Forum - [RP "Les écrits restent"] Mÿn

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Duc De L'uto | 16/01/09 11:18

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... étaient morts. Pendant la bataille, les sons nous assaillent. Le fer, les cris, les martellements. Le silence qui suit est un sacré silence. Comme un silence sacré. Même les corbeaux ferment leur bec. Ce silence, c'est la mort qui parle. Qui chuchote à notre oreille. Et moi, seul, me rendant compte que je suis assis sur un homme dont il manque la moitié du visage, mon épée plantée en face de moi, comme pour me rappeler que j'ai participé, je l'entends, la mort. Je l'ai semée, encore une fois. Et ce silence qui dure...
...

Le Duc plia soigneusement le bout de papier et le rangea dans une poche. Il était assit sur un petit rocher, au beau milieu d'une forêt dense et d'un vert sombre, mousseuse, laissant peu de places aux rares rayons du soleil. Il se releva, s'étira et récupéra son bâton avant de reprendre sa marche. Il avança vers le Nord, puis continua de son instinct quand la piste eut disparue. La nuit tomba vite, et avec elle le froid.

Il s'était arrêté, avait préparé sa couche et un semblant de feu quand Mÿn sauta de sa branche. Le Duc avait déjà la main sur son marteau, par pur réflexe, et se retournait lentement, dans le bruissement métallique de son casque intégral. En face de lui, un elfe. Un bel elfe. Grand, élancé, fin, pâle, fier. Habillé de vert et de brun, botté comme un vagabond, armé comme un brigand. Il se tenait bien droit, une main agrippant sa ceinture, l'autre bras longeant une belle lance d'ivoire.
Le Duc se retourna complètement, jeta un bref coup d'oeil aux alentours.

« Nous sommes seuls, Messire. »

Il l'avait senti, malgré le casque, malgré le visage de marbre, en dessous. Il avait su que le Duc sondait. Il avait capté son attention sans rien voir de lui.

« Pour votre malheur, d'ailleurs. Remarque, tout dépend de votre volonté à vous délaisser de vos quelques fortunes. »

Il y eu un drôle de silence, comme un blanc, comme si chacun pensait que l'autre se devait de répondre. Ce fut le Duc qui prit finalement la parole, d'un ton presque surpris.

« Alors vous n'êtes qu'un bandit ?

-Brigand. Je préfère l'appellation brigand. Brigander. Le brigandage. Tout ça.

-Comme vous voulez. Je n'ai pas d'argent.

-Comprenez qu'il me faudrait une preuve. Ou une compensation.

-Votre crâne et son contenu répandus dans l'herbe, ça irait, comme compensation ?

-J'aime votre philosophie, mais hélas elle ne m'enrichit pas. »

Mÿn s'avança, et sa lance partit comme un envol d'oiseau. Le marteau bloqua, et l'elfe, surprit de la vélocité du nain, recula finalement pour revenir à sa place initiale.

« Vous n'êtes pas n'importe qui hein ?

-Non. Je suis le Duc de l'Uto.

-Mÿn, enchanté. »

Ils restèrent quelques minutes à s'observer. Et ce fut à Mÿn de briser le silence, d'un fou rire qui se propagea jusqu'au Duc. Il en fut le premier étonné. Il se laissa rire gaiement, franchement, jusqu'à ce que les larmes l'empêchent de voir à travers le casque. Il se réinstalla près du feu qu'il alimenta.

« Asseyez-vous un moment. Ce n'est pas ce soir que vous vous enrichirez.

-Je ne crois pas en effet. »

...
Je me suis déjà surpris à contempler une arme. La contemplation, la vraie. La même que pour une belle femme ou une oeuvre d'art. Une épée, une flèche, une masse ; en y regardant de plus près, n'est-ce pas magnifique ? Les armes sont des objets tout aussi travaillés que ceux du quotidien, voire plus. Les armes sont les jouets que les Dieux ont donnés aux hommes, disait un ancien caporal. Ce n'est pas totalement faux. Adorons nos jouets, les amis, car nous dépendons le plus souvent d'eux.
...

« Qui a écrit ce passage ?

-Aucune idée. Je le piste.

-Pourquoi ?

-Aucune idée. »

Mÿn relu plusieurs extraits.

« Je vais vous aider.

