Forum - [RP Garde] Josh Elrik
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Sanaga | 11/01/09 15:46
[RP écrit par la dénommée Plume, Garde au moment des faits. Bonne lecture.]
Goldrov Arkim se tenait debout dans l'avenue principale, à quelques pieds du centre ville. Droit et fier comme une tour de cathédrale, flanqué de deux hommes lourdement armés, il jaugeait une imposante bâtisse d'un regard conspirateur. Intimidés par ses hommes de main, les badauds ne perdaient pas leur temps à le juger, ou à se poser des questions face à un regard si noir. Goldrov Arkim réfléchissait. Cette luxueuse auberge devant lui ne lui appartenait pas. Tout comme les deux autres, quelques rues plus loin. Lui aussi possédait des établissements similaires ; confortables, somptueux, princiers, même. Cet homme d'affaire n'avait rien à envier aux auberges bourgeoises concurrentes, et pourtant... Un homme l'incommodait, un seul. Un homme aussi influent que lui, à l'éloquence gênante ; bref, un rival sérieux. Josh Elrik. Un petit plaisantin sortit des bas-fonds de la rase campagne que la bonne fortune prit sous son aile. Il était de trop. Selon Messire Arkim, la ville n'était pas assez grande pour eux deux. Il devait disparaître.Mais le riche tenancier n'aimait pas faire les choses lui-même, ou encore que ses employés trempent dans quelques affaires douteuses.
Comme tous les notables de son espèce, il connaissait les bonnes adresses pour se débarrasser des importuns. Et surtout LA bonne adresse. Il avait besoin de professionnels, des meilleurs, il ne se contentait jamais de moins. C'était il y a bien des lunes, son plus fidèle et habile espion lui avait rapporté les mérites de la Garde. Le rupin ne voyait pas d'autres préférables assassins. Il sourit.
Il ne se tâchera pas les mains.
Sanaga | 11/01/09 15:46
Plume avait passé beaucoup de temps à l'observer. Ses manies bourgeoises et ses habitudes capricieuses l'exaspéraient. Encore un imbu de lui-même, certains ne savent pas se tenir. Mais peu importe. Ce soir, il rejoindra l'ultime jugement, si telle légende s'avère vraie. Ce soir, il lèguera sa fortune, ses biens et son commerce à qui de droit. Non. Elle n'allait pas priver des enfants de leur père, ou une femme de son mari. Car il n'en avait pas. Elle allait remplir une mission. Dans ce type tâche, les sentiments n'ont pas leur place. Elle le sait. Elle n'a pas le choix. Dans cette situation, les sentiments sont plus à craindre que les hommes de justice de la ville, et autres magistrats. Car ils sont éternels. Une peine de prison se purge, une condamnation à mort libère l'âme de sa prison charnelle, mais les remords et les regrets... sont les plus vils tortionnaires.
Plume connaissait ses habitudes. Elle l'avait longuement étudié, comme une bête qu'on traque jusqu'à ce que le moment opportun s'ouvre au chasseur. Assise sur un tonneau, vidé quelques heures plus tôt par d'expérimentés buveurs, elle attendait. Patiemment. Bientôt, les cloches sonneront, et il fera son apparition. Ses mains pourvues de mitaines noires étaient gelées. Elle rêvait de les réchauffer d'un nuage de buée formée avec sa bouche, mais l'unique lumière astrale suffirait à dévoiler ce nuage de vapeur sorti des ombres d'une venelle, et à trahir sa présence. Aucun bruit dans ce quartier bourgeois de la ville. Les bien-portants se couchaient tôt, à l'exception de notre homme.
Enfin le clocher de l'église tonna. Huit coups furent sonnés, le dernier résonna longuement dans les rues et avenues de la ville, jusqu'à se taire complètement. Quelques secondes s'écoulèrent, puis, des pas claquèrent contre les pavés. Plume retint son souffle, et se glissa à terre, quittant le tonneau qui lui servit de siège de fortune. Elle se plaqua contre le mur, dissimulée dans l'ombre, et observa les trois hommes qui venaient d'apparaître au coin de la rue. Trois humains, dont deux baraqués comme des trolls des montagnes. Les oreilles décollées, le visage anguleux, la mâchoire saillante, on aurait dit deux jumeaux. Une lueur orc brillait dans leur regard. Plus elle les observait, plus Plume se disait que leur mère devait être une peau verte, ou qu'elle s'était éprise pour une de ces bestioles.
Depuis qu'elle observait sa cible, ces deux lascars ne le quittaient pas. Il était sacrément bien gardé.
Le troisième homme faisait deux têtes de moins que les deux acolytes. La bedaine généreusement rebondie, des vêtements de soie amples aux couleurs vives, une moustache coincée entre son nez et sa bouche pincée, et une tignasse bouclée. De nombreux bijoux l'étouffaient, il avait plus de bagues que de doigts sur chaque main, et son cou - déjà incommodé par la graisse - disparaissait sous un amas de chaînes en or. Bref, il l'exaspérait.
