Forum - La nouvelle voix partie 9

Lancwen de Sigil | 13/01/09 17:05

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« Ses chairs mortes me révulsent, elle est un affront à nos convictions, nous aurions du la laisser geler dans la montagne! »
La voix tonne dans la hutte, l'orateur est grand et musclé, ses naseaux fulminent sous l'émotion. Ses longues cornes sont parfaitement symétriques lui conférant un air martial qui se prête au personnage.
« Malkar, ne sens-tu pas le lien que cette femme a eu jadis avec nous?
-- Tu fais bien de préciser jadis, maintenant elle n'est plus qu'une aberration qui pollue notre terre Jusiak.
-- Elle n'est pas perdue à notre cause, la Chimère l'a appelée à elle, l'espoir est là. Nous ne devons pas laisser cette opportunité passer.
-- Même si cela passe par mêler notre sang au sien ? »
Une voix féminine venait de s'élever de l'entrée de la hutte, la femme avait la démarche féline, la voix douce et assurée, d'un calme apaisant, le pelage d'un noir de jais et les yeux jaunes brillants.

La Matriarche ne se rappelait de rien, les longs jours qui avaient précédé étaient comme perdus

Le vieux la regardait avec une pointe d'affection non feinte, lui rappelait elle une de ses filles ou une disciple qu'il avait formé dans un temps reculé, elle n'en savait rien. Néanmoins, elle reconnaissait que son soutien était primordial dans ses relations avec ces primotaures, elle avait remarqué les airs dégouttés que prenaient certains à sa vue.
« Et bien Dame Lancwen, à quoi pensez-vous donc? Vous semblez préoccupée. »
Ce personnage était fort perspicace et le respect dont faisait preuve les autres envers lui en disait long sur lui.
« Je m'interrogeais sur votre peuple, son mode vie, ses coutumes.
-- Votre curiosité ne sera, je le crains, pas assouvie lors de votre séjour parmi nous, nous ne sommes pas encore prêt à réapparaître sur Daifen.
-- Si votre existence ne doit pas être divulguée et que vous ne comptez pas me garder prisonnière ici, je comprends mal la raison de mon sauvetage.
-- Notre Terre a parfois des requêtes dont les aboutissant nous échappent, nous avons répondu à son appel, non comme des esclaves aveugles mais comme des hommes en quête de réponse. Nous avons tous questionné son choix mais sa sagesse prévaut sur nos sentiments.
-- Mais pourtant vous me soutenez?
-- J'ai peut être la naïveté de croire que votre apparence cache des choses. D'ailleurs vous ne vous nourrissez pas de sang, c'est peu commun chez les vampires.
-- Qu'en savez vous? Je pourrai très bien vous sauter à la gorge sur l'instant et vous vider de votre précieux liquide.
-- Vous l'auriez déjà fait depuis longtemps et votre soif aurait été si palpable que toute mon influence n'aurait pu vous affranchir d'une exécution en bonne et due forme par écartèlement.
-- Une éventualité qui ne me sied guère en effet.
-- Mais asseyions-nous un instant sur ce banc de chêne, mes vieilles jambes sont fatiguées.
-- Bien sur. »
Lancwen aida le vieux chat à prendre place sur le tapis de mousse qui couvrait le bois certainement centenaire. Son toucher était doux et moelleux et Lancwen hésita à rejoindre le maître de peur d'altérer cette symbiose végétale.
« Voyons, ma jeune amie, prenez place à mes cotés, n'ayez pas peur, ce banc résistera bien à vos fessiers. Dit-il avec un air espiègle.
-- Ça a l'air si fragile pourtant.
-- Essayez donc d'arracher un peu de mousse, allez-y. »
La vampire ferma sa main sur un gros bloc de matière spongieuse qu'elle commença à tirer. La matière s'étira d'abord mollement puis se rigidifia avant que Lancwen ne lâche prise subitement avec un cri de surprise.
« Comment est ce possible? Regardez! »
La matriarche montra sa paume ou apparaissait quelques cloques et rougeurs.
Le chat sourit avec satisfaction.
« Tout ce que nous créons vit avec nous, grandit avec nous, se défend comme nous contre les agressions. Toutes nos constructions réagissent ainsi. »

Et les jours et les découvertes se succédèrent ainsi...

