Forum - Honneurdhil et les Trolls
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Eigoel Nahb | 16/02/09 19:03
- Info, travel et bonne bouffe -
Honneurdhil, Lune 815.
Eigoel n'avait pas grand-chose à faire, ce jour là. Ses réunions de la journée étaient passées, ses intendants n'avaient plus aucun souci à lui exposer, et tous les papelards administratifs étaient à jour. Nous étions en fin de journée, et le soleil entamait sa lente chute vers l'horizon. Epuisée par cette journée bien chargée, la jeune femme errait dans la cour intérieure de sa forteresse. Les hauts remparts empêchaient la clarté de l'astre rayonnant d'arriver jusqu'au carré d'herbe que l'humaine piétinait, mais peu importait. Le paysage ne l'intéressait guère. A ce moment précis, elle n'aspirait qu'à prendre l'air et à rester un instant en paix. Elle allait s'asseoir sur un banc en pierre lorsqu'un cri la fit sursauter :
-DAME NAHB ! DAME NAHB !
-Damoiselle ! Et arrête de crier, tu me fatigues !
-Dame Nahb ! Je suis porteur d'une bien triste nouvelle. Nous allons TOUS MOURIR !!! 
Lui, c'était Gribouille. Un espion qu'Eigoel payait une misère sans que jamais l'intéressé ne se soit plaint. C'était un sacré froussard. Il faisait du bon boulot, certes, ses rapports étaient complets et réguliers, mais son attitude de péteux avait le don d'exaspérer l'humaine, qui avait prit pour habitude de lui envoyer un coup de poing sur le nez pour calmer son excentricité. Comme ce jour là.
PAAFF !!
-Du calme ! Quelle est cette nouvelle ? Reprit Eigoel.
-Les trolls du désert... Dit Gribouille en se tenant le nez. Ils sont à la frontière, on me rapporte qu'il piétinent nos cultures et terrorisent nos gens. C'est une CATASTROPHE !!! 
PAF, PAF, PAAAFF ! 
-Arrête de gueuler ! Que veulent-il ?
-Ils refusent de parler tant que vous ne serez pas venue les voir. Expliqua l'espion en se tenant le nez ET l'arcade. Ils ont juste dit que le pacte ne leur convenait plus.
-Très bien. Je me mets en route sur le champ. Toi, va à l'infirmerie, et ne tâche pas le sol avec ton sang !
Ainsi les trolls ne considéraient plus le pacte établit. Pourtant, ils avaient l'air de l'apprécier, une soixantaine de lunes auparavant. Tout était simple : Eigoel leur laissait leurs terres au sud en échange d'une paix mutuelle, et de quelques échanges commerciaux. Pourquoi voulaient-il changer tout à coup ?
L'humaine rassembla son équipe. Gribouille l'accompagnerait. La frontière était à plusieurs lieues, et la nuit tombante força Eigoel et sa petite équipée à partir le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil et un quart de boeuf chacun.
Quelques heures plus tard, lorsque le soleil pointa à l'est, Eigoel et ses hommes étaient en selle. Ils s'étaient levés tôt pour arriver au plus vite chez les trolls. Les bagages bouclés et les cheveux peignés, l'expédition pu commencer.
Ils galopèrent longuement avant de faire ralentir leurs montures au bord de l'épuisement. Les heures défilèrent, tout le monde s'embêtait sur sa selle, le trajet était ennuyeux.
Enfin, ils perçurent du mouvement au loin. Ils devaient être à moins d'une lieue de la frontière. Gribouille tremblotait comme une feuille sur sa selle. Il se retenait de ne pas hurler au suicide.
Quelques minutes plus tard, l'agitation devinée s'avérait être en fait un véritable capharnaüm. Les champs de fruits secs étaient totalement ravagés ; les habitations des paysans tombaient en lambeaux. Plusieurs jeunes trolls s'amusaient à tirer les tresses des pécores effrayées tant dit que leurs aînés creusaient pour déterrer chaque plan de chanvre.
Abasourdie, Eigoel fit signe au convoi de s'arrêter, et descendit de cheval. Elle s'approcha des trolls à grands pas, et réussit à choper un jeune par l'oreille.