Le gros bourgeois sortit une clé de bronze de sa large manche, et s'arrêta devant une porte joignant bois et fer forgé noir. L'écho d'un cliquetis bref retentit contre les murs des maisons voisines, et la porte s'ouvrit. L'homme d'affaire entra à la hâte, impatient de retrouver la chaleur de son foyer, mais les deux frères restèrent dehors. Une fois la porte fermée, ils se placèrent chacun d'un côté de la porte, l'encadrant de leur haute stature, et croisèrent les bras ; sans doute pour se donner un air impressionnant.
Sanaga | 11/01/09 15:47
Plume sourit. Le moment était venu. Elle sortit de l'ombre, le visage baissé, camouflé par son capuchon noir. Elle joignit ses mains, lui donnant une attitude pieuse, et marcha d'un pas lent en direction des deux gardes du corps. Ces derniers haussèrent un sourcil curieux en la remarquant, puis ils se regardèrent, se questionnant du regard. Ils n'avaient pas l'air de s'en faire pour cette petite silhouette à l'allure si frêle. « Encore une illuminée », pensèrent-ils.
-Dieu veille sur vous, mes braves... Dit Plume d'une petite voix craintive.
Un des gaillards ricana. Le peu de méfiance qu'ils avaient s'envola en une fraction de seconde. Alors que la silhouette avançait toujours vers eux, le second assura d'une vox grave :
-Ouais, ouais, on sait tout ça. Un rire moqueur secoua ses larges épaules, puis il reprit. Reste en arrière, ta foi ne saurait plaire à notre maître.
-J'aspire seulement à vous bénir, ô, illustres gardiens. Laissez-moi prier pour vous, je m'en irais aussitôt après, priant encore pour que votre âme trouve la paix éternelle.
Les deux gardes levèrent les yeux au ciel et haussèrent les épaules d'indifférence. Ils devaient rester ici toute la nuit, jusqu'à ce que la deuxième équipe arrive, et ils n'avaient rien à faire, alors pourquoi pas.
Plume s'était plantée face au premier humain, et leva une main vers son front, deux doigts mis en évidence, signe de bénédiction. Mais elle stoppa son geste à mi-chemin et saisit l'homme par la gorge, avant de mener sa deuxième main armée d'une dague vers sa carotide. Son complice fit un pas en arrière, sous la surprise. Il resta hébété un bon moment sous le choc, avant de retrouver ses esprits et agripper la poignée de son épée. Son frère s'écroula sur les pavés quand il dégaina. Plume vit volte face et fixa sa deuxième proie qui brandit son épée au dessus de sa tête avec un cri rageur, près à frapper. Plume plongea. La lame fendit l'air dans son dos, la ratant de peu, sa dague s'enfonça entre les côtes de l'homme qui pencha dangereusement sur le côté. La silhouette noire dégagea sa lame et lui asséna un coup fatal sur la nuque. Le deuxième garde du corps s'effondra, le nez plongé dans son propre sang. Plume rangea sa lame et resta immobile, attentive. L'escarmouche fut brève. Aucun bruit de pas précipités ne se faisait entendre, ni dans la maison, ni dans les rues adjacentes. Certaine de la quiétude des lieux, Plume saisit un à un les hommes par les aisselles et les emporta dans une ruelle déserte et étroite, fleurant bon la poubelle des beaux quartiers. Puis, elle s'affaira à faire disparaître les traînées de sang avec de l'eau et du crottin de cheval, ce dernier soigneusement entassé dans un coin, attendant d'être débarrassé dans les quartiers pauvres.
Enfin, la dernière trace de sang disparut.
La silhouette noire dressa une oreille, mais elle ne perçut que le silence de la nuit. La cloche de l'église sonna un coup au loin. Une demi-heure s'était écoulée.
Plume s'approcha de la porte de bois et de fer forgé, tourna la poignée, et poussa le battant avec prudence. Personne dans l'entrée faiblement éclairée par quelques bougies. L'Ombre s'infiltra et ferma la porte en silence. Un couloir s'étirait devant elle. Les murs de pierre froide étaient recouverts de tableaux, tâchés de visages sévères. Quelques mètres plus loin, sur la droite, le rayonnement d'un feu de cheminée se laissait deviner, caressant les dalles du sol de sa couleur chaleureuse. Plume s'avança, à pas feutré, non pas vers cette pièce à droite, mais vers l'escalier qui menait à l'étage, au bout du corridor. Plume jeta un coup d'oeil furtif dans la salle à la cheminée en passant devant. Comme elle l'espérait, le gros bourgeois était toujours attablé, dos à elle, face à l'immense cheminée, encadrée par deux servantes - encore des gamines - qui fixaient le sol d'un air apeuré, soumises.
