Forum - Déchéance

Khorèn | 07/01/09 20:43

Un souffle, une respiration lente.

D'incalculables années avaient défilées ; moins nombreuses que les innombrables lunes...

Une toux grasse, une gorge encombrée de choses gluantes.

...Non pas que la science des chiffres lui avait échappé, non. Il fut marchand autrefois...

Le frottement d'un vêtement contre une flaque de boue.

...Mais les choses basculent très vite. Si vite qu'elles nous en donnent le tournis, et nous ramollissent l'esprit, au point qu'il ne devienne qu'une masse de graisse, tout juste bonne à guider les doigts vers le verre, de les enserrer autour du goulot, et de porter ce dernier jusqu'à une bouche continuellement desséchée...

-Dégage de là, sale chien ! Encore à traîner dans ma rue ! Tu vas tâter de mon gourdin !

Un bruit sourd, accompagné d'un gémissement plaintif.
Le mendigot se lève en titubant, sa bouteille lui échappe et se brise au sol. L'habitant hurle, ses épaules et son dos dégustent. Il se carapate, plié en deux jusqu'à ce que les cris ne soient plus qu'un souvenir cuisant.
Son regard terne se pose sur les passants et surtout les passantes. Sa main s'égare sur un fessier bien potelé, les paires de baffes lui éclatent le nez, apparemment elle était accompagnée...
Le bélître marche un peu. L'air iodé lui fera le plus grand bien. Les ordures urbaines ont laissé sur lui une odeur à faire mourir une elfette. Une dame bourgeoise parmi les badauds s'écroule en le croisant. Ce devait être une elfette...
Enfin, le port. Un sourire sot déforme son visage rongé par une barbe noir irrégulière. Sa dentition est chaotique, noire comme l'abysse des mers les plus profondes. Il est d'ailleurs assez d'accord là-dessus. Il les connaît bien les fonds marins, il fut navigateur...

Il renifle, un vrombissement de parois nasales écoeurant résonne, le quai est souillé de sa bile. Il rit étrangement, comme si ses cordes vocales étaient rouillées, puis il continu sa route, longeant les bateaux, ces derniers ballotant au gré des vagues, gigantesques, prêts à broyer tout inconscient qui oserait se frotter d'une peu trop près à leur coque grinçante.
Le chemineau chasse sa main dans ses cheveux noirs et sales qui lui bouchent la vue. Que va-t-il faire de sa journée ? Le vagabondage le pèse, la rue l'affame, et le froid le diminue.

Bientôt il ne sera plus. Quand, il ne le sait pas. Comment, il ne le sait pas non plus. Par qui est une question pertinente ; les crève-la-faim ont le don de s'égorger entre eux pour un quignon de pain sec ou une ou deux pièces de cuivre péniblement gagnées en faisant la manche.
Il soupire, et essuie d'un revers de manche poisseuse la larme que le vent glacial arrache au coin de son oeil vert émeraude. Marre du froid...

Il s'empresse de remonter la rue qui mène aux quartiers des affaires où trône une taverne favorisée par les Sieurs Conquérants de Daifen. Cékhu discutaille avec une mignonnette du bordel voisin en pause. Une aubaine ! Vite, il se faufile tel un crapaud jusqu'à la porte et entre. Victoire ! En plus, il fait chaud.

Edité par Khorèn le 07/01/09 à 20:49

Thibald Di Bograntsia | 07/01/09 23:25

J'aime bien.

Lancwen de Sigil | 08/01/09 09:22

Que font donc les marchands a laissé un des leurs dans pareille situation? L'or compte-t-il tellement à leurs yeux qu'ils en oublient leur confrère dans le besoin?

Hermes | 12/01/09 11:11

Hé bien, mon vieux Khorèn.

Qu'est ce qui se passe?
Tu n'es plus propriétaire de ton auberge? Elle ne te rapporte plus les deniers nécessaires à ta survie?
Si tu veux revenir nous voir, même juste pour boire un verre de schnaps, n'hésite pas

Hermès, poil aux ...