Forum - [RP] Un si joyeux anniversaire

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Chiméra Klesh | 28/12/06 21:13

Un récit de structure assez classique, mais idéal pour une reprise : ça fait bien longtemps que je n'ai rien écrit.
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Un an déjà ! Le front soucieux, le Baron de Sarclevent contemplait tout à la fois sa citadelle qui s'étendait sous ses yeux que l'année révolue : ses rudesses, ses épreuves, ses défis ... Une année où tout avait failli basculer de manière irrémédiable. Demain, cela fera un an, jour pour jour : la cité était en flamme et le ciel crachait des flèches comme si elles provenaient des nuages eux-mêmes. Son fief se disloquait à vue d'oeil tout comme sa cité, assiégée par de redoutables elfes sylvestres à la lame acérée. Seule l'audace avait payé et leur avait permis de survivre à cette journée.

Regardant le ciel bleu, le baron se remémora le désespoir et la détermination, celle de tenter une dernière manoeuvre avant la fin. Après avoir fait mettre sa fille dans la tour la mieux protégée de la cité, le baron s'était entouré de ses meilleurs paladins et avait tenté une sortie, une ultime chevauchée parmi les rangs elfiques. L'écume aux lèvres, les chevaux traçaient des sillons sanglant dans l'océan des phalanges ennemies tandis que leurs cavaliers bataillaient d'estoc et de taille, profitant des maigres avantages que leur conféraient la surprise et la vitesse. Trop proches des troupes elfiques, les cavaliers ne pouvaient aisément être visés par les traits meurtriers des scouts : seuls les danseurs de guerre se dressaient efficacement devant eux.
Le ballet des lames sanglantes avait alors commencé et le baron avait su alors que sa charge ne tiendrait pas très longtemps. Quelques secondes encore, quelques minutes peut-être ...
C'est alors que survint un miracle inattendu : face à la course affolée de son destrier se dressa soudainement, fier et hautain, Nanyafyeel le tyran. Le baron faisant face à son terrible alter ego, celui qui avait jeté ses meutes elfiques contre sa belle cité, contre ses gens ... Les cris de guerres fusèrent et les lames plongèrent en de courbes gracieuses et mortelles. Le sang jaillit. Le baron était alors tombé de sa selle : pour lui la bataille était désormais finie et il attendait désormais le coup fatal. Il mit quelques minutes à réaliser que cette mort ne viendrait pas. Tout comme lui, le tyran elfe était tombé au sol, le corps en sang ... mais lui ne respirait déjà plus ! Le baron ne réalisa qu'il avait terrassé son ennemi que lorsque la nouvelle de la mort de Nanyafyeel se diffusa autour de lui, dans les rangs elfiques qui se replièrent immédiatement sous les yeux incrédules des humains.

Chassant les souvenirs, le vieux baron quitta son cabinet et se dirigea vers la grande salle de la ville. Il ne tenait pas à évoquer les mois qui suivirent, étonnamment plus douloureux que les jours de bataille en eux-mêmes. Il était blessé et son fief affaiblit. En dépit de son exploit martial, son autorité s'était effritée sous les allusions de vassaux peu scrupuleux qui espéraient profiter de la situation. Il avait fallu reconstruire, patiemment. Rebâtir la ville et la confiance, réaffirmer son droit et se faire obéir des récalcitrants sans pour autant avoir recours aux armes : il n'en avait plus les moyens. De longs mois de doute et d'angoisse, qui avaient peu à peu perdu leur venin tandis qu'il réaffirmait sa force, son statut et sa légitimité. Peu à peu, les fâcheux s'étaient tus et n'osaient plus faire s'opposer aux ordres de la citadelle reconstruite. La garnison était loin d'être reconstituée, certes, mais elle suffirait toutefois pour mâter les rébellions malvenues.