Lancwen de Sigil | 13/01/09 17:13

Lancwen errait dans le dédale depuis quelques heures, de longues heures passées à marcher sur le sol rocailleux vers le nord, enfin c'était ce qu'elle espérait, rien n'indiquait clairement sa position.
Elle se rappelait encore les dernières paroles du vieux sage félin.
« Traverse le labyrinthe, déjoue les pièges et le sang qui t'a été prêté te sera confié pour l'éternité et tu seras des nôtres ma fille. »
Ce passage était clair, elle s'en rappelait comme si le chat venait de le lui dire, pour le reste, tout était flou, des bribes d'images refaisaient surface de temps à autre. Elle se souvenait de la morsure du froid malgré sa non vie sur les pentes enneigées de Yétidhil, du moment où l'ersatz de sang de Maalgarth ne pourrait plus la porter plus loin, vidé de son énergie comme une bougie restée allumée trop longtemps. Après cela, le noir avait remplacé la blancheur de la neige, le noir de l'évanouissement, le noir de la mort.
Mais le noir avait été remplacé lui aussi par le vert, celui d'une foret luxuriante entourée de cimes et la chance lui avait sourie.
Maintenant, elle devait atteindre la sortie de ce labyrinthe tout en résolvant les énigmes de deux énergumènes qui lui étaient déjà apparus par deux fois.
La première énigme fut assez simple à trouver, les résidents devaient être joueur, dans cet univers grisâtre la moindre couleur resurgissait tel un poireau sur le nez d'une sorcière. Et la veine de turquoise parcourant un couloir du labyrinthe répondait parfaitement aux critères.
Au fur et à mesure que la vampire suivait la nervure, un grondement s'amplifiait presque à en devenir assourdissant.
Marchant ainsi quelques minutes, Lancwen finit par déboucher sur un cul de sac. Elle se demanda d'abord si elle n'a pas raté une bifurcation mais deux éléments attirèrent son regard. Au centre de la salle se dressait une sorte d'autel rond formé d'un socle de granit surplombé d'une roue en bois parallèle au sol. Au centre de l'autel était creusé un trou d'environ deux pieds de diamètre. La roue semblait léviter à quelques pouces de la roche certainement mue par une quelconque magie.
Lancwen décida de laisser cet étrange assemblage pour se consacrer au deuxième élément de la pièce, le plus ressemblant à une sortie à son avis. Une sorte de fenêtre était creusée dans le fond de la salle, le grondement provenait sans aucun doute de cette ouverture. Bien trop haute pour s'y agripper une échelle creusée à même la pierre permettait de la rejoindre.
Il ne fallut pas longtemps pour que la vampire passe sa tête par l'ouverture pour découvrir un spectacle terrible et grandiose. Une chute d'eau majestueuse déversait sa puissance dans un gouffre béant, le vacarme était assourdissant. Un haut panache de brume s'élevait loin au dessus de la surface attestant de la force des flots qui se jetaient ici.
En périphérie de sa vision, elle aperçut une forme se débattre dans l'eau, pauvre être ballotté par les flots, Lancwen ne donnait pas cher de sa peau dans de tels tourbillons. Puis, la vampire ressentit une présence diffuse mais reconnaissable entre mille, une présence qui lui avait fait quitter ses frères de race, la présence de la Chimère et là elle reconnut la petite chose qui luttait pour sa survie, nageant vers une île non loin. Elle cria de toute sa voix :
« CHIMERA !!!!! »
Mais ce cri de désespoir à la vue d'une amie en danger de mort se perdit dans le grondement des flots.
Une rage commença à monter en Lancwen, elle était incapable d'aider son amie tant et si bien qu'elle finit par sauter en bas de l'échelle ne pouvant possiblement pas regarder ce spectacle macabre.
Elle s'approcha de l'autel, bouillonnant intérieurement, et poussa la roue d'un geste brusque défoulant ainsi son énergie inutile. La roue tourna un moment alors que Lancwen faisait les cent pas afin de décider de sa prochaine action, puis, dans un grincement de porte de cimetière, elle s'arrêta net.
Une voix masculine s'éleva dans la pièce.
« Votre destination est choisie, veuillez vous préparer au départ. »
La vampire jeta un regard inquiet autour d'elle, se demandant bien d'où provenait cette voix et, soudain, tout devint flou....
La matriarche rêve allongée à même la pierre glacée, ses pensées sont tournées vers Yétidhil.
Elle se revoit parcourant la vallée encaissée, soutenant le bras du vieux chat plein de sagesse. 'Chat' est le seul qualificatif qu'elle trouve pour cet humanoïde au visage félin.
Les fruits poussent ici en abondance, les oranges, les citrons et d'étranges légumes à forme oblong parsemaient les champs irrigués.
Non loin, une cascade d'eau issue des glaciers alentours alimentait un large bassin permettant l'irrigation des plantations.
Se rapprochant d'un petit canal, la vampire se pencha mettant ses mains en forme de coupelle pour recueillir le précieux liquide et s'en aspergea le visage.

