Forum - La nouvelle voix partie 6
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Lancwen de Sigil | 09/12/08 10:53
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Le bateau était là, sur une plage déserte et silencieuse. La petite embarcation était voilée et plusieurs hommes bavardaient sur le petit pont. Ils se levèrent en voyant leur cargaison. Miséricorde les salua sans chaleur.
« Squiggodhil est-il loin ?
-Quelques jours de voyage, seigneur, pas plus.
-Alors partons maintenant. »
Il espéra que son absence ne se ferait pas remarquer en montant à bord.
Squiggodhil arriva avec le soleil. Miséricorde était déjà sur le pont. Lorsque le petit navire froissa le sable de la plage et que plusieurs hommes furent descendus pour le tirer d'avantage, le garde s'autorisa à descendre. Plusieurs personnes étaient là.
« Sire Gaerdem ? »
Un être plus mort que vivant s'avança.
« Je crois qu'il nous faut parler. Dakeyras m'envoie. S'il s'occupera de notre affaire, ce ne sera qu'un peu plus tard. En attendant, je suis là, et il me faut quelques renseignements. Il nous faut parler. Parler avant d'agir.
-Je comprends, mais je ne suis pas Gaerdem. Je dois vous mener jusqu'à lui. »
Un elfe se détacha des autres pour tendre ce que Gaerdem avait appelé une bourse qui couvrirait les frais de voyage. Miséricorde l'attrapa et l'envoya vers les matelots. Il donna quelques consignes et s'avança, seul, à la suite du cortège qui allait remonter vers Gaerdem.
Le petit cortège mena Miséricorde non loin, dans un petit village. C'était là un bien étrange endroit pour un camp seigneurial. On pouvait apercevoir au loin des nuées de harpies. L'elfe ouvrit la porte de ce qui semblait être une taverne et invita son ôte à entrer.
« Ah, Cirth te voilà enfin. Notre invité est donc arrivé. »
Gaerdem enjoignit Miséricorde à s'asseoir avant de reprendre.
« Je pense que nous n'avons, ni vous ni moi, de temps à passer en bavardage inutile. J'irai donc aux faits. »
L'elfe fit le récit des événements avec la plus grande exactitude possible, chaque détail même le plus insignifiant fut délivré, comment Cirth avait réussi à glaner des informations sur l'embarcation volante et sa destination. Le bateau avait rejoint une forteresse volante sur la cote est du continent avant que celle-ci ne continue sa route elle aussi vers l'est.
Gaerdem montra une carte marine et traça une ligne vers le levant.
« Serviettemouilledhil, c'est la qu'ils vont à mon avis. »
Cirth ajouta avec regret « et dire que j'étais la bas il y a peu... » une pointe d'agacement se sentait dans son ton.
Le guerrier se tut laissant l'histoire retomber dans les oreilles de Miséricorde.
« Qu'en dites vous?» murmura presque Gaerdem, le visage barré par l'inquiétude.
Un silence de plomb s'abattit sur la pièce alors que Gaerdem finissait son exposé. Miséricorde resta un long moment silencieux, essayant de synthétiser la somme d'information qu'on venait de lui dispenser. Puis, alors que rien ne le laissait prévoir, il tourna les talons vers la porte d'entrée en lançant avant de sortir à grandes enjambées :
"il n'y a pas un instant à perdre, procurez moi le plus vite possible un navire pour Serviettemouilleedhil!"
Moins d'une heure plus tard, le gardien mettait pied à bord d'un frele esquif au profil allongé. Un seul coup d'oeil aux matelots lui permit de savoir que l'équipage était aguerri et rompu aux manoeuvres les plus complexes. Tout cela lui redonnait espoir de pouvoir retrouver Lancwen sur serviettesmouilleedhil, d'autant plus que les alizés leur semblaient clément. Une fois au large, une puissance brise de trois quart arrière vint gonfler les voiles et des gerbes d'eau montèrent avec une fréquence élevée de la proue. Il était de la garde, son contrat serait rempli.
Edité par Lancwen de Sigil le 09/12/08 à 11:03
Lancwen de Sigil | 09/12/08 11:10
Miséricorde était sur place depuis quelques jours, la traversée s'était déroulée sans encombres. Il avait été convenu que le zéphir resterait à quai, prêt à lever l'ancre à tout moment tant que Miséricorde ne serait pas revenu, soit avec Lancwen, soit avec les informations nécessaires pour retrouver la vampire.