La grande salle était couverte de belles fleurs blanches et rouges, conformément aux souhaits de sa fille Ymarine et de messire Venerass. Celui-ci était déjà là, effectuant une révision da la garde d'honneur. Le baron le contempla : il était vraiment bel homme et avait fier allure dans son armure, il n'était point étonnant que sa fille tombe amoureuse de ce seigneur parti de rien, même sans ses exploits de l'année dernière. Sa fille lui devait la vie, il s'était valeureusement dressé entre les redoutables danseurs de guerre et la pauvre Ymarine. On disait qu'il avait du en tuer une douzaine avant de pouvoir amener la belle à l'abri dans le donjon. Ce jour là, il avait conquit le coeur de la belle, la reconnaissance du baron et le titre de chevalier.

Le vieux père alla saluer le gentilhomme avec chaleur distinction. Ce mariage était un événement important pour le baron de Sarclevent : c'était un symbole de victoire et de splendeur, un aveu d'héroïsme et un cri de défi pour l'avenir. C'est d'ailleurs pour cela que la date anniversaire de la bataille avait été choisie : par ce mariage, une page se tournait, laissant derrière eux le doute et la contestation. Souriant, le baron regarda distraitement la répétition de défilé de la garde personnelle de messire Venerass.

Demain serait un jour formidable ...

* * * * *

Du sommet de la colline, elle regardait la cité en tournant le dos à sa forêt : une belle cité, blanche et fortifiée, avec une garnison pour la défendre, deux centaines d'hommes tout au plus. Certes, un observateur avisé aurait pu l'apercevoir de la muraille et donner l'alerte, mais Gwenariælle n'était pas inquiète : une mince silhouette elfique dans le lointain n'était pas suffisante pour déclencher une alerte et de toute façon les humain n'avaient pas le regard aussi affuté que les elfes. Plissant les yeux, elle détailla le mur d'enceinte, scruta les ouvertures et finit par apercevoir le blanc monument : la stèle de la victoire, celle sous laquelle les humains avaient enseveli la dépouille de son père. Un an déjà !

L'ironie du sort la fit sourire : son père, tyran contesté, n'avait finalement pu apporter quelque chose d'utile `à son peuple que par sa mort ! De son vivant, les clans elfiques restaient perpétuellement divisés : l'autorité malséante et la brutalité inutile de son père avaient toujours dissuadés les autres clans de se rallier à lui afin de devenir un peuple uni et soudé. Cela ferait un an que le vieux tyran était mort et que Gwenariælle Nanyafyeel avait pris sa suite. Loin des habitudes strictes et inflexibles de son père, elle avait su diriger le clan avec intelligence et audace, tout en soignant les relations avec les autres clans. Douze mois avaient suffit à unifier les divers villages autour d'une bannière commune qui ne demandait qu'un projet commun pour s'extérioriser, respirer, vivre ...

Ce projet, unanimement, avait été la revanche contre les humains. Cela était prévu pour demain.

Gwenariælle tourna les talons et redescendit la colline, pour rejoindre la plus grande armée elfique jamais rassemblée en cette forêt. Tous étaient prêts à célébrer cet anniversaire, celui où leur unité était née dans la mort d'un seul. Cela n'avait pas été très dur pour Gwenariælle de retrouver le mercenaire qui avait si bien lutté contre eux l'année passée et de le payer grassement pour le rallier à leur cause : Venerass n'avait pour passion que l'argent et était prêt à tout pour en gagner. Même à séduire la fille d'un riche suzerain, même à préparer des noces qui n'auraient jamais lieu !

Le lendemain, alors que la mariée serait amenée à l'autel et que les regards des humains se concentreraient sur la cathédrale, les armées elfiques convergeraient vers les murailles comme une vague de lave, mortelle et crépitante. La mariée serait morte avant que les premières flèches ne tuent les gardes de vigie. Dans la cité, chaque vie humaine serait soufflée comme la flamme d'une chandelle, fragile et futile. Ces terres seraient désormais celles des peuples elfiques unifiés et les forêts regagneraient leurs droits ancestraux

Demain serait un jour formidable !

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