur une étagère, des fioles. Un escalier enroulé autour d'une colonne de pierre s'enfonçait dans le plafond. Le sol était habillé d'un épais tapis rouge.

« Vas voir si tu ne trouves pas traces de notre hommes à l'étage. »

Abkataer hocha la tête et gravit les marches, lentement, la dague collée à la cuisse, le bras comme un ressort tendu à l'extrême, et forcément prêt à lâcher. Vers une gorge, au hasard. Le Duc profita de son absence pour lire un autre extrait, griffonné sur un autre bout de parchemin, ce dernier un peu moins usé que le précédent.

...
... déjà été pétrifié par un sourire, ou un rire. L'adversaire peut sourire, et que cela traduit-il ? C'est dangereux, à n'en pas douter. Mais pour qui ? L'ennemi sourit quand il est sûr de lui, peut-être trop, ou pas, quand il est fou, aussi. Et quand il n'a pas la même manière d'appréhender l'art de la guerre. Et si le tranchant de la lame était un réconfort ? Et si le sang n'était qu'une facette agréable de la vie, incontournable ? Et si cet homme -ou cette femme- en face de vous, est trop différent pour que vous l'analysiez ? Combattre. Voilà quelque chose de bien plus profond qu'on ne le pense souvent. Un sourire. Croiser le fer ...
...

L'encre avait bavé sur la fin du message. Le Duc n'eut pas le temps de chercher une suite.

« Sire, l'homme n'est pas là. Et à en croire l'état des lieux, son départ ne date pas d'hier.
-Sauf s'il nous feinte.
-Duc, pourquoi nous attarder, nous avons des dizaines de fuyards à rattraper.
-Celui là vaut le coup. Rejoins les autres, je m'en occupe personnellement.
-A quoi bon valoir le coup, si c'est pour finir empaler comme les autres ? » Siffla Abkataer en sortant de la pièce.

Le Duc sourit. La question n'était pas bête. Le fuyard méritait le même châtiment que les autres. Le même châtiment qui serait le sien une fois son éternel travail terminé.

...
... camarades. Comment la guerre, la peur, le sang, la mort, peuvent-ils lier les êtres de cette façon ? J'ai pleuré certains amis de bataille plus que ma femme. Que ma mère. J'ai été plus proche avec certains blessés qu'avec n'importe quel Dieu. J'ai été plus fidèle envers certains bons officiers qu'envers n'importe quel seigneur. Ou se place la guerre, dans le cercle de la vie ? Serait-elle nécessaire ? J'ai peur de ce que je dis, mais ne suis plus bien sûr. Aujourd'hui, j'ai serré un mercenaire dans mes bras. Il avait perpétré les mêmes immondices que moi, ce matin. Viols joyeux, saccages à n'en plus finir. Et que dire face à ce balourd et ses larmes ? Je crois que je les aime, ces guerriers. Je crois que la guerre ...
...

Le Duc ne souriait plus. Il resta deux heures dans la maison. Il tassa de nombreux volumes dans plusieurs sacs de toile et emplit ses poches de plusieurs parchemins indépendants.

« Je te retrouverais, l'ami. Même si je ne peux résister à l'envie de t'empaler, je te rencontrerais. »

Edité par Duc De L'uto le 07/12/08 à 22:05

Eigoel Nahb | 08/12/08 14:05

Attention que tous ces petits bouts de papier ne finissent pas en cendre...

Lancwen de Sigil | 12/12/08 09:46

j'ai hâte de voir qui se cache derrière ces écrits en espérant qu'il survive assez longtemps.