Le Garde avait laissé traîner ses oreilles dans quelques tavernes, sur le marché ainsi qu'en d'autres lieux de passage fréquent. Dans la bruine quasi constante, il avait réussi à glaner de précieuses informations, les descriptions qu'il avait pu recueillir correspondaient avec ce que lui en avait dit Gaerdem. D'après ses déductions, la matriarche cherchait quelque chose avec peu d'entrain et au moins deux créatures ne la quittaient pas d'une semelle. D'ailleurs sans ces deux gardes du corps, Miséricorde serait peut être passé à coté. Ce soir il irait jauger la situation, il avait découvert la taverne ou logeait lancwen et il avait suffit de quelques piécettes et d'une bonne dose de bluff pour obtenir la chambre qu'elle occupait.
Par chance, la pièce se trouvait sous les toits, au dernier des deux étages. Ce soir, il lui serait facile d'observer sans être vu, la lune serait cachée par les épais nuages qui s'amoncelaient déjà au-dessus de la ville. Il se laisserait prendre au bout d'une corde. Cela comportait évidemment un risque mais le moment était important et cela en valait la peine. Il attendit donc sagement son heure...
La lune comme prévu ne se montrait pas, Miséricorde avait soigneusement accroché une corde à l'une des cheminées de l'établissement donnant non pas à la verticale de son point d'observation mais plutôt à quelques mètres de là. Il ne pouvait pas se permettre d'être découvert et, avec ce dispositif, il n'aurait qu'à se lâcher dans le vide pour disparaître et rejoindre l'endroit où seul un oeil expert pourrait détecter sa présence. Il avait même installé un tissu matelassé sur le rebord de la gouttière pour éviter le moindre bruit. Il était donc fin prêt à en apprendre un peu plus.
Suspendu dans les airs à la force de ses bras, la corde le tirant vers la droite de manière incessante, il n'eut pas à attendre longtemps. Une lumière d'abord vacillante puis plus stable, une lanterne d'après lui, il s'approcha et jeta un oeil. Miséricorde sourit derrière le foulard noir qui lui couvrait le bas du visage, il avait vu juste et touchait au but. Lancwen se tenait à quelques mètres de lui visiblement en bonne santé. Mais l'heure n'était pas à la precipitation, il continua d'attendre.
Peu après une porte s'ouvrit sur sa gauche et Lancwen s'y rendit, une conversation s'engagea avec un autre personnage. Le garde jaugea la situation, il pouvait entendre ce qui se disait dans l'autre pièce mais ne pouvait pas se rapprocher à cause de la corde. La configuration des lieux ne lui avait pas vraiment laissé le choix de son point d'attache et pour voir l'autre pièce il faudrait qu'il se détache et prenne un risque. Il entendit aussi la pluie de coups qui tombait sur la vampire mais savait que ce n'était pas le moment d'intervenir, la surprise jouerait si il en avait le temps...
Lancwen de Sigil | 09/12/08 11:12
Le vrombissement assourdissant de l'air disperse, sur le passage de la créature volante, les couches opaques des nuages surplombant Squiggodhil.
Ralentissant son allure effrénée, le dragon noir se laisse chuter sous le niveau des nuages, tournoyant insidieusement au-dessus de ce qui fut autrefois un bourg, et dont ne subsistent que cimetières et bâtissent dépouillées.
Les formes humanoïdes qui se meuvent sous le reptile grouillent en massent grisâtres et décharnées. Leurs démarches décalées, parfois instables, ne laissent aucun doute sur la nature de ces créatures. Un campement de mort-vivants a pris place sur la bourgade.
Il sera impossible à la tarasque noire de se déposer trop près d'ici sans être immédiatement attaquée. Pourtant, il s'agit bien de l'endroit recherché, non loin du premier port. Dans un silence absolu, la créature met cap sur le sud, cherchant un autre moyen d'approche.