-Tu vas me faire le plaisir d'aller chercher les miches de ton salopiot de chef avant que je ne t'arrache l'oreille !
Le jeune troll gémit, se dégagea, et s'éloigna en courant. Ses aînés fixaient Eigoel et son escorte les bras ballants ; les jeunes avaient cessés de courir, curieux.
Au bout d'une heure seulement, le jeune revint, suivit de son chef. C'était un grand troll à la peau anciennement bleue, rougie par le soleil, violette quoi. L'humaine se leva, la bouche pleine - elle et son cortège en avaient profité pour casser la graine - et salua Trollinouchon -car c'était son nom - d'une poignée de main.
-Hum, vous kassé la kroûûûûte ? Dit-il en lorgnant la nappe sur le sol, constellée de mets appétissants... et froids.
-Ouaip, un bout de calendos te tenterait-il ?
-Ce n'est pas de refuuuuus ! Acquiesça le leader avec un sourire sincère, mais laid.
Ils se gavèrent pendant une bonne demi-heure encore, entourés de quelques trolls qui les observaient l'eau à la bouche. Amplement rassasiée, Eigoel finit sa coupette de pif, et décida d'entamer le sujet de sa visite.
-Bon. Tu n'es pas sans savoir que tu déshonores notre pacte. N'est-ce pas, Trollinouchon ?
-Ça est vrai, ça est vrai, mais j'ai de bonnes raisons. Répliqua le chef.
-Je serais ravie de les entendre. Avoua l'humaine.
-Komen dire... Il se délecta d'une bouchée de tartine à la morue, mâcha pensivement, puis reprit. Nous konésson une kroissance démographique importante. Donk il nous faut plus de territoire. Nous karessons l'idée de nous installer ici.
-Si tu possèdes encore une Terre, c'est parce que je l'ai bien voulu ! Objecta Nahb. Contente-toi de ce que tu as, et accouplez-vous moins souvent.
-Je peux pas kontrôler les ardeurs de mon peuple. Roucoula Trollinouchon. Son regard changea et devint plus dur. Rekule la frontière ou c'est la guerre !
Gribouille s'évanouit. Eigoel réfléchit. Elle fixa un long moment le chef adverse, qui ne la quittait pas des yeux également. Elle se leva, ordonna à ses hommes de ramasser leur pique-nique et de monter les tentes pour la nuit.
-Je vais réfléchir...
Edité par Eigoel Nahb le 16/02/09 à 19:16
Eigoel Nahb | 16/02/09 19:17
Le lendemain matin, le soleil était à peine levé qu'une chaleur étouffante envahissait les toiles de tente. Honneurdhil ne connaissait pas les saisons, surtout dans le sud, le désert en témoignait.
Lorsque tous furent réveillés, Eigoel rejoignit Trollinouchon qui n'avait pas bougé depuis la vieille. Il mâchouillait nonchalamment un bout de viande séché, coincé entre deux tranches de pâte d'amende.
-Salut, Troll' !
-Koukou. Alors, tu as réfléchit ? La guerre ou tes Terres ? Demanda la peau violette en levant la tête, alouette.
-Aucun des deux.
-Koi ? Mais...
-Je te fais une proposition, écoute-moi bien. Coupa Eigoel. On joue mon territoire sud... Au papy-ball.
-Au papy-ball ? Répéta Trollinouchon, incrédule.
-Oui. Tes trolls contre mon équipe. Celui qui remporte la partie gagne les terres que tu demandes.
-Pourkoi ça et pas guerre ?
-Parce que je ne veux pas faire couler le sang des Honneurdhiliens. Ni de tes trolls.
-Ça se tient... D'akkord !
Eigoel sourit. Ils se serrèrent la pogne, convinrent la rencontre deux jours plus tard, et le chef adverse retourna dans son royaume, suivit de ses sujets qui laissèrent en plan champs dévastés et minettes apeurées.
Il n'y avait plus de temps à perdre. La jeune femme retourna dans sa tente... Avant d'en ressortir rouge comme une tomate, armée d'un parchemin, d'une plume et d'une bouteille d'encre. La missive fut vite rédigée, et envoyée à d'Orcan'rah Surk, capitaine de l'équipe occidentale jaune de pay-ball, où Eigoel assurait le poste d'attaquante. Cette partie s'annonçait rude, mais très intéressante...