Plume monta les marches à pas feutrés. Elle ouvrit la porte qui lui barrait le chemin, et pénétra dans un couloir large, dont la seule source de lumière venait des torches fixées aux murs, à intervalles réguliers. Deux portes. Une à droite, une à gauche. Plume voulu ouvrir celle de droite, mais cette dernière résista, fermée à clé. « Sans doute son bureau », pensa l'Ombre. Elle se détourna, et ouvrit la porte de gauche qui céda facilement, offrant à Plume la vue d'une vaste pièce meublée d'un lit double à baldaquin, de trois armoires, d'un grand tapis tissé de grande qualité et de plusieurs chiffonniers. Sa chambre. C'est ici qu'elle l'attendrait. Alors qu'elle refermait la porte derrière elle, elle sentit un mouvement dans un coin de la pièce. Elle se retourna vivement, la dague au clair. Un être à genoux, plié en deux attira son attention. Recroquevillé dans le coin le plus sombre de la pièce, l'homme avait un bandeau crasseux sur les yeux, et n'était habillé que d'un pagne en toile grossière, tâchée à maints endroits. Il était affreusement maigre, et malgré l'évidence de son jeune âge, son visage était méchamment marqué. Méfiante, Plume fit quelques pas dans sa direction, son arme serrée dans son poing. Le gamin releva la tête, hagard, et chercha la provenance des bruits de pas en ballotant mollement sa tête de haut en bas, de droite à gauche. Il bredouilla :
-M... Maître ? C'est vous ?
Il gémit, et se ratatina un peu plus sur lui-même, tremblant.
-Pitié, Maître, continua-t-il, j'ai été sage et obéissant, pitié, épargnez moi...
Sa plainte fut étouffée par la main de Plume qui se plaqua sur sa bouche. Il tenta de crier sourdement sous la surprise, mais se calma rapidement, comme craignant les conséquences de ce cri. Plume dressa une oreille. Un calme plat régnait dans la maison. Elle fixa l'esclave et murmura à son oreille :
-Silence, et ta vie sera sauve. Le garçon tenta de parler, mais seul un bégayement étouffé naquit de sa bouche. Tais-toi et écoute. Tu n'étais pas censé te trouver sur mon chemin. Ton maître va partir. Loin, très loin. Et tu seras libéré de ta souffrance. Mais il y a un prix à payer pour cela : Ton silence. Tu ne m'as jamais vu, jamais entendu, ni senti. Je vais te raconter une histoire...
Ainsi Plume conta au gosse squelettique une histoire qu'il retint parfaitement. Lorsqu'elle le relâcha et se releva, il resta immobile, callé contre le mur glacé. La silhouette noire alla se placer derrière la porte de la chambre et attendit. Le temps passa...
Sanaga | 11/01/09 15:48
Au loin, neuf coups de cloche sonnèrent. Des pas lourds malmenèrent les escaliers grinçants, continuèrent dans le couloir, et la porte s'ouvrit. Le gros bourgeois entra dans sa chambre avec un soupir, essoufflé et rougeaud. Il ferma la porte du pied sans se retourner. Plume bondit.
Le notable ébranla le sol en tombant. Sa masse s'étala sur le tapis. Cette fois, Plume prit soin de ne pas tâcher le sol avec le sang de ce porc. L'esclave n'avait pas bougé. La silhouette noire enjamba le cadavre aux yeux exorbités d'horreur, et se dirigea vers une fenêtre qu'elle ouvrit. Un coup d'oeil en contrebas lui assura que l'arrière-cour était déserte. Avec toutes les peines du monde, elle hissa l'amas de graisse mort, et le balança par la fenêtre. Puis, elle ouvrit une armoire au hasard et en sortit quelques vêtements au hasard, qu'elle balança également au dehors. Le gamin en pagne écoutait ce qu'il ne pouvait voir, restant soigneusement dans son coin, les bras autour de ses genoux remontés. Plume sortit une carte de sa poche ainsi qu'un bout de charbon, et dessina une croix sur la route la plus reculée du plan... Quelle laissa dépasser d'un tiroir mal fermé. Ses pas la menèrent ensuite vers l'être aux yeux bandés.
-Tu te souviens de tout ce que je t'ai dis ?
-Oui.
-Comment je m'appelle ?
-Tu n'existes pas.
Plume sourit.
-Bonne chance, petit.
**
Le lendemain matin, les habitants de la ville reprirent leurs nombreuses activités, après une pause nocturne. Les premières rumeurs de la journée concernaient le riche propriétaire de trois grandes auberges luxueuses au centre de la ville, Messire Josh Elrik. Ses servantes avaient trouvé sa chambre vide aux premières lueurs de l'aube, son lit n'était pas défait, et lorsqu'elles questionnèrent son esclave sexuel, ce dernier affirma qu'il était passé en coup de vent récupérer quelques affaires dans son armoire, avant de repartir. Trois chevaux avaient disparu de l'écurie, ainsi que deux de ses gardes du corps. Certaines denrées avaient déserté les cuisines. Une carte avait été retrouvée dans un tiroir de sa chambre. Sieur Elrik avait quitté la ville dans la nuit, direction la route de l'est...
Assise sur une souche pourrie, quelque part à plusieurs lieues de la ville, Plume observait un tas de cendre fumant. Trois chevaux broutaient sereinement l'herbe de la praire, non loin. Elle soupira. La nuit fut longue, mais elle avait réussit. Un petit sourire victorieux naquit sur ses lèvres. Elle se leva, et s'étira longuement. Une bonne chose de faite. Abandonnant les chevaux à leur nouvelle liberté, elle s'éloigna en sifflotant, les mains dans les fouilles.
La Garde.