Attirée par les bruits de sucions, la goule s'approche du rocher. Sans en trouver l'origine, la créature émaciée contourne la masse rocheuse, sentant déjà l'odeur du festin de quelques vers juteux tout juste sortis de terre. Par l'odeur alléchée, la goule n'aperçoit pas à temps le bras qui se faufile sous son cou, l'emprisonnant sous son étreinte. La prise est ferme, et la petite créature sent le corps cabré et vivant collé au sien. Elle n'aperçoit de son agresseur qu'un bras encore tremblant et étrangement brûlant. Sa peau est parsemée de petites meurtrissures, comme d'infimes marques identiques et régulières, en forme d'écailles, qui disparaissent petit à petit, fondant sur l'épiderme de sa peau.
Empêchant la goule d'alerter ses comparses mort-vivants, bien qu'ils soient à plusieurs centaines de mètres du campement, l'humain insère de force une poignée d'asticots dans sa bouche.
-Du calme, petite entité vampirique...
La voix est féminine et rauque. Son timbre est celui joué par des cordes vocales qui auraient crié tout leur soul durant des heures, éreinté. Pourtant, au fil des mots prononcés, cette voix semble muer pour revenir à la normale.
-C'est bon, n'est-ce pas ? Tu en veux encore ?
La goule remue, puis se calme en recevant une autre poignée de vers.
-Je ne t'arracherai aucun membre, et si tu fais ce que je te dis, je te donnerai autant d'asticots que tu pourra en ingurgiter... Mais pour cela, il faut que tu ailles me chercher quelqu'un. Gaerdem, ça te dit quelque chose ?
La goule émet un grognement animal, dont on ne peut tirer aucun sens. Sa ravisseuse prend le risque de desserrer son étreinte, mettant en évidence une amphore terreuse emplie de vers grouillants.
-Va chercher Gaerdem. G-a-e-r-d-e-m. Emmène Gaerdem jusqu'à moi. Autant de vers que tu le voudra.
L'inconnue relâche sa victime, laquelle bouscule l'amphore, saisissant quelques asticots avant de prendre la fuite vers le village. Adossée au rocher, l'humaine espère, attend son messager. Elle se prépare au pire.
Gaerdem était attablé à l'ancien bureau de Lancwen, celui qu'elle avait occupé avant son enlèvement. Il attendait les messages de Miséricorde avec impatience, celui-ci était déjà parti depuis plusieurs jours, il avait du accoster sur Serviettemouilledhil. Le vieil elfe était conscient de la difficulté de la tâche et c'est bien pour ça qu'il l'avait confiée à la Garde.
Il était perdu dans de sombres pensées lorsqu'il entendit un bruit contre la vitre. Relevant la tête, il vit une goule, son faciès hideux appuyé contre la fenêtre, un vers dépassant nonchalamment de sa bouche entre-ouverte. L'elfe perçut comme une lueur de semi-intelligence, peu commune parmi les goules, au fond de ses yeux, elle semblait vouloir lui dire quelque chose, il ouvrit la fenêtre et regarda avec stupéfaction la goule lui demander de l'accompagner par geste en allant et venant toujours dans la même direction. Gaerdem attrapa son épée et cria à Cirth de la rejoindre.
_ Il y a quelque chose d'anormal, venez vite !
Les deux aides de camp suivirent la goule dans sa lente marche vers une masse rocheuse plus au sud. Cirth vit une ombre se détacher de la roche. Instantanément sur ses gardes il héla la personne cachée.
_Qui que vous soyez ! montrez vous !
Les mains tendues en avant, l'humaine avance vers eux. Des cheveux roux et de taille moyenne, la femme les salue d'une très légère courbette, ne montrant aucun mouvement brusque.
_Vous êtes donc Gaerdem. Je ne m'attendais pas à vous voir rappliquer si tôt. Votre maîtresse peut se targuer d'avoir des goules si malignes.
Délassant un parchemin sorti de sa manche, elle leur montre une lettre cachetée de leur propre seau.
_ Vous avez passé un contrat avec la Garde. Celui que nous vous avions envoyé, Miséricorde, a disparu pendant sa mission sans laisser de trace. J'ai également l'immense regret de vous annoncer la mort du comte Dat Narumyr. Je suis Sanaga, au service de la Garde. Au nom de Cerbère, ce contrat sera achevé. Je crois que nous avons des choses à nous dire.
Celimbrimbor | 09/12/08 21:52