Edité par Eigoel Nahb le 16/02/09 à 19:19
Eigoel Nahb | 26/02/09 19:30
-Bonjour Henhrï, bonjour à tous !
-Bonjour Voldem, bonjour cher public ! Ah, quelle belle journée !
-Parfaitement Henhrï, belle mais étouffante !
-Oh oui, ce sera, oh non, pas facile aujourd'hui mais les enjeux ne sont, oh non, pas négligeable !
Plus loin, sur le terrain...
-Mais merde, qui a prévenu ces deux là ?
En plus... Y a même pas de public !
-Ouais... A part le peuple troll, ton escorte, et toute la populace du sud.
-Oui, enfin je veux dire... C'est pas un match officiel, quoi.
-Maintenant qu'ils sont là, qu'ils y restent. Ah, l'arbitre arrive...
L'arbitre officiel de la FDPB (Fédération Daifennienne de Papy-ball) s'avança sur le terrain. C'était un orc de deux mètres, campé sur des jambes aussi larges que des troncs d'arbres. Le regard dur, la mine sérieuse, le ballon de cuir sous le bras, il vint se planter au milieu de la zone de jeu. Il toisa un instant chaque équipe, beugla à certains joueurs de se mettre en place, et dit d'une voix forte :
-Je vous rappelle les règles : interdiction d'arracher les yeux et de sortir du terrain. Les papis shootés doivent sortir au plus vite. Il est interdit de dépasser la ligne de zone des papis. Bon jeu.
L'arbitre lança de toute ses forces la balle dans les airs, calla deux doigts dans sa bouche et siffla. A ce signal, les deux équipes se précipitèrent à la réception du ballon. La partie était lancée.
Le numéro 8 jaune bondit pour choper la boule de cuir. Alors qu'il était sur le point de la choper, une main s'écrasa sur son visage, le numéro 6 Troll prit appui sur sa figure, s'éleva dans les airs et intercepta la balle. A peine en fut-il en possession qu'un orc vint le plaquer sauvagement. Ils s'étalèrent comme des crêpes sur le sol aride, la balle échappa au troll et roula vers un attroupement d'humains et de trolls qui se bousculaient maladroitement, les coudes dans les côtes et les paumes sur les joues. Ils trébuchèrent, gênés les uns les autres. Le n°4 jaune parvint à s'emparer du précieux cuir qu'il jeta en passe longue, avant d'être écrabouillé sous un amas de trolls avides. La balle siffla dans l'air, Orcan'rah Surk, capitaine des jaunes, l'intercepta, et esquiva de peu une peau violette qui enserra de l'air dans ses longs bras. Le capitaine fonça, talonné par ses coéquipiers, poursuivit par les adversaires. Il voulut forcer le passage entre deux trolls défenseurs, mais fut stoppé net dans sa lancée. Un nuage de poussière ocre s'éleva. Plusieurs joueurs des deux camps rallièrent le grabuge entre Orcan et ses deux rivaux. Le nuage de poussière s'intensifia, et devint presque opaque. Le public sifflait, encourageait, gueulait. Des fanions de couleur et des haches s'agitaient dans les gradins improvisés la veille. Une trollesse passait dans les rangs avec un panier, accroché au cou par une corde.
-Cuissots, globules, chichis !
Son déhanchement provocant détourna l'attention de quelques spectateurs trolls qui s'empressèrent de lui acheter quelques confiseries pour leurs enfants, jusqu'à ce que le nuage de poussière retombe, et arrache un « AAaaaaahhhh » au supporters.
Une des peaux violette s'extirpa tant bien que mal du tas de chair grouillante. Il fonça tout droit vers le fond du terrain adverse. Les papis visés commencèrent à se recroqueviller. La défense jaune mit trop de temps à se placer, le troll évita aisément deux défenseurs. Il leva le bras, prit son élan. Le n°7 jaune lui attrapa la cheville, ce qui ne l'empêcha pas de tirer...