« Vous croyez que c'est une bonne idée de lui envoyer ce verre d'eau à la figure?
-- Vous avez une meilleure solution? En tout cas, ne comptez pas sur moi pour lui mettre des gifles.
-- Cirth, nous devons la réveiller! »

Les deux elfes se tenaient face à la matriarche dans la tour majestueuse de la citadelle de Drazankhar. L'arrivée de la vampire sur Certadhil était encore une énigme pour les deux compagnons mais ils l'avaient retrouvée dans la salle, installée dans son fauteuil de velours pourpre, les mains sur les accoudoirs en forme de bélier, pareille aux temps anciens où elle présidait le Coven, droite comme un i, le visage fermé. Néanmoins, elle n'avait pas bougé depuis leur venue et cela commençait à les inquiéter. La dernière fois qu'ils avaient eu des nouvelles de leur maîtresse, elle recherchait le Yeti afin de sauver sa non vie. Elle leur avait demandé de retourner sur Certadhil pour l'attendre, ils avaient accepté la mort dans l'âme sachant qu'ils ne la reverraient peut être jamais.
Maintenant, ils devaient décider si elle était encore parmi eux à défaut d'être en vie. Gaerdem avait suggéré que si la matriarche possédait encore un corps elle devait toujours être en vie mais rien n'était sur. Comment savoir sans pouls, sans chaleur, sans respiration, sans mouvement, sans parole.
Cirth remplit de nouveau un verre d'eau pour renouveler l'expérience...

Lancwen sortait de son brouillard, la sensation d'eau sur son visage était bien trop réaliste pour faire partie de son rêve. La voix résonna de nouveau de son esprit :
Certadhil, premier arrêt, les voyageurs sont invités à suivre leur destinée...
Elle ouvrit les yeux et agit par réflexe lorsqu'elle vit un individu penché sur elle, elle attrapa l'homme à la gorge et l'écrasa sur la table devant elle...

Cirth eut un vague sentiment de déjà vu lorsque Lancwen le saisit, il n'avait par contre jamais vu la table d'aussi près.
« Dame Lancwen! Arrêtez, c'est Cirth! Vous êtes sur Certadhil!
-- Gaerdem? » Dit Lancwen en reprenant ses esprits et en desserrant l'étreinte du cou de Cirth.
Mais déjà, elle n'écoutait plus son général, une sensation que seul un vampire pouvait ressentir commença à monter en elle, elle se leva et se dirigea vers les vitraux donnant vers le sud. Elle n'eut qu'une parole.

« Morrdred... »

Sanaga | 14/01/09 15:08

Récits attachants. Une question subsiste toutefois: Quel était donc ce fameux morceau qui aurait inspiré le 8ème fragment de cette histoire?

Edité par Sanaga le 14/01/09 à 15:08

Lancwen de Sigil | 15/01/09 14:53

Pour les curieux, la réponse est
Ambeon Cold Metal :

J'ai traduit une partie des paroles car je pensais qu'elles collaient bien à la situation même si le sujet de la chanson n'a rien à voir. Je vous laisse le découvrir par vous même

Edité par Lancwen de Sigil le 15/01/09 à 15:20