-Je préfère être seul. C'est déjà surprenant que je ne vous ai pas tué.

-Vous n'avez pas compris, Duc. Vous n'avez pas le choix. »

Edité par Duc De L'uto le 16/01/09 à 11:20

Celimbrimbor | 18/01/09 13:39

Une rencontre intéressante et bien narrée, à tout le moins.

J'aimerais rencontrer ce Mÿn, un jour...

Baramir d'Eckmöl | 18/01/09 14:25

Franchement, je préfère carrément quand il n'y a pas de bouillit de cerveau. Les textes sont toujours aussi magnifique.:)
Bonne continuation pour la suite.

--
Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia

Duc De L'uto | 20/02/09 21:06

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Je me demande si je dois m'en vouloir d'avoir plus pleuré la mort du soudard qui me servait de compagnon de cohorte que celle de mon propre frère. Je n'ai toujours pas la réponse à cette question.
...

Mÿn sauta de sa branche pour en atteindre une autre. Cet elfe était un vrai singe. Changer de position à vingt mètres de hauteurs semblait pour lui plus aisé que de marcher sur la terre ferme. Le Duc le suivait, au sol et à son allure habituelle -lente, pesante- en le surveillant du coin de l'oeil. Il n'avait rien d'hostile, rien d'inquiétant, malgré cette longue lance ivoire et cette façon experte de la manier. Jamais auparavant un être n'avait inspiré autant de quiétude au Duc. Mÿn n'inspirait pourtant pas vraiment confiance. C'était juste comme un pacte implicite. C'est cela. Mÿn était un homme de parole, même si cette parole n'avait pas été donnée oralement. Et le Duc, étrangement, jouait le jeu.

« Vous êtes sûr qu'il partait dans cette direction, votre bonhomme ?
-Aucune idée, j'ai perdu sa piste il y a deux jours déjà.
-Aha. Je me disais aussi que je guettais ses traces pour rien.
-Je me fie à mon instinct. Et a ces bouts de papier. Je finirais bien par le trouver, je le sens. »

Mÿn se suspendit par les bras à sa branche, paraissant la plus légère des plumes, puis se laissa glisser contre le tronc, évitant les branches en découlant. Il se lâcha à quelques mètres du sol pour s'y poser sobrement.

« Vous êtes quoi, une espèce de forestier ?
-Je vous ai dis que j'étais brigand.
-Vous ne pouvez pas être un brigand terrestre ?
-Si. Mais c'est moins classe.
-Hm.
-Ca joue, la classe, quand on veut impressionner le pigeon moyen. »

Cet elfe était en train de lui dire qu'il voulait impressionner par ses acrobaties volatiles et non pas par son arme. Pourquoi faire simple si l'on peut faire compliquer, pensa le Duc, qui trouvait ça aussi amusant que stupide.
Ils continuèrent à suivre leur piste imaginaire pendant toute la journée.

...
Aujourd'hui j'ai tué un fermier et ses deux fils, des innocents, de sang froid. Avant-hier, j'ai raté un violeur avec mon arc. La vie est mal faite.
...

Leur campement se résuma à un petit feu avec lequel le Duc joua longuement et leurs capes étalées sur les racines et la mousse. Mÿn chassa et ils mangèrent en silence.

« Duc, vous n'êtes pas quelqu'un de super gentil, hein ?
-Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
-Une intuition.
-Et qu'est-ce que ça peut vous faire ?
-J'sais pas. Moi par exemple les gens me disent gentil. Alors que je suis un brigand. On vous dit quoi vous ?
-Je n'en sais rien. Et je m'en fous pas mal. Je suppose qu'on me dit méchant.
-Prenez mon exemple et méfiez-vous. Les gens disent n'importe quoi. »

Le Duc déplia un bout de parchemin sortit d'une poche et le lut avant de s'endormir.

...
La réputation est dure à obtenir. Et une fois acquise, on se rend compte que c'est rarement celle qu'on visait au départ. C'est pour ça, en partie, que je suis mercenaire. Nous n'avons pas de réelle image, et s'il arrive que ce soit le cas, cette dernière est éphémère. Le bien, le mal, cela n'existe pas, quand notre vie est dictée par les envies des autres. Et leur porte-monnaie.
...

Edité par Duc De L'uto le 20/02/09 à 21:06

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