BWAAAAMM
Une canne vola, un dentier s'échappa, un papi jaune s'écroula. Le choc avait été brutal, seuls quelques spasmes animaient encore son corps.
Un hurlement victorieux émana des gradins, tous les trolls avaient les bras levés, poings fermés. Les Honneurdhiliens râlaient dans leur coin, accusant l'exécrable défense des jaunes.
-Voldem ! C'est magnifique ! Comme dans du beurre !
-Parfaitement, Henhrï, comme dans du nut's ! C'est un shoot remarquable, signé Gropifpabot, n°9 de l'équipe du désert !
Tant dit que les trolls faisaient leur tour d'honneur, l'équipe d'Orcan se réunit. Chacun reprit son souffle. Le capitaine reluisait de sueur tout comme ses camarades, certains saignaient de différents endroits.
-Bon. Comme vous avez pu le voir, nos adversaires montent très souvent au contact. Il nous faut un jeu plus aériens, plus espacé, SAUF pour la défense. - Il leur lança regard noir. - Allez, on y retourne !
-YEAHH !!
L'équipe se sépara, et ils se mirent en place. La poussière du sol mélangée au sang du papi shooté rendait la balle poisseuse.
Ce fut Eigoel qui s'occupa de la remise en jeu. Elle balaya son équipe du regard, puis les adversaires. Quelle tactique allait-elle choisir... ? Elle fit signe à l'arbitre qu'elle était prête, ce dernier siffla. Aussitôt, l'humaine recula de quelques pas, et fit une passe à son voisin de gauche. Ce dernier ne garda pas la balle plus de quelques secondes, en l'envoya à un autre équipier. Un troll tenta de l'intercepter, mais il fut bien vite plaqué par Orcan. Le ballon de cuir atterrit dans les mains du n°2 jaune qui tournoya, échappant à l'étreinte écrasante d'un attaquant troll. Il commença à courir, de plus en plus vite. Les peaux violettes se mirent en position de défense. Le n°2 jaune n'attendit pas de monter au contact, et lança la balle au n°1 jaune, qui faillit rater la passe. Déstabilisé, l'attaquant ne vit que trop tard le défenseur n°4 du désert, qui d'un formidable coup de pied, le stoppa net dans sa course. Le troll se pencha pour récupérer la boule de cuir, mais à peine l'effleurait-il du bout des doigts que de deux humains jaunes le heurtèrent de plein fouet, permettant ainsi à Eigoel - n°5 - de reconquérir l'avantage. Celle-ci fila comme une flèche au fond du terrain concurrent. Le n°10 troll plongea, espérant lui happer les gambettes, mais elle sauta par-dessus ses bras tendus, et il ne réussit qu'à faire un croche-patte à son coéquipier qui poursuivait l'humaine.
-Très belle esquive ! Va-t-elle arracher l'égalité ?
-Elle court, elle court... Attention, le n°6 de l'équipe des trolls vient à sa rencontre ! Va-t-elle tenter une passe ? Non !
-Voilà longtemps que nous n'avions pas vu une feinte de passe aussi réussie ! Même son équipier a cru qu'il allait recevoir le ballon. Le n°6 est déboussolé, il perd du temps, le n°5 jaune est déjà loin !
-La défense troll est dépassée, les jaunes empêchent toute tentative de traque ! Les papis ne sont plus à l'abri ! Ils s'affolent !! OOOOOHHHHHH !!!
-OOOOOHHHH !!!
-DEUBEUL SHOOOOOOOT !!
-DEUBEUL SHOOOOOOOT !!
-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, c'est tout simplement époustouflant ! Le vieux devait avoir la tête dure pour que la balle rebondisse aussi bien !
En effet. Eigoel avait tiré de toutes ses forces. La boule de cuire avait filé tout droit vers la mâchoire d'un premier vieux qui fut projeté en arrière. Mais le projectile ne s'arrêta pas là ; il rebondit contre le maxillaire déformé et vint se loger sauvagement dans le ventre d'un autre ancêtre qui n'avait pas eu le temps de fuir, encombré par son déambulateur.
Le public rugit, de joie et de rage, mêlant hurlement de trolls furieux et d'humains heureux. L'arbitre siffla pour confirmer le deubeul shoot.
